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Pourquoi la Turquie va organiser l'Euro 2016

Le duel entre la France et l’Italie pour l’obtention de l’organisation de l’Euro 2016 a occulté l’ambitieux dossier turc. À tort.
Auteur : Bozan-Sarp Gunes (avec D. R.) le 26 Avr 2010

 

Grand prix de Formule 1, championnats du monde d’escrime 2009, championnats du monde de basketball 2010, finale de la Ligue des champions 2005, Finale de la Coupe de l’UEFA 2009… La Turquie multiplie depuis quelques années l’accueil de grands événements sportifs. L’un des buts avoués de cette politique est de démontrer à la communauté sportive internationale le savoir-faire turc en la matière. Et d'obtenir, à terme, l’organisation des Jeux olympiques d’été, à laquelle Istanbul est un candidat malheureux depuis 2000.


euro2016_turquie_logo.jpgNouvelle donne
La candidature turque à l’organisation de l’Euro 2016 (1) entrait initialement dans cette stratégie. Initialement, puisque depuis quelques mois, le pays s’est pris au jeu, à tel point qu’il devient difficile désormais de trouver un écho dans les journaux ou une déclaration officielle sur "Istanbul 2020". Le dossier a gagné en crédibilité. Au départ, parce peu d’informations filtraient de la Fédération turque de football. Désormais, parce que la Turquie a abattu ses cartes lors de la présentation du dossier de candidature à l’UEFA, le 15 février dernier. Depuis, le comité d’organisation a mis en œuvre une campagne de communication de grande ampleur sur place et à l’étranger: affichage dans les quartiers touristiques des villes hôtesses, publicités presse et télévisée, tandis que la compagnie aérienne nationale Turkish Airlines valorise ses propres contrats de sponsoring avec le FC Barcelone et Manchester United. L'outsider a redistribué le jeu.


Huit nouveaux stades
Infrastructures, accueil des supporters, stades... la Turquie s’engage à répondre au volumineux cahier des charges de l’UEFA, et dépasse parfois des exigences de l’organisation européenne.
Pour les enceintes sportives, six des neuf sites seront construits à l’occasion de la compétition (2). Et n’a pas postulé qui "pouvait", comme en France et en Italie, mais qui "pourrait". Les villes hôtesses ont été choisies par le gouvernement, grand sponsor du dossier avec 915 millions d'euros dédié à la construction des infrastructures, dans un souci affiché d’aménagement de territoire. Exit, donc, deux des quatre stades stambouliotes (Besiktas et Fenerbahce – 3), et place à de nouveaux écrins d’au moins 30.000 places, respectant les prescriptions de l’UEFA (zone media, places hospitalité, services aux spectateurs…), à Konya, Izmir, Eskisehir, Antalya, Bursa et Ankara. À ceux-ci s’ajoutent le flambant neuf Kayseri Stadium, le très prochainement inauguré Turk Telekom Arena du Galatasaray, et le Stade Olympique d’Istanbul.

euro2016_turquie_stades.jpg
Projets de nouveaux stades à Antalya et Ankara.

Meilleur dossier technique en 2012
Mais sera-t-il possible de livrer toutes ces enceintes avant la date limite de juin 2014, imposée par l’UEFA? Les Turcs le promettent, et arguent de la puissance des groupes de BTP locaux, des "facilités" administratives de procédure de construction, et du nombre modéré d’écologistes et de riverains pour s’opposer aux projets. Et ils ne manquent pas de rappeler que cinq Arenas de basketball, neuves ou largement rénovés, ont été construites sans problème pour accueillir les championnats du monde de septembre 2010. Compétition obtenue d’ailleurs au détriment de la France…
Le "dossier stades" de la Turquie est l'héritier de celui présenté en 2012. Déjà candidate lors de la précédente édition de l’Euro, la Turquie avait en effet été classée première par les services techniques de l’UEFA, avant que le duo Pologne-Ukraine, seulement troisième, ne lui soit préféré. Notamment pour des raisons politiques.

euro2016_turquie_carte.jpg


Un symbole fort
La Turquie insiste sur la dimension symbolique à sa candidature, et la presse n’a de cesse de vanter l'héritage que laisserait la compétition au pays. Le gouvernement de la quinzième économie mondiale a promis près de trente milliards d’euros d’investissements, notamment pour moderniser les réseaux de transport, les infrastructures routières et hôtelières. L’argument turc revient en boucle auprès de l’UEFA: "Certes, la France et l’Italie sont de grands pays de football, avec une longue tradition d’organisation de compétitions d’envergure, mais donnez-nous l’occasion de les rejoindre et de développer notre pays" (lire ci-dessous).
La Turquie ne lésine d’ailleurs pas sur la publicité comparative: Istanbul accueille presque autant de touristes que Paris ou Rome. Antalya vaut les plages de la Côte d’Azur. En moins cher. L’aéroport flambant neuf d’Istanbul se veut plus accueillant que Roissy. La sécurité à Ankara est meilleure qu’à Naples ou Marseille, statistiques à l’appui …

Le jour de la désignation, si elle n’obtient pas l’Euro 2016, la Turquie criera au complot suisse (4) ou dénoncera le lobbying de Michel Platini. D’ici là, elle rappelle avec force sa vocation européenne et veut croire au miracle.


(1) L’UEFA choisira le pays hôte le 28 mai 2010 entre la France, l’Italie et donc la Turquie
(2) Concernant la répartition des stades, la question de la partie orientale de la Turquie et notamment la partie kurde a été finement abordée: aucun stade n’existe dans cette zone, à l’exception de deux stades de réserve. Impossible pour les observateurs de dire que cette région a été oubliée, alors que les enceintes ont peu de chances d'y voir le jour…
(3) Décision courageuse de la part du comité quand on connaît les qualités en lobbying de ses deux club, surtout Fenerbache qui possède un stade flambant neuf hôte de la dernière finale de C3.
(4) Depuis les incidents de Turquie-Suisse en 2005, une certaine presse pense que les Suisses savonnent la planche de la Turquie auprès des instances internationales du sport domiciliés sur le territoire helvète.

> Pourquoi l'italie va organiser l'Euro 2016


La Turquie, l’autre pays du foot
Les Turcs ont un complexe, et un défaut: leur truc, c’est de perdre dans le money time alors qu’ils mériteraient de gagner. Que ce soit sur ou en dehors du terrain. La demi-finale de Coupe du monde 2002 et la demi-finale de l’Euro 2008 resteront ainsi longtemps en travers de la gorge de tout un pays. Malgré tout, Galatasaray a commencé à briser le sort en gagnant le premier et seul trophée européen du pays, réalisant aussi l'exploit de réunir la nation entière. Car le football turc veut pouvoir rivaliser avec les grands championnats, et quand un club de Süperlig réussi un coup en coupe d’Europe, il rassemble les 70 millions de supporters que compte ce pays.

euro2016_turquie_poster.jpgLe football est en Turquie un sujet de conversation obsessionnel, et il n’est pas besoin d’une sortie médiatique du sélectionneur pour cela: le moindre remplacement ou transfert d’un joueur de seconde zone fera la une, et sera relayé dans la presse généraliste. Une journée sans football n’existe pas en Turquie, où il est consommé immodérément en presse sportive, paris, chaînes payantes, boutiques spécialisées...
Au centre de l'attention générale, les grands clubs souffrent parfois de cette passion tant chaque erreur leur coûte cher – au propre comme au figuré: Fenerbahçe, premier budget national, est capable de dépenser des dizaines de millions en recrutement chaque saison pour satisfaire ses supporters. Les clubs n’ont pas à rougir du niveau de leurs effectifs (1), ceux d’Istanbul jouent à guichets fermés depuis plusieurs saisons, et les derbies sont des matches d’une intensité sportive et extra-sportive rare (4).

La Turquie, qui projette sur la scène sportive européenne un sentiment d'exclusion plus général – entretenu par la porte close de l'UE – est frustrée de ne pas être reconnue comme un grand pays de football alors qu'elle en a tous les attributs, ou de voir son championnat réduit à des stéréotypes... Il est difficile de prendre la mesure des résonances qu'aurait l'obtention de l'Euro 2016, dans le pays et en dehors.


(1) Galatasaray, Fenerbahçe, Besiktas possèdent tous des effectifs composés de joueurs internationaux. Les dix premiers clubs de Süperlig comptent également beaucoup d’internationaux – africains ou des pays de l’est majoritairement.
(2) Fenerbahçe-Galatasaray serait le derby le plus "chaud" du monde. Réputation honorée avec le match retour à Ali Sami Yen lors de la saison précédente: quatre expulsions, deux bagarres générales, dix joueurs en conseil de discipline avec des suspensions jusqu'à huit matches...

Réactions

  • le_merlu_frisé le 26/04/2010 à 20h47
    "une certaine presse pense que les Suisses savonnent la planche de la Turquie auprès des instances internationales du sport domiciliés sur le territoire helvète"

    En même temps, y'a de quoi être hésitant sur la question sécurité. Fatih Terim qui se la joue Kadhafi avec la Suisse, les autorités et la fédé s'en fout. Les Suisses accueillis sous insultes et jets à l'aéroport, puis durant tout leur séjour, la même. Coup de sifflet final, Terim exhorte ses joueurs à aller casser du Suisse, la fédé s'en fout. D'ailleurs il a rien eu et était encore en poste pour les dernières qualifs.

    Bon, si y'avait que ça ... mais les soucis de violence dans le foot turc (valable aussi pour le basket, je pense et j'espère que ça se passera bien en septembre, Turquie et Grèce dans le même groupe ..) sont quand même très réguliers. Récemment (mars ? avril ?), je crois qu'un match a dégénéré en jets de pierres.

    Je suis sûr que les Turcs sont capables d'empêcher ça, mais je pense que c'est un questionnement pour ceux qui choisiront l'hôte de l'Euro 2016.

    Enfin après, je sais pas où en sont les Italiens avec ces soucis là.

  • Toni Turek le 27/04/2010 à 05h33
    Ca va relancer le débat du "la Turquie est-elle dans l'Europe ?"...

    Concernant la répartition des stades, cela ne sera pas un obstacle. Côté français, le grand Est était absent lors de la Coupe du Monde 98, et pour l'Euro 2016, l'Ouest ne sera pas représenté.

    "La Turquie est frustrée de ne pas être reconnue comme un grand pays de football alors qu'elle en a tous les attributs, ou de voir son championnat réduit à des stéréotypes..."
    ====> Avoir aussi peu de clubs couronnés (4 seulement !) champions depuis 50 ans joue peut-être un rôle là-dedans ?

  • Tonton Danijel le 27/04/2010 à 12h42
    4 seulement, et 3 dans la même ville qui plus est!

  • Hydresec le 28/04/2010 à 00h12
    "La sécurité à Ankara est meilleure qu’à Naples ou Marseille, statistiques à l’appui …"

    --> Il était bon de le signaler. Je n'ai aucune stat à proposer, juste une impression : je me suis senti bien plus détendu du sac banane à Istanbul qu'à Séville... ou Paris. Il faut dire que la présence policière (ou de l'armée, je n'ai jamais trop su les distinguer) est plutôt marquée, sans être non plus omniprésente - ce n'est pas Tel-Aviv non plus.

    Tout ça pour tenter de rassurer le Merlu : si les autorités turques décrètent prioritaire la protection des joueurs et supporters adverses, je ne me fais pas trop de soucis sur la gestion d'éventuels débordements (Mais je suis un garçon naïf, je peux donc me tromper).

La revue des Cahiers du football