Robson 1982, coup de chaud à Bilbao
[saga Mundial 1982] Un jour, un but - Le 16 juin 1982 à Bilbao, l'Anglais Bryan Robson ouvre le score après 27 secondes de jeu et assomme d'entrée l'équipe de France.
Il n'aura fallu que vingt-sept secondes. Le temps pour les Anglais de donner le coup d'envoi, de balancer le ballon sur l'aile droite, d'obtenir une touche, de la jouer directement dans la surface de réparation.
Bryan Robson inexplicablement seul au niveau des six mètres, se détend pour reprendre d'une volée du gauche et battre Jean-Luc Ettori.

Les Français sont abasourdis. Leur Coupe du monde espagnole commence de la pire des manières. La fébrilité gagne les rangs et la chaleur qui est tombée sur Bilbao est encore plus accablante. Le Stade San Mamès, antre de l'Athletic, est une véritable étuve.
La délégation tricolore revient tout juste d'une préparation en altitude à Font-Romeu, dans les Pyrénées. Les joueurs étaient censés être au top de leur forme le jour du premier match...
Vingt-sept secondes, faux record
Quatre ans plus tôt à Mar Del Plata, ce sont les Français qui avaient ouvert le score contre l'Italie après trente-huit secondes de jeu. À Bilbao, le but qu'ils encaissent est encore plus rapide. Puisque celui de 1978, inscrit par Bernard Lacombe avait été proclamé le plus rapide de l'histoire de la Coupe du monde, on en conclut quatre ans plus tard que Robson s'est emparé du record.
On découvrira bien des années plus tard plus tard que l'annonce était un peu précipitée. Lors de la Coupe du monde 1962, le Tchécoslovaque Vaclav Masek avait marqué face au Mexique après seulement quinze secondes.
Ni Lacombe ni Robson n'ont donc vraiment détenu ce record. Celui-ci tombera pour de bon le 29 juin 2002, avec le but inscrit après onze secondes par le Turc Hakan Sükür contre la Corée du Sud.
L'équipe de Ron Greenwood s'est qualifiée assez miraculeusement pour la phase finale de l'édition espagnole, mais elle a frappé fort d'entrée en dépit de l'absence de ses deux vedettes, Kevin Keegan et Trevor Brooking, handicapés par des douleurs juste avant le début du tournoi.
L'énergie Soler
Le sélectionneur Michel Hidalgo, redoutant le jeu physique des Anglais, a choisi de lui opposer un entrejeu résistant avec René Girard et Jean-François Larios.
Michel Platini est positionné en avant-centre et la direction du jeu revient à Alain Giresse. La défense est tenue par Trésor, accompagné de Christian Lopez dans l'axe, Patrick Battiston à droite et Maxime Bossis à gauche.
Dans les buts, alors qu'on s'interrogeait sur le choix à faire entre Jean Castaneda et Dominique Baratelli, c'est le troisième gardien, Jean-Luc Ettori, qui est titularisé. Le Monégasque, tout juste sacré champion de France, ne compte que deux sélections, en match amical. Son invincibilité en Coupe du monde n'a duré que vingt-sept secondes.
Gérard Soler parvient à égaliser au bout d'une vingtaine de minutes, mais l'attaquant français ne fait que retarder l'échéance. En deuxième période, l'Angleterre assoit sa domination en inscrivant deux buts, profitant des errements de la défense tricolore.
Robson, encore lui, s'envole au-dessus d'Ettori puis Paul Mariner profite d'un dégagement raté de Marius Trésor. Et dire que la France avait contesté le statut de tête de série accordée à l'Angleterre, parce que celle-ci avait été absente de la Coupe du monde depuis douze ans...
L'Angleterre remportera ses trois matches du premier tour, mais s'éteindra pendant le second pour avoir oublié de s'économiser sous les hautes températures espagnoles.
La France, elle, parviendra à se reprendre. Mais au soir de la défaite à Bilbao, qui aurait pu croire qu'on retrouverait trois semaines plus tard les hommes de Michel Hidalgo aux portes de la finale ?

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