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Un cas d'école

La main d’Henry a abusé l’arbitre, ce n’est pas une raison pour se laisser abuser par l’arbitrage vidéo, une nouvelle fois présenté comme la solution miracle. France-Irlande montre le contraire.
Auteur : Pierre Martini le 23 Nov 2009

 

La main d'Henry, un cas d'école en faveur de l'arbitrage vidéo? Bien sûr, puisque cette faute non sanctionnée, en plus d'avoir été décisive durant une rencontre à très fort enjeu, est incontestable et que les images attestent d'une défaillance de l'arbitre, qui a pris la mauvaise décision. C'est donc le genre de situation dont se saisissent les partisans de la vidéo et leur suiveurs, avec pour argumentation: "Alors, vous voyez bien..." On notera parmi eux la présence de Jacques Attali ("Il faut en venir à l’arbitrage vidéo, qui réglera ça") ou de Frédéric Lefebvre, inévitable porte-parole de l'UMP: "Les Français n'ont pas à être mal à l'aise après le match d'hier. Il y en a un qui doit être mal à l'aise, c'est Michel Platini, qui a toujours refusé la vidéo" (1). Pour Alain Finkielkraut, c'est tout aussi clair: "La preuve est faite que [la vidéo] est absolument nécessaire. (...) Le public est infaillible et le public constate les fautes des arbitres". Autre intellectuel de plateau, Pierre Ménès n'a pas manqué de crier sa foi en la vérité jaillissant des images: "Avec la vidéo, tu sais. Ça dure cinq secondes. Main. Terminé".


Et les autres actions ?

Personne ne niera que les images permettent régulièrement de constater une faute qui a échappé à l'arbitre. Mais s'il s'agit d'appliquer l'arbitrage vidéo, il faut décider a priori de ses modalités d'application et considérer tous les cas de figure auxquels il s'appliquerait – pas seulement ceux qui, a posteriori, font l'unanimité. Ainsi, imaginons qu'un ou plusieurs arbitres postés devant des écrans et ayant à disposition des batteries de ralentis aient eu à intervenir au cours de ces barrages entre l'Irlande et la France. Il leur aurait aussi fallu juger bien d'autres actions litigieuses, parmi lesquelles les interventions dans la surface de Given sur Évra (au match aller) ou sur Nicolas Anelka (au retour). A propos de cette dernière, L'Équipe –peu suspect de relativisme arbitral – se perd en conjectures: "Même après visionnage de la vidéo, il apparaît compliqué de se prononcer" (2).

anelka_given.jpg

Dans ces situations cruciales mais indécidables, résolument ambivalentes – et bien plus fréquentes que les erreurs indiscutables faciles à juger –, comment feront nos arbitres vidéo pour trancher à froid dans un sens ou dans l'autre, quand rien ne fait objectivement pencher la balance? Eux ne pourront pas imiter les commentateurs de télévision qui voient ce qu’ils ont envie de voir et convertissent leurs impressions en jugements catégoriques. Qui peut croire que leurs sentences ne vont pas déclencher des scandales et des accusations encore plus outrées que des décisions prises à chaud par un homme sur le terrain? L'argument des vidéophiles selon lequel il est anormal que les arbitres ne disposent pas des mêmes images que tout le monde se retournerait contre eux: tout le monde aura les mêmes images que les arbitres... mais pas forcément la même interprétation.


La chimère d’un arbitrage sans erreurs

Revenons-en à la main d'Henry. Elle est une tricherie avant d'être une erreur d'arbitrage, mais elle était suffisamment visible pour être perçue par les officiants ce soir-là, même à vitesse réelle. Un arbitre placé derrière les buts, comme testé actuellement dans le cadre de l'arbitrage "à cinq", aurait pu être abusé lui aussi, mais sa présence aurait considérablement réduit le risque d'erreur... sans quasiment rien changer aux modalités de l'arbitrage et du jeu – là où l'arbitrage vidéo aurait des conséquences lourdes et engendrerait des effets pervers en série (Lire "Un crime contre le jeu").
En définitive, les seules erreurs d'arbitrage que permettrait d'éviter la vidéo sont des erreurs qu'un meilleur arbitrage éviterait lui aussi, à bien moins de frais. Il vaut alors infiniment mieux travailler à réduire la marge d'erreur des arbitres plutôt que poursuivre la chimère d’un arbitrage sans erreur. En d’autres termes, en football, il faudra toujours concéder aux arbitres de football le droit à l'erreur – une nécessité absolue, mais complètement oubliée aujourd'hui.


Enfin, il y aurait bien une autre méthode pour éviter les affaires du genre d’Irlande-France, si les instances du football s’obligeaient à se mettre en conformité avec la morale et le fair-play qu’elles prétendent défendre, c’est-à-dire à ne plus considérer que les tricheries (et non les erreurs arbitrales) font à ce point partie du jeu. Elle consisterait à infliger des sanctions sévères aux auteurs de trucages avérés, comme c’est peu ou prou le cas pour les auteurs de violences. Personne n'a évoqué cette possibilité au cours de la polémique, alors qu'on ne voit pas quel scandale il y aurait, aujourd’hui, à suspendre Thierry Henry pour plusieurs matches en sélection, quitte à mettre en danger sa participation à la Coupe du monde? (3) Sans remettre en cause le résultat du match, ne serait-ce pas faire quelque peu œuvre de justice, au lieu de laisser l’acte impuni (et Henry exposé à une vindicte internationale)?
Si les autorités mettaient en œuvre des politiques volontaristes, quelques jurisprudences initiales auraient rapidement des vertus dissuasives et amoindriraient les tentations. L’esprit du jeu y gagnerait, et les futurs France-Irlande rendraient des verdicts plus justes, encore soumis aux innombrables aléas du football, mais pas à une entourloupe notoire.


(1) Cette citation du “toujours bouillant” Frédéric Lefebvre a bien entendu été reprise dans un article du Figaro, signé Romain Schneider et intitulé: "Pourquoi le football a absolument besoin de l'arbitrage vidéo". L'auteur assène que si le football n'évolue pas, contrairement au tennis ou au rugby, ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un sport profondément différent, mais à cause de "l'obscurantisme des instances du ballon rond". Aucun autre argument à signaler.
(2) "D'un côté, Given ne donne jamais l'impression de pouvoir se saisir du ballon puisqu'il s'en trouve toujours à plus d'un mètre, et la seule chose qu'il peut toucher, c'est la cheville d'Anelka. Ce dernier peut encore redresser la course du ballon. Mais, d'un autre côté, aucune image à disposition ne permet de déclarer avec certitude qu'il y a contact entre la main droite du premier et la jambe du second".
(3) Les cinq matches de suspension infligés à Djibril Cissé à la suite du France-Portugal espoirs de novembre 2003 l’avaient ainsi privé de l’Euro 2004, dont il n’aurait pu participer qu’à la finale.

Réactions

  • karlsvensson le 23/11/2009 à 09h36
    D'accord sur presque tout.

    Mais le dernier paragraphe est assez contradictoire. Sanctionner Henry aurait une valeur symbolique, mais n'aurait de réel intérêt que si l'on sanctionnait tous les actes de tricherie ... Et dans ce cas on ferait appel à ... la vidéo, avec son lot d'approximations (qui a tiré le maillot de qui ? la main est-elle volontaire ? y a-t-il eu suffisamment contact pour provoquer une perte d'équilibre ...)

    Pour le cas d'Henry tout le monde est d'accord, mais parce qu'elle est flagrante cette main mérite plus d'être sanctionnée qu'un roublard qui va tomber comme une feuille dans la surface ?

  • emink le 23/11/2009 à 09h41
    Histoire de ne pas être dans la tonalité, je vais exprimer un point de vue un peu différent. En fait, je suis spontanément plutôt hostile à la vidéo, pour beaucoup des raisons qui ont été exprimées dans l'article (très bien écrit, mais c'est une constante aux CdF).
    Mais chaque fois que je regarde un match de rugby, je me dis que le recours à la vidéo pour vérifier que l'essai est valable est une bonne chose. Et transposable au foot.
    En fait, on pourrait imaginer que la vidéo serait utilisée uniquement pour vérifier que le but est valable, donc. Le jeu n'en serait pas haché, vu le nombre de but pat match (sauf pour OL-Marseille ou Tottenham-Wigan).
    Il faudrait en exclure les litiges du genre "y'a péno ou pas?" ou "y'a hors-jeu ou pas?", sinon, on n'en sort plus.
    Bref, la vidéo pour vérifier que le but est valable aurait permis de voir immédiatement la mimine à Titi. On nous aurait épargné Lefebvre, Attali, Dechavannes, Finkelkraut, Lagarde, Cantona, Liza, Duga, et tutti quanti...

    Je suis seul à penser ça?

  • Oook le 23/11/2009 à 09h44
    Ben perso, je suis toujours aussi sceptique quand les Cahiers parlent de l'arbitrage video...
    Perso, je n'ai pas d'avis tranché sur la question, et je suis completement d'accord concernant cette action litigieuse de Given sur Anelka pour laquelle il me semble impossible de se prononcer avec la video (je le signalais le soir meme sur le fil bleu).

    Par contre, je trouve que sur ce sujet, les Cahiers tombent à peu près sytematiquement dans un des travers qu'ils reprochent à leurs confreres, à savoir les affirmations gratuites indémontrables.

    Dans cet article par exemple :
    " – et bien plus fréquentes que les erreurs indiscutables faciles à juger –"
    "En définitive, les seules erreurs d'arbitrage que permettrait d'éviter la vidéo sont des erreurs qu'un meilleur arbitrage éviterait lui aussi"

    Je trouve ca dommage, car je suis plutot d'accord avec le reste de l'article (l'action Given-Anelka donc, mais également la "tricherie" de Henry, le droit à l'erreur de l'arbitre, ou les sanctions a posteriori).


    Par contre, pour Cissé, la différence est qu'il s'était pris un carton rouge pendant le match, non?
    Je ne suis pas certain que la FIFA ait le droit (actuellement) de punir un joueur non sanctionné par l'arbitre, si?

  • FPZ le 23/11/2009 à 09h47
    Sur le principe, pourquoi pas, mais dans la pratique ?

    Supposons qu'Henry ait fait un magnifique contrôle de la poitrine mercredi avant de centrer pour Gallas, mais que l'arbitre demande quand même l'assistance vidéo car il pense que le contrôle a peut-être était fait de la main.
    OK, il n'y a pas main, mais peut-il refuser le but pour un HJ éventuel au départ ?

  • FPZ le 23/11/2009 à 09h48
    (réponse à Emink, bien évidemment...)

  • Qui me crame ce troll? le 23/11/2009 à 09h51
    "La main d’Henry a abusé l’arbitre, ce n’est pas une raison pour se laisser abuser par l’arbitrage vidéo, une nouvelle fois présenté comme la solution miracle. France-Irlande montre le contraire."
    J'ai l'impression qu'on peut faire exactement la même analyse concernant l'arbitrage à cinq. Dans le cas de la main, un arbitre aux abords de la surface l'aurait probablement vue. Par contre, l'arbitre de surface aurait-il su juger l'action? Aurait-il pu prendre une décision sur ce penalty qu'il est de toute façon difficile de trouver évident? Non. Donc France-Irlande ne démontre pas non plus l'intérêt de l'arbitrage à cinq.

    Alexis
    lundi 23 novembre 2009 - 08h17
    "Revenons-en à la main d'Henry. Elle est une tricherie avant d'être une erreur d'arbitrage"

    ---> J'aime lire (enfin) ce genre de choses. Aucun autre media à ma connaissance n'ose l'écrire (le dire). Et c'est pourtant la base même des maux de ce jeu.
    --------
    Euh dire qu'aucun autre média n'ose l'écrire est quand même faux. Exemple le fameux "Nous sommes tous Irlandais" d'Attali. Je cite :

    "[..] voici l'acte malhonnête de Henry, à Paris. Le football se discrédite. Des gens qui devraient être des modèles disent ainsi aux jeunes: il faut frapper quand vous êtes insultés; il faut tricher quand vous n'êtes pas pris. C'est honteux."

  • animasana le 23/11/2009 à 09h51
    karlsvensson
    lundi 23 novembre 2009 - 09h36
    ---------
    D'accord avec toi: sanctionner Henry, car son geste est décisif. mais un mec qui retient un maillot sur un corner, un Squillaci qui bouscule dans la surface, ce n'est pas dans le but d'être décisif? Et je ne suis pas sûr qu'il y ait plus d'intention sur la main d'Henry que sur un tirage de maillot sur coup de pied arrêté.

    Un truc qui permet de juger à froid, pour l'équipe "victime", c'est aussi de poser réclamation avant de partir gueuler sur l'arbitre.

  • Metzallica le 23/11/2009 à 09h58
    emink
    lundi 23 novembre 2009 - 09h41

    Pour moi c'est pareil. La vidéo ne pourrait intervenir qu'en cas d'arrêt de jeu, donc on pourrait l'utiliser pour valider les buts au moins. Car un hors jeu sifflé à tort, de toute manière l'action est finie on ne saura jamais ce qui se serait passé.
    A la question on remonte jusque quand: si l'arbitre pense que le but ne peut être validé c'est qu'il pense avoir vu quelque chose ou alors les joueurs lui disent. Il regarde ce qu'il cherche et juge en conséquence. Et d'ailleurs ce serait à sa discrétion de l'utiliser.

    Le point (donc le but) au foot est si rare que si il y a un domaine où il ne faut pas se tromper c'est dans la validation de celui-ci. Après pour le reste on peut ajouter des 4e et 5e arbitres pour les fautes si vous voulez mais la vidéo pour valider les buts car c'est pour moi le point crucial.

  • Le_footix le 23/11/2009 à 10h07
    Le problème dans la validation du but c'est que si on l'annule pour revenir à la faute, quelle faute ? A partir de quel moment un but est-il si entaché d'une faute qu'il n'en est plus valable ? Dans sa réalisation ? Jusqu'à la dernière passe ? Jusqu'à l'avant-dernière ?

    Là on en revient à l'exemple du rugby: ce n'est pas parce qu'un essai est accordé, qu'une faute n'a pas été commise. Exemple typique: l'en-avant sur l'essai français contre les All Blacks en quarts de finale.

    Reprenons en foot. Supposons que Lassana Diarra fasse une faute monstrueuse sur Whelan en récupérant le ballon, une faute qui mérite au moins un carton jaune, mais que l'arbitre n'a pas vue. Diarra écarte sur Govou, qui centre au troisième poteau, Malouda fait une tête en retrait pour Henry qui déboule, la frappe de TH12 ricoche sur Dunne mais Anelka surgit opportunément pour la mettre au fond.

    Ralenti vidéo. Le but est-il valable ?

  • Alexis le 23/11/2009 à 10h09
    Qui me crame ce troll,

    beaucoup de gens disent en effet que la main d'Henry est une tricherie.
    Mais personne ne fait le lien avec la question de l'arbitre. Car c'est cela qui est important.

    Dire qu'Henry a triché est relativement aisé. Fustiger l'arbitrage en parlant "d'erreur", aussi. En revanche, approfondir la réflexion en expliquant qu'il ne s'agit pas d'une erreur d'arbitrage semble compliqué pour certains. Et pourtant cette vision des choses change toute l'affaire : jusqu'ici il est question d'Henry flouant les Irlandais, ou de l'arbitre flouant les Irlandais (voire de Platini flouant les Irlandais...), mais à aucun moment il n'est question d'un joueur (Henry) flouant un arbitre. Jamais.

    Et c'est pourtant là, à mon sens, toute la faiblesse du débat autour de l'arbitrage (en France en tout cas, car je ne connais pas sa teneur par ailleurs).

La revue des Cahiers du football