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Qu'ils parlent à bon escient ou qu'ils se taisent à jamais

Tribune – Il suffit de deux excités pour gâcher un match, à l\'image de France-Suède sur M6 l\'autre soir. Un autre commentaire est-il possible?

Auteur : Arnaud Bayle le 22 Juin 2012

 

La Coupe du monde de rugby de 2011 avait été marquée par une remise en cause de la validité des commentaires de Christian Jeanpierre, voire de sa légitimité à officier derrière le micro. Internet avait alors servi d’exutoire et de caisse de résonnance à la frustration d’un grand nombre de passionnés estimant qu’un tel événement méritait des commentaires de meilleure qualité. La défiance entre une partie du public des sports et les diffuseurs venaient d’éclater pour la première fois au grand jour.

 

Une nouvelle étape a probablement été franchie mardi dernier par le duo Larqué-Balbir, officiant sur M6 lors de France-Suède, la mauvaise prestation des Bleus ayant donné lieu à un dénigrement maladif de tout ce qu’aura pu faire l’équipe de France, sans la moindre nuance au tableau, ni le début d’une analyse de ce qu’il se passait sur le terrain. Pour le plus grand déplaisir des téléspectateurs. “Finalement le pire dans ce match ça aura été les commentaires”, voilà ce qu’on pouvait lire sur les forums et les réseaux sociaux ou entendre au détour des conversations autour de la machine à café. Étrange sentiment que la soirée a été plus gâchée par ceux chargés de nous faire vivre le match, nous aider à le comprendre, que par des Bleus auteurs d’une prestation indéniablement mauvaise. Mais il faut bien reconnaître que Denis Balbir et Jean-Michel Larqué auront été au diapason de ceux qu’ils auront fustigés sans cesse.

 

 

Étrange contraste avec ce que pouvait offrir Thierry Roland, pour lequel une minute de silence a été observée avant la rencontre, en pareille circonstance. L’animateur, souvent décrié à raison, était un amoureux du football et de l’équipe de France qui savait exprimer les sentiments des téléspectateurs au cours d’un telle rencontre: déception, frustration, tristesse, colère, espoir. Contrairement à son ancien compère, l’ex-capitaine des Verts aura fait son match sur le registre d'un dénigrement univoque, confinant à une détestation dont il semblait se délecter. Son coéquipier aura surenchéri dans les pleurnicheries et les suppliques geignardes sur le jeu des Bleus sans jamais l’analyser ou expliquer aux téléspectateurs l'origine des problèmes rencontrés par les Tricolores – en dehors de poncifs sur le manque d’envie ou d’implication des joueurs.

 

Il y avait pourtant beaucoup à dire sur les choix de Laurent Blanc et leurs implications tactiques. Le très faible nombre d’appels en profondeur ou encore les dézonages de certains joueurs auraient, entre autres choses, pu être remarqués et mis en perspective comme des points problématiques ou comme les conséquences d’erreurs individuelles, de déséquilibres tactiques ou encore du système défensif adverse. Le profane aurait probablement apprécié de savoir quelles solutions à ces problèmes étaient envisageables. De cela il n’a rien été, et il aura fallu souffrir les incriminations acrimonieuses – qui ont semblé tenir lieu de ligne éditoriale – contre l’équipe de France jusqu’après le coup de sifflet final.

 

Malheureusement, l’absence d’analyse est un classique du commentaire télévisuel et ne choque plus: Jean-Michel Larqué déclarait récemment ne pas perdre son temps à analyser le jeu car cela perdait le spectateur. Le fait marquant, la vraie nouveauté de cette soirée aura été le sentiment d’assister à un procès truqué dont le verdict était établi à l’avance. L’équipe de France avait pourtant réalisé quelques mouvements intéressants et s’était créé des occasions par lesquelles elle aurait pu égaliser, mais Denis Balbir – oubliant toute mesure et certains matches passés de l’équipe de France bien plus piteux – qualifiera cette rencontre “d’humiliation”, sentiment bien connu des masochistes qui subissent une contrainte sans pouvoir répondre ou s’en défaire, ce qui est très exactement l’état du téléspectateur à ce moment.

 

 

Téléspectateur cherche match avec valeur ajoutée ou au moins, sans valeur enlevée, charlatans s’abstenir

 

Ce sentiment de spectacle gâché par les commentateurs est une première pour moi, au point de souhaiter ne plus vivre ça et d'être prêt à payer pour qu’ils se taisent. Si je suis représentatif d’un nombre significatif de téléspectateurs, les chaînes devraient s’inquiéter de que l'exercice banal du commentaire parvienne à dégrader un produit payé le prix fort. Il est d’abord étonnant que cet exercice n’ait pas vraiment évolué depuis plusieurs décennies: un journaliste sportif et un consultant (la plupart du temps ancien professionnel) officient derrière le micro pour décrire ce que le spectateur voit. TF1 ajoutant régulièrement Arsène Wenger en super-consultant, spécialiste des réponses lapidaires. Plus étonnant encore, il n’y a eu aucune tentative d’expérimentation de mode de commentaire différent: une seule personne, des profils atypiques, des rapports statistiques précis en direct, ou encore le seul son d’ambiance du stade.

 

À ce sujet, il avait été demandé à Cyril Linette s’il était envisageable de proposer ce son d’ambiance sans commentaire sur un canal audio séparé (ce qui est techniquement permis par les bouquets satellite, TNT et ADSL i.e. partout). Il avait montré un rejet étrange de cette idée, peut-être par peur de s’aliéner ses journalistes commentateurs, déclarant: “Je ne vois pas l'intérêt”. Pourtant ceux qui fréquentent les stades et en apprécient l’ambiance le saisissent tout de suite, tout comme Christian Jeanpierre – autre commentateur pourtant très critiqué – qui eut la bonne idée de se taire à la fin d’Espagne-Irlande pour laisser les téléspectateurs profiter des magnifiques chants des Celtes, là où d’autres auraient préféré s’écouter parler de l'ambiance du stade.

 

Si l’on peut comprendre que les diffuseurs n’envisagent pas de faire de révolution dans le commentaire de peur de faire fuir le téléspectateur lambda, il demeure étrange qu’ils restent dans le vieux modèle du discours univoque et consensuel quand ils ont la possibilité technique et peu coûteuse d’attirer un public plus large en éclatant l’offre suivant différents type de cible grâce à une large palette de commentaire: un pour le grand public, un spécialisé qui décortique le jeu en direct, un partisan pour chaque équipe... Les possibilités sont larges et bien plus limitées par l’imagination des décisionnaires que par la technique ou la finance.

 

En attendant, le jour béni ou l’on pourra choisir ce que l’on entend au cours d’une rencontre, le prochain match comportera un premier dilemme: couper le son et se priver de l’ambiance du stade, ou le conserver et risquer de devoir souffrir un duo mal luné.
 

Réactions

  • forezjohn le 22/06/2012 à 11h37
    syle
    aujourd'hui à 10h45
    Les commentaires étaient effectivement extrêmement pénibles.
    Et ce que je peux à la rigueur tolérer de Larqué - qui a été un assez grand joueur pour se permettre un avis critique, si lapidaire soit-il - j'ai énormément de mal à le supporter de la part de Balbir, bloqué sur le mode Dupont(d)esque "je dirais même plus".

    Après, n'omettons tout de même pas le match, insupportable en lui-même. Car ce que j'ai vu sur le terrain ce soir-là ressemblait à une très mauvaise plaisanterie.
    Les commentaires ont peut-être été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, mais pas plus. Du moins en ce qui me concerne.
    -----------------------

    Larqué a été un grand joueur mais sa légitimité ne peut pas(plus?) tenir qu'à ça. Le travail des journalistes/consultants c'est quand même d'éclairer le public, apporter des informations inédites et des précisions sur ce qu'on observe, pas répéter en boucle ils sont mauvais/bons.

    Le match des français est mauvais mais un observateur objectif peut trouver quelques actions correctes dans cette débâcle(occasions de menez, benzema, giroud en fin de match), et donc nuancer un minimum le propos.

    Alors qu'on trouve beaucoup de réflexions sur le rôle actuel des journalistes qui, à l'heure d'internet, ne peuvent plus se contenter d’être de simple rapporteur d'informations, mais doivent apporter un éclairage et une mise en perspective des faits bruts, le commentaire sportif à la télé qui déjà semblait bloqué à l'époque de la radio(bidule passe à machin qui tire...), recule encore d'un cran pour ne plus que se plaindre.
    C'est quoi la prochaine étape? de la pub audio en direct ou des pleurs d'enfant en boucle?

  • Raspou le 22/06/2012 à 12h07
    Ce qui est impressionnant, c'est que, moins d'une semaine après sa mort, Thierry Roland est déjà un modèle de bon commentateur.

    Oui oui, le même qui, il y a 8 jours, aurait été en ces pages le symbole de la nullité tactique, de la franchouillardise éreintante, de la vulgarité anti-arbitrale et du racisme ordinaire.

    Moins d'une semaine, c'est beau. Comme quoi, Brassens avait raison contre Hélinant de Froidmont - comparons:

    "Il est toujours joli, le temps passé
    Un' fois qu'ils ont cassé leur pipe
    On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés
    Les morts sont tous des braves types"

    contre

    "Mort distingue rose et épine,
    Paille et grain, orge et farine,
    Les vins purs et les armoisés ;
    Mort sait voir sous voile et courtine,
    Mort seulement sait et devine
    Combien il faut chacun priser."

  • Tonton Danijel le 22/06/2012 à 12h19
    Si ça peut te rassurer, Raspou, il y a aussi des forumeurs qui auraient préféré CJP aux deux vieux du Muppets. Et CJP n'est pas encore mort, ce que je sache.

    Ce que je peux comprendre: quitte à mettre un incompétent aux commentaires, autant qu'il ne passe pas 90 minutes à dénigrer l'équipe. Le dernier match pour lequel j'ai coupé le son pour mettre la radio internet était un match de coupe d'Europe de l'OM, Ferreri m'ayant gonflé au tour précédent, j'ai fait l'expérience France Bleue Provence avec Avi Assouly. Autant dire que ce n'était pas forcément plus pertinent, mais bien plus sympa.

  • forezjohn le 22/06/2012 à 12h55
    Raspou
    aujourd'hui à 12h07

    Ce qui est impressionnant, c'est que, moins d'une semaine après sa mort, Thierry Roland est déjà un modèle de bon commentateur.
    --------------------

    Ce n'est pas ce que je lis : "...souvent décrié à raison" ça ne ressemble pas à un éloge.

    Roland est une référence, au sens ou à peu près tout le monde connait sa façon de commenter. Ce qui est intéressant c'est justement le contraste offert, le fait qu'on se dise "ouais finalement CJP ou TR, c'est pas si mal en comparaison", alors qu'ils sont ou ont été très décriés.

  • karlsvensson le 22/06/2012 à 13h01
    J'ai envie de faire l'amour à cet article. C'est tout ce que je pense avec des mots mieux.

  • Lucarelli 1 le 22/06/2012 à 13h13
    "couper le son et se priver de l’ambiance du stade, ou le conserver et risquer de devoir souffrir un duo mal luné"

    Ouais, concernant l'ambiance du stade (surtout quand il s'agit de l'équipe de France) c'est pas se priver de grand chose que de choisir de couper le son et de rattraper son retard musical en regardant le match. Pour un sublime Fields of Athenry à la fin d'Espagne - Irlande, combien de rasoirs rien du tout ?

  • Nagrom le 22/06/2012 à 13h43
    forezjohn
    aujourd'hui à 11h37

    Larqué a été un grand joueur mais sa légitimité ne peut pas(plus?) tenir qu'à ça. Le travail des journalistes/consultants c'est quand même d'éclairer le public, apporter des informations inédites et des précisions sur ce qu'on observe, pas répéter en boucle ils sont mauvais/bons.
    ________

    D'autant plus que Larqué a justement une carte de presse, ce dont il se gargarise suffisamment pour qu'on lui reproche de ne pas se comporter en journaliste.

  • José-Mickaël le 22/06/2012 à 14h13
    HumLloriste
    aujourd'hui à 10h51
    > Et pourrait même créer des vocations, de l'imagination, des commentaires iconoclastes ou débridés. (Je me rappelle que Rire et chansons l'a fait à un moment.

    Il y a quatre ou cinq ans, j'avais vu sur NRJ12 un match de coupe UEFA (genre Udine-Wigan - d'ailleurs il me semble qu'il y avait une équipe italienne) commenté par toute une équipe de rigolos. D'un point de vue footballistique, ce n'était pas intéressant du tout, mais c'était amusant (surtout si on ne s'intéressait pas aux deux équipes, ce qui était mon cas). Ils avaient même invité F. Lalanne et ils lui demandaient d'improviser des petites chansonnettes pour les actions remarquables (genre : « Attention (bis) , le coup-franc est dangereeeeeeux » - c'est un exemple bidon pour illustrer l'idée), ce qui permettait à Lalanne de s'auto-parodier.

    ------
    Raspou
    aujourd'hui à 12h07
    > Ce qui est impressionnant, c'est que, moins d'une semaine après sa mort, Thierry Roland est déjà un modèle de bon commentateur. Oui oui, le même qui, il y a 8 jours, aurait été en ces pages le symbole de la nullité tactique, de la franchouillardise éreintante, de la vulgarité anti-arbitrale et du racisme ordinaire.

    J'ai toujours défendu Th. Roland et je n'étais pas le seul ici. Quelques jours avant sa mort, on avait parlé de lui sur un des forums (sans doute celui sur le journalisme) et je me souviens que ce que j'avais dit (de positif) avait été suivi d'autres commentaires positifs.

    Par exemple si tu avais parlé de « vulgarité anti-arbitrale », je serais monté au créneau pour rappeler que Th. Roland ne fait justement pas partie de cette caste de commentateurs qui dénigre systématiquement les arbitres et ne pense qu'à vérifier sur le ralenti si la décision était bonne ou pas. L'épisode M. Foote, qui date un peu, est une exception qui se justifie.

  • Roger Cénisse le 22/06/2012 à 14h46
    Je vais me permettre de prendre le contrepied de cet article.

    Je pense qu'on peut tous résumer la prestation des bleus à "indigente". Et ce, malgré tous les choix de Blanc sur lesquels on peut disserter à l'infini. Que je sache, ce n'est pas la présence d'un joueur qui peut prendre la profondeur qui va bizarrement permettre à Nasri et Ben Arfa de jouer en première intention... Plus précisément, la prestation des bleus et le manque flagrant d'envie ne laisse pas beaucoup de doutes : quel qu'ait été le schéma ou l'animation, avec cette motivation, le résultat aurait sans doute été le même.

    Du coup, que faire ? Se contenter de commenter le jeu (enfin, l'absence de jeu) ? Disserter sur la tactique (et se prendre des scuds du genre "qu'est-ce qu'il y connaît ?")

    Désolé, moi, en regardant le match de mardi soir, j'étais parfaitement en phase avec les commentaires. Gloser sur la tactique n'apportait à mon avis rien, puisque c'est l'attitude et non la tactique des bleus qui pêchait.

    Après, oui, on aurait pu dire "mais si on avait pris Gameiro devant, la profondeur, si Rémy avait pas été blessé, ...", et en effet, le fait est que Blanc a sélectionné beaucoup de profils identiques et se prive d'alternatives tactiques. Mais franchement, qui n'a pas été énervé voire atterré mardi soir par l'attitude de nos joueurs ?

  • johnny gategueune le 22/06/2012 à 14h57
    Roger, j'ai regardé le match sur Be In, je peux t'assurer que c'était un tout autre match. Un match complètement différent. Je ne sais pas combien de personnes se laissent embarquer par la vindicte de JML et le suivisme de DB, mais ce doit être alarmant.

    Que ce soit sur Ménez contre l'Ukraine ou sur Nasri contre la Suède, j'ai trouvé leur acharnement révoltant - et pourtant je suis vacciné de ces deux-là.

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