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That's Alright Mama...

Rock Around The World Cup – Acte I. Entamons un compte à rebours musical vers le Mondial 2010 en repassant la bande-son des Coupes du monde. 1954: la Suisse rime avec Elvis, et football avec Rock'n'Roll.
Auteur : Brice Tollemer le 22 Sept 2009

 

En cette année 1954, la Ligue des Champions n’existe pas, bien entendu, ni même la Coupe des clubs champions qui ne verra le jour que deux années plus tard. Aucune trace, non plus, d’un quelconque Championnat d’Europe des nations, qui ne sera créé qu’en 1960. Le Brésil ne compte aucune victoire en Coupe du monde. Le tenant du titre est l’Uruguay, avec deux trophées remportés lors des quatre premières éditions. La préhistoire. Dix ans à peine après la fin de la Seconde guerre mondiale, la Coupe du monde revient sur le continent européen, organisé par un pays neutre, la Suisse. Il est inconcevable que la Hongrie de Puskas et de Kocsis ne remporte pas la compétition. Les Magyars sont fabuleux d’aisance et se hissent facilement en finale contre la République fédérale d’Allemagne qu’ils ont étrillée au premier tour. Ils mènent rapidement 2-0, avant que le "miracle de Berne" ne se produise. La RFA gagne finalement 3-2 en ce 4 juillet 1954.


Né un 5 juillet
Le lendemain, à 8.000 kilomètres de là, un jeune homme de dix-neuf ans va devenir le premier parmi les premiers à écrire l’histoire d’un nouveau genre musical. Elvis Presley se rend au Studio Sun Records de Memphis, Tennessee. Sam Phillips, le patron du lieu, qui a déjà auditionné plusieurs fois Presley, a convoqué des musiciens pour voir ce que donnerait le chanteur avec un groupe à ses côtés, pour le soutenir. Scotty Moore sera à la guitare, Bill Black à la contrebasse.
Malheureusement, les sessions d’enregistrement ne donnent rien de probant. Phillips s'apprête à fermer le studio. C’est alors qu’Elvis commence à jouer les premiers accords d’une vieille chanson d’Arthur Crudup, That’s All Right Mama, écrite et composée en 1946 du côté de Chicago. Le Rock'n'Roll est officiellement né. Presley a réussi le tour de force de transformer un ancien titre blues en quelque chose d’inédit, de novateur et de spectaculaire. Le chanteur entame alors une tournée à travers les États-Unis, durant laquelle son déhanchement scandalise l’Amérique puritaine, mais entraîne dans son sillage des milliers d’adolescents qui font de lui une véritable idole. Le King.

rockaround_cm1954.jpg


Relance pour le 20e siècle
Ce serait toutefois faire offense à bon nombre de musiciens des années quarante et cinquante que d’attribuer la paternité du rock à lui et à lui seul. Ce serait oublier le tube "Rocket '88'" par Jackie Brenston & The Delta Cats en 1951, ou le merveilleux Johnnie Ray qui provoquait l’hystérie de son public féminin, la même année. Ce serait aussi oublier que c’est Alan Feed qui popularisa le terme "Rock'n'Roll" lors de son émission de radio à Cleveland, le Moondog's Rock'n'Roll Party, toujours en 1951. Mais c’est indéniablement Elvis Presley qui arrivera le mieux à combiner des influences blues à des racines country. En résumé, de la musique noire jouée par un blanc. En cet été 1954, un des plus grands phénomènes culturels contemporains prend son envol.

En football comme en musique, ce mois de juillet relance complètement ce 20e siècle, meurtri et saigné à blanc par le plus grand conflit de l’histoire. Une décennie vient de passer depuis la fin de la guerre et le monde peut tourner de nouveau. Après une édition légèrement galvaudée en 1950, le tournoi helvétique de 1954 fait rentrer la Coupe du monde dans l’ère de la modernité, puisque c’est la première à être retransmise à la télévision. C’est également le retour de l’Allemagne dans le concert des grandes nations à travers sa victoire. À partir de ce 4 juillet, on peut dire que le football est un sport qui se joue à onze et où l’Allemagne gagne à la fin. Et à partir du 5 juillet, on peut définitivement dire qu’on aime le Rock'n'Roll.








Rock Around the Worldcup - 1954 : That's Alright Mama
Rock Around the Worldcup - 1958 : Johnny B. Goode
Rock Around the Worldcup - 1962 : A Hard Rain’s a-Gonna Fall

Réactions

  • Thierry en rit le 22/09/2009 à 17h20
    Le_footix
    mardi 22 septembre 2009 - 14h15
    On peut voir les buts de ce fameux Angleterre-Hongrie 1953 sur Youtube.

    ----------------------

    Pourrais-tu mettre le lien pour aider un mec pas doué ?

  • DarkZem13 le 22/09/2009 à 17h26
    Thierry, tape "England Hungary 1953" sur youtube. Je te poste pas le lien, j'ai la flemme de chercher comment on crée un lien avec minilien ou tynurl.

  • Thierry en rit le 22/09/2009 à 18h00
    Merci Darkzem, et très sympa cette vidéo avec les 1er et 3ème buts Hongrois qui valent le détour et où l'on apprend qu'avant cette défaite les Anglais étaient invaincus à domicile depuis 52 ans..

    A noter également l'énorme trou au milieu de terrain sur la contre attaque qui amène le premier but anglais ainsi que la fantastique tentative de galipette/salto réalisée par un supporteur (?), remplaçant (?), mec qui passait par là (?) à la fin de la vidéo !!

  • José-Mickaël le 22/09/2009 à 21h34
    L'Angleterre était même invaincue tout court. Mais contre des Continentaux, car elle avait déjà perdu à domicile contre des Britanniques, notamment contre l'Ecosse.

    Il faut savoir que jusqu'en 1953, beaucoup de gens (surtout Britanniques) croyaient encore que l'Angleterre était la meilleure équipe du Monde, et cela venait notamment de cette invincibilité à domicile. Elle l'a sans doute été jusqu'à la fin des années 1920 (et encore, avec l'Ecosse à certaines périodes), mais elle a connu ses premières défaites contre des Continentaux dès 1929 (Espagne). Elle s'est prise un 2-5 contre la France en 1931. Mais elle avait une excuse : ces matchs amicaux étaient joués en fin de saison, quand les joueurs pros étaient en vacances, aussi ce n'était pas toujours les meilleurs qui étaient sélectionnés.

    L'Angleterre n'étant alors pas affiliée à la FIFA, elle n'a pas pu se mesurer aux autres lors des trois premières coupes du Monde, et du coup elle conservait son prestige, malgré de nouvelles défaites à l'extérieur, notamment contre la Belgique (et sans doute l'Autriche, mais je n'en suis pas 100 % sûr).

    Après la guerre, le foot repartait à zéro et l'Angleterre était toujours considérée par beaucoup comme la meilleure équipe du Monde. Et elle faisait partie de la FIFA, d'où sa participation à la coupe du Monde 1950. Et voilà qu'elle s'y ridiculise (alors qu'on la tient pour une favorite) : défaite contre l'Espagne et, surtout, contre les États-Unis, qui possédait une équipe amateur de bric et de broc sensée se faire laminer par les meilleurs joueurs du Monde.

    Oui mais c'était un accident. Toujours une excuse... Car pendant ce temps, elle restait invincible à domicile. Pourtant la France avait failli : les Français tiennent un superbe 2-2 lorsque dans les dernières minutes, un joueurs dont je n'aurais pas oublié le nom s'il n'avait pas tapé dans l'herbe, se retrouve seul face au gardien anglais et tire... mais son pied tape dans l'herbe. Et on en reste à 2-2

    Bref, en 1953 il était clair, normalement, que l'Angleterre n'était plus la meilleure équipe du Monde. Mais certains raccrochaient à leur invincibilité à domicile.

    Le 6-3 des Hongrois a tout flingué. Il ne faut pas oublier que durant ce match, les Anglais ont marqué les premiers (le 1er but), mais aussi les derniers : les Hongrois, menant 6-1, ont laissé filer la fin du match, ce qui a permis aux Anglais de marquer deux buts. L'ampleur du score et la manière ont démoli, en 1h30, tout le prestige de l'Angleterre. Brusquement, plus personne ne les a considéré comme les meilleurs du Monde, et plus personne ne les considérera comme tels. En 1954 ils n'étaient pas favoris (et ont d'ailleurs échoué en 1/4).

    Il existe plusieurs films documentaires sur ce sujet. Un film magnifique, sans doute celui cité par un intervenant plus haut, que j'ai vu à deux reprises sur Arte et/ou la chaîne Histoire, retrace l'épopée du football hongrois lié au régime. On y apprend par exemple qu'après la finale de 1954, le train qui devrait ramener les vice-champions du Monde en triomphateurs à Budapest a été arrêté à la frontière, où les véhicules militaires ont emmené en catimini les footballeurs pour les amener au siège du Parti en cachette et ainsi leur voler l'ovation populaire bien méritée. Et on leur a bien sûr passé un savon. C'est que leurs victoires étaient instrumentalisées : on faisait croire au peuple que le communisme c'était génial puisque que ça permettait d'avoir la meilleure équipe du Monde.

    J'ai vu également un film dédié à Puskas, ainsi qu'un film dédié à la coupe du Monde 1954, et je me demande s'il n'y en n'a pas eu un quatrième (j'ai le souvenir d'un documentaire qui parle surtout des affrontements Hongrie-URSS). Je dois en avoir un ou deux sur cassette, c'est le genre de documentaire que je considère comme extrêmement précieux et qui justifie que je sois abonné à la chaîne Histoire (pas que pour le foot, mais aussi pour le foot).

    Quoiqu'il en soit, certains vieux journalistes (de la génération Grimault, disons) qui ont tout vu affirment que la Hongrie des années 1950 était la plus belle équipe de l'histoire du foot. Pas la meilleure (elle a perdu en finale) mais la plus belle. Mais on a si peu d'images...

  • magnus le 03/12/2009 à 13h24
    Le seul film que j'ai vu sur le sujet est allemand, "Le Miracle de Berne", vu sur Arte, ça doit dater s'il y a 4-5 ans. On voyait notamment une suissesse parlant du premier match RFA-Hongrie en poules (une branlée genre 7-3 pour les hongrois), comparant les allemands à une équipe de laboureurs, comparée à celle des artistes hongrois.

La revue des Cahiers du football