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Un référendum pour la coupe d'Europe

Tribune des lecteurs - Il est temps de rétablir l'identité et l'intérêt des coupes d'Europe... Les propositions d'un lecteur pour une réforme en forme de restauration.
Auteur : Bruno Colombari le 21 Dec 2004

 

Des matches sans enjeu joués par des équipes B devant des sièges vides: chaque année c'est la même chose. Quand la nuit tombe par surprise et quand le froid se fait mordant, la ligue des champions prend des airs de ventre mou de Ligue 1 ou de premier tour de coupe de la Ligue. C'est seulement fin février, après les crêpes, que la compétition au ballon étoilé prend enfin des couleurs et ressemble enfin à quelque chose. Par exemple, à la coupe d'Europe. Au rythme lancinant et soporifique des phases de poule, dont le principe évoque bien l'intelligence subtile des gallinacés, succèdent le suspens et l'intensité d'un bon vieil aller-retour des familles aussi revigorant (et parfois mortifiant) qu'une paire de baffes, pif paf. À partir des huitièmes, plus de règle à calcul (j'ajoute trois points et j'en retiens un, et à la différence de buts particulière je passe), plus de troisième place de repêchage pour l'UEFA. Chacune des cent quatre-vingt minutes (et plus si affinités) a son importance, et il est bien rare que la décision soit faite avant la mi-temps du match retour. Les cadors à la trappe Il est d'ailleurs frappant de constater que la suppression du second tour de poule et le rétablissement d'allers-retours dès les huitièmes a fortement bousculé la hiérarchie la saison dernière, au point de tacler définitivement le Bayern, la Juventus, le Real Madrid, Manchester, Arsenal et le Milan AC en dehors du dernier carré. L'effet surprise ne devrait plus jouer cette année, à moins d'un improbable Werder Brême-PSV en finale. Les quatre principaux championnats européens par le nombre de titres (espagnol, italien, anglais et allemand) sont surreprésentés avec douze clubs, laissant aux Français, aux Portugais et aux Hollandais les miettes du festin, sans parler des Monégasques. L'absence d'équipes russes, turques, grecques, suédoises, belges, tchèques ou ukrainiennes est regrettable pour l'intérêt de la compétition et pour la diversité des styles de jeu. Sur le papier, on peut rêver d'une finale Milan-Barcelone, mais rien ne garantit que l'affiche tiendra ses promesses, si tant est que l'un des deux ne se carbonise pas en route. Une autre Europe est possible Pour retrouver cette diversité perdue et tout ce qui faisait la grandeur de la coupe d'Europe, la vraie, trois mesures pourraient être adoptées : > suppression des poules, rétablissement des matches aller-retour dès le début, en 64e de finale. > suppression des tours préliminaires de l'été. Les clubs champions de toutes les fédérations européennes sont qualifiés. La répartition des autres se fait au prorata de l'indice UEFA, par exemple trois clubs supplémentaires pour les cinq pays les mieux classés, deux supplémentaires pour les quinze suivants et un supplémentaire pour tous les autres. À chaque fédération de choisir si le deuxième qualifié est le vainqueur de la coupe nationale ou le vice-champion. > suppression de la coupe de l'UEFA. Soyons clairs : qui s'intéresse à cette compétition, qui sert de recyclage aux éliminés de la ligue des champions? La réforme de cette année, avec des poules préliminaires, lui a enlevé le peu d'intérêt qu'elle avait encore. Quel sens peut-on donner à une compétition qui accueille des champions nationaux, là où la Ligue des champions regroupe des équipes qui ont fini quatrième? Le calendrier aurait tout à gagner à être nettoyé de ces épreuves, à tous les sens du terme, que sont la coupe des Confédérations et la Coupe de la Ligue, dont les trophées rivalisent de laideur. Décrédibilisée, rejetée dans l'ombre de son encombrante voisine, calée dans le créneau du jeudi, la coupe de l'UEFA disparaîtra sans grand regret. Elle restera dans les mémoires comme la seule que les clubs français n'auront jamais gagnée, celle que Bastia en 78, Bordeaux en 96 et Marseille en 99 et 2004 ont vu de près sans pouvoir la toucher. À moins que Sochaux, Lille ou Auxerre ne la raflent au printemps... Note de la rédaction : Retrouvez dans notre Manifeste nos propres propositions pour la réforme des Coupes d'Europe.

Réactions

  • davidoff le 21/12/2004 à 15h21
    Je suis pas trop un adepte du "c'etait mieux avant", mais c'était effectivement mieux avant. La principale "qualité" de la LdC c'est de permettre à des faux grands clubs d'exister (faire illusion!!) sur la scène européenne (Arsenal, Chelsea, Valence, et que sais-je encore). Pour la suppression des fausses coupes types confédération, ligue... tout à fait d'accord, mais au contraire il faut sauver l'UEFA, lui trouver une meilleure formule, car c'est à mon sens la seule que peuvent, si ils s'en donnaient les moyens, remporter régulièrement les clubs français.
    Même si la tendance à l'air de nous être favorable en C1, sur ces dernieres saisons grâce à la nième refonte, mais aussi peut-être à plus ou moins long terme (finances françaises/finances étrangeres, droits TV....), je crois qu'il faudra quand même s'accrocher avant de voir un club de D1 (oui de D1, et non L1 orange) sur le podium. L'exemple de Porto devrait faire réflechir nos chers présidents!!!!!!!!

  • Alexis le 21/12/2004 à 15h22
    Je suis absolument pour un retour de TOUS les champions européens en ldc, sans ce piètre tour prééliminaire.

    Pourquoi des championnats affiliés UEFA ne pourraient pas participer à une ligue UEFA ? C'est navrant! Est-ce tellement dégradant pour les "grands" (ou ceux qui pensent l'être...) d'affronter Luxembourg ?

    Pour ce qui est des différentes coupes, il est certain que la formule dissociant les 3 compétitions étaient plus valorisante. La coupe de l'UEFA donnait des bons matchs en son temps quand on y versait pas les 8e ou 9e d'un championnat sortis d'une coupe à toto d'une incroyable inutilité. Si l'on regarde le classement des 5ers de chaque pays, la coupe UEFA aurait belle gueule non ? Et cela n'enlèverait rien à la ldc.

    D'ailleurs, que le 3e des poules de ldc rentre définitivement chez lui après l'hiver!!! Les clubs ont voulu pouvoir jouer la ldc même en finissant 3e ou 4e de leur championnat ? Et bien qu'ils assument : t'es 3e, tu dégages et tu donnes tout pour te requalifier l'année d'après.

    J'ai lu que l'on taxait l'article de "réac'", mais si on peut effectivement contester la valeur dénigrée par l'auteur des matchs de poule (il y a de beaux matchs quand même et c'est vrai que je me suis rarement attardé sur un OM- Dnieptr en 64e de ldc...), on ne peut nier que la crédibilité des différents trophées UEFA passent par une logique sportive et donc de résultats à l'échelle nationale avant tout.

    Déjà que l'on nomme ligue des "champions" une compétition dans laquelle les deux tiers des engagés ne sont pas champions dans leur pays.....

  • Alexis le 21/12/2004 à 15h29
    Au fait, je suis en train de penser à un truc. Proposition pour conserver l'attrait de la C1 tout en revalorisant la C2 et en permettant aux grands clubs de jouer de nombreux matchs :

    1. retour C1 à l'ancienne, pure et sans "vice-champion", mais avec les luxos, le lichtenschtein....

    2. UEFA ouverte aux équipes placées entre la 2e et la 5e (selon les pays), et sous forme de ligue... comme l'actuelle LDC.

    Avantage : la coupe de l'UEFA s'apparente à la ldc actuelle et récupère de nombreux grands clubs. Et la ldc propose un plateau toujours aussi élevé (que des champions) et avec une dramatique de chez mémé, à l'ancienne, qui fait entrer comme rien d'autre un club dans l'histoire.

    Inconvéniant : dans l'optique de gagner toujours plus d'argent, donc de jouer le plus de matchs possibles, les clubs pourront être tentés de lever le pied en championnat pour disputer la C2...

  • impoli gone le 21/12/2004 à 19h50
    en fait, tout le monde réagit sur la disparition des "coupes" d'Europe à l'ancienne sans s'apesantir sur le fait que toute l'évolution actuelle tend surtout à créer une véritable Ligue (ie un quasi-championnat d'Europe)

    en tant qu'Européen, je ne vois pas pourquoi on essaierait de créer une entité politique et économique et qu'on n'essaierait pas de faire de même pour le foot, le sport en général

    dans ce cadre, la logique ultime serait donc plutôt à mon avis d'avoir une véritable Ligue Européenne

    Celle-ci serait très proche de la LdC actuelle, avec par exemple plus de poules pour s'ouvrir aux champions de la plupart des championnats, des poules peut être plus large, le premier ou les 2 premiers de chaque poule qualifiés automatiquement pour l'année suivante, les autres passant des barrages l'été contre les champions nationaux (servant alors de "2ème division", les clubs qualifiés en LdC ne jouant plus les champ. nationaux cette année là)

    cela permettrait de créer un système très proche des ligues à l'américaine mais de tuer les tentatives d'en faire des ligues fermées, les passages des ligues nationales à la LdC se faisant sur les critères sportifs
    le nombre de matches pourraient alors être un peu revu à la baisse et les ligues nationales seraient sans doute plus équilibrées

    et cela permettrait aussi sans doute de recréer une ou deux vraies Coupes d'Europe, par élimination directe, avec les participations des équipes de LdC, des champions nationaux, peut être des 2èmes/3èmes ou des vainqueurs de Coupe, voire encore plus élargies

    bien sûr, cela aurait sans doute tendance à accentuer l'écart entre les très grands et les autres - mais n'est-ce pas déjà le cas?

    et de même qu'un Auxerre, un Lille ou un Sochaux tire très bien son épingle du jeu en L1, des clubs ukrainiens, grecs ou suédois (voire qui sait français) pourraient très bien tirer la leur en LdC

  • trevize le 21/12/2004 à 20h24
    Débat très intéressant, mais il manque des participants indispensables à cette discussion : ceux pour qui l'assurance d'avoir au minimum 6 matches d'un grand club en poule (real, lyon, mu, barcelone, juve, etc) est une garantie de rentrée financière (droits télé pour les clubs, tarifs pub exorbitants pour les tv...). Eux vous diraient à coup sûr qu'il est hors de question d'envisager l'élimination du real ou de mu dès le premier tour d'une C1.
    Et pourtant, qu'est ce que c'était bien, ces matches aller-retour. Pour mon cas, ça m'a fait pleurer autant que hurler de joie: bordeaux-juve, auxerre-dortmund, bordeaux-milan, metz-barça, tfc-naples, bordeaux-eindhoven (berk), bordeaux-leipzig, bordeaux-dniepropetrovsk...
    L'exploit du "petit" est toujours possible sur un match, difficile sur deux, et impossible sur six rencontres face à des cadors pas toujours vaccinés contre le virus "rfa-autriche" de 82.

    Maintenant que les avantages de l'aller-retour sont avérés, reste à savoir qui et dans quelle compétition ...

    C1 : tous les vainqueurs des championnats nationaux, du premier coup, sans aucun système de chapeau. Va y avoir du sport !

    C2 : les vice-champions, et les vainqueurs des coupes (ouvertes ou pas aux amateurs)

    C3 : les 3e à 6e des championnats suivant un indice calculé selon les performances des clubs d'un même pays lors de la saison précédente - avec un minimum garanti d'une place par pays.
    exemple possible :
    4 places pour un pays dont trois clubs (ou plus) sont en finale des coupes européennes, ou dont deux clubs remportent les coupes
    3 places pour un pays dont trois clubs ont atteint les quarts de finale, ou dont un club gagne en finale et un autre atteint les demi-finales
    2 places pour un pays dont trois clubs ont atteint les huitièmes de finale, ou dont un club gagne une finale et un autre se hisse en quart

    Avantage du système ? Il faudra peut-être (et même sans doute) attendre le résultat des finales européennes pour savoir qui est qualifié. Avec comme but l'abandon des querelles de clocher.

    Cas pratique : La 38e journée est finie. Le PSG finit 5e et n'a remporté aucune coupe nationale, bordeaux a été éliminé en quarts de la C3 du championnat... Mais l'OM joue la finale de la C2 face au Bayern. Du coup, les supporteurs parisiens se mettent à encourager l'OM pour jouer en C3 l'année suivante ! Elle est pas belle, la vie ?

  • trevize le 21/12/2004 à 20h30
    Ooops. Un doute affreux m'étreint. Et si l'OM perdait volontairement, pour faire ch... le PSG ?

  • leo le 21/12/2004 à 21h06
    "il faut sauver l'UEFA, lui trouver une meilleure formule, car c'est à mon sens la seule que peuvent, si ils s'en donnaient les moyens, remporter régulièrement les clubs français."

    je pense qu'on a la le meilleur argument jamais pondu sur les cdfs : il faut sauver l'UEFA parceque les clubs francais peuvent la gagner. Chapeau bas.
    J'ai cependant une meilleure solution faire une coupe d'europe avec les 5 premiers de L1 et les clubs relegables de tous les autres championnats europeens, on ap[pelerait ca "la coupe que les clubs francais peuvent gagner" et hop, encore plus de chance de la gagner "en s'en donnant les moyens".

    Sinon, et plus serieusement, je voudrais revenir sur la notion de "surprise", de "chance pour le petit d'eliminer le gros" : le proncipe d'une competition n'est-il pas de sacrer le meilleur ? Et dans ce cas la, une formule de championnat (eliminant plus ou moins les surprises, donc) n'est-il pas preferable ?
    Tout le monde est d'accord pour dire que la meilleure equipe d'un pays est celle qui remporte le championnat, pas celle qui gagne la Coupe nationale (ou la coupe de la Ligue en France ou en Angleterre), pourquoi faudrait-il que le Champion d'Europe (et donc l'equipe sensee etre la meilleure d'Europe) soit decide sur une formule de coupe et non pas de championnat ?
    La Coupe d'Europe a ete concue comme Championnat d'Europe des clubs par l'equipe et ce sont les difficultes posees par le grand nombre de matchs necessaires qui ont change cette formule en Coupe.
    Aujourd'hui et comme cela a ete dit, l'idee d'un championnat d'europe des clubs (avec 18 ou 20 clubs) et des ligues nationales correspondant a l'echelon inferieur me semble etre la meilleure solution.

  • LMD le 22/12/2004 à 00h06
    L'argument "doit désigner le meilleur" est intéressant mais je n'y adhére pas.

    La CL est à la croisée de deux objectifs: sacrer la meilleure équipe d'un coté, mais aussi proposer une compétition excitante et donc fort aléatoire. Perso, je trouve que la formule des trois coupes, et d'une CL ne comportant que les champions mais avec une poule était ce qui se faisait de mieux.

    Pour continuer sur ma remarque initiale. Le championnat doit clairement désigner le meilleur, donc recours au systéme de championnat, sensé réduire au plus l'aléatoire sur la durée.
    La CL reste malgré tout une compétition subalterne en ce sens. la compétition qui prend le plus de temps sur l'année, celle qui occupe une place primordiale, c'est le championnat qui décide du champion. La CL elle ne saurait prendre tant de temps, donc formule de mini-championnats/coupe, qui satisfait bien à la double exigence de spectacle (sur un match aller retour, le petit peut sortir le gros, mais avec la poule qui s'est joué précédemment, tous les clubs qui sont passés sont quand même d'un niveau assez elévé, ce qui évite les qualfications miraculeuses à la chaine) et de désignation du meilleur.

    Enfin bref. Cétait mieux avant, la Coupe des Coupes c'était bien sympa et pas que parce que le PSG l'a gagné, même si c'était un peu folklo par moments. L'UEFA c'était d'un excellent niveau et la CL c'était magique. Aujourd'hui on à juste une CL un peu trop méchanique, l'élargissement de l'entrée aux 2eme, 3eme voire plus pour certains championnats n'ayant pas vraiment favorisé la diversité (on retrouve toujours les mêmes en fait...).

    A ce propos, les clubs "pauvres" mais qui aurait les moyens de gagner leur championnat 2 ou 3 fois d'affilé pourrait, grâce à la manne obtenue et mérité, surement présenter vite des équipes plus compétitives. Je ne pense pas que le retour à "que les champions en CL" crée de plus grandes disparités dans la compétition et en baisserait le niveau. Au contraire, cela favoriserait une distribution des "richesses" footballistiques plus équitable et taillerait peut être des croupiéres au G14, ce qui en soi ne serait pas plus mal...

  • Dero le 22/12/2004 à 10h13
    Le Basket et le Rugby (entre autres) désignent leurs champions nationaux à l'issue d'une phase de coupe.

  • shev le 22/12/2004 à 10h55
    Le grand probèlme de cette ligue européenne; c'est que les gros deviendraient encore plus gros : imaginez ce que gagnerait une équipe en une seule saison en y jouant, par rapport à celles restant dans les championnats nationaux. Il faudrait des effectifs de folie (moins de matches ? mais aucun pour faire tourner; et moins de matches, c'est loin d'être sur tant les équipes voudraient engranger un maximum d'argent) avec un pillage très prévisible.
    Sur une saison en plus, des grandes équipes comme le Real finiraient toujours par s'en sortir aux dépens de telle ou telle équipe d'un championnat plus faible, et resteraient ad vitam aeternam dans cette ligue. On aurait plus des "champions" par pays, ne laissant guère de place à un outsider. Et puis quand un club frnaçais par exemple est relégué, qui prend sa place : un autre club français ? Ou un autre ukrainine ? On aura donc un groupe d'équipes très faible qui tournera.

    En plus, j'ai peur qu'on ne soit victime d'un effet de saturation : il suffit simplement de voir la lassitude provoquée par le système de 2 phases de poule.

    Par ailleurs, j'ai du mal à comprendre cette nostalgie de la C2, à part sur le mode du "c'était mieux avant" : quel intéret d'avoir des équipes de seconde zone et des affontement intéressants qu'en quart (au mieux, et c'était pas souvent), et en demi plus surement ? Rappelez-vous de la présence de vicenza et autres. Cette coupe était une sous-coupe de l'UEFA depuis des années. Pas un club ou une fédération qui ne se plaigne de sa suppression. Et au vu des audiences, peu de gens semblaient effectivement se passionner pour elle. Avec un plateau peu relevé, elle permettait seulement aux hampionnats outsiders (france) de voir une de leurs équipes faire un beau parcours : mais quel intéret pour le niveau de la compétition ?

La revue des Cahiers du football