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La Premier League, première en économie

25 ans après sa création, la Premier League a imposé une suprématie économique qu'elle devrait encore renforcer dans les années à venir. Mais pour ressusciter le football anglais, il aura d'abord fallu le tuer. 

Auteur : Jérôme Latta le 17 Août 2017

 

 

La Premier League a fêté le 15 août son vingt-cinquième anniversaire. L'anniversaire d'une scission, puisque cette Premier League est née en se séparant de l'English Football League sous l'impulsion des clubs de l'élite. Alors que le football anglais se relevait à peine de ses années noires – celles du hooliganisme, des catastrophes meurtrières dans les stades et de la suspension de ses clubs de toutes coupes d'Europe –, peu se doutaient que l'événement préludait à vingt-cinq années de conquête du monde.

 

Aujourd'hui, la Premier League s'est imposée, en particulier sur les nouveaux territoires asiatique et nord-américain, comme "le meilleur championnat du monde". Si l'affirmation est très contestable sur le plan sportif, on ne peut que constater la suprématie économique de la PL, encore accentuée par le dernier contrat des droits de télévision.

 

 

Une nouvelle élite

Pour appréhender la transformation de la First division en Premier League, on peut comparer la liste des vainqueurs de cette dernière avec celle des 25 saisons la précédant. Le point commun réside dans la domination d'un club, l'ère Manchester United succédant à l'ère Liverpool (et la disette de Liverpool à celle de Manchester United)…

 

On relève surtout que le "Big Four" de la PL [1], qui y a trusté 23 des 25 titres, n'en avait remporté que 4 lors du quart de siècle précédent. Et encore a-t-il fallu les divines surprises de Blackburn en 1995 et de Leicester en 2016 pour que le carton ne soit pas plein. Inversement, Everton (9 titres) et Aston Villa (7) sont passés à la trappe de l'histoire.

 

 

 

 

 

La Premier League a produit ses propres "grands" clubs, ceux qu'elle a enrichis plus que les autres. Notamment ceux qui ont bénéficié d'investisseurs puissants, n'ayant pas beaucoup de légitimité historique: Chelsea remporte son second titre national en 2005 et Manchester City son troisième en 2012. Les autres, Manchester United, Arsenal et Liverpool auront pu s'appuyer sur leur popularité et leur statut pour se développer. Tous sont montés dans le bon wagon. En 2014, cinq des six clubs les plus dépensiers ont fini dans les six premières places. En 2015, six. En 2016, quatre [2].

 

 

Une croissance phénoménale

Les montants annuels des droits TV domestiques sont passés de 38 millions de livres en 1992-1997 à 1,7 milliard aujourd'hui, soit une multiplication par… 45. Une récente analyse de la banque Citi estime même qu'en raison de l'arrivée d'Amazon sur le marché des droits sportifs, Sky, principal diffuseur, pourrait devoir dépenser 600 millions de livres de plus par an pour conserver sa position lors du prochain appel d'offres. Un marché qui intéresse d'autres nouveaux opérateurs, comme Google, Apple, Facebook et Netflix.

 

De 2009 à 2015, les revenus de la Premier League ont progressé de presque 100%. Tous les indicateurs économiques décrivent les écarts creusés avec les autres championnats européens majeurs: des recettes globales équivalant à celles de la Bundesliga et de la Liga réunies (ceci en 2015, avant l'accroissement de 71% des droits domestiques) ; deux fois plus de droits TV que la Liga qui vient en deuxième position ; des coûts salariaux doubles de ceux de la Serie A, deuxième également.

 

 

 

Pour l'heure, les clubs anglais peinent à traduire leur supériorité économique sur le plan sportif, du moins si l'on en juge à leurs contre-performances lors des dernières Ligues des champions (l'Angleterre a ainsi régressé à la troisième place du coefficient UEFA des clubs, derrière l'Espagne et l'Allemagne). Mais les clubs anglais, du moins les plus riches ou les plus malins d'entre eux, ne devraient pas trop tarder à convertir en résultats cette puissance de feu qui leur permet d'acheter tout ce qu'il y a de meilleur: joueurs, entraîneurs, préparateurs, recruteurs, formateurs, statisticiens et ainsi de suite jusqu'au jardinier. 

 

 

 

 

La rançon de la prospérité

Le championnat anglais a accompli le tour de force d'avoir capitalisé sur la tradition tout en la trahissant de manière spectaculaire : abandon de stades mythiques au profit d'usines commerciales, abandon du public populaire et de l'ambiance dans les tribunes, abandon des jeunes joueurs locaux, abandon de l'équipe nationale [3]. Mais, bénéficiant au départ du déclin du football italien, il a imposé sa réputation de meilleur spectacle de football au monde et profité de son avance pour étendre son empire sur des continents entiers de nouveaux consommateurs. Quitte à se déposséder de lui-même.

 

Car cette success story a exigé son lot de sacrifices: la reconnaissance de la supériorité des entraîneurs étrangers, la mise en minorité des joueurs anglais, la vente des clubs à des oligarques russes, des milliardaires asiatiques et des fonds d'investissement américains (en 2015, trois clubs sur quatre étaient détenus par des capitaux étrangers), l'inflation du prix des places et des abonnements aux télévisions payantes, l'éviction du public populaire, les exactions de certains propriétaires contre leurs clubs, l'évitement fiscal, les circuits financiers obscurs [5], etc.

 

Des résistances s'expriment cependant en Angleterre, et elles sont particulièrement significatives [4]. Mais on ne voit pas précisément ce qui pourrait mettre un terme ou un frein à l'hégémonie et à la croissance économique de la Premier League – éclatement de la "bulle" financière, Brexit ou déclin de l'empire. À l'avant-garde de la révolution industrielle du football, la Premier League continue d'avancer plus vite que les autres.

 


[1] Le "Big Four" était censé désigner Manchester United, Liverpool, Arsenal et Chelsea, mais Manchester City a damé le pion aux Reds.
[2] Selon une étude sur le site de la BBC.
[3] La Premier League cultive néanmoins quelques paradoxes. Son système de répartition des droits TV est des plus égalitaires : en 2015/16, le premier du championnat a touché seulement 1,5 fois ce qu'a perçu le dernier, contre 5 en Espagne, 4,7 en Italie, 3,8 en France et 2 en Allemagne. La League y a mis en place son propre fair-play financier en 2014, consistant à empêcher de dépenser en transferts et salaires la hausse des revenus télévisuels. On lui prête aussi l'intention d'avancer la fin du mercato estival, qui précéderait alors la reprise des compétitions.
[4] Les supporters se fédèrent pour protester contre le prix des places, revendiquer le retour des tribunes debout, voire reprendre des petits clubs en propriété collective. Les équipes des divisions inférieures continuent d'attirer des fans en nombre, qui y défendent la persistance d'un football populaire.
[5] Un récent index de l'intégrité dans le sport britannique classe le football au dernier rang, les enquêtés exprimant une défiance croissante à son encontre. 
 

Réactions

  • Daijinho le 23/08/2017 à 12h08
    JauneLierre
    18/08/2017 à 14h26

    Où l'on voit qu'une élite existait déjà, au niveau du palmarès, et qu'elle est simplement passée de 8 à 6 clubs sur une période équivalente.

    --
    Ou plutôt de 6 à 4. Blackburn et surtout Leicester constituent les mêmes anomalies (la fameuse incertitude du sport) que Derby County et Notts Forest, coachés par Clough, le Ranieri des années 70, en leur temps.

    Mais la comparaison des titres est trompeuse. Si Liverpool était ultra dominateur, on avait de la variété aux accessits, ce qui se voit moins de nos jours, où il faut partir à la 8ème-10ème place pour voir une absence de hiérarchie bien établie.

La revue des Cahiers du football