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La Copa América, une "affaire d'État"

La tenue de la Copa América au Venezuela est un événement… politique primordial pour le pays. Et tous les moyens sont bons pour que la compétition serve l’image du régime de Hugo Chávez: tifos officiels, supporters triés sur le volet, mesures de sécurité, intimidations envers la sélection américaine ou caution de Maradona...
Auteur : Pedro Puerta le 2 Juil 2007

 

Pour la première fois depuis sa création en 1916, la Copa América débarque au Venezuela. Et bien que le football y grandisse à l’ombre du base-ball, Hugo Chávez, le président vénézuélien, a fait de cette compétition un objectif majeur de son mandat. C’est ainsi que le leader bolivarien a qualifié la Copa América "d’affaire d’État".
Conscient de la médiatisation colossale de la Copa América en Amérique latine (1), Hugo Chávez veut en effet profiter du tournoi pour en faire une vitrine politique. Ainsi, le gouvernement n’a-t-il pas hésité à investir plus de 650 millions d’euros dans les infrastructures et l’organisation de la compétition. De plus, toutes sortes de précautions ont été prises.

Maradona pour cautionner Chávez
La Copa América intervient dans un contexte politique tourmenté. Nanti d’une réélection pour le moins contestée, Hugo Chávez fait face à la mobilisation des mouvements d’opposition, suite à la fermeture de la chaîne Radio Caracas Television, le principal média d’opposition du pays. Depuis lors, les étudiants manifestent quotidiennement contre ce qu’ils considèrent comme une "atteinte à la liberté d’expression" (2).
La crainte du gouvernement Chaviste est donc de voir les protestations arriver jusque dans les tribunes, et par là même, dans les foyers latino-américains. Cette crainte se justifie puisque le 21 juin dernier, lors du match amical opposant la sélection vénézuelienne à celle du Pays basque, le public a scandé en plusieurs occasions des chants hostiles à Chávez (3).

copa_maradona.jpgLe dirigeant et ses fidèles ont alors multiplié les opérations de communication autour de la Copa América, associant son nom et son régime à l’organisation de la compétition. Et si un quelconque doute subsistait encore quant à l’utilisation du tournoi comme d’un outil de propagande, la cérémonie d’ouverture s’est chargée de dissiper les derniers doutes, le public arborant un tifo exhibant le nom du président.
La manifestation en elle-même fut un long programme: allusion aux peuples précolombiens, présence de très nombreux enfants dans la chorégraphie, et un discours d’inauguration très axé sur l’identité sud-américaine, reprenant les standards de la pensée bolivarienne dont se réclame Chavez. Le tout "cautionné" par Diego Maradona, rémunéré grassement pour recevoir l’ovation de la foule (4).


Sélection des supporters
Le problème a, semble-t-il, été partiellement résolu par les autorités, qui ont pris toutes leurs précautions à l’heure d’organiser le tournoi. Tout d’abord, le gouvernement a attribué à deux chaînes de télévision publiques la mise en image – forcément très consensuelle – de la compétition. Cela peut éviter, par exemple, de voir quel traitement la police réserve aux spectateurs entrant sur la pelouse, comme ce fut le cas lors du match opposant l’Argentine aux États-Unis.
De plus, le gouvernement chaviste a visiblement pris en considération le problème des supporters. Dans les semaines précédant la compétition, de nombreuses plaintes ont été déposées contre l’entreprise chargée de la billetterie. Celle-ci aurait en effet adressé en priorité les billets aux fidèles du président Chávez (5). Cette préférence expliquerait l’ambiance terne du match opposant le Venezuela à la Bolivie, et le peu de soutien dont a bénéficié la Vinotinto lors de ce match (6).

Enfin, la mise en scène des matches a fait l'objet d'attentions particulières... Musique endiablée, feux d’artifice ponctuant les rencontres: les organisateurs du tournoi ont usé des grands moyens pour faire des matches de la Copa América un authentique spectacle, si possible bruyant (7).


Loin des caméras
Non content d’avoir éradiqué les opposants des tribunes, le gouvernement Chávez a également mis à profit la réglementation FIFA pour éloigner les éventuelles manifestations. Pedro Carreño, le ministre de l’Intérieur local, a rendu publique une interdiction de manifester "dans les enceintes des stades, aéroports, trajets des sélections et hôtels" (8).
Et si le gouvernement vénézuelien s’abrite derrière les règlements de la compétition, il a tout de même eu la présence d’esprit d’adapter ce règlement "à la réalité vénézuelienne". La présence de forces de sécurité dans les lieux "sensibles" permet ainsi de maintenir les opposants loin des médias, et les medias loin des opposants. Au cours de la retransmission du match Argentine-États-Unis, les envoyés spéciaux de la radio argentine Mitre ont ainsi souligne la difficulté de travailler librement.

Hugo Chávez a donc mis tous les moyens de son côté pour que son pays présente, aux yeux des pays américains, une compétition sans accrocs. De plus, il dispose également d’une opportunité unique de clouer le bec aux autorités des États-Unis, puisque la sélection américaine participe à la compétition pour la première fois depuis 1995.


Guerre contre l'impérialisme américain
Les relations politiques entre Caracas et la Maison Blanche sont pour le moins exécrables. Chávez, qui se veut le leader de la lutte anti-américaine est actuellement lancé dans une surenchère de menaces contre les États-Unis. Le 25 juin, pour justifier l’achat d’armement pour une somme de trois milliards de dollars, le dirigeant avertissait qu’une guerre contre les États-Unis était "possible" (9).
Et tout sujet est bon pour que les deux pays s’invectivent. Hugo Chávez a successivement accusé les États-Unis de vouloir "saboter" ou "boycotter" le tournoi. Devant le climat de tension croissant, le Département d’État américain a déconseillé à ses ressortissants d’aller au Venezuela, compte tenu de l’insécurité régnante et des "possibles changements" dans les formalités d’accès.

copa_chavez2.jpgInterrogé sur un possible forfait de la sélection US, Hugo Chávez a rétorqué: "Qu’ils restent chez eux. Ici, nous n’avons pas besoin d’impérialistes". Et ce n’est qu'au tout dernier moment que la délégation américaine a rejoint le Venezuela, écartant en dernière instance la possibilité de loger à Aruba durant la compétition.
Evidemment, le meilleur démenti que les autorités peuvent apporter à la méfiance américaine est le séjour le plus agréable possible pour les footballeurs américains. C’est donc entouré d’un luxe de sécurité que les joueurs ont rejoint leur hôtel de concentration (10). Et la sélection de William Bradley de jouer une partition tout aussi politisée que les organisateurs du tournoi: ses joueurs ont fait de leur premier entraînement à Maracaibo une séance d’initiation au football pour des enfants âgés de 6 à 12 ans (11).


La Copa América est donc l’objet d’un double enjeu. Sportif bien entendu, puisque la meilleure équipe sud-américaine sera consacrée au terme de la compétition. Mais la portée politique de l’évènement fait du tournoi un exemple supplémentaire de la politisation du sport. À un an des Jeux olympiques de Pékin, l’exemple vénézuélien constitue un bon moyen de s’en souvenir.


(1) Pour la couverture du tournoi, 5.200 journalistes ont été accrédités et les matches seront retransmis dans 182 pays.
(2) Lire la dépêche de l'Associated Press.
(3) Lire l'article de La Voz.
(4) Lire l'article de La Prensa Gráfica.
(5) Lire la dépêche de l'agence Ansa.
(6) Lire l'article de El Universal.
(7) Une dépêche de l'agence Reuters rapporte néanmoins des chants hostiles à Chavez, lors du match Argentine–États-Unis.
(8) Lire la dépêche de l'AFP.
(9) Lire l'article de La Plana.
(10) Lire l'article de El Pais.
(11) Lire l'article de El Universal.

Réactions

  • Gentil Ghana le 02/07/2007 à 13h30
    Le_footix:
    "Cette Copa America est dans le même registre que les Jeux Olympiques de Berlin 1936 ou le Mundial 1978 en Argentine."
    -------------
    Franchement, les JO de Moscou en 1980 à la rigueur, mais là, franchement c'est un peu ahurissant comme comparaison. Je n'affirme pas que le Venezuela est une démocratie parfaite où tout va pour le mieux, mais as-tu lu des mentions de camps de concentration ou de centres de torture là-bas?

    Bon, bah à part ça j'ai bien fait de dire que je n'étais pas chaviste...
    Oui, le régime est critiquable, et Chavez détient un pouvoir personnel excessif, oui le culte de la personnalité est à condamner fermement (y compris chez nous...), oui, la violence là-bas est inacceptable pour nos standards d'Européens de l'ouest, j'arrête là parce que la liste pourrait être longue...

    Des tribunes anti-Chavez, on peut en lire à longueur de média, c'était plutôt ça le fond de mon intervention, et des bien mieux argumentées que ça. D'où ma question: à quoi ça sert? Cela aurait été intéressant, du point de vue des CdF, avec une mise en perspective (où les manifestations que tu cites pouvaient être évoqués) concernant la récupération politique en général de ces événements sportifs.

    Ce qui m'énerve dans ces articles en général, c'est qu'ils s'en prennent au régime vénézuélien pour des raisons très différentes que celles qui sont affichées (en tout cas leur publication est bien plus facile que pour un article qui dénonce les méfaits de moult dictateurs africains "amis de la France"). Pourquoi n'a-t'on jamais lu autant d'articles scandalisés sur ce pays à l'époque où les droits de l'homme n'y étaient pas plus respectés, mais où le pays fournissait sans sourciller aux Etats Unis du pétrole à bas prix pour le plus grand bénéfice de l'oligarchie latino-américaine traditionnelle?

    Et en 1998, la victoire de la belle équipe black-blanc-beur a permis de donner l'illusion de "l'égalité des chances" en France, alors que le gouvernement avait décidé de prolonger la situation inhumaine des travailleurs black-beur-jaune étrangers privés de papiers, en contradicition avec ses promesses électorales... Si ce n'est pas de l'instrumentalisation politique, je ne sais pas ce que c'est!

    Par ailleurs, l'article que tu mentionnes est l'oeuvre de RSF, association qui préfère, avec la bienveillance de nos grands médias, donner des leçons partout dans le monde plutôt que de dénoncer la situation inquiétante pour les médias ici (concentration entre les mains de grands groupes, notamment des marchands d'armes, extrême précarité de la majorité de la profession...). Ils sont hostiles à Chavez depuis le début, alors bon...

    Enfin, je ne suis pas chaviste, mais je dois avouer que je regarde toujours avec intérêt un pays où le gouvernement a le soutien des classes populaires et rencontre l'opposition de toutes les classes possédantes ou presque (ce qui explique d'ailleurs en grande partie que seule l'opposition ait la parole dans les médias internationaux qui, autant par manque de rigueur que par idéologie, utilisent ces seules sources immédiatement disponibles)... De même, je ne suis pas castriste, mais la façon dont les barbudos ont chassé Battista et les entreprises états-uniennes de Cuba avait de la gueule, à 250 km de Miami...

  • Tricky le 02/07/2007 à 13h44
    Tout a ete mieux dit que je ne saurais le faire precedemment, mais rien que sur ca :

    Le_footix
    lundi 2 juillet 2007 - 12h24
    Sans parler de ce brave Hugo qui sait choisir ses amis (dans le désordre, Vladimir Poutine et Mahmoud Ahmadinejad).

    Quant au non-renouvellement de cette chaîne, il faut être totalement naïf pour ne pas y voir un acte purement politique. Comme si la censure avait attendu Chavez pour inventer toutes sortes de prétextes légaux ou légitimes pour sa besogne !
    -------------
    Il est clair que l'ahmadinejisme de principe est extremement genant. Mais l'evocation de Poutine, le nouveau grand copain de la famille regnante en France (voir l'itv de C. dans Moskovskii Novosty) est absolument savoureuse.

    Sur le non-renouvellement de la chaine, soyons precis. La chaine en question est violemment et obsessionnellement anti-chaviste, elle avait une concession que Chavez aurait pu suspendre, ce qu'il n'a pas fait, il a simplement choisi de ne pas la renouveler, ce qui n'empeche pas ladite chaine de continuer a emettre sur des reseux non hertziens, pour y installer a la place une chaine culturelle. Je comprends que ca choque au pays de TF1, mais il n'y a peut etre pas de quoi brandir aussi facilement l'etendard de la censure.

  • Coldo3895 le 02/07/2007 à 13h52
    Il me semblait avoir compris que la référence à Berlin 1936 faite par footix ne concernait que l'utilisation d'une manifestation sportive à des fins de propagande, et qu'il ne s'agissait pas de comparer l'ensemble de la situation du Venezuela à celle de l'Allemagne de l'époque...
    Je ne crois pas me tromper...

    Mais il est vrai que l'évolution du Venezuela est intéressante... On assiste tout tranquillement à la naissance d'une dictature. Il est de plus en plus clair que pour Chavez, qui n'est pas d'accord avec lui est forcément un suppot de "l'impérialisme yankee" et donc de subir les foudres du gouvernement.

    Je m'avance un peu, certes, mais je suis intimement convaincu que l'avenir des libertés individuelles, de la presse, politiques, n'a rien d'assuré dans ce pays...

  • Björn Björk le 02/07/2007 à 13h57
    Les Cdf qui critiquent un dictateur communiste, les lecteurs des cdfs s'insurgent, et Castro est devenu un exemple à suivre.
    En fait tout est normal.

    J'attends avec impatience le moment où on va commencer à défendre le bilan de Jaruzelski.

  • Gentil Ghana le 02/07/2007 à 14h01
    Coldo3895
    lundi 2 juillet 2007 - 13h52

    "Je m'avance un peu, certes, mais je suis intimement convaincu que l'avenir des libertés individuelles, de la presse, politiques, n'a rien d'assuré dans ce pays..."

    Ajoute "droits sociaux et syndicaux" à ta liste et tu décris ce que je pense de la France...

  • Loul le 02/07/2007 à 14h04
    Björn Björk

    Tu oublies le passage ou certains autres lecteurs des cdfs vilipendent les premiers en déformant très malhonnêtement leurs propos et en recourant à l'outrance, la caricature... comme à leur habitude.
    En fait tout est normal

  • Flying Welshman le 02/07/2007 à 14h09
    Jaruzelski enlèvera ses lunettes quand il aura fini de souder la Pologne à l'URSS.

  • Didier_F le 02/07/2007 à 14h12
    Björn Björk
    lundi 2 juillet 2007 - 13h57
    Les Cdf qui critiquent un dictateur communiste, les lecteurs des cdfs s'insurgent, et Castro est devenu un exemple à suivre.
    En fait tout est normal.
    J'attends avec impatience le moment où on va commencer à défendre le bilan de Jaruzelski.


    Pauvre garçon, va...

    Chávez "dictateur communiste"? Tu as vu ça où, à part dans le Figaro?
    Castro "exemple à suivre"? Qui a dit ça? Je n'ai lu qu'une mention de la jubilation que peut provoquer le souvenir du renversement de la dictature de Batistuta, grand ami des USA et de la mafia...
    Quant à la défense du bilan de Jaruzelski, pourquoi l'attendre des lecteurs-forumistes des cdf puisqu'elle a depuis longtemps été faite par toute la presse française qui a salué « l'homme qui a permis le retour de la démocratie en Pologne » (mais, n'est-ce pas, pour le savoir, il faudrait avoir un peu plus de mémoire politique que celle des dernières polémiques panadeuses des dernières élections nauséeuses de notre -enfin, ton- beau pays de France...).

  • Didier_F le 02/07/2007 à 14h14
    (Enfin, "la dictature de Batistuta", elle ne s'est exercée que dans le cœur des supporters de la "Viola", 'türlich il fallait lire "Batista"...)

  • pavlovitch le 02/07/2007 à 14h14
    En fait ce qui est désolant, c'est que cet article des CdF soit en quelque sorte une pièce à ajouter à ce dossier-là:

    lien

    Et puis si L'Equipe faisait de temps en temps des articles politiques, c'est de ce genre-là qu'ils feraient partie...

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