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Habitus baballe

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  • Pascal Amateur le 02/05/2022 à 14h22
    (Ce lien entre langage factuel/adresse collective - langage émotion/individualiste ne me convainc pas des masses.)

  • John Six-Voeux-Berk le 02/05/2022 à 14h55
    Merci pour le lien.

    Cet article laisse une impression bizarre au béotien que je suis : il parvient à identifier des tendances lexicales massives (certes la question du corpus est abordée par les auteurs, mais il faut bien admettre que le filtre de la publication, et le lectorat visé, n'a rien à voir entre le 19ème siècle et le 20ème ; par ailleurs on a pu développer pendant des siècles une argumentation rationnelle sur des termes comme "âme" ou "esprit", qui sont catalogués "émotionnels" ici) ; mais les tentatives d'interprétation me laissent sceptique. J'ai presque l'impression que les auteurs écrasent leur découverte statistique par une interprétation très attendue, mais qui passe à côté des enjeux de "genres" et de "champ" de l'imprimé : la distinction fiction/non-fiction me paraît largement insuffisante pour neutraliser les évolutions du corpus numérisé (et d'ailleurs parler d'argumentation en fiction me paraît étonnant).

    A l'occasion, je crois déjà en avoir vaguement parlé, il faudrait que je poste ici un compte rendu du livre-monstre génial, déjà ancien, de Marc Angenot sur "la parole pamphlétaire" (qui justement aborde la question lexicale, mais aussi syntaxique et textuelle de cette rhétorique qui fait penser aux dérives actuelles de la "post-vérité")

    A l'honneur des auteurs de l'article, les "conclusions" posent toutes sortes de questions sur les biais potentiels (notamment dans la composition du corpus), sur les facteurs explicatifs possibles...

    Pascal, je suis assez d'accord : il suffirait de revenir aux leçons de rhétorique d'Aristote pour se souvenir que la rationalité logique (ce n'est pas forcément un pléonasme) n'est qu'une des modalités de l'adresse collective.

  • Pascal Amateur le 02/05/2022 à 15h02
    Et puis Freud par exemple semble avoir la lecture contraire :
    « Lorsqu'une jeune fille de pensionnat reçoit de celui qu'elle aime en secret une lettre qui excite sa jalousie et à laquelle elle réagit par une crise d'hystérie, quelques-unes de ses amies, qui le savent, vont reprendre à leur compte (übernehmen) pour ainsi dire cette crise par la voie de la contagion psychique. Le mécanisme est celui d'une identification, sur la base de la capacité et de la volonté de se mettre soi-même dans la même situation (der Identifizierung auf Grund des sich in dieselbe Lage Versetzenkönnens oder Versetzenwollens). Les autres ne peuvent également avoir une relation amoureuse secrète et accepter, sous l'influence du sentiment de culpabilité, la souffrance que cela comporte. Il serait incorrect de soutenir qu'elles s'approprient le symptôme par sympathie (aus Mitgefuhl). Au contraire, la sympathie naît d'abord de l'identification et nous en tenons la preuve dans le fait qu'une contagion ou imitation de ce genre se produit même dans des cas où il existe entre deux personnes données moins de sympathie encore qu'entre des amies de pension... »
    (J'admets que l'époque a changé, et que l'individualisme crée des jouissances plus personnelles, plus segmentées. Mais nos dirigeants politiques ne tentent-ils pas de faire foule via des récits qui suscitent au mieux des émotions – au pire la passion qu'est la haine ?)

  • et alors le 02/05/2022 à 20h09
    Pour pratiquer un peu la littérature jeunesse, je dirais que les albums (surtout) qui abordent les émotions visent justement, comme le dit John, "pas seulement à nommer ou à classer les "émotions" (...) mais d'abord à les faire sentir." Le sujet ressentant, c'est principalement l'enfant lui-même et pas encore l'autre, d'autant que le public de cette littérature est souvent très jeune (pré-lecteur ou lecteur débutant, en gros 4-7 ans). C'est un âge où se mettre à distance reste rare, et au contraire la littérature en question cherche avant tout l'identification du lecteur/destinataire avec le ou les personnages - qui peuvent littéralement "passer par toutes les couleurs" (voir La couleur des émotions, ou les albums de Mies van Hout).

    C'est un peu plus tard qu'on va travailler sur l'empathie, donc la reconnaissance des émotions chez l'autre. Et en général (quand le boulot est bien fait), ça va avec le jugement moral - qu'est-ce que j'aurais fait à sa place? - ce qui doit laisser place à l'ambiguïté, à des réponses différentes (l'autre est différent, il ne réagit pas de la même façon que moi, donc on peut gérer ses émotions de différentes manières). On en arrive logiquement à la gestion des conflits potentiels liés à ces différences, qui ne sont donc pas niés, mais explicités.

    (Désolé d'aligner des platitudes sur ce fil de haute tenue, mais la littérature jeunesse est -bien sûr- moins plate que ce à quoi on la réduit parfois, et ça me titillait de le préciser.)(Edit : ce qui ne vise pas Pascal, qui a quelques références en la matière.]

  • Pascal Amateur le 02/05/2022 à 21h06
    Il me semble que toute la difficulté avec l'enfant est que la présence, disons de l'Autre, est écrasante. L'enfant, dans sa construction, est dans le désir énorme, exorbitant, de satisfaire l'adulte, celui qui sait, celui en face de qui il se construit, dont il emprunte nécessairement les traits manquants. C'est en ce sens qu'un livre qui évoquera ses émotions risque, à mon sens, de toujours s'accompagner implicitement de la question : "Quelle est la bonne réponse ?" Et quand bien même l'enfant en sort avec la satisfaction qu'il y a des timides et des rusés, des bravaches et des saugrenus, pourra justifier cette autosatisfaction par le sourire de l'accompagnant qui lui dira "Bravo !". Non point que l'enfant est une éponge idiote, mais la construction du sujet passe obligatoirement par un effet miroir (ou son absence), par les attendus (ou refus) verbaux. C'est en ce sens que, selon mon approche, je crois que l'essentiel est d'inviter le petit lecteur à ce qu'il s'autorise à trouver sa propre réponse, un "C'est toi qui décides" qui ne sera pas ressenti avec une telle évidence, bien sûr, mais que le "bravo" (ou tout autre réponse) s'adresse non pas à son choix mais à ce qu'il ait pu faire un "bon" choix, se l'autoriser dans sa marge de liberté peu à peu constituée.
    Avec ou sans sandwich au jambon dans l'histoire, c'est selon.

  • Red Tsar le 12/05/2022 à 17h14
    Un copain m'a prêté ça : Nicolas Renahy, Les gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale

    Présentation de l'éditeur : « Quand on parle de la « jeunesse » aujourd'hui, on pense plus souvent aux jeunes « des quartiers » qu'à ceux de la campagne. Ces derniers, quand ils sont ouvriers, sont alors doublement invisibles, comme « ruraux » et comme « ouvriers ». Les sociologues eux-mêmes se sont peu intéressés à cette catégorie de population, pourtant nombreuse. Ce sont ces jeunes « gars du coin » que fait découvrir Nicolas Renahy dans cet ouvrage, fruit d'une enquête menée pendant dix ans dans un village de Bourgogne. Tandis que leurs pères et grands-pères avaient bénéficié de la période faste du paternalisme industriel, ces jeunes gens peinent à trouver leur place dans un contexte de plus en plus précaire. Restés au village, voués au chômage ou à une succession de petits boulots, hantés par la crainte du célibat, ils tentent de survivre socialement en se repliant sur les ressources que leur offre le seul fait d'être « du coin ».
    L'auteur nous fait pénétrer dans ce monde des « gars du coin ». Il retrace leurs parcours familiaux et scolaires, et s'intéresse à leurs espaces quotidiens (l'usine, le domicile, le foot, les cafés…) et à leurs expériences intimes. Il éclaire ainsi les tentatives individuelles et collectives de maintenir une honorabilité populaire menacée et offre un portrait inédit d'une jeunesse rurale méconnue. »

    Avant de lui rendre le livre, j'ai scanné le chapitre 2, intitulé : « Au football : ''faire la différence'' ». Si ça vous intéresse, c'est ici : lien

  • serge le disait le 12/05/2022 à 20h18
    J'ai lu, j'ai bien aimé.
    Y a le pendant féminin, un peu moins bien (les filles du coin).
    La description du club de foot, ses principes, sa hiérarchie est bien décrite.
    Ça se lit facilement. Je recommande.

  • Red Tsar le 12/05/2022 à 20h42
    Même ressenti que toi. Lecture agréable et démarche intéressante, avec un petit côté "Retour à Reims".
    Le copain doit me passer Les filles du coin dès qu'il l'a fini. Et sur cette thématique, il y a le plus récent : Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, de Benoit Coquard ( lien).

    4ème couverture : "Qui sont ces hommes et ces femmes qui continuent d'habiter dans les campagnes en déclin ? Certains y fantasment le « vrai » peuple de la « France oubliée », d'autres y projettent leur dégoût des prétendus « beaufs » racistes et ignorants. Mais « ceux qui restent » se préoccupent peu de ces clichés éculés. Comment vit-on réellement dans des zones dont on ne parle d'ordinaire que pour leur vote Rassemblement national ou, plus récemment, à l'occasion du mouvement des Gilets jaunes ?
    Parmi les nouvelles générations, ils sont nombreux à rejoindre les villes pour les études, puis il y a ceux qui restent, souvent parce qu'ils n'ont pas les ressources nécessaires pour partir. Ceux-là tiennent néanmoins à ce mode de vie rural et populaire dans lequel « tout le monde se connaît » et où ils peuvent être socialement reconnus. Comment perçoivent-ils alors la société qui les entoure ? À qui se sentent-ils opposés ou alliés ?
    À partir d'une enquête immersive de plusieurs années dans la région Grand-Est, Benoît Coquard plonge dans la vie quotidienne de jeunes femmes et hommes ouvriers, employés, chômeurs qui font la part belle à l'amitié et au travail, et qui accordent une importance particulière à l'entretien d'une « bonne réputation ».
    À rebours des idées reçues, ce livre montre comment, malgré la lente disparition des services publics, des usines, des associations et des cafés, malgré le chômage qui sévit, des consciences collectives persistent, mais sous des formes fragilisées et conflictuelles. L'enquête de Benoît Coquard en restitue la complexité."

  • Manx Martin le 24/05/2022 à 15h35
    A la suite de la nomination de Pap Ndiaye, un torrent d'imbécilités plus ou moins racistes ont déploré sa nomination. On en attend pas moins de l'extrême-droite. Ainsi, Zineb El Rhazoui, la copine du fasciste Papacito, a cru bon de déterrer un (récent) post de blog de Gérard Noiriel, passé assez inaperçu, qui revenait sur 'La Condition noire', de Ndiaye (2008) à la lumière du livre de Barbara et Karen Fields sur la construction de la race comme problème politique aux Etats-Unis (Racecraft, ou l'esprit de l'inégalité, Agone).

    Evidemment, les critiques scientifiques de Noiriel sont utilisées à mauvais escient par les divers imbéciles susmentionnés, ce à quoi l'historien a répondu hier dans un post très intéressant sur sa conception du rôle du savant dans la société, un bref retour sur ses critiques quant aux conclusions et méthodes de Ndiaye dans 'La Condition noire' et sur la possibilité pour Ndiaye de peser politiquement.
    lien

    J'avais pour ma part raté le texte initial de Noiriel à propos dudit livre des soeurs Fields, qui est très intéressant. Il y revient très longuement sur ses propres travaux, sur le rôle des identités vs. processus d'identification, sur la possibilité même de délimiter des groupes sociaux à partir de discriminations sans que les membres dudit "groupe" s'identifient comme tels (ici en tant que "noirs"), sur les effets pervers de l'utilisation de la "race" comme outil d'action politique, sur les logiques de pouvoir et de domination internes au champ de la recherche en sciences humaines (avec de vrais morceaux de Bourdieu). Ici :
    lien

  • John Six-Voeux-Berk le 24/05/2022 à 16h05
    Merci beaucoup pour ce partage.

    Au passage, je suis rassuré de constater que le mélange des genres (scientificité/militance) qui m'avait intuitivement troublé à la lecture de "La Condition noire" a aussi été "repéré" par d'autres, plus qualifiés ; mais après tout, cet ouvrage se présentait lui-même explicitement comme un "essai" et non comme une "étude" de type universitaire ; cela aurait dû suffire à le protéger du reproche d'hybridation (mais si le mélange des genres trouble, c'est aussi parce que les codes universitaires sont mêlés à ceux, beaucoup plus discrets en proportion, de la militance)

    Reste que oui, en effet, dans cet essai Pap Ndiaye milite pour un abandon de la "colour blindness" républicano-française, dont il dénonce le caractère illusoire ; ce qui, pour un ministre de l'éducation ressemble tout de même à un immense coup de pied dans la fourmilière "des valeurs de la République".