Premier League et foot anglais

Le rendez-vous des amateurs du foot venu d'Angleterre, qui sent la sueur de pub et la bière chaude.

Bale de jour le 05/05/2024 à 11h17

Hâte de voir ce Ipswich en Premier League. J'ai un peu suivi le club et vu quelques matches pour voir ce que faisait Kieran McKenna (qui était assistant a Utd il y a quelques années) et c'est vraiment pas mal. Il y aura des ajustements à faire lors de la montée, quelques secteurs à renforcer, pour ne pas faire une Burnley bis (même si ceux-ci se sont plutôt bien réveillés en fin de saison et pourraient profiter d'un faux pas de Forest), mais ça joue bien.
Tricky le 05/05/2024 à 16h36

Reste la dernière place qui se jouera entre les vainqueurs de Southampton-WBA et Leeds (qui a bien bien bien bien merdé sur les six derniers matches, de manière incompréhensible)-Norwich.
Jah fête et aime dorer Anne le 05/05/2024 à 19h12

Joli but de Birmingham : lien
Tricky le 05/05/2024 à 22h17

Clameurs dans le stade et tout, parfait.
Mangeur Vasqué le 05/05/2024 à 23h08

En réponse à Jah fête et aime dorer Anne le 05/05/2024 à 19h12
(voir le message)

Ah ouais j'ai vu ça, sacré but. Surtout que y'a de bonnes chances que le type ait été pinté, alors trois fois chapeau. Les proprios US avaient en effet mis la pinte à 2 £ entre 10h30 et 11h30 pour remercier les supps de leur soutien au cours de la difficile saison lien... "What could possibly go wrong?", se demande ce site : lien

(j'étais au SoL hier pour Sunderland-Wednesday et on aurait bien aimé nous aussi que notre boss, Kyril Louis-Dreyfus, fasse de même, histoire de nous remercier de supporter si nombreux ses (jeunes) chèvres – 41 000 spectateurs de moyenne cette saison – et financer la noyade de notre petit chagrin (encore une défaite, 2-0). Enfin, moi vu que je supporte ces deux clubs j'étais ravi car cette victoire permet aux Owls de se maintenir, contre toute attente, finish de malade dans le sprint final, 14 points de pris sur 18 possibles. Ce maintien est miraculeux : il avait fallu attendre 13 matchs et la fin octobre pour que Wednesday enregistre sa première victoire, contre le dernier (Rotherham United, 4 victoires de la saison)… Les 13 premiers matchs de la saison sans victoire est un "exploit" historique lien. Content pour le manager novice, Danny Röhl, nommé en octobre après le limogeage de Xisco Muñoz. C'était son premier poste. Il serait d'ailleurs pressenti pour atterrir à Sunderland dans les semaines à venir).

Final de D2 assez scotchant hier, Birmingham City descend malgré leur belle victoire 1-0 sur Norwich, 30 ans qu'ils n'avaient plus vu la D3 (mais ils flirtaient avec la descente depuis 10 ans). Ils portaient ce maillot à l'époque lien (#13), ergo ils méritaient largement la descente.

Ils descendent avec 50 points (46 matchs), c'est pas le record mais on est sur une fourchette haute (l'an dernier par exemple le premier relégué avait 44 points et la saison précédente 37 pts), saison très compétitive. Et les trois premiers ont inscrit au moins 90 points lien, ce qui n'était plus arrivé depuis 1998.

C'était pas trop le week-end de Birmingham & conurbation des West Midlands. Aston Villa perd à Brighton qu'avait plus gagné depuis un bail, Wolves se prend 5-1 (contre Man City) et accumule les défaites en cette fin de saison, Coventry perd à domicile contre un mal classé et cet aprèm à Wembley le club de Solihull Moors (banlieue chic de B'ham) manque la montée en Football League (premier échelon, D4) aux tirs au but. Y'a guère que West Brom qui sauve l'honneur, victoire sur Preston.

Et le maire sortant des West Midlands, le Conservateur Andy Street, qu'on pronostiquait gagnant, se fait battre de peu aux élections locales lien (le vote était jeudi mais on n'a eu les résultats qu'hier).

Un grand francophile comique cet Andy Street. En 2014, alors qu'il dirigeait John Lewis lien, il déclarait que la France "était finie" et conseillait aux entreprises britanniques installées en France de vite plier bagage ( lien "John Lewis boss: 'France is sclerotic, hopeless and downbeat … it's finished'"). Il aurait peut-être dû se focaliser sur John Lewis au lieu car depuis son passage, le groupe est en chute libre lien. Si ces Tories n'étaient pas aussi nuisibles, on rirait de leur ridicule à s'en décoller la machoire.
Tricky le 06/05/2024 à 13h11

MV, deux mots sur Bromley qui pour la première fois en 132 ans rejoint l'English Football League après sa victoire en barrages aux penalties ?
Bale de jour le 06/05/2024 à 22h58

Bon bon bon. Hâte de voir qui sera le prochain blessé côté United, si la poupée vaudou atteint même le bionique Fernandes, personne n'est a l'abri.

Arsenal, Newcastle, Brighton, City. La seule question c'est combien de buts on va encaisser sur ces matches - la réponse étant "beaucoup".
Mangeur Vasqué le 06/05/2024 à 23h07

Alors, en vrac sur Bromley FC, club de la banlieue du sud-ouest londonien :

- À Wembley hier, ils ont emmené avec eux 20 000 supps (surnom : les "ravens", les corbeaux. Aussi appelés les "lil(l)ywhites", comme Preston, Tottenham et d'autres, vu qu'ils jouent en blanc pur (littéralement "blanc comme le lis"). Les corbeaux, ça vient des trois corbeaux sur le blason du borough de Bromley. Ça m'a plutôt l'air d'être des canards lien mais faisons confiance aux ornithologues de l'héraldique). Wembley c'est certes pas loin (1 h de transport en commun, tube + train) mais 20K c'est pas mal quand même. Les Ravens avaient déjà "envahi" Wembley contre Wrexham en 2022 pour la finale du FA Trophy (coupe des clubs de D5 à D8), disputée devant 46 000 spectateurs (Wrexham avait emmené 25 000 supps pour l'occasion). Peu de supps de Solihull ont fait le déplacement hier, donc seulement 23 000 spectateurs (en même temps, Solihull ne fait que 1 500 de moyenne et y'a du trajet).

Le résumé du match : lien

- Bromley finit 3è de National League lien (D5, une seule poule nationale) et donc monte en Football League aux barrages en éliminant Solihull Moors, club que j'évoquais hier.

Chesterfield a brillamment validé sa montée fin mars lien, la seule montée automatique puisque seuls 2 clubs de D5 sont promus (y'a quelques années, un seul club montait, automatiquement).

(2 mots sur Chesterfield au passage, je recommande si vous passez dans ce beau coin d'Angleterre, le superbe parc national du Peak District n'est qu'à 10 kms. Centre-ville sympa & superbe marché trois fois par semaine + marchés fermiers, artisanaux, aux puces, etc. Ville où j'ai connu ma femme, en 1997, je lui avais notamment posé un involontaire lapin pour notre premier rendez-vous un peu sérieux. Passablement éméché et venant de Sheffield en train, j'avais promis de la retrouver un samedi midi dans un café du centre-ville pour le lunch, mais mais mais, entraîné par des éléments incontrôlés et difficilement contrôlables dans mon état, j'avais subconsciemment dérivé vers Saltergate (l'ancien stade) pour y assister à un match de D3. 1997 est l'année de leur inoubliable épopée FA Cup lien, avec ce bon Sean Dyche en homme-orchestre et Kevin Davies lien en buteur. Pour des raisons qui demeurent obscures, Sean Dyche fut dûment intégré à mon pathétique laïus d'excuse.)

- Club fondé en 1892 et cette saison club moyen de D5 (atteinte en 2015), en taille. En progression lente mais constante. Ils reviennent de loin. Ils étaient si nuls saison 1969-70 qu'ils inspirèrent le livre "The Bromley Boys: The True Story of Supporting the Worst Team in Britain"' (publié en 2008), écrit par feu Dave Roberts (auteur supp de Bromley, lien). Pas lu mais c'est assez connu (j'ai vu l'adaptation ciné).

Il raconte les tribulations d'un supp Raven avec en point d'orgue la tristement mythique saison 1969-70 dans la vénérable (et innovatrice lien) Isthmian League (aujourd'hui championnat régional de D7 – 4 poules nationales, voir la pyramide lien –, à l'époque D6), seulement 3 victoires et 111 buts encaissés lien. C'est un peu une ode humoristique aux supps qui soutiennent ces petits clubs sans avenir, alors qu'ils pourraient très bien opter pour la facilité et supporter un gros club londonien (c'est pas ça qui manque). Bouquin adapté au cinéma en 2018 lien. La bande-annonce : lien

- Film regardable, j'l'ai vu à la télé. Y'a du très connu dedans, en particulier Alan Davies lien (gros supp d'Arsenal – je recommande sa série culte "Jonathan Creek" si tu ne connais pas, un peu vieillotte aujourd'hui sans doute mais unique dans son originalité) et Martine McCutcheon, surtout connue pour son rôle dans l'increvable soap Eastenders (il nous enterrera tous) et la romcom "Love Actually" (un gros navet àma, si ne me souviens bien. Dommage car le casting est sympa). Y'a aussi Ewen McIntosh lien, Keith dans "The Office", décédé y'a peu d'ailleurs.

À la fin des Sixties, l'époque représentée par le livre et film, c'était un club amateur avec un beau pedigree. Il s'était distingué vingt ans auparavant en disputant la finale de (feue) la FA Amateur Cup lien à Wembley devant 96 000 spectateurs.
- moyenne de 2 600 spectateurs cette saison, soit grosso modo la moyenne de D5 (2 800). Par comparaison, dans cette division cette saison : Chesterfield fait 8 000, Oldham 7 000, Southend 6 500, York 5 000, Hartlepool 4 000.

Vu que les recettes d'un club en D5 proviennent principalement de la billetterie, si le proprio n'est pas blindé et génereux – pas de FPF en D5 –, ces affluences sont d'autant plus déterminantes. Un club de D5 ne reçoit qu'environ 100 000 £/an en revenus médias, soit environ dix fois moins qu'en D4, division qui bénéficie des "solidarity payments" de la Premier League.

Les gros budgets, genre Chesterfield cette saison, ou ces dernières saisons Grimsby, Notts County, Stockport County ou Wrexham, ou y'a 12-15 ans Fleetwood Town (qui avait acheté Jamie Vardy à Halifax Town en 2011 pour une somme record, mais leur proprio, à Fleetwood était véreux lien), paient leurs vedettes jusqu'à 25 000 £/mois. Mais chez les petits ou clubs moyens, comme Bromley, ça ne dépasse pas les 5 000 £/mois, ce qui est déjà fort correct pour la D5, car y'a pas si longtemps championnat quasi entièrement amateur (officiellement disons car si ça pratiquait pas mal le "shamateurism", l'amateurisme marron).

- Leur joueur vedette est Byron Webster, capitaine, déf central "uncompromising" cô on dit pudiquement, une brute quoi. Vieux briscard de Football League (37 ans), il a fait toutes les divisions pros (sauf la Premier League, mais a joué en D1 tchèque). Je me souviens de lui quand il jouait à Yeovil Town en D2 (l'unique saison de D2 des Glovers, personne ne se souvient d'eux pour le jeu produit, on ne se rappelle d'eux que pour leurs cheerleaders, les "Viva Pitch", avec des joueurs qui dansaient avec elles parfois, ici Albert Adomah lien) et qu'il s'était bastonné au sol, sur le terrain, avec l'un de nos joueurs cultes (Sheffield Wednesday), le double-mètre kosovar Atdhe "The Beast" Nuhiu, et avait été expulsé. On se souvient davantage de son séjour de cinq saisons à Millwall, alors D2-D3.

Ils ont aussi l'un des meilleurs buteurs de D5 depuis des années, Michael Cheek (auteur des 2 buts hier). Mais il a 32 ans donc pas de carrière à la Michail Antonio, Jamie Vardy, Jarrod Bowen, Callum Wilson ou Danny Ings pour lui, pour ne citer que les joueurs en activité qui debutèrent en non-League pour finir en PL. Y'a aussi le milieu Mitchel Bergkamp, 25 ans et fils de.

- Le manager est Andy Woodman, 52 ans, nommé en 2021, et ancien gardien de Football League. Était le responsable des entraîneurs des gardiens d'Arsenal avant ça. C'est son deuxième poste comme manager. L'un de ses meilleurs potes est Gareth Southgate, ils ont fait leurs classes ensemble au centre de formation de Crystal Palace (OK, pas super sexy comme titbit mais il est tard et je fatigue).

- Ils jouent sur un terrain 3G, autorisé en non-League mais pas en Football League où les surfaces artificielles sont interdites (depuis une trentaine d'années, vote à la majorité des 72 clubs de FL – mais autorisées comme surface d'entraînement, bien pratique en cas de gel ou fortes pluies). Bromley devra donc dépenser au minimum 500 000 £ pour faire installer une pelouse. Mésaventure également arrivée ces dernières années au club londonien de Sutton United (qui descend en D4) et à Harrogate Town. Ces petits clubs perdent bien plus que le coût de l'installation en fait car beaucoup d'entre eux sous-louent leurs infrastructures 3G et se font dans les 200-300K de cette manière.

- Club relativement ambitieux, le proprio est un businessman du coin, Robin Stanton-Gleaves lien. C'est lui qui avait fait installer les terrain 3G, + une douzaine de terrains 4G, pour leurs 250 licenciés et les pratiquants dans la communauté (aussi des terrains football à 5-6). Ont aussi une équipe féminine qui évolue en D5.

- Ça parle d'agrandir le stade depuis des années et la montée en Football League devrait booster tout ça. Le borough est grand et peuplé lien (335 000 habitants), ça supporte surtout Crystal Palace localement (Palace est à 8 kms) mais établir durablement un club de Football League sur Bromley devrait être faisable.

- La grosse question clochemerlesque mais néanmoins clé est celle-ci : peut-on considérer que le comté du Kent compte (enfin) désormais deux clubs professionnels de Football League ?

Elle se pose car :

a) la joke depuis longtemps, surtout captable et vaguement amusante si on est du coin, est que le Kent n'a qu'un seul club pro en Football League ou club pro tout court. C'est un gros comté (par la taille, comparé à ses voisins s'entend, et par la population, presque 2 millions d'hab.) et y'a un petit complexe qui s'est développé sur ce thème lien. Ce club est Gillingham, actuellement D4 mais club yoyo D3-D4, gros derby en perspective la saison prochaine. Y'avait bien Maidstone United à une époque (les mecs de D6 qu'ont sorti Ipswich Town en FA Cup cette saison, "The Stones") mais ils n'ont fait qu'une brève apparition en D5 et n'ont jamais pu intégrer la Football League.

Idem pour Dover Athletic FC, qui s'est récemment signalé pour avoir inscrit… 1 point saison 2021-2022 lien (ils avaient cependant commencé la saison à – 12). Je parlais d'eux ici lien, sous l'intertitre "La louze". La saison précédente, ils avaient fait encore mieux, toujours en D5 : 0 point, lien (gros problèmes financiers, ils ne pouvaient plus aligner une équipe en février 2021, les joueurs n'étaient plus payés et menaçaient de faire grève, etc. Le club avait mis ça sur le compte du Covid et de la fin du "furlough", le système de chômage partiel temporaire exceptionnellement mis en place pendant le Covid. Les instances avaient demandé à Dover Athletic de contracter un prêt pour financer le reste de la saison, impossible avaient-ils répondu. Ils avaient plus ou moins jeté l'éponge en cours de saison et leurs résultats avaient été effacés du classement).

b) Bromley faisait partie du Kent jusqu'à la création du Grand Londres entre 1965 et la fin des années 1960, et fait toujours partie du Kent postalement parlant et aussi dans les mentalités chez les plus anciens (c'est ce que j'ai lu/entendu en tout cas, je connais mal cette partie du pays).
Donc petit blème identitaire et pas vraiment considéré comme étant "du vrai Kent" par beaucoup (par exemple, j'entendais hier que c'est BBC London qui couvre leurs matchs, et non pas BBC Kent).

Bref, le foot est clairement une source d'embarras dans le Kent (où les gens supportent quasi pavloviennement les clubs londoniens) et j'imagine que l'arrivée de Bromley en Football League est vécu localement comme un mini évènement, qui ajoutera sans doute à la confusion et aux débats enflammés.
Tricky le 06/05/2024 à 23h26

En fait, MV, tu es comme mon supermarché asiatique du septième (de Lyon).
Je pars acheter du basilic Thai, et je reviens avec trois sortes de sriracha, de la pâte de crevette, des sauces cacahuètes mangue, des daikon roses, dix sept sortes de pâtes chinoises, trois woks qui s'emboitent, un rice cooker et des petites patisseries à la crème de rose et au piment.

Merci mille fois, tu es grand.

(Je pose la question parce que j'ai commis, plus jeune, un mémoire sur les stratégies de réappropriation locale, à Bromley donc, du Right to Buy thatchérien, et j'étais allé y faire un tour)
Mangeur Vasqué le 07/05/2024 à 06h36

Corrections, deux coquilles :

- Bromley se trouve dans la banlieue du sud-EST londonien, comme on peut le voir sur la carte dans le lien Wiki que je mets.

- Sutton United descend en D5 lien (et non pas en D4). Un club londonien en remplace donc un autre en Football League.

Superbe ville Lyon, tu as bien de la chance. Le "science-Po de droite" de Marion Maréchal, ça s'est lamentablement cassé la gueule ce truc, non ? (j'imagine que c'est aussi pour ça qu'elle a vite repris la politique après avoir annoncé vers 2017 (?) qu'elle "se mettait en retrait").

Ah oui, le fameux "right to buy" de Thatcher ("RTB", ça fait très boy band) j'en parlais entre autre dans ce post de 2022 : lien : "Un exemple tout con. A cette époque, vers 2010-13, une ancienne collègue de ma femme (collègue vendeuse dans la partie parapharmacie, au smic, avec une fille grande ado) a plus ou moins perdu son logement (location) et n'a jamais pu obtenir un logement de type "council housing" (HLM) à cause du quasi arrêt du programme de construction logement sociaux décidé alors par le Parti conservateur (tu sais peut-être que depuis Thatcher et sa décision de vendre la moitié du parc HLM aux locataires et à des prix discountés – c'est le "Housing Act 1980" lien, appelé souvent au R-U "The right to buy" voir par ex. cet article lien –, pour des raisons purement électorales – acquérir et fidéliser un nouvel électorat, working class, et donc affaiblir le Labour – le R-U manque cruellement de logements sociaux type HLM, deux fois moins qu'en France aujourd'hui).

Une politique controversée du "right to buy" (surtout si on ne renouvelle pas le stock de logement sociaux) que Boris Johnson d'ailleurs, a tenté d'étendre peu avant sa démission lien, dans un dernier baroud d'honneur. C'est en effet l'un des moyens de séduire, à peu de frais, des millions de gens modeste, le fameux "Red wall" lien) . Ça détruit le logement social, ça fait gonfler la bulle spéculative, ça dérègle le marché immobilier, etc. mais ça rend diablement service et c'est une carte joker prisée des premiers ministres conservateurs.")

Sur le papier, le RTB avait de la gueule. On permettait (et permet toujours) aux locataires de racheter leur logement HLM à prix cassé, 30-40 % de moins que le prix du marché. Mais en pratique, ça s'est avéré être la fumisterie et le désastre du siècle ce truc. Uniquement pensé pour que Thatcher récupère durablement des voix de l'électorat populaire (et ça a évidemment marché, elle savait ce qu'elle faisait. Comme je l'écris dans le poste de 2022, Boris Johnson a voulu faire la même chose dans un dernier baroud, en modifiant à son avantage cette mesure, mais trop tard pour lui, il avait trop de scandales aux fesses, forcé à démissionner).

Avant son arrivée, le Royaume-Uni comptait plus de logements sociaux que la France, environ 6 millions d'unités. Aujourd'hui : seulement 2.5m environ (de vrais logements sociaux type "council housing"), ils n'ont quasiment pas été remplacés, ni par les Conservateurs bien sûr, ni par les Travaillistes lors de leurs 13 années au pouvoir (petit effort de leur part mais largement insuffisant).

Et en plus Thatcher avait fait en sorte que le Treasury récupère l'argent, et non pas les autorités locales. Ce point crucial de législation n'a guère été modifié malheureusement, un peu vu que les local councils récupèrent une petite partie des reventes mais c'est très insuffisant pour les inciter à en faire bâtir des nouveaux et renouveler le parc. Ergo, les autorités locales, "local councils" et autres, ne s'emmerdent plus trop à financer des contructions. Pourquoi le feraient-elles, surtout dans leur position financières (grosses coupes budgétaires, endettement) alors que quand ça se revendra elles n'en récolteront quasi pas les dividendes ? Résultat : la plupart des councils ne bâtissent plus une , voir cet article lien de l'Independent ("The majority of local authorities have failed to build a single council home in the past five years, according to shocking analysis that lays bare the scale of the social housing paralysis.").

Un article intéressant pour ceux que le sujet intéresserait : lien "The damaging legacy of right-to-buy".