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Foot et politique

Le fil politique est un fil du rasoir, alors évitons de nous y couper. Par ailleurs, n'oublions pas que son but est d'accélérer l'avènement du grand soir, un de ces quatre matins!

  • forezjohn le 25/04/2024 à 11h10
    Je suis d'accord sur le principe de la mixité sociale, mais il faut bien voir qu'en pratique les quartiers vont inévitablement dériver dans une forme de regroupement social ou culturel. Parce que les gens aiment bien être près des gens comme eux qui vont dans le même genre de lieu de vie qu'eux etc.

  • Classico le 25/04/2024 à 11h11
    Pour moi c'est moins une logique de vases communicants que d'hétérogénéité des deux systèmes (critique sociale et critique culturelle).

    La critique sociale de la domination, d'inspiration marxiste, cible un rapport de domination (entre le Capital et la force de travail qu'il enrôle) qui est transverse à toute la société et qui la structure de fond en comble. La société moderne admet sans difficulté être construite autour du rapport social de domination induit par la généralisation et la sanctuarisation de la propriété privée. Elle a d'ailleurs édifié autour de ce rapport tout un monde d'institutions qui le protège, le nourrit, le limite aussi, en absorbe l'excès de violence, le ritualise et scande très concrètement la vie de tous les individus - école, droit civil et droit du travail, systèmes assurantiels (chômage, retraite, ...), etc. Elle peut prétendre à une certaine maturité dans l'organisation de ce rapport de domination : l'ascenseur social (plus ou moins théorique) permet à tout individu de participer activement au jeu, le système électoral permet à la collectivité d'en régler les curseurs et l'intensité (via l'alternance de la "gauche de gouvernement" et de la "droite de gouvernement"). Le rapport de production capitaliste, en retour, anime et renouvèle continuellement le contenu de cette société, en connectant à un niveau d'intensité et de coordination jamais vu dans l'histoire tous les désirs et toutes les intelligences individuelles - évolution indéfinie du progrès technique, bougisme mondial des atomes individuels, réinvention continuelle des codes culturels. Cette débauche d'énergie a un coût, la destruction de la planète. C'est à ce tableau dans son ensemble que s'attaque la critique sociale d'inspiration marxiste, soit qu'elle juge nécessaire, dans ses formes révolutionnaires, de l'anéantir totalement, soit qu'elle s'accommode de propositions de régulation plus ou moins sévères - parce qu'elle juge par exemple que l'"évolution indéfinie du progrès technique" est remplie de dangers, que le "bougisme mondial des atomes individuels" détruit les sites touristiques, que la "réinvention continuelle des codes culturels" sous l'égide de l'industrie culturelle de masse est un constant nivellement par le bas, ou que la destruction de la planète doit être évitée à tout prix. En ciblant le rapport de production capitaliste, elle enveloppe dans sa démarche critique rien moins que le fonctionnement global du monde contemporain, parce qu'elle cible un rapport de domination qui structure ce monde en son coeur et qui génère son contenu. C'est pourquoi la gauche marxiste et post-marxiste a une dimension cosmique : elle s'adresse au monde et veut en changer l'allure globale. Elle veut "sortir de l'Histoire" chez le vieux Marx, elle brasse dans ses raisonnements des séquences historiques s'étendant sur des millénaires chez ceux qui parlent aujourd'hui d'anthropocène ou de capitalocène.

    La critique culturelle, de son côté, cible des rapports de domination dispersés dans d'innombrables niches du corps social et dissimulés sous le niveau de flottaison des institutions. La société génère des normes majoritaires (hétéro, blanc, etc.) qui créent indirectement de la discrimination. Mais ces configurations de domination plus ou moins passive, d'agressions et de micro-agressions, de discriminations diverses et variées, jouent entre les individus et les groupes d'individus sans être au coeur du système social. La société de marché n'a pas besoin de ces formes de domination pour exister, alors qu'elle a besoin nécessairement du rapport de domination salarial. Le capitalisme n'a pas besoin que ce soient des hommes blancs hétéros qui occupent la majorité des places stratégiques du système. Il se trouve que ce sont eux qui les occupent encore majoritairement, mais c'est une scorie contingente du passé. Ces formes de domination ne structurent pas la société en son coeur, mais apparaissent en elle du simple fait que tout groupe humain génère des normes majoritaires qui écrasent mécaniquement les désirs minoritaires. La critique radicale de la génération de ces normes et des dominations qui en résultent ne vise pas, comme le fait celle du rapport de domination capitaliste, le monde dans sa globalité, elle n'a pas cette dimension cosmique de la critique post-marxiste ; elle vise des configurations psychiques inter-individuelles, meta politiques, voire intimes (je me dis antiraciste, mais qu'est-ce qui m'arrive vraiment, au fond de ma conscience et même derrière elle, lorsque je croise un non-blanc, hein ?). Elle ne vise pas à changer le monde pour lui-même, elle vise à libérer l'individu des normes culturelles majoritaires qui limitent sa puissance d'agir et de désirer. Et de la sorte, et c'est le point qui me parait capital, cette radicalité est intégralement compatible avec la société capitaliste ; elle s'y ajuste même comme une pièce de puzzle parfaite.

    Je sais qu'il est possible d'articuler les deux radicalités, et qu'on est pas obligé de pousser l'épure de l'abstraction aussi loin, mais la vérité c'est qu'elles me semblent, sous des airs de convergence possible, en décalage profond, de sorte qu'elles ne me paraissent pas pouvoir cheminer ensemble de façon opérationnelle. Marx écrit quelque part, je l'avais noté dans un petit carnet, que la société sans classes serait "une renaissance, dans une forme supérieure, d'un type social archaïque", et qu'il "ne faut pas trop se laisser effrayer par le mot "archaïque"". Une société archaïque, c'est-à-dire une société qui génère des normes majoritaires autour desquelles les individus se rapportent socialement les uns aux autres pour former une communauté. Pas une juxtaposition d'individus affranchis de toute culture commune afin de maximiser, comme un but suprême, leur puissance d'agir et de désirer.

    Je sais pas si c'est clair, je n'ai pas le temps de me relire, j'espère juste que ce n'est pas du charabia.

  • Easy Sider le 25/04/2024 à 11h15
    C'est déjà le cas, depuis des décennies puisque c'était à la base une politique publique. C'est donc une responsabilité collective, qui part à la fois des politiques de l'époque mais aussi des gens qui les élisaient, nous comme peuple quoi. Et on continue d'être responsable en continuant à élire des gens qui dans leur programme montrent qu'au delà d'intentions ils vont être incapables de changer le moindre truc à ça.

    Sur la mixité sociale, les choses commenceront à bouger dans ces quartiers là, situés dans des banlieues en cours de gentrification ou gentrifiées, quand TOUS les gens mettront leur gamin dans l'école publique de secteur. Y a pas d'autre solution, concomitante avec la mise à bas totale des trafics.

  • O Gordinho le 25/04/2024 à 11h34
    "critique culturelle", c'est une dénomination flatteuse.
    Ce n'est pas un hasard si ces mouvements prennent leurs racines et déploient leurs branches dans les sociétés les plus libérales / capitalistes / de culture protestante.
    C'est l'aboutissement de l'individualisme faisant société. Assez d'accord avec toi donc.

    Tu m'as l'air en forme dis donc, tu te chauffes pour la campagne 2027 ?

  • syle le 25/04/2024 à 11h36
    Idem. Si tu veux des réactions, OLpeth, en voilà une autre : je pense que c'est une très bonne chose.
    Il n'y a rien à discuter avec un type qui veut défendre le port du voile à l'école et qui y voit un facteur d'émancipation.
    Ca montre tout ce que la religion a de politique, et toute la place qu'elle cherche à occuper dès qu'on lui entrouvre la porte. Donc, on ne peut pas lui entrouvrir la porte.

    Au-delà de ça, quand quelqu'un voit un problème à se départir d'un symbole religieux où il est interdit, avant d'envisager d'entrevoir une loi potentiellement liberticide qui mériterait d'être discutée, je vois une dérive de la pratique religieuse problématique face à laquelle il n'y a pas grand chose à discuter.

  • OLpeth le 25/04/2024 à 11h39
    Comme d'habitude la pensée du monsieur est un peu plus complexe que cette caricature :

    Mediapart : Une récente tribune de Vigilance collèges lycées vous a reproché d'avoir recours à « des arguments utilisés par l'entrisme islamiste » sur la loi de 2004, dont vous dites qu'elle « apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l'égard des musulmans ». Qu'en dites-vous ?

    Alain Policar : Je répète que des enquêtes sociologiques montrent que le voile n'a pas une signification univoque. Si les jeunes filles qui le portent peuvent servir implicitement ou explicitement la cause islamiste, il existe d'autres motivations avancées par les jeunes filles voilées, celle d'échapper à la pression de leurs milieux, autrement dit, par la conformité avec les prescriptions implicites, de gagner un espace de liberté.

    Il y a eu énormément d'enquêtes à ce sujet, depuis longtemps, à commencer par Le Foulard et la République, de Françoise Gaspard et Farhad Khosrokhavar en 1995. Mais pour mes détracteurs, le voile est sans contestation le signe de l'infériorisation de la femme et/ou du militantisme islamiste.

    Ce qui me semble d'une extrême gravité est le sentiment éprouvé par de nombreux musulmans d'être discriminés. Je pense que ce n'est pas seulement un sentiment. Un récent article du Monde, à partir d'une enquête, montre l'importance de la logique du soupçon dans le rapport à la nation française.

    La laïcité est pourtant le meilleur moyen d'organiser la coexistence des libertés, mais elle apparaît comme coercitive dans l'esprit de nombreux jeunes. Il faut que les raisons soient accessibles à tous. Malheureusement, la position majoritaire considère que la laïcité à la française n'est pas contestable.

    Mediapart : Quelle analyse politique faites-vous de votre éviction ? L'attribuez-vous directement aux pressions externes à la suite de l'affaire du voile au lycée Maurice-Ravel ?

    Alain Policar : Oui. L'interview que j'ai donnée à RFI le 5 avril sur l'affaire du lycée Maurice-Ravel, qui hélas n'était pas le reflet très exact de ce que j'ai dit, a suscité des attaques des collectifs Vigilance universités et Vigilance collèges lycées, dans lequel deux membres du Conseil des sages siègent – Iannis Roder et Delphine Girard. Ce sont ceux avec lesquels je n'avais pratiquement pas réussi à nouer la moindre relation.

    Ce sont des idéologues, partisans d'une laïcité intransigeante, qui considèrent qu'il faut la brandir à tout-va pour éloigner le danger islamiste. Ce n'est pas mon avis. En séance du Conseil j'avais dit en début d'année que si nous voulions célébrer l'anniversaire de la loi de 2004, il faudrait s'interroger sur les raisons pour lesquelles des familles et élèves en majorité musulmans ne comprennent pas cette loi et la jugent discriminatoire. On m'a répondu que ce n'était pas le problème.

    Il n'y a pas si longtemps, Frédérique Vidal faisait la chasse aux islamo-gauchistes à l'université, catégorie à laquelle, en dépit de l'évidence, tout esprit critique est censé appartenir.

    On me reproche de ne pas respecter le droit positif, car je me réclame de la jurisprudence du Conseil d'État de novembre 1989 qui ne voulait pas de loi. Mais un droit en vigueur est pour moi questionnable et éventuellement destiné à changer selon les circonstances. La loi pouvait être bonne en 2004, mais ses conditions d'application ne sont pas totalement satisfaisantes. Si on s'intéressait plutôt aux manquements à l'obligation scolaire, on ne mettrait pas l'accent sur l'appartenance à une communauté religieuse quelconque. Ce n'est pas ce qui est fait.

    Je pars du principe que la chasse au voile est contre-productive car elle est instrumentalisée par l'islamisme politique. On a, au fond, une alliance objective entre islamisme politique et laïcs intransigeants. Et cette alliance a comme conséquence que certains musulmans ne se considèrent pas comme bienvenus en France.

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    Le problème n'est d'être d'accord ou pas d'accord avec ce politiste, mais qu'il soit évincé du débat d'idées.

  • Easy Sider le 25/04/2024 à 11h41
    Tout à fait, et le gouffre culturel entre ces sociétés et la notre sont aussi ce qui explique à la fois la résistance de beaucoup de militants "traditionnels" face à l'apparition de ce genre de conception de la lutte politique, mais aussi le fait que des générations biberonnées à la culture anglo-saxonne qui fait désormais partie intégrale de leur corpus culturel ne comprennent pas pourquoi cela crée une résistance chez "les autres".

    Bref, peut être qu'un jour on sera des Américains, mais on n'y est pas encore.

  • syle le 25/04/2024 à 11h44
    Donc, il explique clairement que le fait de porter le voile sous la pression sociale permet aux jeunes-filles voilées de sortir et de vivre une vie un peu plus normale. Donc, de s'émanciper.
    Il ne pouvait pas mieux illustrer le fond du problème : les dérives de la pratique religieuse et la pression sociale qui porte sur les femmes, et qui doit être absolument combattue.
    Chaque argument que tu avances, chaque citation, me conforte davantage dans le fait que l'éviction de ce type était le bon choix, et qu'il n'y a pas grand-chose d'intéressant à discuter avec lui.

  • Classico le 25/04/2024 à 11h45
    Bof pas vraiment, puisque notre prochain président sera de toute évidence Raphaël Glucksmann (vous l'avez lu ici en premier), et qu'on va donc continuer à creuser un peu plus profond. Je commencerai peut-être à me chauffer en 2030 pour 2032.

    (fascinant comme l'évolution d'Olpeth reflète celle de LFI, le mec est une éponge - no offense)

  • forezjohn le 25/04/2024 à 11h45
    Encore une fois je suis pour mais c'est une vision des choses qui m'a l'air un peu naïve. J'ai été dans un collège typique de la mixité sociale rêvée évoquée ici : petit bourgeois, moyens bourgeois, prolos, blancs, descendants d'immigrés italiens/maghrébins/turcs tout ça regroupé au même endroit.
    Le résultat global c'est une majorité de prolos/immigrés mal à l'aise tentés de perturber les cours pour se donner de la contenance et qui disparaît dans les filières spécialisées à la fin de la cinquième au grand soulagement de ceux qui restent. En dehors des cours des regroupement par affinités sociale/culturelle/de genre.
    Pour moi c'est illusoire de croire qu'il suffit de mettre au même endroit des gens avec des histoires des cultures, des horizons et des passés différents pour que ça marche. C'est insuffisant, il faut regrouper tout ce monde autours de valeurs et d'objectifs communs. Et pour le coup je vais me raccorcher à la team "anti-identitaire" mais c'est pas en expliquant à tout un chacun qui chaque particule de son identité et de ses croyances est sacrée qu'on va y arriver.