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Un Monaco bien dosé

Demi-finaliste de la Ligue des champions et leader du championnat, l'ASM réalise une saison proche de la perfection. Si la possibilité de faire une Leverkusen 2002 existe, la réussite de cette talentueuse équipe monégasque semble partie pour durer jusqu'à la fin de la saison.

Auteur : Christophe Kuchly le 20 Avr 2017

 

 

Ça a commencé dans l'anonymat, sans diffuseur, par une défaite 2-1 à Fenerbahce. Un doublé d'Emenike côté turc. Morgan De Sanctis puis Loïc Badiashile dans les buts monégasques, une entrée d'Ivan Cavaleiro en fin de match et un adversaire un peu plus fort ce jour-là. Un peu moins de huit mois, deux tours préliminaires, une phase de poule et deux tours à élimination directe plus tard, Monaco est dans le dernier carré de la Ligue des champions. Ceux qui diront qu'ils le sentaient sont des menteurs. Ceux qui répondront que c'est un heureux accident aussi.

 

 

Meilleur casting

Car la saison monégasque est un étrange paradoxe. La combinaison, peu fréquente, entre un effectif aussi doué que bien géré et une réussite absolue, de celles qui transforment les podiums en titres nationaux. Il y a d'abord le recrutement, bien mieux ciblé que les précédents. Après le freestyle de l'année précédente, où Cavaleiro, Traoré, Lopes, Bahlouli, El Shaarawy ou encore le dantesque Vagner Love – Coentrao et Helder Costa ayant le mérite d'une relative gratuité – coûtèrent 48 millions, ce sont des joueurs prêt à l'emploi qui furent achetés. Djibril Sidibé, qui jouait à gauche à Lille mais plus à l'aise de l'autre côté, pour occuper le poste de latéral droit. Benjamin Mendy à gauche et l'expérimenté Kamil Glik dans l'axe. Avec les retours de prêts de Valère Germain, Falcao et la progression espérée des jeunes déjà présents, le potentiel de faire mieux était là.

 

 

Bon casting, excellent metteur en scène. Leonardo Jardim, qui vit cette année une petite revanche sur les critiques entendues depuis son arrivée, prouve qu'il n'est ni un escroc, ni un entraîneur défensif. Lui qui, en septembre 2014, s'était attiré les foudres de Jérémy Toulalan à cause d'une composition trop offensive (4-2-3-1 avec Kurzawa-Fabinho sur les côtés, un duo Toulalan-Moutinho et Carrasco-Germain-Bernardo Silva derrière Berbatov), déclarait à l'époque: "On a une structure pour être ambitieux. On ne se couche pas par terre et on ne jette pas les ballons en touche." Forcé de changer son fusil d'épaule par pragmatisme, les résultats n'étant pas à la hauteur, il a misé sur la défense pour aller en quart de finale de Ligue des champions, n'a jamais remis en cause un projet en perpétuelle évolution et parfois incompréhensible, atteignant ses objectifs sans broncher. Une belle leçon pour tous les Pascal Dupraz de France et de Navarre (mais surtout de France) qui partent en vrille à la moindre critique qu'ils estiment injustifiée.

 

 

Jeu dans l'ère du temps

Cette saison donc, Monaco a un effectif cohérent et fonctionnel. Un gardien expérimenté et plutôt chiche en boulettes. Deux latéraux offensifs en pleine progression. Une charnière centrale solide, avec un très bon joueur de tête et le plus fiable des défenseurs en qui on n'a aucune confiance. Deux monstres de travail au milieu. Et Bernardo Silva, Thomas Lemar, Falcao, Valère Germain et Kylian Mbappé devant. Dans ce 4-4-2 à plat à l'ancienne, où la répartition des tâches est bien définie, il y a les hommes de l'ombre et les joyaux. Plus sans doute qu'à l'Atlético Madrid, où tout le monde travaille, et la Juventus, parfaitement fonctionnelle malgré des incohérences supposées sur le papier (Pjanic et Khedira comme "récupérateurs", Mandzukic ailier…). Deux équipes encore en lice pour le titre qui jouent dans ce même système, star inattendue de cette campagne européenne.

 

 

Si l'apport tactique de Leonardo Jardim ne peut être limité à un secteur, ce qui serait en plus entrer en contradiction avec des préceptes de gestion qu'il emprunte à Edgar Morin, c'est peut-être dans cette capacité à créer une dynamique autour d'un 4+6 qu'il faut regarder. Fabinho, replacé au milieu, associé à Tiémoué Bakayoko, qui n'était qu'un joueur prometteur il y a de cela peu de temps: le duo si impressionnant aujourd'hui – et qui n'a pas été déséquilibré par le remplacement de l'un des deux éléments par le plus offnsif Moutinho lors des matches face à Dortmund – n'était pas évident à imaginer il y a un an. Pourtant, avec la charnière centrale, ils sont les seuls éléments à vocation purement défensive, Mendy jouant façon Marcelo et Sidibé, un peu moins aventureux, étant tout de même meilleur pour aller de l'avant que pour reculer. Un sous-nombre théorique derrière qui n'empêche pas Monaco d'être bien mieux équilibré que Manchester City ou Dortmund, deux équipes de possession.

 

 

Le tigre et le jeune loup

Et c'est sans doute là que se fait la différence, même si la qualification contre les Skyblues tient à un coup de tête au moment où les Monégasques semblaient lâcher. L'ASM est une équipe de transition: on prend le ballon, on l'exploite directement en allant de l'avant à toute vitesse, puis on revient à la position initiale. 51,2% de possession en Ligue 1, 45,8% en Ligue des champions: les chiffres sont modestes. Ceux du Real (51,8%) et de l'Atlético (50,5%) en C1 le sont également, preuve que la confiscation, avec tout ce qu'elle implique dans le fait de jouer haut et de devoir négocier le repli défensif, n'est actuellement pas la meilleure stratégie. Lente mort de la possession? Si City ou Dortmund avaient de vrais défenseurs, la question serait plus facile à trancher. Toujours est-il que s'il est moins risqué de ne pas trop s'exposer quand on a le ballon, la gestion monégasque des transitions défensives force le respect.

 

 

Et puis, comment perdre des matches quand on convertit ses occasions à un ratio hallucinant? Les chiffres du début de saison (ici détaillés), qui semblaient intenables, se maintiennent à une hauteur incroyable. Sans forcément toujours se mettre dans la meilleure situation, les hommes de Jardim réussissent à marquer but sur but. Frappes angle fermé, coups de pieds arrêtés (20 buts et 11 penalties, plus haut total européen dans les deux catégories), remplaçants buteurs sur leur premier ballon: tout y passe. Une anomalie statistique, exagérée par le cercle vertueux d'une saison où tout va bien, qui repose tout de même sur de vraies bases. Comme à Madrid, où le Real peut compter sur des pieds soyeux (Kroos, Marcelo, Modric) et des athlètes (Ramos, Ronaldo, Bale), Monaco s'appuie sur le pied des ailiers Silva et Lemar, la taille de Glik ou Carrillo et, surtout, le sens du but de ses attaquants. Car on est forcé de finir avec lui: si Monaco profite enfin de Falcao, l'homme qui a mis trente buts en deux saisons de Ligue Europa (!), un triplé en finale de Supercoupe d'Europe et terminé deux fois meilleur buteur de Liga parmi les mortels, son association avec le si intelligent Valère Germain a été reléguée au second plan.

 

Le Rocher est désormais le royaume de Kylian Mbappé. Un ado qui aura mille occasions de se perdre ou se blesser avant d'être la star absolue qu'on imagine déjà. Mais un attaquant dont les qualités de vitesse et de finition le placent déjà dans le haut du panier. Alors forcément, avant la probable saignée de l'été, et sans savoir si Monaco saura cette fois gérer le renouvellement de son effectif – même si Saint-Maximin et d'autres joueurs prêtés sont dans les starting blocks –, c'est le moment de rêver à une troisième coupe d'Europe pour la France. Car si les adversaires sont bien équipés, plus habitués à être là aussi (même si l'ASM prouve une nouvelle fois qu'on peut aller loin avec un onze moins expérimenté en C1 que Xabi Alonso), on gagne des matches en marquant plus que les gars d'en face. Et ça, Monaco sait faire.

 

Réactions

  • José-Mickaël le 20/04/2017 à 17h07
    Très intéressant ! Je pense que Monaco est le petit poucet des demi-finales, mais l'article explique ses forces et me donne de l'espoir...

  • blafafoire le 22/04/2017 à 21h18
    Très bien écrit, cet article. Bravo M. Radek.

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