2020 : l'Euro de l'Atlantique à l'Oural
Treize stades pour autant de villes : l'UEFA a annoncé la liste des lauréats de l'organisation du championnat d'Europe 2020. Elle a fait des gagnants et des perdants, et tenté de trouver un "juste milieu".
La sélection définitive des villes qui accueilleront l’Euro 2020 a été rendue publique. Des dix-neuf stades qui avaient postulé pour héberger un ou plusieurs matches de la compétition, seuls treize ont été retenus. Alors que Londres s’est adjugée seule le package "demi-finales / finale" après le retrait in extremis et de Munich, les quarts de finale se disputeront à Munich, Rome, Bakou et Saint-Pétersbourg. Bruxelles, Copenhague, Budapest, Amsterdam, Dublin, Bucarest, Glasgow et Bilbao accueilleront les huitièmes et les matches de poule.
Le dossier d’évaluation des candidatures, publié il y a quelques jours par l’UEFA, était instructif à plusieurs égards: les critères que l’UEFA considère comme essentiels s’y dévoilent en effet sans retenue.
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De nouvelles enceintes quand même
La formule inhabituelle de l’Euro 2020 avait été décidée dans un contexte de crise économique généralisée en Europe: Michel Platini proposait de l’organiser dans plusieurs pays à la fois pour éviter que l’un d’eux n’ait à financer de lourdes et chères infrastructures. Si, effectivement, aucun pays n’aura à supporter seul la charge d’onéreux travaux d’aménagement et de rénovation, un premier constat s’impose: de nombreuses enceintes sélectionnées seront neuves à la date de la compétition. Ainsi, cinq des treize arènes (Bakou, Bilbao, Bucarest, Budapest, Saint-Pétersbourg) sont neuves ou restent à construire restent à construire, certaines devant être inaugurées en 2019 au plus tôt, quand le Stadio olimpico de Rome doit être soumis à des rénovations majeures.
Une part significative des stades sélectionnés auront donc fait l’objet d’un financement important. En tout état de cause, l’UEFA n’a pas semblé modifier les contraintes de taille qu’elle impose aux prétendants à l’occasion de cette formule atypique: crise ou pas, les candidatures insuffisantes en termes de voies d’accès, réseaux de transports, parkings, ne se sont pas vues accorder un traitement de faveur.
Autre constat aisé: les questions politiques ne semblent pas avoir joué de rôle majeur dans le choix des villes hôtesses. Mieux, elles paraissent avoir été habilement évitées. La candidature de Jérusalem suscitait un début de polémique, mais avait de toute façon récolté une évaluation mitigée, de même que celle de Minsk, nettement insuffisante. Le résultat du référendum écossais épargnera à l’UEFA le délicat réexamen du dossier qu’elle avait envisagé en cas d’indépendance. Tout juste peut-on s’interroger sur le choix de la Russie, qui aura accueilli deux ans plus tôt un Mondial, ainsi que sur le retrait in extremis de la candidature munichoise au package demi-finales / finales, apparemment après un accord avec l’Angleterre en vue des Euro 2024 et 2028.
Compromis géographique
Côté perdants, outre Israël et le Belarus, on peut supposer que le Millenium de Cardiff a pâti de la concurrence géographique, de même que Sofia et Skopje, la région étant plutôt bien servie avec les capitales roumaines et hongroises. L’élimination du plus grand stade scandinave, la Friends Arena de Stockholm représente, elle, une surprise. Cette sélection a donc le mérite d’une répartition géographique relativement égalitaire, quoique cela implique un bilan carbone probablement catastrophique, et une compétition peut-être un peu fade, sans identité particulière.
Le dossier d’évaluation des candidatures, qui permettait finalement de se faire une idée assez précise des futurs gagnants, restait relativement vague sur d’autres critères, pas moins importants : les "aspects légaux", souvent, se concentraient sur l’existence et l’efficacité des législations en vigueur en termes d’"ambush marketing" ou de recel de tickets, sur les restrictions en termes de publicité, la possibilité de faire appel à des volontaires… Ce chapitre de l’analyse des dossiers présente en réalité peu de différences avec celui intitulé "aspects commerciaux", dans lequel sont scrutés avec une attention que l’on imagine minutieuse le nombre, la qualité, la gratuité et la non-imposition des espaces publicitaires mis à disposition de l’instance de Michel Platini et de sa longue traîne de sponsors. Les conditions d’accueil des invités de l’UEFA, les "key targets", sont également passées au peigne fin.
L’Euro se déplace donc un peu plus à l’Est, mais rien de nouveau sous le soleil. On pourra regretter que l'UEFA n'ai pas poussé l'imagination (et la cohérence géographique) aussi loin que nos neuf projets pour un Euro dans tous ses états.