OM: déstockage massif avant cessation d'activité?
R. Louis-Dreyfus va-t-il retirer ses billes et arrêter le ballon? Aujourd'hui, il n'y a plus que les supporters pour rester attaché à vie à leur club...
Auteur : Pierre Martini
le 25 Jan 2000
Ce n'est qu'une hypothèse, mais le fait même qu'elle soit rationnellement envisageable signale son intérêt : Robert Louis-Dreyfus pourrait se retirer de l'Olympique de Marseille et vouloir récupérer une partie de son investissement en liquidant les meilleurs valeurs de son capital joueurs. En termes plus sportifs que boursiers, cela signifie que des départs massifs pourraient se produire plus ou moins rapidement, sur une ou deux intersaisons, laissant le club dans l'incertitude et sans garantie pour l'avenir. On ne sait pas si l'actuel patron d'Adidas pourrait se résoudre à une telle opération, mais on comprend quelles raisons il aurait de le faire.
Son expérience à Marseille, comme celle de Canal+ à Paris, a montré les aléas des stratégies d'investissement massif dans des grands clubs: en matière de résultats sportifs comme en termes d'image et de retombées symboliques, on a pu établir des bilans pour le moins contrastés. La logique sportive se refuse à obéir mécaniquement à la loi du plus riche, et la vie des formations n'est pas un long fleuve tranquille. Privé en outre par les lois Buffet de la possibilité d'introduire le club en bourse, et donc de l'éventualité d'une véritable rentabilité financière à terme, le patron d'Adidas a pu réévaluer sensiblement son intérêt à garder le contrôle d'un club par ailleurs plutôt "incontrôlable". Cette hypothèse illustre aussi l'insécurité que la nouvelle économie du football impose aux clubs, à la merci d'un changement stratégique de la part de groupes financiers indifférents au contenu social et sportif des disciplines dans lesquelles ils s'engagent.
Les affrontements, spectaculaires cette saison, entre supporters d'un côté, dirigeants et joueurs de l'autre, illustrent les contradictions croissantes des premiers: les publics sont de plus en plus dépendants de l'argent des actionnaires pour assurer le standing de leur club, mais ils sont d'une impatience totale et ne se font pas d'illusion quant aux motivations et aux valeurs des investisseurs. Un cocktail explosif.