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Revue de stress, numéro 2

Pour son second opus, notre chronique "médias" passe à la télévision, imitant en cela Ruquier, Foucault, Roland, Saccomano, Zone rouge, Taxi et évidemment Lalanne. Et tout cela a bien un rapport avec le football…
le 24 Fev 2003
Dernière réaction : le 01/03/2003 à 19h35

 

Ruquier en voie de Rolandisation On l'avait inconnu incisif et pourfendant la bêtise du show-biz et du monde politique sur France Inter, il y a quelques années. Après être passé chez l'ennemi privé n°1 de la radio de service public, Ruquier présente aujourd'hui une émission "d'access-prime time" sur France II: "On a tout essayé". Le ton, qui s'est nettement adouci, vire parfois au consensualisme téléfootien, quand l'animateur reçoit sur son plateau l'équipe de Lambre-lès-Douais, "petit-poucet" du mois de janvier en Coupe de France (et récemment éliminé au stade des 16e de finale). Ce n'est pas tant que l'invitation des amateurs nordistes soit inintéressante: c'est juste que le recours systématique au football d'en bas commence sérieusement à sentir le marronnier.

Taxi 3, beauf x 2 La vague de promo a déferlé à vitesse grand V sur les petits écrans. Après deux premiers opus basé sur un apologie spectaculaire du slalom en centre-ville, le taxi marseillais fait son retour dans une saga au scénario toujours aussi léger… Vêtu de la "mythique" tunique Parmalat de l'OM dans le premier épisode, le fou du volant interprété par Sami Naceri possède également une plaque d'immatriculation siglée "Allez l'OM" sur son bolide. Cette anecdote n'est pas le fruit du hasard: calibré comme un produit plus que comme une œuvre cinématographique, "Taxi 3" répond à une évidente approche marketing, dont le club marseillais est l'un des outils. Notons que la "marque" OM est "empruntée" sans que l'on sache si Christophe Bouchet a demandé ou non le versement au club de royalties. "Taxi 3", c'est aussi un film de plus qui fait passer le supporter de foot pour un crétin: le héros cumule les tares puisqu'il est également fondu de tuning... Trop de Lalanne tue le football Que serait le football de sélection sans notre Francis national ? Le chanteur à la guitare surpasse — et de loin — son prédécesseur Huster dans l'art de se placer ou il faut quand il faut. Dans "60 jours, 60 nuits" le real-feuilleton diffusé par Canal Plus, on a ainsi pu s'apercevoir que l'homme aux cuissardes, non content d'initier les foules coréennes à l'art du chant de supporter, est également le créateur du "Pichon's club" (à prononcer à l'anglaise). Ce cercle très fermé est tout simplement le fan-club de Marinette Pichon, attaquante de l'équipe de France féminine. Ce qu'il y a de délicat avec Lalanne, c'est que son amour immodéré pour le ballon rond semble sincère, mais qu'il a toujours besoin de s'exprimer devant une caméra de télévision. Cette séquence nous confirme en tout cas que le Lalanne est bien le meilleur ami du footballeur international, qu'il soit mâle ou femelle.

Les ratés de Maxime et Deutsch Depuis quelques semaines, le bouquet satellite de Canal Plus a lancé le principe du commentaire partisan sur les matchs qu'il diffuse en paiement à la séance. Lors du dernier PSG-Lille, ce sont Maxime, comique nordiste, et Lorent Deutsch, comédien parisien (et accessoirement buteur hongrois dans "3 zéros"), qui se sont "opposés" au cours de la rencontre remportée par les hommes de Fernandez. C'est du moins ce que rapportait le "JBN" de Canal Plus dans son édition de jeudi 30 janvier. Alors, bonne nouvelle ? Sur le principe oui, puisqu'il s'agit, selon le concept de base, d'apporter un peu de mauvaise foi, de second degré et d'humour dans le monde très sérieux de l'analyse footbalistique. De ce que le reportage en a montré (une séquence nécessairement trop courte pour juger fidèlement, mais pas pour critiquer arbitrairement), l'exercice a semblé un peu approximatif, pas forcément très recherché, et pour tout dire moyennement drôle. Erreur de casting? Manque de préparation? Ou tout simplement manque de souffle imputable au fait que les deux spécialistes évoluaient en parallèle sur deux canaux différents, plutôt que de commenter ensemble la partie de façon "frontale"?

Dans la zone rouge Après avoir accueilli le chroniqueur vedette de "Tous ensemble", (pour ceux qui ne l'auraient pas reconnu: Jean-Pascal), Zone rouge, le nouveau jeu animé par Jean-Pierre Foucault a permis à une autre lumière de la première chaîne de briller. Thierry Roland était ainsi l'invité de ce jeu hautement culturel au début du mois de février. Du même niveau intellectuel que le célèbre "Qui veut gagner des millions", celui-ci a proposé aux candidats de répondre à des questionnaires à choix multiples, que mêmes les plus fumistes des élèves américains parviendraient à maîtriser (mais pas Jean-Pascal). Pour l'anecdote, Thierry Roland a lamentablement échoué, réclamant le soutien de Jean-Pierre Foucault pour découvrir que l'anagramme du mot "Extrais", finissant en "ix" appelle comme réponse un "héros de BD" et non "un plat épicé".

Fernandez-Sacco, ticket to rire Chez Ardisson, le 8 février dernier, Luis Fernandez et Eugène Saccomano ont joué un sympathique numéro de duettistes. Dans un échange assez cocasse, les deux hommes se sont envoyés quelques gentilles amabilités relatives à la célèbre émission "On refait le match", animée par le second. Fernandez a ainsi commencé par reprocher à l'ancien d'Europe 1 d'abriter dans son panel d'analystes un repaire de "Monsieur Je-sais-tout". Difficile de ne pas suivre le coach parisien sur ce point, tant les réflexions entendues en ces lieux frisent parfois le discours de Café du commerce. Amusante également l'attaque de Fernandez concernant le fait que tous les journalistes présents dans l'émission sont en fait d'irascibles supporters de clubs. Cette pique est pourtant moins amusante que la réponse de Saccomano, qui a tenu à ajouter un "dixit Fernandez" censé relativiser le discours du manager parisien: il est toujours surprenant de voir la façon dont certains journalistes sportifs masquent leur engouement pour un club, comme si celui-ci devait condamner toute justesse dans l'analyse. Pourtant, plus que le manque d'objectivité liée à la passion pour tel ou tel club, c'est plutôt la faiblesse de la réflexion qui devrait inquiéter les habitués du cercle de Saccomano. Voilà en tout cas quelques facéties télévisées de "l'enfant des Minguettes" dont il est agréable de se réjouir.

Réactions

  • Moser le 26/02/2003 à 10h18
    Pas mal hugues :o)

    Gb13,
    je comprends ce que tu veux dire et je voulais juste te dire que ceux qui n'ont pas eu cette transmission et qui ont du aller la chercher par eux-même on peut comprendre qu'ils soient assez critiques après.
  • NoNo93 le 26/02/2003 à 12h18
    J'avais lu je sais plus où qu'il y avait même eu volonté politique réelle à une époque de faciliter le divertissement pas trop politisé pour le bon peuple, c'était du temps de Giscard et autre ORTF, mais des émissions comme les films de Bourvil/De Funés ou autre Collaro étaient poussées : divertir le peuple sans danger quoi...
    Maintenant je sais pas à quel point ce sont de mauvaises langues qui disent çà, mais quand je l'avait vu, çà me semblait crédible (genre un historien où j'sais plus quoi ah ou c'est peut être dans le bouquin de Pean sur TF1 dans l'introduction sur le avant-privé)
  • gb13 le 26/02/2003 à 13h33
    Moi c'est vraiment le terme "blaireau" qui me gène.
    Pour certains OK, mais la grosse majorité, Hugues, quel choix ont-ils ??? Ils sont plus à plaindre qu'à blâmer !!!
    Moi, Agora, je n'ai pas de solution. tout ce que je fais c'est de dénigrer ces émissions auprès des gens que me sont chers. Mais à force de leur dire que ce qu'ils regardent c'est de la merde et sans évolution dans leur quotidien, autant dire que c'est comme pisser dans un violon ...
  • Agora le 26/02/2003 à 14h43
    gb13, ce qui me gène le plus dans ton raisonnement, c'est qu'il se rapproche de celui que tiennent certains hommes politiques ou journalistes sur les électeurs du FN : c'est pas de leur faute, ils sont paumés, ils ont pas le temps de réfléchir alors ils votent pour le plus populistes.

    Je reste également persuadé qu'il s'agit d'une simple volonté. Personne ne t'oblige à regarder la télé en mangeant pour ne pas rater le Bigdil même après une journée de boulot. De même personne ne t'oblige à acheter les derniers disques de la StarAc. Et que personne ne t'oblige à parler du Loft à longueur de journée. A la limitie, quand on est enfant ou ado où la notion de groupe et de modèle est encore très présente, mais arrivé un certain age, on doit savoir faire la différence entre sa volonté et celle des autres.

    Pour continuer, vu sur un site d'info générale, l'opinion de LeLay sur la TNT (télévision numérique terrestre) : C'est du marxisme car ce sont les fonctionnaires du CSA qui vont décider des chaines et non le public.
    Tu appelles cela comme tu veux, gb13, mais pour moi, il est bien plus insultant pour son public que celui qui le traite de blaireau. Parce que lui, les prend pour des cons ouvertement en leur faisant croire que ce sont eux qui choisissent le programme!
    Cela n'a rien à voir, mais la plus grosse connerie lors de la privatisation de TF1 a été de privatiser la 1e chaine. Si on avait choisi la 2e, l'audience de TF2 privatisée serait inférieure à celle de TF1 publique (parce que les télés s'allument toujours sur la 1e chaine) et la qualité de la télé n'en serait que meilleure (enfin, un peu meilleure). J'en suis persuadé.
  • hugues le 26/02/2003 à 14h49
    gb13,
    quand tu dis "ils sont plus à plaindre qu'à blâmer", ou encore "quel choix ont-ils", c'est un constat quasi définitf que je n'arrive pas pour ma part à accepter.

    Plaint-les si tu veux, mais effectivement ça revient à pisser dans un violon.
    Moi je préfère leur dire qu'ils méritent beaucoup mieux que ce qu'on leur donne, et que s'ils s'en contentent et ben c'est des blaireaux parce qu'ils acceptent qu'on les prennent pour des blaireaux.

    Et je ne me place pas au sessus du lot, bien souvent je reste scotcher sur des trucs de merde pour une satisfaction avoisinant le zero absolu.
    Quand j'arrive à rentrer dans un truc moins facile d'accès, et ben je suis content de me coucher moins bête. Parfois même, après, je fais des rêves...
    c'est fou non ?
  • jack bauer le 26/02/2003 à 14h55
    agora, à l'époque TF1 ne faisait pas plus d'audience que la 2. C'est la "qualité" de leurs émissions qui leur a donné le leadership. Par ailleurs, tes goûts, en télé, en musique ou politique, ou en n'importe quoi, sont influencés par ton éducation et ton milieu. Avec un autre profil socio culturel, les fans de TF1 auraient sûrement d'autres goûts. Certes il y a des exceptions, et des gens venant de milieux populaires arrivent à "progresser", mais ils n'en ont que plus de mérite.
  • gb13 le 26/02/2003 à 15h01
    Si il y avait un lien entre l'audimat et le FN, lepen serait déjà président. Ouf, pas si blaireaux que ça !!!
    Lelay et ses "frères" sont les bras "armés" du pouvoir économique.
    Heu, moi ma télé elle s'allume sur la chaine que j'ai quitté ( et souvent, canal50 Sport+ oui, je sais feignasse, va courir :-))))
  • Agora le 26/02/2003 à 15h08
    L'écart était peut être moindre, mais il existait et était significatif. Ce n'est pas pour rien que c'est la 1e chaine et non la 2e qui a été privatisée (celle qui pouvait rapporter le plus de sous). Ce n'est pas pour rien non plus que la 5 est morte rapidement...

    Cela dit, il est bien évident que ma culture provient énormément de mon milieu socio-culturel. Il est certain aussi que quand j'allume la télé vers 19h40, j'appuie sur le bouton 2 le plus vite possible avant que Lagaf me casse les oreilles. Mais je connais aussi de nombreuses personnes (agées en particulier) qui n'ont pas l'habitude de regarder sur un programme pour CHOISIR et qui restent donc sur la 1 si le programme ne leur déplait pas trop (je ne parle même pas de la fonction "remplissage de maison" de la télévision, seule présence humaine parfois).
    On s'éloigne du foot... mais je tiens à rajouter, qu'avec d'autres secteurs économiques très spéciaux (je pense au transport aérien par exemple), la télévision est décidément très spéciale : imaginez une boulangerie où on vous donnerait une flute d'office et où il faudrait que vous demandiez autre chose si vous le souhaitez! N'y a t il pas des fois où vous repartiriez avec une flute sans en avoir forcément besoin (parce que vous êtes pressés, parce que vous êtes très riche et que l'argent ne compte pas pour vous...).
  • harvest le 26/02/2003 à 15h08
    D'accord gb13 , remplaçons le terme blaireau par victime , dominé ou exploité , ça éliminera cette conotation de mépris que tu as raison de dénoncer. Mais le problème reste le même : Une minorité les maintient dans leur ignorance afin de les utiliser au mieux de ses intérêts. Cependant une partie de cette majorité silencieuse doit quand même posséder un minimum d' intellect suffisant pour avoir un début de lucidité politique mais préfère se complaire dans un confort séduisant mais néanmoins coupable. "Bosser comme des fous" n'est pas totalement incompatible avec une conscience lien "ne faire le lit de rien du tout" , c'est quand même valider le système ambiant. Je ne sais plus qui a dit ( Celtic Bhoy ? ) " Si tu ne t'occupes pas de politique , elle , elle s'occupe de toi".
  • gb13 le 26/02/2003 à 15h15
    Ouais bof, on va dire que de toutes manières on va rien faire, trop occupés à regarder ce putain de foot, mais pas sur TF1 ( on est pas des blaireaux ... héhéhé ) :-)))

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