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Pippo, pour de vrai

Passe en retraite - En 2012, Filippo Inzaghi a cessé de plonger, de crier et surtout de marquer. Et finalement, on le regrettera.

Auteur : Christophe Zemmour le 15 Jan 2013

 

23 mai 2007, Athènes. Le Milan AC remporte sa septième C1 aux dépens du Liverpool FC (2-1). Son attaquant Filippo Inzaghi a inscrit un doublé qui porte sa signature: un coup franc de Pirlo détourné par une zone indéterminée du haut de son corps (poitrine, épaule?) et un duel remporté face à Pepe Reina après avoir été lancé à la limite du hors-jeu par Káká. Deux buts pour une frappe, ce diplômé en comptabilité a toujours eu le goût des chiffres et de l’Europe.


Un but tous les deux matches

Celui qu’on surnomme Super Pippo est tout simplement l’un des meilleurs artificiers de l’histoire des Coupes du Vieux Continent. Il est l’auteur de 69 buts en 112 matches, dont 50 en 85 rencontres de C1, compétition qu’il a remportée deux fois avec une contribution significative (notamment 2003 et un quart de finale retour incroyable face à l’Ajax Amsterdam). Ses blessures en fin de carrière l’ont surement empêché de respecter plus longtemps cette moyenne située au-dessus d’une réalisation toutes les deux rencontres. Le plus étonnant, c’est que Filippo Inzaghi tourne souvent autour de cette statistique, quel que soit le découpage saison/équipe/compétition.

 

 

 

 

Au total, il aura planté 268 buts en 576 matches. Il est le joueur de Serie A ayant inscrit le plus de triplés (10) lors des vingt-cinq dernières années. Cet amour de la Coupe d’Europe et du but, Inzaghi l’a tout de suite affiché, avec 6 pions lors de la campagne de C1 1997/98 avec une Juventus Turin qu’il qualifie pour les quarts – au nez et à la barbe du Paris Saint-Germain, pourtant crédité de douze points [1], grâce à un but marqué à Peter Schmeichel lors du dernier match de poule contre Manchester United.

 


"Au bon endroit"

Cette efficacité qui lui a valu l'adoration des supporters de ses équipes a souvent conduit ses adversaires à une franche détestation. C’est peu dire que Pippo Inzaghi arborait un style peu apprécié des esthètes et des puristes, fait de buts de raccroc, de plongeons pas toujours justifiés, d’un sens du dribble très spécial et de jérémiades en cascade. Il a surtout été un attaquant qui accomplissait son boulot de buteur, en sachant remarquablement se démarquer, jouer avec les lignes, appeler les ballons à la limite du hors-jeu et croire toujours en la réalisation finale.

 

Les Lyonnais et Vikash Dhorasoo le savent: “Pippo, c’est le mec à qui le poteau fait une passe décisive.” L’idéaliste Johan Cruyff dit de lui qu’il "ne sait pas jouer au foot, c'est juste qu'il est toujours au bon endroit.” La constante controverse autour de son style de jeu a en fait contribué à faire son charme, et de lui un footballeur à part. Les mots les plus amusants et les plus justes à son sujet sont sans doute ceux d'Alex Ferguson: “Inzaghi est né hors-jeu.” Oui, il est hors des conventions, loin de tous les canons du beau joueur.

 


Un joyeux rare

Et quand il marquait un but, ça se voyait. Super Pippo les célébrait avec une rage et une joie démesurées, quelle que soit la rencontre, quel que soit l’enjeu. Il courait, exultait, communiait avec les supporters. Il remerciait ses coéquipiers – mais seulement dans les vestiaires, d’après Zidane qui le côtoya à la Juve. Sa joie était personnelle, parfois jugée arrogante et provocatrice. Ces adversaires s’étonnaient surtout de voir cet attaquant à la conduite de balle empruntée parvenir à leur filer entre les pattes et à être décisif. Lilian Thuram, interrogé en mars 1998, après un match de Serie A entre le Parma AC et la Juventus Turin au cours duquel Inzaghi remonte un handicap de deux buts, déclare un peu incrédule: ”Il n’est pas très technique et pourtant, il est là, il marque deux buts.”

 

Pippo fait partie de cette espèce que l’on craint en voie d’extinction, celle des renards de surface. Cela ne l’a pas empêché de former des duos offensifs de niveau international, avec Del Piero à la Juve ou Chevtchenko au Milan AC. Cependant, l’arrivée en 2000 de David Trezeguet chez les Bianconeri le pousse à partir, doucement mais surement. Leurs profils similaires étaient difficilement compatibles et le français possédait une panoplie de gestes certainement plus complète.

 


Les maux azzurri

Trezeguet est aussi de ces attaquants au destin contrariant, même s’il a plus eu l’honneur de s’illustrer en compétition internationale. Comme lors de cette finale de l’Euro 2000, à laquelle Inzaghi assiste depuis le banc de touche, alors qu’il était encore titulaire en demi-finale. Ce soir-là, Dino Zoff lui préfère Marco Delvecchio, comme d’autres sélectionneurs lui préférèrent ou préféreront Christian Vieri ou Luca Toni. Pippo saura être de quelques bons coups, puisque si une blessure lui épargne l’échec de l’Euro 2004, il fait partie du groupe champion du monde en 2006.

 

Mais malgré ses bonnes statistiques générales (25 buts en 57 capes), la carrière internationale d’Inzaghi est restée inachevée. Il n’a inscrit qu’un seul but en Coupe du monde, face à la République tchèque en phase de poules en 2006. Amer, il l’est envers Roberto Donadoni qui ne le retient pas pour l’Euro 2008: “Il a suffi que je me blesse durant la saison pour ne même pas mériter un seul coup de fil, pour oublier ce que je croyais être un rapport adulte et mature."

 


L'homme de Milan

Inzaghi restera plus dans la mémoire collective comme un joueur de club, en particulier du Milan AC auquel il a répété les déclarations d’amour. Sa fin de carrière a été chahutée par des pépins physiques, mais il a toujours su revenir pour ce Milan qui “ne l’a jamais abandonné”, comme quand celui-ci renouvela son contrat avant une opération délicate. Le club lombard, qui avait déboursé 41 millions d'euros pour le recruter, lui est resté fidèle et lui a proposé de prendre les rennes de l’équipe U18, poste qu’il occupe désormais.

 

Si les relations à l’intérieur du Milan AC ont été récemment tendues, et que son nom a été évoqué quand Allegri était dans la tourmente, Inzaghi continue de servir l’institution qu’il a gratifiée d’un inévitable but pour son ultime match face à Novara. Au cours de cette rencontre, il fut acclamé par tous, arbitre et adversaires compris. Son rôle de joker de luxe lors de ces dernières années a fini de faire de lui un joueur attaché et attachant, qu’on s’amuse et s’étonne à tour à tour aimer et détester: à l'image du Milan, et de son goût pour la tradition et le football offensif.

 


[1] Cette édition qualifiait les premiers de chaque poule, ainsi que les deux meilleurs deuxièmes. La Juventus Turin finit à cette place dans son groupe, derrière Manchester United. Avec 12 points et une meilleure différence de buts que le PSG, elle fut la deuxième meilleure seconde de la phase de poules.
 

Réactions

  • Licha Sauvage le 15/01/2013 à 11h37
    J'ai l'impression qu'on est beaucoup à avoir détesté le bonhomme mais à finalement le regretter. Super article !

  • Nadine Zamorano le 15/01/2013 à 17h33
    Super article, qui me fait repenser à un article récemment publié ici sur les célébrations de buts devenues insupportablement artificielles ou aseptisées.

    Comme tous mes camarades cdfistes, les dernières années de sa carrière m'ont fait adorer Inzaghi, alors qu'il m'insupportait peu de temps auparavant. Et le parallèle avec Trez' est assez facile tant les deux joueurs ont dans la trombine un truc génial qui ferait adorer le football et les footballers à n'importe qui. Des explosions de joie après chaque but, aussi démesurées que spontanées. Sans même qu'on puisse reprocher à ces types d'être individualistes.

  • Doc Pedro le 15/01/2013 à 18h21
    Pour illustrer les propos de VD

    lien

  • Sens de la dérision le 15/01/2013 à 18h48
    Attention ce dernier lien contient un quart de finale contre l'OL. Attention ce dernier lien contient un quart de finale contre l'OL. Attention ce dernier lien contient un quart de finale contre l'OL.

    Plus qu'un joueur que j'ai détesté puis aimé, c'est le joueur qu'on déteste dans l'équipe adverse mais qu'on adorerait dans notre équipe favori, comme un Van Bommel.

  • José-Mickaël le 15/01/2013 à 19h14
    Merci Luis Caroll pour le lien, ce dessin est effectivement un chef-d'oeuvre !

    Concernant la détestation, disons que je le déteste surtout parce qu'il fait partie de l'équipe adverse et qu'à cause de ses buts il fait perdre l'équipe que je voulais voir gagner. Vous me direz, tous les attaquants adverses font cet effet, il y en a eu d'autres. Oui mais Inzaghi était spécial : on se disait "ça va, Inzaghi n'est pas en forme ce soir" et à la fin il avait marqué trois buts idiots parfaitement évitables ou dus uniquement à une chance pas possible.

  • C. Moa le 17/01/2013 à 17h35
    Moi je retiendrai surtout son immense envie de marquer, toujours, tout le temps. Ce joueur ne vivait que pour le but, et ça, c'est beau.

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