Top 10 : le meilleur du football germanique 2010
Dix événements foot qu’on a aimés cette année, en Allemagne ou juste à côté.
Auteur : Toni Turek
le 16 Dec 2010
10. Le marché en marche
L’international allemand (re)commence à s’exporter. On trouve aisément des footballeurs allemands expatriés – parfois dans des contrées reculées – dont certains sont des semi-retraités ou/et des anciens internationaux [1]. Mais parmi les vingt-trois joueurs appelés par Löw pour disputer le Mondial, aucun n’évoluait hors de Bundesliga avant le tournoi. Depuis, J. Boateng joue à Manchester City, Özil et Khedira ont rejoint le Real Madrid tandis que d’autres, tel Schweinsteiger, sont courtisés. Le footballeur allemand reviendrait-il à la mode?
09. Treize à la douzaine
Le treize a porté chance au FC Vaduz. Le club phare de la principauté du Liechtenstein a remporté sa treizième finale de Coupe consécutive – son trente-neuvième succès! – sur le score de 4-2 aux tirs au but (1-1 a.p.), grâce aux arrêts de son gardien international Peter Jehle. Déjà malheureux l’an dernier, l’USV Eschen/Mauren compte désormais dix finales perdues contre Vaduz, qu’il n’a plus battu à ce niveau depuis 1987. Qui saura arrêter le FCV?
08. La constance du buteur
Les meilleurs buteurs de la saison 2009/10 des pays germanophones sont tout sauf des inconnus.
En Allemagne, l’attaquant de Bosnie Edin Džeko a brillamment confirmé ses performances de la saison du titre de Wolfsburg (vingt-six buts), en finissant seul Torschützenkönig de Bundesliga avec vingt-deux réalisations à son actif.
En Suisse, pour la deuxième saison consécutive, l’Ivoirien Seydou Doumbia a fini meilleur buteur de l’AXPO Super League. Aux vingt buts de la saison 2008/09 ont succédé trente buts de la part de l’attaquant africain, soit neuf de plus que ses poursuivants au classement des buteurs, et deux fois plus qu’Alex Frei. Logiquement, Doumbia a été appelé chez les Eléphants pour participer à la Coupe du Monde, où il a joué dix minutes contre la Corée du Nord.
En Autriche, c’est l’Allemand Steffen Hofmann qui a été titré avec vingt réalisations. Un milieu qui marque davantage que les attaquants? Le méconnu capitaine du Rapid de Vienne a en fait profité du départ des top-buteurs de son club pour inscrire plus que son habituelle dizaine de buts par saison, et le fait d’être un spécialiste des coups de pieds arrêtés a aussi aidé (six penalties inscrits).
En Coupe du Monde enfin, le Munichois Thomas Müller a confirmé son excellente première saison pro au Bayern, en obtenant à vingt ans les deux titres de meilleur jeune et Soulier d’Or du tournoi.
07. Un Diable au paradis
Le 31 octobre 2010 a marqué le quatre-vingt-dixième anniversaire de la naissance de Fritz Walter. En hommage au capitaine de la Mannschaft victorieuse de la WM 1954, qui fut une légende du 1. FC Kaiserslautern où il accomplit toute sa longue carrière et pour lequel il marqua plus de trois cents buts, les "Diables Rouges" du FCK ont joué leur match contre Gladbach avec un maillot rétro dépourvu de sponsors mais avec le visage et la signature du frère aîné des Walter. Un coup de pub… sans pub, qui s’est conclu par une victoire 3-0 mettant fin à une série de cinq revers. Ce jour-là, l’esprit de F. Walter était peut-être présent au stade qui porte son nom.
06a. Tout vient à point à qui sait attendre…
Et il a attendu, Hans-Jörg Butt! Le gardien du Bayern de Munich a dû afficher trente-six ans au compteur pour disputer enfin un match complet sous le maillot de la Mannschaft, qui plus est en Coupe du monde. Pour y parvenir, il a fallu le "naufrage" de Rensing au Bayern, le suicide d’Enke (titulaire avec la Mannschaft alors), une fracture aux côtes pour Adler, une défaite contre l’Espagne, la "tradition" allemande qui permet à un gardien remplaçant de jouer la petite finale, et l’indisponibilité de Wiese pour ce dernier match. Un incroyable concours de circonstances conclu par une victoire et une médaille en bronze pour ce gardien auteur cette année d’un doublé Coupe-Championnat avec son club (sans parler de la finale de C1). Assurément une belle année pour un gardien longtemps barré par le duo Kahn-Lehmann, et qui en club n’avait obtenu que des places d’honneur, dont un célèbre quadruplé de deuxièmes places en 2002 (BL, Coupe, C1 & WM).
06b. …mais la valeur n’attend pas le nombre des années
Un qui n’a pas attendu, c’est Michael Gregoritsch. Le fils de Werner Gregoritsch, l’entraîneur des "Faucons" du SV Kapfenberg (Autriche), a connu la joie de jouer quelques minutes avec les pros de ce club en avril dernier, peu avant son seizième anniversaire. Pour sa première rentrée en jeu, une seule minute lui a suffi pour ouvrir la marque devant l’Austria de Vienne. Ce très jeune attaquant est devenu à cette occasion le buteur le plus précoce de l’histoire du championnat autrichien.
05. La fête des voisins
Nouveau record pour la saison 2010/11: le nombre d’Autrichiens engagés dans les clubs de l’élite allemande a atteint un nouveau pic: de neuf, il est passé à seize. Parmi eux, Sebastian Prödl est le seul à avoir disputé tous les matches de son club du Werder en intégralité, en Bundesliga comme en Coupes. Marko Arnautovic, Christian Fuchs et Erwin Hoffer sont eux régulièrement titularisés, pendant que Clemens Walch et Martin Harnik rentrent souvent en cours de jeu. Mais entre blessures et encombrement à leurs postes respectifs, sept de ces seize Autrichiens n’ont même pas joué l’équivalent d’une mi-temps depuis le début de la saison.
04. Une histoire belge
Le foot germanique, ça existe même en Belgique. Malgré leur quatrième place en Exqi League (D2 belge) au terme de la saison régulière, les Pandas de la Königliche Allgemeine Sportvereinigung Eupen sont parvenus cette année à accéder à l’élite du football belge en se classant premiers de la phase de play-offs génialement pensée par les instances locales. Eupen est ainsi devenu le premier club belge germanophone à accéder à ce niveau. Prochain objectif: être le premier à s’y maintenir.
03. Mayence au septième ciel
Avec sa série de sept succès acquis lors des sept premières journées, le FSV Mainz 05 a réalisé cet été le meilleur début de saison d’un club de l’élite. L’équipe entraînée par Thomas Tuchel a réalisé cette performance grâce à des deuxièmes mi-temps qui ont vu les coéquipiers de Lewis Holtby inscrire quatorze de leurs dix-huit buts, et retourner des situations parfois compromises comme à Wolfsburg (de 1-3 à 4-3) et contre Kaiserslautern (de 0-1 à 2-1).
Battu (0-1) à domicile lors de la huitième journée, Mayence doit partager ce record avec le Bayern 1995/96 et le FC Kaiserslautern 2001/02. Un record qui ne porte pas chance: ces saisons-là, le 1. FCK et le Bayern n’ont pas fini champions… ni même champions d’automne. Mais ce bon début a permis à André Schürrle de se mettre en évidence: l’attaquant au numéro 14 a mis trois buts en trois journées en étant rentré trois fois en jeu après la pause, ce qui lui a valu par la suite d’être titularisé à plusieurs reprises. Holtby et Schürrle ont aussi été récompensés en novembre, en étant appelés pour leurs débuts en équipe nationale première – un beau cadeau pour leurs vingt ans.
02. Une petite finale pour un grand final
La Mannschaft rajeunie a réalisé un très bon parcours lors de la Coupe du monde sud-africaine. Plus que le succès inaugural 4-0 contre les modestes Socceroos, davantage encore que la victoire 4-1 sur les Anglais en huitièmes, on retiendra la leçon donnée en quarts à l’Albiceleste de Maradona (4-0). Mais parce que les deux équipes ont voulu jouer et eu les ressources pour, le match le plus animé aura été cette petite finale, longtemps incertaine, disputée contre une Celeste coriace.
Tout n’a pas été parfait: s’il a égalé (Gerd) Müller, Klose, expulsé contre la Serbie, suspendu contre le Ghana et indisponible contre l’Uruguay, n’a pas réussi à rejoindre Ronaldo en haut du palmarès des buteurs en Coupe du monde. Et surtout, la demi-finale contre l’Espagne a été ratée. Mais les jeunes Khedira, Özil et (Thomas) Müller se sont fait connaître, et avec des gars comme le capitaine Lahm et un Schweinsteiger taille patron, l’Allemagne de Löw a des atouts à faire valoir dans l’avenir. Même non-finaliste, la Mannschaft cumule cinq nominations pour le Ballon d’Or…
Trois médailles d'affilée en Coupe du monde (argent 2002, bronze 2006-2010): l’Allemagne avait déjà réalisé pareille performance sur les périodes 1966-74 (argent-bronze-or) et 1982-90 (argent-argent-or). Déjà buteur sur trois WM d’affilée, Miroslav Klose sera peut-être l’homme de tous les records au Brésil en 2014…
01. Le retour des "Pirates" de St. Pauli
Huit ans après leur dernier passage, les Kiezkicker hambourgeois ont brillamment signé leur retour dans l’élite début mai: sans passer les barrages, et avec la meilleure attaque de 2. Bundesliga. Le groupe entraîné par Holger Stanislawski – ancien libéro du club – a ainsi pu fêter dignement le centenaire du FC St. Pauli, même si après un siècle d’existence, l’armoire à trophées de ce club connu au-delà des frontières reste aussi vierge qu’un CV de Mehmet Scholl en Coupe du monde.
Autre événement notable cette année en terre hambourgeoise, l’arrivée de Gerald Asamoah, parti de Schalke 04 (où il était resté onze ans) après une saison 2009/10 très décevante pour lui. Voir un ex-international noir rejoindre un club réputé (extrême-)gauchiste: voilà de quoi faire hurler des "fans" extrémistes de l’Est. Par chance (?), l’ex-RDA n’est plus représentée en 1. Bundesliga.
[1] Parmi ces pays d’exil: l’Afrique du Sud (Cichon), l’Australie (Broich), la Bulgarie (Borel & Seitz), Chypre (Wenzel), la Turquie (Fink). Concernant les destinations d’anciens internationaux allemands expatriés: Angleterre (Hamann, Hitzlsperger, Huth), Autriche (Zickler), Ecosse (Hinkel), Espagne (Odonkor), Portugal (Hildebrand), Turquie (Ernst, Hilbert).