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L'État, providence du football

Les clubs pros se sont arrangés avec l'Élysée pour que le robinet à argent public ne soit pas coupé, au moment où l'État arrose les villes pour faire pousser les stades...
Auteur : Jamel Attal le 14 Dec 2009

 

La bataille parlementaire autour du Droit à 'limage collective (DIC) a connu une fin paradoxale, et plus discrète que les gesticulations suscitées par la menace d'une suppression immédiate de ce dispositif fiscal qui exonère les clubs et les footballeurs de charges sociales pour un tiers de leur revenu brut. Un privilège si mal ressenti en cette période de crise que ce sont des députés UMP qui s'y sont attaqués (lire "Des niches menacées de démolition"). À force de lamentations publiques et de lobbying en coulisses, les clubs professionnels ont obtenu un sursis, avec l'extinction du dispositif reportée à juin prochain. Une petite victoire dont on s'est étonné qu'elle satisfasse des patrons que l'on avait vus remontés comme des coucous à l'idée que l'on touche à ce que Jean-Michel Aulas avait– avec son humour si singulier – requalifié de "prime pour l'emploi".

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Sarkozy de la main gauche
L'explication a été donnée par Le Figaro et Les Echos, qui ont relatée la réception, par Nicolas Sarkozy et Claude Guéant à l'Élysée, dudit Jean-Michel Aulas, de Frédéric Thiriez et de Jean-Pierre Louvel (président de l'Union des clubs professionnels de football), mardi 1er décembre. Le plus président de ces présidents n'aurait pas été insensible à l'appel de celui de la LFP dans Le Monde, quelques jours auparavant ("Nous en appelons au président de la République, lui au moins aime le sport") – plus qu'à sa menace de "grève du football"...

Car selon Les Echos, le chef de l'État a donné à ses invités l'assurance que dans le prochain collectif budgétaire qui sera adopté en début d'année, un abondement de 25 millions d'euros du fonds d'aide au PME sera accessible aux clubs professionnels afin de compenser l'absence du DIC, ce jusqu'en 2012 (son échéance initiale). En substance, le président de la République redonne de la main gauche ce que le Parlement prend de la main droite – avec au passage une bonne opération de communication qui a permis de dire une chose et de faire son contraire.


Averse de millions
Et comme c'est Noël, le football français s'est également vu promettre l'abandon de la hausse, de 5 à 5,5%, de la taxe Buffet destinée à financer le sport amateur et la lutte contre le dopage (1). "Tout cela va dans le bon sens", a déclaré Jean-Claude Dassier, qui a confié au Figaro avoir dîné avec Jean-Michel Aulas, Jean-Louis Triaud, Robin Leproux et Nicolas de Tavernost: "Il est naturel que les patrons du Big Four se parlent. Nous avons des intérêts communs".

Le flot de bonnes nouvelles ne s'est pas tari pour autant, puisque l'État a également distribué les 150 millions d'euros d'aide aux villes candidates à l'organisation l'Euro 2016. 28 millions pour Lille, 20 pour Lyon et Bordeaux, 11 pour Lens, 8 pour Saint-Étienne, etc. De quoi ragaillardir des municipalités pas toujours enclines à subventionner des projets dont les futurs bénéfices seront privatisés. Le coup de pouce vient après l'amendement au projet de loi sur le tourisme (2) adopté en juin, qui accorde aux projets de stade (même "100% privés" comme le prétend Jean-Michel Aulas de son Ol Land) le label de "l'intérêt général" – ce qui accélère les procédures et permet de financer les infrastructures d'accès par des deniers publics.

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Subventions sans contrôle
Cette générosité des pouvoirs publics envers le football peut être mise en regard avec les dix millions d'euros royalement débloqués par Patrick Devedjian, ministre de la Relance, au profit des équipements sportifs de proximité. Une somme à compléter... par les collectivités et des partenariats publics-privés. Mais il est encore plus intéressant de la confronter à ce rapport de la Cour des comptes, publié le 10 décembre, qui fustige les "prises de risque juridiques, financiers et patrimoniaux mal maîtrisés de la part des collectivités" avec l'argent qu'elles consacrent au sport professionnel. Paris a ainsi versé 1,5 million d'euros qui ont "servi à 'atténuer l'ampleur des déficits' chroniques du PSG. Sans que le club assure en contrepartie toutes ses 'missions d'intérêt général'" (Le Monde, citant le rapport).

L'ensemble du football français a perçu 32 millions d'euros en 2006, 20% du montant total de ces aides publiques. Cette année-là, l'Olympique lyonnais "a bénéficié de 2,7 millions de concours publics locaux (...) soit 2,5% de ses recettes d'exploitation" (Le Figaro). Théoriquement plafonnées (3), les subventions publiques empruntent souvent des voies détournées. Par exemple via des redevances d'exploitation des stades (que payent les clubs aux municipalités propriétaires) à prix d'amis, ou des achats d'espace publicitaire et de places au stade. (4).


Toujours prompts à s'indigner du joug de l'impôt en France, à faire l'apologie des stades "privés" ou de l'entrée en bourse, nos dirigeants de clubs n'en sont pas moins des experts quand il s'agit d'employer l'argent public à leur profit, avec la complicité d'élus qui inhalent la fumée des "bénéfices d'image" ou voient dans le sport un bel outil électoral autant qu'un excellent terrain d'influence. Le football français, c'est tout un programme politique: divertir le peuple, faire huer l'arbitre, continuer de privatiser les bénéfices et de mutualiser les pertes.



(1) Ce qui menace directement le budget de l'Agence française antidopage (AFLD).
(2) Au prétexte que les stades favorisent le "tourisme événementiel". Lire "L’Euro 2016, cause nationale" de Renaud Lecadre sur liberation.fr.
(3) 2,3 millions pour un club, et uniquement pour des missions d'intérêt général. Le Clermont Foot Auvergne a, à ce titre, reçu 317.000 euros pour faire assister des jeunes aux entrainements et leur offrir des séances de photo et de dédicaces avec les joueurs.
(4) Parmi les méthodes de contournement des plafonds autorisés, le rapport pointe l'achat, par le Conseil général des Bouches-du-Rhône, de 84.000 places au Vélodrome en trois ans (pour près de deux millions d'euros), "75% des places [ayant] été attribuées par les élus sans aucun contrôle". Le rapport s'inquiète aussi des "80 à 150 millions d'euros" que la région devra débourser à Lyon pour construire les moyens d'accès au futur stade. À Istres, les billets de stade sont de facto subventionnées à hauteur de 65%. Lire "Des subventions hors-jeu pour cajoler les clubs pros" sur liberation.fr.

Réactions

  • suppdebastille le 14/12/2009 à 21h13
    "FPZ
    lundi 14 décembre 2009 - 18h56
    suppdebastille
    lundi 14 décembre 2009 - 17h41
    [...]
    Pour le coup, une taxe payée ou non selon le bon vouloir des maires me semble une mauvaise taxe.
    -----------
    Et la différence (du simple au triple !) de taux d'imposition pour les taxes locales, c'est décidé selon le bon vouloir de qui ?

    Il ne me semble pas illogique que chaque collectivité territoriale fixe un niveau d'imposition et de subvention "individuellement", en fonction des enjeux (politique / économique) locaux, si ? "

    Tout à fait, si on compare Paris et Lyon, le choix politique semble nettement plus marqué à gauche à Paris dans le cas de la taxation des clubs de foot et on peut aussi ajouter que pour Lyon l'OL est une vitrine alors que pour Paris le PSG continue à avoir une image plutôt négative pour la ville.

  • cagouille le 14/12/2009 à 21h26
    Ce qui m'étonne le plus avec ces subventions, c'est le montant des sommes en fait. En gros (à part pour la construction de stades) ça tourne toujours entre 1 et 3 millions d'euros, soit une somme plus ou moins négligeable pour des gros clubs de foot dont le budget se compte en dizaines de millions (en gros ça fait un Bourillon non? si je me souviens bien). Par contre pour une municipalité la somme est beaucoup plus significative en gros les pertes que ces subventions représentent pour la commune me paraissent plus importantes que les bénéfices que les clubs en retirent.

  • Qui me crame ce troll? le 14/12/2009 à 22h06
    Ca fait beaucoup 1 million d'euros pour une grande ville comme Paris (je viens de regarder rapidement que les recettes fiscales sont de 2,5 milliards d'euros)?

  • Hydresec le 14/12/2009 à 23h57
    "Toujours prompts à s'indigner du joug de l'impôt en France, nos dirigeants de clubs n'en sont pas moins des experts quand il s'agit d'employer l'argent public à leur profit, avec la complicité d'élus qui inhalent la fumée des "bénéfices d'image" ou voient dans le sport un bel outil électoral autant qu'un excellent terrain d'influence."

    Mazette, du Serge Halimi dans le texte, ou quasi : je me régale !

    Tant qu'une législation fiscale unique ne s'imposera pas sur tout le territoire européen (et pourquoi pas fifesque ?), des embrouilles du style de ce DIC perdureront, se multiplieront, prospéreront.
    Loin, très loin de moi l'idée de défendre la politique fiscale menée en l'espèce et l'attitude de certains grands capitalistes du sport français, mais il faut bien reconnaître que face à la concurrence déloyale - il n'y a pas d'autre terme - qui sévit à l'étranger (l'Espagne et l'Angleterre au 1er rang), les patrons du foot hexagonal n'ont pas toujours les moyens de lutter à armes égales. Je leur trouve donc quelques circonstances atténuantes à pleurnicher sur les quelques millions qu'ils espèrent gratter auprès des collectivités territoriales et de l'État.

    Et c'est bien là le problème, pour ne pas dire le scandale : j'adore le foot mais quand on voit le montant des subventions accordées par la plupart des municipalités aux clubs pros, surtout au regard de budgets communaux souvent ric rac, on peut se demander si nos élus ont encore les sens des priorités, pour ne pas dire des urgences.

    À Angers, par exemple, le maire subventionne généreusement le SCO, mais du coup ne veut pas entendre parler de la construction d'un nouveau stade (qui serait financé majoritairement par la ville, bien entendu). Du coup le président Bernard gueule de temps en temps en conférence de presse - et ne s'en est pas privé durant la campagne des Municipales. Mais s'est bien vite calmé une fois le maire sortant réélu, qui lui a fait comprendre qu'il en avait un peu marre de tenir le club à bout de bras à coup de rallonges budgétaires - ce qui est en partie vrai. Un sympathique jeu de "je te tiens tu me tiens par la barbichette" qui doit se retrouver un peu partout en France et qui est symptomatique du problème de financement des clubs pros.

    Le jour où les émirs ou les oligarques gaziers se pencheront sur l'Hexagone, ça changera sûrement bien des choses, mais y-at' il une majorité de supporters pour souhaiter que leur stade favori soit rebaptisé "Petroleum Arena" ?

  • Le_footix le 15/12/2009 à 00h05
    Ce que la Cour des comptes critique c'est pas la subvention, c'est l'usage qui en est fait - par rapport à ce que le PSG est censé en faire. La Mairie file des subs pour que le PSG assure des animations pour les jeunes en matière de foot; intention louable. Ou pas, mais elle n'a rien à voir avec le foot pro. On ne peut donc pas dire que "le PSG est subventionné par Delanoe". Seulement voilà la fondation que le PSG a chargé de réaliser cette mission est essentiellement financée par une autre subvention. C'est donc un détournement de fonds où la Mairie est selon moi responsable (manque de vigilance) mais pas coupable (à moins qu'elle n'assume ce détournement).

    Effectivement par rapport au budget de la Ville c'est pas énorme, c'est un petit ruisseau qui fait les grandes rivières. Tout comme le DIC d'ailleurs (je répète hein, mais 30 millions d'euros sur les 25 milliards de déficit de la Sécu, c'est un petit ruisseau).

    Actuellement, la polémique concernant la Ville et le sport concerne beaucoup moins le PSG que le projet de stade neuf destiné au Stade Français.

  • Tricky le 15/12/2009 à 22h40
    L'abbé Sandratana
    lundi 14 décembre 2009 - 13h18
    Pourtant je suis bien de gauche, mais les raisonnements fallacieux me donnent de l'urticaire.
    -----------------
    in Royal (Ségolène), Mémoires d'exil, La Découverte, 2013.

    J'adore l'utilisation de 'politique' comme adjectif disqualifiant. Ceci étant, un clic rapide vers Y! Sports devrait satisfaire ton purisme footballistique à peu de frais.

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