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  • Dan Lédan le 07/12/2021 à 10h00
    Lu , il y a quelques mois et c'est super interessant effectivement..voir chronique de Inamoto page précédente..

  • Red Tsar le 07/12/2021 à 10h52
    Merci pour la référence. La "geste" Sorj Chalandonesque qui domine en France est intéressante, mais un peu limitée au final.

  • inamoto le 07/12/2021 à 11h00
    Je ne sais pas trop comment lire ton message Red Tsar, mais ce serait dommage de comparer ce qui est complémentaire. La doublette de Chalandon (dans mon cas préférence pour "retour à Killybegs") est magistrale, mais plus intime. Elle entre dans les ressorts psychologiques de la traitrise de façon très fine. "Ne dis rien" se situe davantage sous l'angle de l'enquête, de l'analyse politique, et confronte les rationalités antagonistes des personnages. Il faut tout lire :)

  • Red Tsar le 07/12/2021 à 11h55
    * Mais tu lis mon message exactement comme il faut, Inamoto. Je suis tout à fait d'accord avec toi. Pour expliciter mon propos, certes acide et un peu mesquin, balancé comme ça, quelques compléments.
    * Je n'apprécie pas particulièrement la plume de Chalandon et, d'habitude, je n'aime pas quand un auteur se met en scène, même sous semi-couverture (je mets à part les histoires sur son père, où, pour le coup, ça se justifie...). Mais, effectivement, Mon Traître et Retour à Killybegs c'est très bien. Des années après, il m'en reste encore des scènes marquantes : la maison dans la lande, les femmes qui descendent dans la rue quand les troupes anglaises débarquent, les enterrements, les parapluies et, surtout, le traître qui pisse avec une main (et oui, c'est très con, mais ça m'a tout de suite mis en image les urinoirs du Parc…). La BD (adaptée d'un de ses romans ?) où il raconte comment, adolescent, il découvre accidentellement le conflit et devient pro-IRA est aussi intéressante, notamment sur les hasards, parfois, de l'engagement.
    * Mais, comme tu le dis, ça reste un point de vue. Or comme il se place sur un champ hybride, entre histoire et fiction, entre observation et participation directe, c'est quand même bien de compléter, surtout que Chalandon a une vision très particulière sur le conflit. Il en donne une image, à mon sens, assez déformée et pleine de projections personnelles (en gros, on voyait en France sur cette période les mouvements indépendantistes comme progressistes/de gauche… dans le cas nord-irlandais, c'est très très discutable).

  • Balthazar le 11/12/2021 à 12h56
    Je veux d'abord féliciter Franco Bas Résilles (haut de la page précédente) pour l'ensemble de son œuvre et en particulier pour la gourmette de Nadar.

    Ensuite, je voudrais vous faire part d'une micro-découverte que j'ai faite il y a quelques jours. Elle ne vous intéressera sans doute pas autant que moi, mais qui sait ? Dans un petit texte intitulé « La fleur de Coleridge », Borges cite une note de ce dernier : « Si un homme traversait le Paradis en songe, qu'il reçût une fleur comme preuve de son passage, et qu'à son réveil, il trouvât cette fleur dans ses mains... que dire alors ? » ; et il s'en sert pour appuyer la thèse, qu'il évoque plus d'une fois, selon laquelle tous les auteurs du monde n'en feraient fondamentalement qu'un. Aussi, après avoir cité Valéry (« Une histoire approfondie de la littérature devrait donc être comprise, non tant comme une histoire des auteurs et des accidents de leur carrière ou de celle de leurs ouvrages que comme une histoire de l'esprit en tant qu'il produit ou consomme de la "littérature", et cette histoire pourrait même se faire sans que le nom d'un écrivain y fût prononcé ») mentionne-t-il d'autres textes, postérieurs à celui de Coleridge, dans lesquels on rencontre l'idée analogue d'une fleur ou d'un autre objet qui atteste la réalité d'une expérience qu'on pourrait autrement croire illusoire.

    Or je suis tombé sur un texte très antérieur qui contient grosso modo la même idée. Et même qui la contient deux fois. Borges devait bien savoir qu'on pouvait trouver trace de cette idée avant Coleridge (c'est le sens même de la théorie qu'il affectionne tant), mais je ne sais s'il avait en tête ce texte précis. J'imagine que, si c'était le cas, il l'aurait cité. Le texte dont je parle, c'est tout simplement les Mille et une Nuits, et plus exactement le « Conte de Qamar Az-Zamân fils du roi Shâhramân » (premier conte du tome II de l'édition Folio). Dans ce conte, un jeune homme extraordinairement beau, emprisonné par son père pour avoir refusé de se marier, se réveille une nuit, à cause de l'intervention de deux démons, auprès d'une jeune femme extraordinairement belle, elle aussi châtiée par son père pour avoir refusé le mariage. Le jeune homme échange avec la jeune femme la bague qu'ils ont au doigt. Par la suite, cette bague leur prouve qu'ils n'ont pas rêvé. Et le jeune homme peut ainsi dire à son père, qui ne croit pas un mot de l'aventure qu'il lui a racontée : « Peux-tu me dire s'il est arrivé que quelqu'un, rêvant de bataille, se voie en train de combattre au cœur de la mêlée, et se réveille tenant dans sa main un sabre maculé de sang ? »

    (Remarquez, entre autres choses remarquables, la symétrie des deux situations rêvées, et l'équivalence qu'elle instaure entre la fleur et le sabre ensanglanté.)

  • Pascal Amateur le 11/12/2021 à 13h34
    Merci Balthazar, il est toujours bon de lire de belles choses.
    Le rapprochement entre rêve et réalité peut se lire chez Calderon au XVIIe siècle, dans le monologue de Sigismond :
    « Réprimons donc ce naturel farouche, ces emportements, cette ambition, pour le cas où je viendrais encore à rêver. Il le faut et je le ferai ; puisque je suis dans un monde si étrange que vivre c'est rêver, et que je sais par expérience que l'homme qui vit rêve ce qu'il est, jusqu'au réveil. - Le roi rêve qu'il est roi, et il vit dans cette illusion, commandant, disposant et gouvernant ; et ces louanges menteuses qu'il reçoit, la mort les trace sur le sable et d'un souffle les emporte. Qui donc peut désirer de régner, en voyant qu'il lui faudra se réveiller dans la mort ?... Il rêve, le riche, en sa richesse qui lui donne tant de soucis ; - il rêve, le pauvre, sa pauvreté, ses misères, ses souffrances. - il rêve, celui qui s'agrandit et prospère ; - il rêve, celui qui s'inquiète et sollicite ; - il rêve, celui qui offense et outrage ; - et dans le monde, enfin, bien que personne ne s'en rende compte, tous rêvent ce qu'ils sont. Moi-même, je rêve que je suis ici chargé de fers, comme je rêvais naguère que je me voyais libre et puissant. Qu'est-ce que la vie ? Une illusion. Qu'est-ce que la vie ? Une ombre, une fiction. Et c'est pourquoi le plus grand bien est peu de chose, puisque la vie n'est qu'un rêve et que les rêves ne sont que des rêves. » (Calderon de la Barca, La Vie est un songe).
    À rapprocher des mots célèbres de Prospero, à l'acte IV de "La Tempête" : « We are such stuff/ As dreams are made on, and our little life/ Is rounded with a sleep. »
    Mais aussi, pourquoi pas, de Lacan : « Un rêve réveille juste au moment où il pourrait lâcher la vérité, de sorte qu'on ne se réveille que pour continuer à rêver – à rêver dans le réel, ou pour être plus exact, dans la réalité. » (1969-70)

  • Balthazar le 11/12/2021 à 17h01
    Eh bien oui, Pascal, voilà d'autres belles choses. En particulier, je ne connaissais pas cette phrase de Lacan, qui me plaît beaucoup.

    Je m'attendais plutôt à ce que tu commentes le "sabre maculé de sang", qui me semble psychanalytiquement surdéterminé. Qu'à cela ne tienne, ça se raccordera très bien avec la fin de ce que j'étais venu dire :

    [La Dernière Ronde]

    Ça faisait quelque temps que j'avais l'intention de relire la Dernière Ronde. C'est enfin chose faite. Je me demandais si cette seconde lecture confirmerait mes souvenirs ou les rectifierait. J'espérais secrètement, vu ce que l'auteur m'inflige régulièrement sur les échiquiers de taille conventionnelle, que le roman détruirait mes impressions anciennes, insupportablement élogieuses. Quand les qualités qu'on se souvient avoir identifiées dans un ouvrage sont singulières, on suppose volontiers que notre expérience de lecture a été modelée par les circonstances, par les dispositions dans lesquelles on se trouvait, et qu'à la relecture une partie au moins de la singularité du livre s'évanouira devant nos yeux rassurés. Hélas, c'est le contraire qui s'est passé, et me voilà porté à juger que ces qualités ont une réalité hors de mon œil (contrairement aux petits machins transparents qui passent et qu'on n'arrive jamais à fixer).

    Je ne vais rien dire de bien original, mais le plus frappant à mes yeux dans ce récit, c'est l'absence totale d'esbroufe. Raspou est encore jeune, à l'époque : dix années, depuis, sont venues le voûter, semer du sel dans ses cheveux, en un mot l'éteindre, et pourtant le jeune homme fougueux et fringant qu'il devait être alors jamais ne fait le malin. Littérairement parlant (pour le reste, on ne sait pas, même si l'auteur nous livre quelques indices dont nous reparlerons), Raspou semble être né vieux et sage. Il supprime d'instinct tout ce qui le détournerait de son but, crée un récit bien proportionné, où tout est nécessaire, où il n'y a pas un mot de trop. Ça ne manque pas d'ambition, ce n'est ni pauvre ni sec, mais c'est d'une simplicité assez extraordinaire.

    L'originalité du sujet est un autre point qui me paraît remarquable. Pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, La Dernière Ronde est le récit du tournoi d'échecs que dispute un vieux maître. Facile à dire après coup, mais c'est vraiment un excellent sujet. Le rythme du récit épouse celui du tournoi ; et l'auteur n'a pas besoin de fabriquer un suspense artificiel : celui du tournoi suffit à maintenir la tension et l'attention du début à la fin. L'envie enfantine de savoir comment ça va finir ne quitte pas le lecteur. (Placés au milieu des parties, les retours en arrière s'y insèrent naturellement, retardent le moment où le lecteur en découvre le dénouement et diffèrent le plaisir comme font des couplets ajoutés par un chanteur avant le refrain attendu.) Cela semble évident, c'est d'une efficacité parfaite ; pourtant je ne vois guère d'exemples de récits littéraires dont la temporalité se confond ainsi avec celle d'une compétition sportive. (Des exemples me viennent, mais ils sont cinématographiques. En littérature, je pense à des concours et à des tournois, mais souvent ils ne constituent qu'une partie de la trame, qu'un épisode ; ce n'est pas toute l'œuvre qui se confond avec eux.)

    Mais La Dernière Ronde n'a pas que des qualités littéraires. L'a-t-on suffisamment remarqué ? Raspou, s'étant glissé dans la peau d'un homme déjà vieux, parvient à parler avec pudeur et réserve d'un certain nombre de problèmes qui l'ont touché prématurément et qu'il aurait sûrement eu du mal à évoquer s'il n'avait eu recours à la fiction. Ainsi parsème-t-il son récit de touchantes déclarations : « ma calvitie n'était plus naissante » (p.115), « ce corps vieillissant qui me lâchait par bribes » (p.116), et, surtout, cette confidence qui fut probablement la raison secrète d'écrire ce livre, l'impureté autour de laquelle se forma la perle, cet aveu d'un mal qui, « s'il a eu la bonne grâce de ne pas me laisser incontinent, a eu un effet rédhibitoire sur ma virilité » (p.121).

  • axgtd le 11/12/2021 à 17h51
    « Un rêve réveille juste au moment où il pourrait lâcher la vérité, de sorte qu'on ne se réveille que pour continuer à rêver – à rêver dans le réel, ou pour être plus exact, dans la réalité. »

    Je vois des vertus poétiques à cette phrase mais il y a vraiment des choses à comprendre chez Lacan ?
    Je ne suis pas sûr de la différence entre le réel et la réalité mais si c'est plus exact pourquoi il n'écrit pas directement "rêver dans la réalité" ?

  • Pascal Amateur le 11/12/2021 à 17h56
    Si c'est une vraie question, je pourrai tenter d'y répondre. S'il s'agit juste de condamner un jargon, bon.

  • Red Tsar le 11/12/2021 à 18h01
    Merci pour ces belles pépites.
    Je te fais deux hypothèses purement gratuites :
    - "je ne sais s'il avait en tête ce texte précis. J'imagine que, si c'était le cas, il l'aurait cité" : peut-être l'a-t-il lu, peut-être a-t-il ensuite oublié l'avoir lu et l'idée lui est revenue bien après, sortie du contexte. Et alors, sincèrement, il pense avoir eu l'idée le premier ;
    - "il s'en sert pour appuyer la thèse, qu'il évoque plus d'une fois, selon laquelle tous les auteurs du monde n'en feraient fondamentalement qu'un" : du coup, est-ce que ce ne serait pas très malin de sa part de ne pas citer le texte d'origine ? Il rend alors concrète l'idée que tous les auteurs ne font qu'un. Car si c'est le cas, tu ne vas pas te citer toi-même, tu enchaînes tes idées dans la suite les unes des autres.