Ne perdez pas de temps à lire ce texte, connectez-vous vite pour commenter les articles des CDF. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Les arbitres français ne sifflent pas plus que les autres

Contrairement au poncif en vigueur, les arbitres de L1 sifflent moins de fautes et donnent moins de cartons que leurs confrères du top 5 européen – Anglais exceptés. Les chiffres.

Auteur : Jérôme Latta le 14 Fev 2014

 

 

C'est un des lieux communs les plus souvent assénés sur les plateaux de télévision, un présupposé indiscutable et indiscuté, une vérité qui va tellement de soi que personne ne l'a jamais vérifiée: pourquoi s'en donner la peine, alors que tout le monde s'accorde sur elle pour alimenter le sempiternel procès des arbitres français? Ces derniers, donc, "sifflent trop", ils nuisent au jeu par leurs interventions trop nombreuses et leur manque de discernement.
 

Il n'était pourtant pas très difficile de confronter cette idée reçue (grand classique du Canal Football Club notamment) avec la réalité, à l'heure où la production de statistiques est abondante. La société Opta nous a aimablement procuré une donnée simple: le nombre de fautes sifflées par match dans les cinq grands championnats européens, au cours des quatre dernières saisons.

 

Statistiques fautes sifflées championnats européens

 

Le premier constat est qu'à l'exception de la Premier League, qui présente des moyennes exceptionnellement basses, cet indicateur varie assez peu avec un delta de trois fautes entre les quatre autres championnats. Le second réside dans le fait que la Ligue 1 est... le deuxième championnat où l'on siffle le moins de fautes (28). Ceci depuis deux saisons: la tendance est à la baisse partout, mais cette baisse est particulièrement marquée en France. Or, la Direction nationale de l'arbitrage a justement passé, depuis trois ans, la consigne de moins intervenir dans le jeu. Souvent décriée, on constate que la DNA a en l'espèce mené une politique suivie d'effets... mais pas de reconnaissance de la part de nos experts médiatiques.


Si, donc, la Premier League semble illustrer la rengaine "En Angleterre, c'est jamais sifflé", la surprise vient de ce que la Bundesliga est la compétition dans laquelle les arbitres interviennent le plus souvent. En d'autres termes, les deux championnats souvent considérés comme les plus spectaculaires montrent des pratiques arbitrales complètement opposées sous cet angle...

 

Statistiques cartons jaunes cartons rouges championnats européens

 

Un autre indicateur – d'interventionnisme ou de sévérité – peut être consulté: celui du nombre d'avertissements et d'expulsions signifiés. Au classement des cartons jaunes, les arbitres français arrivent derniers cette saison avec 3,2 par match, à distance de la Liga (5) et de la Serie A (4,8), dans les eaux de la Premier League. La Ligue 1 est avec la Bundesliga, le championnat dans lequel il "faut faire" le plus de fautes (environ 16) pour voir un carton jaune. Constat inverse pour la Premier League, dans laquelle une dizaine suffisent.


Pour les cartons rouges, la Ligue 1 se place plutôt dans le haut du classement, avec 0,24 expulsions par match, à égalité avec la Liga et en deçà de la Serie A (2,6). Le ratio rouges / jaunes est le plus élevé en France: 1 pour 13, à l'opposé de l'Angleterre (1 pour 23) – où, comme les fautes, le nombre d'exclusions est remarquablement faible. En proportion des avertissements, on peut donc dire que nos arbitres ont la détente plus facile sur les expulsions, sans pour autant se distinguer en valeur absolue.
 


Siffleurs et persifleurs

Pour bien faire, il faudrait interroger tous les autres déterminants de l'intervention des arbitres: l'engagement physique, l'intensité du jeu, le comportement des joueurs, leur respect relatif des décisions arbitrales. Mais aussi la "composition" des fautes sifflées et les proportions des différentes natures de celles-ci: brutalités, antijeu, contestations, hors-jeu, etc. Il reste que ces données suffisent à démentir l'image d'agents de la circulation et d'excités du sifflet collée aux arbitres français avec une belle constance sur presque toutes les antennes.


On a souligné récemment la contradiction qu'il y avait, d'un côté à vouloir protéger les joueurs et à s'outrager à chaque blessure grave contre les "bouchers" qui sévissent sur les terrains pour, de l'autre, stigmatiser un interventionnisme excessif. Arbitrer est une tâche complexe, qui consiste à chercher un compromis jamais complètement idéal, en particulier entre les nécessités contradictoires de la sévérité et de la "psychologie": en d'autres termes, il s'agit de lâcher la bride au jeu tout en tenant les rencontres pour les empêcher de dégénérer. Le débat sur l'arbitrage devrait s'intéresser à cette complexité. Et aux faits plutôt qu'aux préjugés.

 

Merci à Opta et Julien Momont.
Lire aussi : "Six idées fausses sur les règles".

 

Réactions

  • Jamel Attal le 14/02/2014 à 16h15
    @fabraf
    Livrer la stat des fautes brute a un intérêt indiscutable à mon avis: invalider une opinion serinée constamment, selon laquelle les arbitres français sifflent plus que les autres. Après, évidemment, on peut toujours penser qu'ils sont mauvais, mais pas sur cette base-là. La stat rend le procès un peu plus difficile.

    Par ailleurs, prendre la non-sélection d'arbitres français par la FIFA comme un signe indiscutable de leur qualité médiocre me semble expéditif. C'est ignorer les critères de sélection, leurs biais, leurs aléas (la blessure de Lannoy a par exemple été évoquée), voire leur caractère "politique". Neuf trios d'arbitres d'arbitres européens, c'est à rapprocher des 54 fédérations affiliées à l'UEFA. On peut concevoir, sans scandale, qu'il y ait neuf trios meilleurs que les nôtres. Sans renoncer à améliorer leurs performances, évidemment, ni à critiquer la DNA le cas échéant. Le problème est que dans le contexte actuel, la critique des arbitres est totalement préemptée par des arguments imbéciles et des procès de principe, purement subjectifs mais présentés comme des vérités générales (indiscutées et invérifiées ou invérifiables).

    Enfin, à chaque fois que nous produisons des données, on nous dit qu'elles présentent tel ou tel biais, qu'il aurait fallu aussi chercher celle-ci ou celle-là... C'est une évidence: il n'y a pas de statistique idéale et définitive. Mais soit on ne produit aucune donnée, soit on en produit cinquante... pour un résultat pas plus probant en termes d'enseignements (trop d'information, etc.).

    Au passage, le comptage des "no-calls" que tu suggères pose des problèmes méthodologiques majeurs puisqu'elle relèverait d'une estimation subjective (qu'est-ce qu'une "non-intervention", qu'est-ce qu'une action susceptible d'une intervention de l'arbitre?), qui connaîtrait des variations importantes selon le "codeur" et son placement du curseur. De la difficulté d'élaborer des indicateurs statistiques...

  • A la gloire de Coco Michel le 14/02/2014 à 16h58
    fabraf
    aujourd'hui à 14h18
    Si les arbitres français ne sifflent pas plus qu'ailleurs, comment pourrait-on les taxer de ralentir le rythme des matchs ?
    Si le "rythme" des matchs français est moins élevé (je précise que j'en sais rien, je ne sais pas comment on pourrait prouver ça), cela provient davantage de styles de jeu ou des joueurs eux-mêmes, plutôt que de l'arbitre non ? (à nombre de coups de sifflet équivalent d'un pays à l'autre)


    fabraf
    aujourd'hui à 14h43
    Et j'ajoute pour encore relativiser les chiffres donnés, qu'il faut également prendre en compte les "no-call" (comme on dit en basket). Il s'agit également de décisions où l'arbitre décide de ne pas siffler.
    ---
    Si je comprends bien tu sous-entends que les arbitres français sifflent quand d'autres laissent l'avantage ? (c'est bien ça un "no-call" ?) Mais alors comment expliquer qu'au total ils sifflent autant ? On fait moins de fautes dans le championnat français ?

  • C. Moa le 14/02/2014 à 17h06
    Pour le "no-calls" c'est facile : il suffit de noter quand l'arbitre tend les deux bras devant lui !
    (De rien)

  • fabraf le 14/02/2014 à 17h32
    @Jamel Attal

    1. Toute stat est imparfaite, c'est effectivement bien de le rappeler. Donc je trouve sain qu'elle soit remise en question et non prise pour argent comptant.

    2. Soyons rigoureux. En aucune façon, je n'ai écrit ou sous-entendu qu'ils étaient mauvais ou médiocres. Pour regarder d'autres championnats européens, nos arbitres (et nos gardiens de but) sont ni meilleurs ni moins bons que les autres.

    En revanche, leur façon d'arbitrer diffère des autres championnats. On pourrait s'en réjouir si nos arbitres étaient présents lors des grands rendez-vous (1/2 ou finale européenne, CdM). Sauf que ce n'est pas le cas. Donc je suggère qu'il y a un problème au niveau, non pas des arbitres, mais de la DNA.

    3. Quand on y réfléchit cette stat en valeur absolue ne signifie strictement rien :
    - est-ce la même chose de siffler 30 fois dans la durée effective est de 50 min ou 28 fois quand elle est de 45 min ?
    - est-ce pareil de siffler 30 fois sur 100 décisions (donc 70 no-calls) ou 28 sur 90 ?

    Pour donner un exemple, Lannoy lors de Monaco - PSG a probablement autant sifflé que lors d'un OM - Toulouse. Pourtant le premier match a semblé plus fluide.

    4. Evidemment que le comptage des no-call est subjectif. Lors des Spécialistes spécial arbitres, Turpin le soulignait justement. Il déclarait qu'on comptabilisait souvent les coups de sifflet mais que les no-call étaient également des décisions (cf lors de OM - PSG) et qu'elles étaient aussi importantes.

    5. Pour conclure, tirer des conclusions de cette stat unique, c'est pareil que d'en faire suite aux sondages sur Paris : ça remplit des pages mais ça sert à rien ! Quand bien même la droite serait majoritaire en voix, si elle ne remporte pas les XII et XIV arrondissements, elle perdra mécaniquement la mairie.

    Ici, en conclure que les arbitres sifflent moins que les autres c'est peut-être vraie en absolue mais cela ne veut strictement rien dire si on ne connait ni le volume de décisions potentielles ni la durée effective du match.

    Je précise toutefois que cet article est intéressant car il ouvre le débat.

    (Ce post est vous délivré par l'Amicale de la Compréhension des Stats.)

  • fabraf le 14/02/2014 à 17h36
    @A la gloire de Coco Michel

    Le rythme du match c'est aussi le temps pris pour un dégagement de gardien, pour tirer un corner, pour jouer une touche, pour reprendre le jeu après une blessure... Ce ne sont donc pas des coups de sifflet mais un temps de latence permis par l'arbitre.

  • C. Moa le 14/02/2014 à 17h46
    C'est marrant fabraf, je pense qu'on peut facilement se rejoindre sur la plupart des points, mais le 2 est contestable.
    Nos arbitres sont présents la plupart du temps lors de ces compétitions (cette CdM est un peu l'execption qui confirme la règle), et il faut bien comprendre la puissance des lobbies dans le choix des arbitres.

    On peut également faire remarquer que si un pays a un arbitre "star" (ou un trio pour être plus juste), ça ne veut pas dire que tous ses compatriotes sont au même niveau.

  • fabraf le 14/02/2014 à 17h51
    Ils n'étaient pas absent lors d'un précédent Euro ?

  • Tonton Danijel le 14/02/2014 à 18h02
    Le fait de peu siffler, signe de compétence, c'est déjà très criticable. Parce qu'entre les trois jaunes de Graham Paul et l'indulgence d'Howard Webb, on peut pas vraiment dire que les arbitres anglais aient brillé lors des dernières coupes du monde...

    fabraf
    aujourd'hui à 11h04

    "Sans verser dans la caricature, on peut quand même s'interroger sur cette absence, non ? On peut également affirmer qu'être absent des 9 ou 10 trios européens n'est pas gage de performance. Ou remarquer que bien peu ont arbitré des 1/2 ou des finales en Coupes d'Europe ces 15 dernières années (excepté Lannoy, non ?)"

    De nombreuses voix se sont élevées contre le "système Batta" qui, quand il était en tête de l'arbitrage français, avait tendance à gérer la maison de façon autocratique, avec des promotions à la tête du client, et le seul Stéphane Lannoy au niveau international, ce qui peut être insuffisant en cas de coups durs.

    Pascal Garibian essaie de faire montre de davantage de transparence, c'est déjà ça de pris. Il y a néanmoins beaucoup de travail pour promouvoir une nouvelle génération d'arbitres talentueux, donc il n'a pas pu tout faire en quelques mois. S'insurger sur les plateaux télés ne sert donc à rien pour l'instant: c'est comme pour les nouvelles générations de joueurs, il vaudrait sans doute mieux attendre la coupe du monde 2018 pour voir si Garibian a réussi à promouvoir de nouveaux arbitres de très haut niveau.

  • Tonton Danijel le 14/02/2014 à 18h04
    Certes Garibian est en place depuis 2009, déjà suite à l'absence d'arbitres à l'Euro 2008... Je pensais que sa nomination était beaucoup plus récente.

  • Tonton Danijel le 14/02/2014 à 18h06
    erratum définitif: c'est bien depuis le 4 juillet 2013 que Pascal Garibian est à la tête de la direction nationale de l'arbitrage (2004-2013 pour le mandat de Marc Batta).

La revue des Cahiers du football