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Premier League et foot anglais

Le rendez-vous des amateurs du foot venu d'Angleterre, qui sent la sueur de pub et la bière chaude.

  • Mangeur Vasqué le 07/03/2010 à 21h53
    Ouais, t'as probablement raison pour O'Leary, il est pas aussi nul que ça, je sais pas trop ce qu'il a fait en détail ni a Leeds ni à Aston Villa, je connais pas aussi bien l'histoire de ce club - Leeds - que toi à cette époque, enfin, pour une raison ou une autre il semble totalement grillé en Angleterre, il écrit dans le Sun irish maintenant...

    C'est pas Pires qui en sera mécontent, qu'est-ce qu'il avait été vache avec lui le O'L, ce dernier le flingue complétement dans son autobio sortie en 2001 (j'en ai lu de longs extraits à Borders).

    Quant aux Firms, oui, la plupart des clubs en avaient une (j'ai la liste quelque part, celle du Wiki est incompléte) et donc ça m'étonne pas qu'Oxford en ait eu une.

    Y'en a pas mal qui ont survécu sous une forme ou une autre et qui font parler d'elles de temps en temps (dans des Fights le plus souvent).

    Je sais pas si tu te souviens du super reportage caméra cachée de Donald Mc Intyre y'a quelques années (2002 ?), il avait infiltré les Headhunters de Chelsea (se faisant même tatouer leur crest), extraordinaire reportage, qui avait conduit à l'arrestation du meneur, Jason Marriner (condamné à de la prison 6 ou 7 ans - il s'était vanté d'avoir battu un policier / stadier presque à mort ou un truc comme ça, en rigolant lors d'une conversation décontractée dans sa Mercedes avec le groupe et Mac Intyre... vérifications faites : effectivement, il avait bien failli tuer un policier ou un stadier, je sais plus).

    A la suite de ça (nombreuses menaces), ce journaliste undercover avait été obligé de vivre en location secrète et d'arrêter ce style de journalisme.

    En parlant des Firms, certaiines sont toujours bien vivaces c'est certain (Cardiff, Wolves, etc.) je me souviens bien d'un Sheff' United – Cardiff en 2004 (5 – 3), particulièrement violent (j'y étais pas mais ça avait fait du bruit sur Sheffield) entre les supps d'abord (fight classique) et ensuite, les supps contre la police, avec the usual, vandalisme, etc.
    avant et après le match, c'est simple, ils avaient transformé le centre-ville en champ de bataille.

    Bizarrement (mais c'est souvent le cas), seule une poignée de hools
    fut arrêtée alors que les groupes de hools étaient au moins 500
    (police bien plus nombreuse aux abords du stade qu'en centre-ville, distant d'un mile dans le cas de Bramall Lane).

    Bon, du classique en fait, des reliquats de Casuals et les Firms » des années 80 entre des Firms de Sheff' United et de Cardiff qui se défoulaient (les Soul Crew de Cardiff - toujours actifs - et les fameux BBC - Blades Business Crew – dont le chanteur des House Martins s'est vanté d'en avoir fait parti, il était de Hull mais ses parents ont beaucoup déménagé, mais beaucoup pensent que c'est du pipeau !- je parlais de ce chanteur en introduction dans l'épisode 1 sur Lee Sharpe dimanche dernier).

  • Mangeur Vasqué le 07/03/2010 à 22h51
    Lee Sharpe. EPISODE 5 : du tragique au complètement ouf.

    Bande-son conseillée :


    lien The time of your life (Green Day)

    lien I'm Outta Time (Oasis)

    *******************************


    L'été 2002, libéré par Bradford, Sharpe se retrouve le bec dans l'eau.
    Les dettes s'arrangent pas, alors il est obligé de racler les fonds de classement de D3 et D4. Il aura décidément bu le calice jusqu'à la Lee. Les états d'âme reviennent.

    Sa carrière « Triangle des Bermudes » va-t-elle définitivement couler à pic, sans qu'un Mort Shuman et son Allo, Papa, Tango, Charlie vienne secourir le skipper-showman du naufrage sportif ? (p'tain, elle est bien cheesy cette phrase, j'vais la laisser).

    Deux essais sont vite arrangés ; l'un à Rotherham, et l'autre dans la foulée à Grimsby.

    Lui, Sharpey-la-flambe et dandy de grand chemin dans ces villes-misère à se faire savater en D3 par des p'tits jeunes remontés comme des coucous suisses à l'idée se faire de l'ex-international pipole ex-bambocheur ?
    Sans parler des enragés derrière les barrières à beugler leur furie…

    A vrai dire, Lee est devenu un sous-tricard qui fait dans l'alimentaire maintenant, alors pas vraiment le moment de faire la fine bouche, faut bouffer, et s'il le faut, il ira en chier en D3 et se faire pourrir par les publics hostiles et surexcités par la vision du footeux-pipole qu'à tout foiré si spectaculairement.

    Lui, l'ancien « crowd-pleaser » irrésistible et idolâtré de Old Trafford est devenu ce journeyman sans scrupules prêt a cachetonner de club en club pour un dernier fix.

    A vrai dire, il n'a guère le temps de gamberger trop longtemps sur la question, les 2 essais chez les Millers de Rotherham et les Mariners de Grimsby sont jugés infructueux par les dirigeants des deux clubs.

    On est en juillet 2002, la saison va commencer, Lee vient d'avoir 31 ans et ça commence bien à sentir la fin des baked beans Kwik Save à 9 p la boîte cabossée son histoire (reduced to clear).

    Le mental n'y est plus, il est miné. Quelques années plus tôt, ou qui lui semblent comme telles, il avait l'Angleterre et ses coéquipiers et Fergie à ses pieds.

    Maintenant, c'est lui le paillasson de tout le monde. Même les clubs des divisions inférieures veulent pas de lui. On est si loin du prodige wonderkid sur lequel tout le monde s'extasiait, ça en devient risible. Peut-être est-il temps une fois pour toute de raccrocher.

    Finalement, un miracle se produit, début août 2002, un club le contacte et semble le vouloir : Exeter City, 4ème division.

    Ce club prêt à tenter un gros coup de poker est pressé. Le 11 août, Exeter lui fait signer un contrat au match joué. Le club a l'air ambitieux, mais une étrange sorte d'ambition. Une ambition aux relents de hype qui sent le pâté.

    Exeter avait d'abord contacté Gascoigne mais celui-ci cuve déjà sa semi-retraite et n'est prêt à se laisser tomber du lit pour se traîner jusqu'à l'autre bout de l'Angleterre en rotant que pour un gros paquet d'oseille.

    Exeter, c'est pas Byzance ni le Gala(tasaray), c'est sûr, et ils affichent une ambition peu orthodoxe assez curieuse à vrai dire, mais sympa finalement ce p'tit club, se dit Lee Sharpe, qui a fait ses débuts pros tout près de là 15 ans auparavant, à Torquay.
    Les bons souvenirs lui reviennent en mémoire et défilent en boucle dans sa tête, quinze ans déjà…

    Pas le Gala ni les paillettes d'Old Trafford mais de l'ambition à revendre. On parle pas de PL mais pas loin.
    Ce petit club d'Exeter en ce début de saison 2002-2003 est un club qui détone franchement dans la relative uniformité besogneuse et terrienne de la 4ème division anglaise.

    Ce club semble soudain disposer de pas mal d'argent, malgré les deux derniers exercices désastreux financièrement, et les nouveaux types en charge du club sont deux figures controversées et mégalos, John Russel et Mike Lewis.

    Mais surtout le club s'est trouvé un mécène pas vraiment comme les autres... l'ex plieur de petites cuillères Uri Geller, qui s'est échoué sur la côte sud-ouest de l'Angleterre, tel un service de couverts échappé d'un container de cargo passant dans le coin.

    Uri Geller, pour les plus jeunes CdFistes qui lisent ceci, est… je sais pas trop comment le décrire cet énergumène, le mieux c'est d'aller voir son Wiki, mais bon, juste pour donner une idée, dans les années 80, il voulait faire plier la Tour Eiffel juste en la regardant droit dans les yeux via les caméras de télé, grâce à ses pouvoirs paranormaux…

    Geller appelle ça de la « psychokinésie » apparemment. Le reste de l'espèce humaine appelle ça de la nous-prends-pas-pour-des-buses-s'il-te-plaît-nésie.

    Le fils de Geller, Daniel, se met aussi discrètement sur le coup, incognito, tant qu'à faire, derrière, en couverture, plus on est de couverts tordus, plus on rit.
    Il a pris le contrôle d'Exeter avec son père - en tant que « vice-coprésident » (!)-, tous les deux s'étant soudain pris d'affection pour ce club oublié des fins fonds du sud-ouest anglais, comme d'autres s'entichent un jour de vieilles commodes ou d'albums Panini des années 70.

    Pauvre Geller Junior, ayons une pensée compatissante pour lui, étant petit, il a dû bouffer tous ses Petits Suisses et sa soupe avec des cuillères tordues et s'en foutre partout à chaque cuillérée, visiblement ça l'a bien perturbé.

    Un journaliste de la BBC s'étonnant de voir Uri Geller s'investir autant à Exeter lui demande ce qu'il connaît du foot. Geller répond : « Absolument rien, mais j'adore Exeter City ».

    Exeter et sa nouvelle équipe de directeurs affamés de publicité offre
    3 000 £ par match à Sharpe (contre l'avis de l'entraîneur John Cornforth, qui lui ne voulait pas de Sharpe).

    Pas dégueu du tout comme offre pour un type dont personne ne voulait 3 jours plus tôt ! De quoi bien se refaire le compte en banque et qui sait, une bonne petite saison sur le terrain, et zou, c'est r'parti comme en quarante, se dit Sharpe.

    C'est l'avantage avec les clubs soutenus par des accros de la pub et du hype comme Uri Geller, il leur faut toujours un gimmick médiatique pour avancer. Ce gimmick, ça sera Sharpe.

    Uri Geller fait les choses en grand à l'intersaison, en préparation de la nouvelle saison 2002-2003.
    Le 14 juin 2002, la somnolente ville d'Exeter est brutalement tirée de sa torpeur par un cirque surréaliste et bigarré qui vient de débarquer en ville comme une tornade venue d'une autre planète, les médias du monde entier accourent.

    Uri Geller a fait venir à Saint James Park (nom du stade d'Exeter) deux stars américaines, et pas n'importe lesquelles !
    David Blaine, le givré qui s'enferme des semaines durant dans des caissons glacés à 50 mètres du sol, et « l' ami personnel » de Geller… Michael Jackson !

    Parmi les invités qui déboulent ce jour-là et tourneboulent ce tranquille chef-lieu de Comté, il y a aussi une anglaise-nigériane un peu allumée, Patti Boulaye, selon son Wiki « artiste-chanteuse-actrice-politicienne », en fait surtout connue (au Nigéria) pour à ses publicités vantant les mérites du savon Lux.

    Pour expliquer cet étrange tourbillon évènementiel ainsi que la nomination officielle de Michael Jackson comme « director » au Conseil d'administration de Exeter City (!) le 3 juillet 2002, Geller déclare :

    « Nous avons fait ça par respect [pour les gens d'Exeter]. Michael Jackson va faire connaître Exeter sur la scène mondiale. A partir d'aujourd'hui, Michael a le droit de jouer un rôle prépondérant dans le conseil d'administration du club, y compris voter sur les décisions clés concernant les joueurs. Il aura aussi le droit d'assister gratuitement aux matchs à domicile et pourra faire les déplacements avec les joueurs à bord de l'autocar du club ».

    ("We did this out of respect. He puts Exeter City on the international map. Jackson is now entitled to play a full part in the club's boardroom, including voting on key decisions about players. He will also enjoy free admission to any games he may want to attend and will be able to travel to away matches with the players on the club coach")

    Stars que Uri Geller parade en décapotable Bentley vintage devant un public de 10 000 personnes qui comprend pas trop ce que ces gozos font ici dans ce coin reculé de l'Angleterre à beugler au micro qu'ils « love Exeter City so much » !

    Le public est d'autant plus interloqué quand Jackson prend la parole au micro et, l'air d'entrer en transe, ordonne à tout le monde dans le stade de se donner la main, de se dire qu'ils s'aiment, qu'ils peuvent changer le monde et qu'ensemble, on peut tous combattre les préjugés. Il conclut son exhortation-incantation mystico-dingo par « We can help the world live without fear. It's our only hope! Without hope we are lost! I see Israel!!! I see Spain! » (que vient foutre l'Espagne là-dedans ?!).
    Alors que Patti Boulaye (star du savon Lux) entonne un gospel…

    Tout cela évidemment accompagné d'une flopée d'enfants malades extirpés manu militari chop chop (fissa) des hostos du coin, et accrochés de force aux basques de Jackson (ils les avait exigés, « I want some sick kids from hospitals » avait-il demandé à Uri Geller)

    Et le tout sur fond « caritatif », aides à des associations pour enfants malades, assos pour enfants atteints du sida, etc. (« charities » qui ne verront jamais la couleur de l'argent soit dit en passant, argent qui devait apparemment être donné par tout ce beau monde ce jour-là, on apprendra tout ça du Supporters' Trust mis sur pied dans le bordel monstre qui suivra – lire Look back in anger - The Exeter City Story – lien).

    Un jour décidément pas comme les autres dans la vie de ce club jusque-là tranquille des contrées reculées de la campagne anglaise…
    Voici le lien si vous voulez en savoir plus sur cette journée totalement zarbi pour Exeter City :

    lien

    Le décor est planté, et tout semble paré pour que débute une saison bien tarée chez les Grecians (surnom du club), de loin la plus loufoque de leur longue histoire…

    Une fois la brochette d'illuminés partie et la tornade médiatique éloignée, on annonce les vedettes qui vont venir faire monter le club en D3 : Don Goodman, l'ancienne terreur des surfaces de West Bromwich Albion et des Wolves, ainsi qu'un ex gardien de PL, Kevin Miller, et un même un argentin en provenance d'Espagne, un certain Sebastian Scalise, qu'on annonce comme énorme et qui va faire un malheur, c'est certain.

    Alors évidemment, quand votre président de club est un para-mentaliste psychokinésique qui ne sort pas de chez lui sans son service à cuillères prêt à être martyrisé, et que ce président présente la nouvelle saison avec en hors-d'œuvre une ex gloire du pop qu'a transformé sa maison en Disneyland, un accro du nudisme dans des caissons de glace en lévitation, une ancienne diva du savon Lux et je ne sais qui encore, on comprend les supps quand ils se disent que les choses ne peuvent que partir en saucisse congelée en moins de temps qu'il n'en faut pour dire « touche pas à ma merguez ».

    Sans faire l'analyse de cette longue, très longue et ô combien éprouvante saison de ouf à lier à Exeter City, je dirai juste qu'à peine les festivités terminées en juin/juillet, en septembre, le club annonce 500 000 £ de dettes, et quelques semaines plus tard, 1,8 millions de £ de dettes…

    Le trio Russell-Lewis-Geller échaffaudent des plans d'urgence abracadabrants, ils veulent démolir la tribune principale, en faire une plus petite et vendre le reste du terrain à un promoteur immobilier… (sauf qu'ils ont un peu négligé le fait que… le stade appartient à la ville !).

    Dans l'urgence, pour rembourser les dettes, ils virent du personnel. Finalement, l'entraîneur sera remercié, Graham Rix est pressenti pour le job, Jan Molby aussi, mais c'est un autre qui sera pris, un type qui va encore plus les plomber.

    Ça sera le bordel carnavalesque jusqu'au bout pour les Grecians, malgré les promesses incessantes de Uri Geller, dans la presse, « d'utiliser ses pouvoirs paranormaux pour faire maintenir Exeter ».

    Maraboutisme version israélo-anglaise.

    [Evidemment, l'Argentin Scalise qui devait tout casser fit un flop flippant...
    Goodman l'ex dynamiteur ne marqua qu'un seul but (en 13 matchs), puis à Noël, ayant marre de tout ce cirque demandera à être prêté… Vous imaginez la suite…
    le club d'Exeter finit 23ème (sur 24), fut relégué en non-League, fut placé sous contrôle judiciaire...
    Uri Geller se tirera en mai 2003 non seulement avec ses couverts tordus mais aussi de belles casseroles – accusé par le service des fraudes d'une série de malversations – ainsi que ses guignols de co-présidents…
    Tout ce beau monde se retrouva au tribunal, un Trust de supporters se forma temporairement pour reprendre le club et le stade de St James Park – appartenant à la municipalité – fut vendu pour une bouchée de pain ! Exeter mit 5 ans à s'en remettre et à remonter…]

    Entre temps, notre Sharpe en a eu assez de ce carnaval et s'est fait la malle d'Exeter en novembre.

    Le deal s'écroule après quatre mois et autant de matchs.

    « Released » par Exeter, selon la formule convenue, « by mutual consent »...
    La version officieuse c'est que les problèmes de vestiaires devenaient ingérables pour l'entraîneur John Cornforth (qui lui fut viré peu après aussi et qui fit ses valises, et qui n'y est pas allé avec le dos de la cuillère lors de son départ, il a chopé Uri Geller sur le parking du club et lui a pratiquement cassé la gueule, au vu et au su des supporters...).

    Encore un Noël à passer sans club pour Sharpe.
    Il cherche, fait demander à droite à gauche, pudiquement, il fait
    « jouer ses réseaux ».
    Concrètement, ça veut dire qu'il tend sa sébille aux clubs de D3 et D4 en espérant que peut-être, s'il a de la chance, un long banc d'un club de D4 style OKtoberfest voudra bien lui accorder encore une petite place…

    Le téléphone ne sonne évidemment pas. Avec l'énième fiasco Exeter,
    il est grillé et archi grillé, jusqu'au cercle polaire pense-t-il.

    Il est remonté contre le système, qui l'a porté aux nues et maintenant le laisse tomber comme un vulgaire étron de chihuahua.

    N'y a-t-il pas encore quelqu'un de droit et honnête en Angleterre pour lui donner une p'tite dernière chance, la der des der ?

    Ne se rappelle-t-on que de ses conneries ?

    Y'a pas un p'tit club dans c'pays qui se souvient de ses dribbles chaloupés, de ses chevauchées endiablées, de ses centres au cordeau après avoir grillé deux défenseurs ?

    Même à Bradford, en D2 tout de même, y'a à peine 2 ans, il tournait bien quand même, y'a bien quelqu'un bon Dieu pour avoir vu ça à la télé dans les résumés de la télé régionale !

    Il demande pas grand-chose financièrement, juste son p'tit salaire décent et son p'tit F2.

    La réalité, c'est que plus personne ne s'intéresse à Sharpe depuis bien longtemps déjà.

    Même en D4. Personne mis à part les présidents de clubs givrés comme Uri Geller.

    Sharpe est-il condamné à n'attirer que les timbrés et désaxés du Royaume ? se demande-t-il. Probablement.
    Et pas que du Royaume. A l'ère internet, la « tarée attitude » s'est faite planétaire.

    Les anciens potes ne l'appellent plus. Les jeunes ne savent même pas qui c'est ce Sharpe qui apparaît dans les DVDs de Man United ou dans les rubriques « Footballeurs surdoués » et « Matchs d'anthologie » sur Sky et ESPN Classic.

    Début 2003, toujours rien à l'horizon pour Sharpe. Il n'a que 31 ans.

    Au chomdu, comme un vulgaire journeyman entre deux clubs en perdition qui raclent les fonds de tiroir avant de contacter un pro.

    Au lieu de cette situation, à 31 ans il devrait être en équipe d'Angleterre à tout faire exploser sur son aile gauche, griller la politesse à tout le monde avant de centrer pour une tête victorieuse
    de Shearer ou un but de master poacher de Owen.

    Tout les experts consultants et journalistes Delaruesques aux dispositions psy se penchent sur le « cas Sharpe ».
    Mais personne ne lui offre quoi que ce soit. Par contre, ça intéresse franchement les férus de psychanalyse, et les questions fusent :

    Where and when did it all go so fucking wrong ?

    A quel moment ça cloche dans son histoire ?

    A quel moment ça part en saucisse ?

    A quel point précis de son histoire la sucette se barre-t-elle en couille ?

    A quel moment la couille a commencé à se vriller ?

    On a beau tourner et retourner la question fondamentale dans tous les sens, on n'arrive pas à résoudre l'équation Sharpe.

    Personne n'y comprend rien, on se perd en conjectures. Ses mauvaises fréquentations ?
    De mauvais choix niveau clubs ?
    Des entraîneurs qui l'ont fait jouer hors de position ?
    L'effrayante concurrence qui l'a écarté des années durant ?
    La faute à d'autres entraîneurs qui ne lui jamais laissé sa chance (O'Leary, Graham et à Bradford City) ?
    Le mental qui lâche et peut expliquer les nombreuses blessures ?

    Des questions à n'en plus finir. Et si au final tout cela ce n'était en définitive qu'une banale histoire de « mental », d'un génie du ballon qui voulait pas assez s'arracher et faire son boulot proprement ?

    Les avis sont partagés, comme souvent, la vérité doit se trouver quelque part au milieu de tout ça.

    Février 2003. Visiblement la retraite est là, toute proche, va falloir annoncer ça officiellement à la presse…

    Mais des frémissements redonnent l'espoir, des contacts avec les Emirats, le Qatar, les USA…

    Finalement, ça serait pas si mal de finir aux US, ou d'y « rebondir », beaucoup de grands l'ont fait avant lui, Beckenbauer, Pelé, Best…
    Ça aurait de la gueule de finir en beauté en Californie ou en Floride, et pis ça serait pas mal pour sa com'…

    Mais rien ne se matérialise, juste quelques clubs ou agents qui voulaient faire parler d'eux.

    Rien, sauf un beau jour de mars, une offre ferme qui lui arrive. Elle a l'air assez incroyable, certainement très différente…
    Que peut bien cacher cette offre ? se demande Sharpe. Il se renseigne. Elle est très sérieuse.

    Ça ne sera ni le luxe et le faste de Dubaï, ni la folie des grandeurs made in USA, ça sera…

    (Sixième et dernière escale demain soir…)


  • Tricky le 08/03/2010 à 07h12
    Miam, le teaser.

    Qu'est ce qui peut bien encore arriver après Exeter ?

  • nasi_goreng le 08/03/2010 à 07h53
    C'est quand meme vachement bien les recits de MV. Il a du avoir 20/20 en football anglais au Bac, c'est pas possible

  • Vas-y Mako! le 08/03/2010 à 09h01
    certains supporters d'Exeter ont l'air un peu dubitatifs le jour de la présentation de la mascotte du club!!

    lien

  • shev2 le 08/03/2010 à 10h31
    Oui, on se pose la question au début du post : mais qui est-ce qui poste un post aussi long, on hésite à le lire et puis... on les lit tous de suite. Vraiment excellent : on a déjà du le proposer mais c'est dommage de ne pas en faire des articles à mettre en une : tout le monde les lira (j'angoisse à l'idée d'en avoir raté beaucoup - avant la série Sharpe) et le format sera plus facile à lire sans doute.

    Chapeau.

  • Dan Lédan le 08/03/2010 à 11h19
    Oui c'est un vrai plaisir à lire...j'ai vu recemment The Damned United et c'est à se demander si MV n'est pas David Peace !!!
    En tout cas , j'aimerai bien aussi que ces posts se transforment en article (Plus commode pour les linker pour le copains)

  • Oook le 08/03/2010 à 11h21
    Merci pour les réponses concernant Grobbelaar et les paris, et désolé de ne pas avoir répondu avant.
    Et une nouvelle fois bravo MV, c'est toujours aussi passionnant.

  • Mangeur Vasqué le 08/03/2010 à 18h51
    shev2
    lundi 8 mars 2010 - 10:31

    on a déjà du le proposer mais c'est dommage de ne pas en faire des articles à mettre en une : tout le monde les lira (j'angoisse à l'idée d'en avoir raté beaucoup - avant la série Sharpe) et le format sera plus facile à lire sans doute.

    ***********************************
    Dan Lédan
    lundi 8 mars 2010 - 11:19

    En tout cas , j'aimerai bien aussi que ces posts se transforment en article (Plus commode pour les linker pour le copains)

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    Vas-y Mako!
    lundi 8 mars 2010 - 09:01
    certains supporters d'Exeter ont l'air un peu dubitatifs le jour de la présentation de la mascotte du club!!

    lien

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    Merci à tous, c'est sympa (et oui, Shev2, y'en a eu pas mal avant la saga Sharpe – pas aussi longs tout de même !).

    Ces posts-là se font pas tout seul par magie vous vous en doutez bien. Beaucoup de recherches, recoupements, vérifs, etc. c'est du 100 % inédit, comme le sujet dont je traite en ce moment en 7 épisodes (l'histoire extraordinaire de Lee Sharpe), à ma connaissance sujet qui n'a jamais été traité de façon approfondie. J'ai même jamais lu un sujet sur Sharpe dans la presse française ou anglaise qui fasse plus de 20 lignes (bon y'a eu quelques d'articles sur lui, mais plus sur ses « pipoleries » qu'aut' chose). Pourtant, quelle histoire que la sienne...

    J'ai décidé de mettre le paquet parce que j'aimais bien ce joueur d'une part, et d'autre part, pour moi, son histoire est l'une des plus intéressantes du foot anglais, pas juste pour son contenu mais aussi parce qu'elle se situe à la croisée des chemins (First Div' de la Football League et PL), et c'est une histoire qui se télescope avec tant d'autres (grâtinées), et aussi pour toutes les raisons que j'expliquais dans l'épisode Un y'a 8 jours.

    Oui, la mise en article ou autre format serait une solution, suggestion proposée ici par moi et d'autres pour certains de ces posts « historiques » sur des sujets méconnus (en France), ou très peu/jamais traités de façon approfondie auparavant, une mise en article sous forme condensée/modifiée bien sûr (comme le mystère du foot indien en Angleterre, l'histoire marrante de tel ou tel club, l'histoire des débuts du foot anglais, etc. tous ces sujets sortis ici sur ce fil depuis fin décembre). Ça serait plus facile à lire et plus accessible, mais bon, c'est pas nous qu'on décide.

    Vas-y Mako, merci beaucoup pour ce lien (j' l'avais jamais vu), totalement surréaliste... effectivement les supps d'Exeter cette saison en eu pour leur argent… car Exeter City saison 2002-2003, mes aïeux, quel bordel !

    Quand on pense que M Jackson et David Blaine étaient tous les deux membres du Conseil d'administration d'Exeter et avaient le droit de se prononcer sur les grands dossiers du club...
    Geller avait évidemment dans l'idée de faire casquer son « grand ami » Michael Jackson, mais je me demande combien il a réussi à lui « soutirer », pas beaucoup à mon avis, vu les 1,8 million de £ de dettes que le club avait déjà 1 mois après le début de la saison (Jackson et Blaine ont même dû leur coûter de l'argent ama...).

    Personne (hors Angleterre) ne connaît Exeter City donc ça méritait un gros focus, quelle saison de ouf quand même… et encore, vous avez pas lu toutes les déclarations de Uri Geller lors de cette saison…

    Ce lien ci-dessous pourrait bien vous amuser (voir milieu de lien, le « Uri Geller's Football News »), cette rubrique contient au moins 40 hyperlinks sur les prouesses paranormalo-footballistiques de Uri, qui dit avoir sauvé et aidé tant de clubs...
    Et pis y'a plein de sous-liens marrants, comme le Sun qui s'est amusé à démontrer que plus Geller utilisait ses facultés paranormales pour sauver ou faire gagner un club, plus ce club morflait…

    lien


    Episode 6 (avant-dernier) de la sage Sharpe dans 1 heure.

  • Mangeur Vasqué le 08/03/2010 à 20h54
    Lee Sharpe. EPISODE 6 (décapant !) : Chalut l'artiste…

    (Episode 5 posté hier soir)

    *******************************

    En ce milieu de mars 2003, cette offre bien étrange qui arrive à Sharpe, ça ne sera finalement ni le luxe du Qatar, ni le faste de Dubaï, ni la folie des grandeurs made in USA, ça sera… l'Islande.

    Fin mars 2003, Sharpe signe un contrat avec un club du pays « Terre de la glace et du feu » comme y fanfaronnent dans les conf' Connaissance du Monde et autres brochures des voyagistes qui n'y ont, à l'évidence, jamais foutu les pieds.

    Sans ça, ils préciseraient qu'on y voit quand même plus de glace que de feu. Vu que le feu, soit il crépite fort dans les cheminées géantes des demeures islandaises, soit il est bien caché dans la croûte terrestre, souvent prêt à te péter à la gueule, sans trop prévenir…

    Tu pique-niques tranquille peinard dans la campagne islandaise en pavoisant que c'est super chouette et civilisé ce pays de la glace et du feu, et paf, explosion, un p'tit coup de magma à 1 000 degrés pour ta tronche ! Fallait pas poser ton saucisson, tes rillettes et ta gourde* sur un rocher en fusion (*l'objet hein, pas ta moitié).
    C'est ça l'Islande. Mais ça, c'est pas dans leurs brochures de bobo qui descendent jamais du Land Cruiser.

    Et comme un malheur n'arrive jamais seul, l'offre des vikings n'émane pas vraiment du coin le plus glamour d'Islande. Elle provient du sud-ouest de l'Islande, de Grindavik pour être précis. Du Knattspyrnudeild UMFG de Grindavik, pour être analement précis.

    Mais à quoi bon être précis sur les clubs islandais ? Qui « in their right mind » irait vous contredire ? (à part nos VMListes bien sûr).
    Une seule et bien maigre coupe d'Islande à leur palmarès. Non seulement c'est l'Islande pour Sharpe mais en plus un club en bois.

    Le proprio du club tient la criée locale et possède une petite flotte de rafiots. Le club a un peu de blé, alors on les appelle « le Chelsea d'Islande », dixit le Reykjavik Grapevine, sorte de Parisien islandais qui surnomme le KR Reykjavik le Manchester United d'Islande.

    Faut dire que le KR joue devant des foules en délire… 1 500 personnes frigorifiées les bons soirs ; mais à la buvette du club on sert les meilleurs prawn sandwichs du monde, des trucs énormes avec des crevettes d'un pied de long, alors ça incite aux comparaisons avec les géants mancuniens.

    A Grindavik, port de pêche et nouveau club de Sharpe, 200 personnes c'est considéré comme une bonne chambrée. 300 pour les derbys chauds bouillants explosifs magma-toniques avec le Ungmennafélag Njarðvíkur ou le Keflavík Íþrotta- og ungmennafélag.

    Les Ultras traînent les bâches direct des chalutiers, elles servent à emballer la morue et le cabillaud la semaine.
    Ça fouette un peu dans le Kop en ébullition mais les odeurs permanentes de souffre volcanique autour du stade masquent les mauvaises odeurs.

    A Grindavik, quand le consultant foot de la radio FM locale, Pétur Balbirdottir, beugle au micro, tel un équipage viking de drakkar affamé qu'aurait aperçu un banc de morues charnues, que le stade est « en fusion », c'est pas juste pour la galerie, le stade est VRAIMENT en train de fondre.

    C'était ça ou rien pour Sharpe.

    Putain, quand ça va se savoir au pays st'histoire, les tabloïds vont encore doubler les ventes sur sa gueule. Il s'imagine déjà leurs titres bien fins :

    « Sharpey : Bonjour ou plutôt chalut la descente aux enfers ! ».

    Ou bien :

    « Foie de morue et merlan frit, la traversée du geyser continue pour Sharpey ! ».

    Il prie grands Dieux pour que le Sunday Mirror ne rapplique pas le photographier jouer sur un champ de Mc Cains devant trois gelés et un tordu.
    Il remercie la météo dégueulasse en Islande. S'il y a photo, au moins avec la brume, la pluie ou la poussière volcanique, sans parler du vent qui rabat le maillot et le short sans cesse sur la tronche, on devrait pas trop reconnaître son visage, même pris au télé-objectif.

    Sharpe, ex darling de toute l'Angleterre, ex pin-up boy, ex playboy interplanétaire, ex international, ex jeune joueur de l'année, ex-mec que même Beckham lui nettoyait les pompes et tout et tout et il se retrouve à Grindavik ! dans ce club yoyo de troisième zone du championnat d'Islande, le Úrvalsdeild Karla.

    Le stade fait 1 500 places, avec des assises mais tout le monde reste debout. Il est fortement déconseillé de s'asseoir. Cinq minutes assis et t'as les fesses congelées collées au granite. Faut s'tenir debout, et tant pis pour le vent arctique et la pluie glacée. On ne joue que d'avril/mai à septembre. Le reste du temps, il fait nuit.

    Finalement, peut-être pas si mauvais que ça comme plan, 5 mois de championnat seulement, ça devrait laisser pas mal de temps pour faire la java.

    Enfin, se dit-il, si le club est moisi, la ville de Grindavik est peut-être sympa, se prend-il à rêver dans un élan d'optimisme pas vu en Europe depuis le débarquement allié.

    Mais le salut ne peut pas venir de la ville de Grindavik. Impossible. A moins d'être représentant chez Picard.

    Grindavik, c'est 2 500 habitants, 250 chalutiers, 25 criées et 1 bar qui fait boîte les samedis soirs, soirées « Disco Inferno ». Enfin soirée boogie seulement quand quelqu'un accepte de mettre une pièce de 20 € dans le juke-box au choix plus corny et cheesy qu'un burger Mc Do triple-emmental (que du Englebert Humperdinck, Kenny Rogers et Boney M).

    Gros port de pêche bien pittoresque, la morue y est érigée en style de vie et on se prosterne tous les jours devant la statue du Dieu Findus sur la place du Marché. La vie sociale s'organise autour de la criée locale, véritable hub du fun local.

    Bourgade située à une bonne heure de route de Reykjavik mais la route est souvent impraticable, alors faut utiliser les pistes défoncées, en 4x4 polaire. L'hélicoptère orange, style celui utilisé par la Sécurité Civile, plus gros employeur du pays, y est très recommandé aussi. On file un peu de thunes et un appart à Sharpe.

    L'amateur de Aston Martin qu'il est aurait vraiment aimé aussi un p'tit bolide, mais pas de concessionnaire de ce genre sur l'île, que du tout terrain et du véhicule industriel lourd.

    Alors à la place, on met à sa disposition une chenille tout terrain pour se déplacer, une bonne grosse bertha qui chausse du 40 pouces fillette.
    Faut dire que la lave basaltique brute ça a tendance à accrocher cette saloperie.

    Le tout accompagné d'un sat-nav géologique et d'une carte Michelin tectonique avec en rouge les départementales qu'il vaut mieux éviter dans le noir (glacier instable, magma qui jaillit de terre, volcan actif, coulées de basalte, croûte terrestre en fusion, coulées boueuses, nuages de cendres et gaz toxiques inflammables, etc.).
    Ses coéquipiers sont tous amateurs et s'entraînent le soir après le taf, l'hiver dans le noir, l'été dans le brouillard.
    Putain, ça promet…

    Manquerait plus que de tomber sur Björk dans une ruelle sombre et déserte et ça serait la totale.

    Tout ça le pétrifie. Va falloir garder profil bas et raser les murs. Il commence à se demander où il a atterri.

    Difficile d'imaginer plus belle déchéance sportive parmi l'élite anglaise pour un ancien jeune joueur de l'année.
    Comme si Benzema se retrouvait contraint et forcé dans 10 ans de jouer pour le FC Santa Klaus à Rovaniemi en Laponie. Justement, Grindavik est jumelée avec Rovaniemi et ses wagons de Père Noël. Sharpe touche vraiment le fond.

    Comment est-il arrivé là ?
    Qui sait, et peu importe, c'est du Sharpe tout craché, sûrement un « coup de cœur », un pote islandais dans un ice-bar Absolut de Londres qu'a dû lui parler d'une bonne combine islandaise, d'un gros coup à faire sur les pêches miraculeuses à la morue.
    Ou bien il a dû rencontrer une islandaise qui voulait qu'il la ramène chez elle et il est resté… (une Islandaise nommée Onaypaföutu Decadraydottir ?)

    A peine arrivé au pays du verre de vodka à 25 €, Sharpe découvre avec horreur la politique du club en matière de sorties : interdites 7 jours avant un match. Même si les matchs sont bien espacés, ça laisse pas un max de place pour les « loisirs ».

    De toute manière c'est simple, les loisirs, à Grindavik, y'en a pas.

    Le top du top niveau divertissement, c'est de photographier les geysers de loin, en groupe, souvent en groupe de touristes japonais.

    Si te tiens absolument à te libérer sévèrement les endorphines par grappes entières, alors tu vas visiter la station géo-thermale du coin.
    Et si tu veux t'encanailler et taper dans le summum des frivolités mondaines, tu vas faire trempette dans le Blue Lagoon tout proche.

    Le nec plus ultra de l'éclate top adrénaline, c'est d'aller pêcher le hareng en mer par vent arctique et par moins 5 la nuit (le hareng saur, mais la nuit).
    Si t'as de la chance, tu te feras peut-être pourchasser par les bateaux-harpons de Greenpeace qui la nuit te (mé)prennent pour un vilain baleinier. La nuit qui est le jour en fait en été. C'est compliqué ce pays, Lee n'y comprend rien.

    Il sait que cette plaisanterie risque de pas durer longtemps mais il bosse dur, il est là pour en baver, après tout, il avait signé surtout pour retrouver la forme physique loin des tentations. Il sait plus trop pourquoi il a signé en fait.

    Trois mois passent, début juin, un pote lui rend visite. 5 jours avant un match. Ils sortent. Le lendemain, convoqué, il doit s'expliquer. Il se foutait déjà des remontées de bretelles de Ferguson à 22 ans, alors tu penses que celles de l'entraîneur de Grindavik à 32 ans, il s'en cogne encore plus la proue. Le club lui casse son contrat pour « faute professionnelle ».

    A peine 3 mois, la plaisanterie arctique a tourné court. Privé de geyser après à peine 7 matchs (et zéro but), il rentre au pays.

    Rentré au bercail, personne n'en veut bien sûr. Bon à jeter au rebut, à l'abattoir, sur le scrapheap, au knacker's yard comme disent les Anglais. Il a tout juste 32 ans.

    Fin juin 2003, il annonce sa retraite officielle, une huitaine d'années après sa retraite officieuse, raillent les moqueurs qu'ont rien compris au film.

    A 32 ans, le Lee raccroche, finito, basta, une fin de carrière à la Best, à la Gascoigne, dans la plus pure tradition anglaise des génies clowns accros à la fête, une fin comico-pitoyable.

    Mais la retraite devra attendre encore un peu. Un dernier épisode pas piqué des verres l'attend…

    (7ème et dernier épisode demain).