Un mercato à malices
En période de transferts, les clubs rivalisent d’ingéniosité pour s’adapter aux réglementations ou les contourner en inventant de nouveaux usages. Cet été, deux pratiques s’installent durablement: la clause d’intéressement automatique à la revente et le prêt payant avec option obligatoire d’achat.
La clause d’intéressement automatique à la revente d’un joueur est inspirée du système de TPO. Elle concerne trois parties mais de manière légale. Illustration avec le transfert de Yannick Ferreira Carrasco de Monaco à l’Atlético Madrid: Monaco a fixé à 20 millions le montant du transfert du joueur. Le club madrilène en a proposé 15, soit 75%. Le pourcentage restant (25%) est celui que percevra Monaco sur le prochain transfert du joueur. Si Yannick Ferreira Carrasco est transféré par l’Atlético Madrid pour 30 millions d'euros, Monaco recevra automatiquement 7,5 millions en complément des 15 déjà perçus.
Auparavant, les clauses d’intéressement concernaient prioritairement le nombre de matches joués, le maintien, la qualification en Ligue des champions… C’est l’automaticité du déclenchement de la clause, au premier euro de plus-value sur la revente du joueur, qui constitue la nouveauté. Un système qui se cale sur les spécificités des clubs français: ceux dit formateurs transfèrent avec des clauses d’intéressement automatiques leurs jeunes éléments dans les équipes de Ligue 1 qui candidatent aux places européennes, lesquelles revendent ensuite ces joueurs dans des clubs plus riches, donc étrangers. Le circuit préférentiel passe par Lorient, Guingamp, Lens, Valenciennes au rayon clubs dit formateurs, puis Marseille, Saint-Étienne et Monaco en tant que revendeurs. Pour les clubs revendeurs, le principe consiste à garnir leur effectif de jeunes à plus-values potentielles et à moindre coût immédiat. Mais l’énorme augmentation des droits télés de la Premier League raccourcit le circuit des jeunes joueurs français.
On l’a vu cet été: désormais, ils partent directement en Premier League sans passer par les clubs revendeurs de L1, qui devront trouver d’autres malices. Le prêt payant avec option obligatoire d’achat cache sous son nom barbare une merveille d’ingéniosité. Il consiste en effet à maquiller un transfert en prêt, une opération ventilée au plan comptable et sportif sur deux saisons. Cette combine inventée par les clubs soumis au fair-play financier consiste à disposer immédiatement d’un joueur, tout en reportant la charge financière du transfert sur la saison suivante. Cela avait été le cas pour Serge Aurier (de Toulouse au Paris SG) et l’Inter Milan puis Southampton, eux aussi soumis au FPF, l’ont proposé en juin à l’OM pour Imbula. Dans ce cas, le club marseillais aurait même pu faire valoir à la DNCG – qui ferme les yeux sur cette pratique – cette rentrée financière, conclue pendant l’exercice comptable 2014/2015, concernant un transfert enregistré officiellement pour la saison 2015/16…
L’option obligatoire d’achat, surnommée clause fantôme, est l’occasion pour les clubs de rivaliser d’imagination. Elle peut se déclencher dès la première minute de jeu, la présence attestée du joueur dans le pays du club où il est prêté. Pour le PSG et Aurier, on avait parlé d’une clause déclenchée en cas de maintien du club parisien en L1. La pérennité du fair-play financier étant incertaine, ce système va peut-être perdre de son intérêt. Mais il y en aura d’autres, tout aussi ingénieux…