Newcastle United, le Hall of Fame
Entité négligeable pour les uns, immense institution sans laquelle le ballon ne tournerait pas rond pour les autres, NUFC livre ses secrets dans ce onze ultime.
NUFC soufflera bientôt ses cent trente bougies en inaugurant une ère nouvelle, brito-saoudienne, des plus controversées. Les Magpies ont d'ailleurs récemment célébré leur 140e anniversaire. Je sais, c'est compliqué. Mais rien n'a jamais été simple avec eux, et ce depuis 1881, date à laquelle ce club fut enfanté, à n'en pas douter, surtout pour emmerder Sunderland AFC, fondé en 1879.
Et pourtant, il n'en fut pas toujours ainsi. Aujourd'hui universellement détesté, NUFC était il y a peu adulé, pour le swag des "Entertainers" de Kevin Keegan et la classe du regretté Bobby Robson. Alors, avant que l'actualité et les haters n'effacent l'histoire, une flânerie "down Memory Lane" s'imposait.

Newcastle United FC : la fiche technique
Fondation
9 décembre 1892. Il fut en réalité créé en novembre 1881 sous le nom de Stanley FC, puis rebaptisé Newcastle East End peu après. En 1892, leur grand rival Newcastle West End est dissous et, tel un gang de coucous cailleras, Newcastle East End squatte leur antre, St. James' Park, et finit par se l'approprier. En bon caïd, il change d'identité et devient Newcastle United, comme l'explique Paul Joannou, l'historien officiel du club. Évidemment, selon lui, tout fut réglo.
Surnoms
Magpies, Mags, Toon, Toon Army, Black and Whites.
Hymne du club
Plusieurs coexistent, mais celui qui remue le plus les tripes est "Blaydon Races", chanson du répertoire local datant de 1862 et devenue chant de football au début du XXe siècle. Les paroles sont en patois local (le Geordie) et furent graduellement adaptées et édulcorées par les supps (le Geordie pur et dur du XIXe ne faisant plus guère recette). "Blaydon Races" est parfois chanté à St. James' Park par le ténor local Graeme Danby, comme ici en 2009 lors du derby Newcastle-Sunderland.
"Blaydon Races" est l'un des tout premiers chants du football anglais, avec "Pompey Chimes" (Portsmouth) et "On the Ball" (Norwich City, considéré comme le plus vieux chant de football au monde toujours chanté. Créé dans les années 1890 pour des petits clubs locaux avant d'être adopté par les Canaries à leur fondation en 1902). L'âge d'or du chant date des années 1960-1970 avec l'apparition progressive de solides rivalités entre clubs [1].
Rivaux historiques
Sunderland, Middlesbrough (ainsi que Carlisle et Hartlepool, quand ils sont englués en D2 ou flirtent avec la descente en D3, ce qui leur arrive très souvent.
Stade
St. James' Park, SJP (52.338 places depuis 2000). Seul grand stade anglais provincial de centre-ville. L'agrandissement de SJP est un vieux serpent de mer, mais divers obstacles et complications ont contrarié les projets d'extension successifs. À regarder : SJP filmé ici par un drone, son évolution depuis 1892 et cet exceptionnel film d'archives de 1901.

Fanzine papier
True Faith, depuis 1999. Une quinzaine d'autres fanzines et magazines dédiés à NUFC ont coexisté ces trois dernières décennies (tous disparus).
Palmarès
Champion de D1 1905, 1907, 1909, 1927 (ça commence à faire...).
Vice-champion de Premier League 1996, 1997.
Vainqueur de la FA Cup 1910, 1924, 1932, 1951, 1952, 1955.
Finaliste FA Cup 1905, 1906, 1908, 1911, 1974, 1998, 1999.
Vainqueur de la Coupe des villes de foires 1969 et Intertoto en 2006. Notons, en toute objectivité, qu'ils remportèrent la Coupe des villes foireuses après avoir eu une chance de Dédé puisqu'ils avaient fini dixièmes (!) de D1 la saison précédente - voir ce reportage impartial sur cet invraisemblable concours de circonstances.
Mon onze "Hall of Fame"
Source des apparitions et buts (toutes compétitions confondues) tirée du livre référence Newcastle United, The Ultimate Record 1881-2011, 130th Anniversary edition, de l'historien officiel du club Paul Joannou et son équipe. Voir aussi le Hall of Fame officiel du club et le onze "Hall of Fame" des supporters en 2017 (8.000 votants).

Shay Given (1997-2009)
Gardien, 463 apparitions, 131 clean sheets (134 capes irlandaises). Intraitable sur sa ligne, loué pour son agilité et ses qualités aériennes exceptionnelles malgré un relatif déficit taille. Pendant plus d'une décennie, il réussit à pousser vers la sortie ou reléguer la concurrence au second plan (Steve Harper, Shaka Hislop, le regretté Pavel Srnicek...).
Quitta le club à trente-trois ans pour Manchester City après une embrouille contractuelle avec Mike Ashley, l'über controversé propriétaire de 2007 à 2021. Shocking en géographie par contre : Given est le seul Irlandais au monde qui ignore où se trouve Dublin, selon la bonne blague de l'époque...

Bill McCracken (1904-1923)
Arrière droit, 444 apparitions / 8 buts. Considéré comme le meilleur latéral de l'histoire du club. On doit évidemment se fier aux témoignages, mais on croit les ancêtres sur parole. Joueur réputé pour son intelligence et sa science tactique. Il s'inspira notamment des latéraux de Notts County pionniers du "offside trap" à la fin des années 1900, B. Morley et J. Montgomery, pour améliorer leur innovation avec ses coéquipiers, dont Frank Hudspeth (ci-dessous).
Un piège anti-attaquants qui, une fois perfectionné par McCracken, s'avéra redoutable car il mettait systématiquement hors-jeu l'adversaire. Leur stratégie fut abondamment copiée, poussant les instances à changer la règle en 1925 pour booster le jeu offensif (lire ceci ou l'explication detaillée de Jonathan Wilson. Ce changement fit exploser le nombre de buts en D1 : de 1.192 en 1924/25 (2,58 par match), on passa à 1.703 la saison suivante (3,69).

Frank Hudspeth (1910-1929)
Arrière gauche, 482/38. Détient le record d'apparitions NUFC pour un joueur de champ. Acheté cent livres au club local amateur de North Shields, Hudspeth se distinguait par sa fiabilité et son intelligence de jeu (voir vignette précédente). Et 38 pions pour un défenseur, même avec quelques penalties dans le lot, c'est fort respectable (ça fait même rêver pas mal d'attaquants Magpie une telle stat).
Hudspeth, en concurrence avec :

Olivier Bernard (2000-janvier 2005 et 2006/07)
Arrière gauche, 145/6. L'ex-espoir tricolore formé à l'OL, mais qui se brouilla avec le club et changea le game, illumina le flanc gauche plusieurs saisons durant, grâce notamment à ses qualités offensives (ancien attaquant jusqu'aux U21, un poste d'ailier gauche/attaquant qu'il occupa d'ailleurs à ses débuts Magpie, après avoir été prêté à Darlington en D4.
Quelques mois plus tard, il se retrouverait au Nou Camp en Ligue des champions). Considéré alors comme l'un des meilleurs latéraux de Premier League, il dut raccrocher les crampons à vingt-huit ans, pour des problèmes de hanche, après être revenu à Newcastle des Glasgow Rangers. Fit des ravages en duo avec Laurent Robert sur ce côté. Cela dit, la belle patte gauche du Réunionnais avait parfois des ratés.
Malgré d'irréprochables états de service (il figure dans certains "Best XI" du club), comme beaucoup d'autres il fut poussé vers la sortie à l'arrivée chamboule-tout de Graeme Souness. Janvier 2005, exit Bernard à qui Souness dit : "Olivier, inutile de négocier un nouveau contrat, pour moi t'es pas assez bon, ne compte plus être titulaire. Ton remplaçant arrive dans huit jours [le Nigérian Celestine Babayaro, qui floppa]."
Écœuré, le Parisien accepta un prêt à Southampton, là même où Souness s'était fait avoir comme un bleu par l'impayable Ali Dia quelques saisons auparavant.

Bobby Moncur (1960-1974)
Arrière central, 360/9. Capitaine de 1967 à 1974, l'Écossais (16 capes) fut d'abord milieu défensif, puis attaquant, avant de s'imposer en défense. Avec une gueule et un blaze à jouer les tombeurs dans Dallas (prononcez "moncœur"), ce leader né fut, avec trois buts, l'un des artisans de la victoire en finale double confrontation de la Coupe des villes de foires en 1969 contre Újpest FC (vous savez, ces fameux géants Hongrois...). Fin connaisseur des choses du football, il porta aussi le maillot de Sunderland deux saisons.

Philippe Albert (1994-1999)
Arrière central, 138/12 (41 capes belges, 5 buts). Réputé pour ses raids offensifs et sa présence aérienne, ce défenseur avait du ballon, la preuve : ce délicieux piqué contre Manchester United en 1996 lors d'une mémorable dérouillée 5-0. Était un élément clé de la mythique équipe des "Entertainers" de Kevin Keegan (voir ci-dessous), qui écoutait trop The Jam dans les vestiaires et pécha par un excès d'entertainment au détriment du bétonnage, laissant filer une avance "imprenable" de 12 points fin janvier 1996 sur Man United, qui finit 7 points devant fin mai.

Paul Gascoigne (1984-1988)
Milieu offensif, 107/25 (57 capes anglaises, 10 buts). Au mérite, d'autres ont certes davantage leur place ici, mais difficile de zapper Gazza tellement l'histrion est incontournable. Partout où il est passé, même en Chine. Gamin turbulent de la banlieue sud de Newcastle, il intégra le centre de formation magpie à treize ans en 1980.
Malgré un bagage technique hors norme, son lifestyle debridé (poids "fluctuant") et ses fréquentations douteuses, notamment avec le notoire "Jimmy Five Bellies" (Jimmy les Cinq Bedaines), freinèrent sa progression. Décrit par le président du club d'alors, Stan Seymour Jr., comme un "George Best sans cervelle", il devint néanmoins le maître à jouer de l'équipe et la nouvelle hype du foot anglais.
Alex Ferguson eut un gros crush et le persuada de rejoindre Man United début juin 1988. Sauf qu'entre-temps, les vacances bien arrosées de Gazza lui firent oublier leur deal... Tottenham profita de ses trous de mémoire pour griller la politesse à Fergie (pour 2,2 millions de livres, alors record britannique), déclenchant l'ire de l'Écossais qui a souvent qualifié ce raté de plus gros regret de sa carrière.

Peter Beardsley (1983-1987 et 1993-1997)
Milieu offensif/avant-centre, 326/119 (59 capes anglaises, 9 buts). Rejeté par NUFC à seize ans, Beardsley revint à ses premières amours à vingt-deux ans après une bonne vadrouille (Carlisle, Vancouver, Manchester United). Son association avec Kevin Keegan et Chris Waddle saison 1983/84 (voir ci-dessous), puis une décennie plus tard avec Andy Cole, terrifia les défenses.
Créatif et polyvalent, il joua même gardien en championnat contre West Ham en 1986 (trois pions encaissés, 8-1. Un match resté célèbre pour le hat-trick du Hammer Alvin Martin : inscrit à trois gardiens différents !). Également "Liverpool legend", Beardsley a claqué 238 buts en 799 matches et vingt ans de carrière. S'occupait des U23 du club avant d'être limogé en mars 2019 pour "bullying" (harcèlement), puis suspendu trente-deux semaines par la FA pour injures racistes envers au moins trois jeunes joueurs noirs du club.

Chris Waddle (1980-1985)
Ailier gauche de 1980 à 83 puis droit, 191/52 (62 capes anglaises, 6 buts). Après des essais non concluants à Coventry et Sunderland, son club de cœur où il signera à trente-six ans, Waddle crut bien devoir continuer à bosser à la chaîne dans une usine locale de saucisses. Recruté pour mille livres au club amateur de Tow Law, où il était surnommé le "sausage-maker" (quelle imagination, ces supps).
D'abord trollé pour ses mullets et son style faussement nonchalant, il fut titularisé sur l'aile gauche avant de permuter et contribuer grandement à la montée en D1 en 1984 avec 18 buts. Vendu à Tottenham pour 600.000 livres, où, en duo avec Glenn Hoddle, il sortit l'immonde 45 tours "Diamond Lights" qui squatta le haut des charts. Et après, les boomers osent nous raconter qu'ils avaient du goût, eux, et que les Eighties ne produisaient que de la bonne zique.
Sévit aujourd'hui dans les médias (surtout BBC) et, ces dernières années, dans le débat politique, en tant que fervent supporter d'un Brexit dur ("no deal") et sympathisant du parti d'extrême droite UKIP (bon, désolé de trasher ce moment nostalgie si brutalement, les gars). Les branquignols gauchistes l'appellent "Chris Twaddle" (Chris qui raconte nawak), mais ça, c'est peut-être aussi dû à son commentariat footballistique.

Jackie Milburn (1943-1957)
Avant-centre, 494/238 (13 capes anglaises, 10 buts). "Wor Jackie" ("notre Jackie" en Geordie), dont la statue trône devant SJP, était redouté pour sa technique et sa vitesse. Fut le buteur attitré de l'ère dorée du club de 1948 à 1955 (aux premières loges en championnat et trois FA Cups).
Intronisé au English Football Hall of Fame en 2006, qu'on peut visiter au National Football Museum de Manchester et virtuellement ici. À sa disparition en 1988 d'un cancer du poumon (il fumait beaucoup, même durant sa carrière, parfois à la mi-temps !), ses cendres furent dispersées sur la pelouse de SJP, devant la tribune Gallowgate, le Kop de Newcastle.

Hughie Gallacher (1925-1930)
Avant-centre, 174/143 (20 capes écossaises, 24 buts). Souvent considéré comme le joueur le plus talentueux et complet de l'histoire du club. Doté d'une grosse frappe des deux pieds et d'un superbe jeu de tête malgré son mètre 65, ses 36 pions saison 1926-1927 contribuèrent grandement à l'obtention du titre (le dernier).
Ce teigneux attaquant qui arriva d'Écosse pour 6.500 livres (alors record britannique), devint immédiatement un "cult hero". Il fut également le fer de lance de l'équipe nationale qui, dans les années 1920, battait régulièrement les Anglais (dont une pilée 5-1 à Wembley en 1928, qui vaudra aux Écossais le surnom de "Wembley Wizards", Les Sorciers de Wembley).
Phénoménal bilan de 463 buts/624 matches en dix-huit ans de carrière professionnelle. Le tout en grillant jusqu'à quarante clopes par jour, sans parler de son penchant pour la bouteille. Rebelle au tempérament explosif (ses colères contre les arbitres sont légendaires), le King of Tyneside mena une vie agitée et connut une fin tragique en 1957 à cinquante-quatre ans : il se jeta d'un pont ferroviaire près de Newcastle sous le train York-Édimbourg. Figure au Scottish Football Hall of Fame.

Alan Shearer (1996-2006)
Avant-centre, 404/206 (63 capes anglaises, 30 buts), et très brièvement manager du club en fin de saison 2008/09. Joueur complet qui s'inscrit admirablement dans la prestigieuse lignée des mythiques numéros 9 magpie. Rejeté par NUFC étant jeune, il se révéla à Southampton et explosa à Blackburn Rovers entre 1992 et 1996, où il remporta son seul titre de Premier League.
Shearer, c'est un wagon de superlatifs et records : celui, mondial, du montant de transfert (15 millions de livres), de B'burn à Newcastle en 1996 ; du nombre de buts en Premier League (260/441 matches) ; du nombre de saisons d'affilée à plus de 30 buts en championnat (3), avec Blackburn. Avec 283 buts dans l'élite (23 unités à Southampton, pré-ère PL), il est le cinquième joueur le plus prolifique de D1 depuis la création de la Football League en 1888.
Depuis sa retraite sportive, Shearer est omniprésent dans les médias, où ses avis moisis le disputent à son bâchage d'arbitres. Enfin, il rigole aux blagues de Gary Lineker, ça vaut bien un contrat annuel BBC à cinq cents boules. Statufié devant St. James' Park en 2016.
Également brièvement manager de Newcastle (8 matches, en avril-mai 2009). Une pigette désastreuse (5 points de grattés) dont le seul souvenir est une mémorable baston de vestiaire à Anfield impliquant Joey Barton après une cuisante défaite contre Liverpool - Barton avec lequel il se clashe toujours sur les réseaux sociaux et dans les médias. Depuis que la mode est au déboulonnage de statues d'anciens oppresseurs, Barton aurait été aperçu rôdant autour de SJP portant un masque BLM (Branquignols Lives Matter) et armé d'une scie tronçonneuse XXL.

Manager de ce Best XI : Kevin Keegan (1982-1984)
Avant-centre, 85/49 (63 capes anglaises, 21 buts). Manager de février 1992 à janvier 1997 (aussi janvier-sept. 2008).
Son arrivée de Southampton à trente et un ans en août 1982, pour 100.000 livres, déclencha une "Keegan mania" sur Newcastle, alors un ventre-mouiste de D2 évoluant devant 16.000 personnes. NUFC crama la caisse en lui offrant le plus gros salaire du foot britannique : 3.500 livres par semaine (payé en partie par le sponsor, Newcastle Breweries). Forma en 1983/84 un trio de rêve avec Peter Beardsley et Chris Waddle qui permit aux Magpies de remonter en D1 (65 buts à eux trois), avec cette saison-là une affluence moyenne de 29.881 spectateurs.
En tant que manager... Début février 1992, Newcastle filant tout droit vers la D3, le nouveau propriétaire, John Hall, convainquit Keegan de revenir d'Espagne où il coulait une paisible retraite. "King Kev" sauva le club de la relégation, avant d'atteindre la Premier League en 1993, finir troisième en 1994 et mener les Mags aux portes du titre en 1996 et 1997 (deux fois deuxième derrière Man United) et leur faire découvrir la C1. Ça, c'est du sauvetage de club. Avec ce moment d'anthologie le 29 avril 1996, répondant à un Alex Ferguson qui leur avait marabouté les cerveaux avec ses légendaires "mind games".
Keegan restera à jamais comme l'architecte des Entertainers pourvoyeurs de "sexy football" conquérant et ballétique, avec les Andy Cole, David Ginola, Tino Asprilla, Peter Beardsley, Les Ferdinand, Alan Shearer, Keith Gillespie et autre Rob Lee qui, dans un monde idéal taillé pour les artistes, auraient tout raflé en laissant les miettes aux faire-valoir. Mais voilà, c'était Le Monde selon Fergie, et Liverpool avait ses Enfants terribles et, en fait d'un soundtrack pour Harlem Globetrotters triomphants, on eut droit à des requiem poulidoriens pour poètes maudits du football.
Les remplaçants
Pavel Srnicek (1991-1998 et 2006/07)
Gardien, 190/82 clean sheets (49 capes tchèques). L'un des Entertainers de Keegan. Sa mort d'un arrêt cardiaque en 2015 a bouleversé Tyneside.
Colin Veitch (1899-1914)
Principalement milieu mais évolua à tous les postes sauf gardien, 322/49. Tout aussi polyvalent dans la vie : militant très engagé à gauche, longtemps président du syndicat des joueurs qu'il contribua grandement à créer en 1907, journaliste, acteur, musicien, dramaturge et cofondateur du People's Theatre de Newcastle, toujours florissant.
Premier joueur emblématique du club, capitaine de 1904 à 1910 pendant la grande ère édouardienne du club (trois titres de champion d'Angleterre, une FA Cup et quatre finales). Occupa diverses fonctions au club jusqu'en 1926, eut un rôle similaire à celui de directeur sportif aujourd'hui et entraîna les équipes de jeunes. Esprit pionnier et novateur, il fut le premier à utiliser des tableaux spécifiques de tactique et créa les Newcastle Swifts, sans doute le premier centre de formation au monde.
Malcolm Macdonald (1971-1976)
Avant-centre, 257/138 (14 capes anglaises/6 buts, dont une manita contre Chypre). Arrivé à vingt et un ans de Luton Town. Grosse frappe et phénoménale pointe de vitesse (10"8 au cent mètres). Ses favoris n'étaient pas mal non plus. Meilleur buteur de D1 en 1975 (21 buts), puis co-meilleur scorer en 1977 à Arsenal (25), qui l'arracha à Newcastle pour 333.333 livres (et 34 pence !), record britannique.
Joueur au lifestyle de rocker (il est d'ailleurs marié à l'ex-femme du chanteur d'AC/DC Brian Johnson), "Supermac" est également célèbre pour avoir injecté du glamour dans la grisaille novocastrienne, comme quand il arriva à son premier entraînement en Rolls Royce et déclara aux journalistes qu'il claquerait trente buts pour sa première saison - ce qu'il fit. Une grave blessure au genou stoppa net sa carrière en 1979, à vingt-neuf ans.
Bouté hors de SJP par l'ancien propriétaire Mike Ashley pour ses opinions tranchées dans les médias locaux, il est désormais réhabilité et on parle de lui dans un rôle honorifique au club, style hôte de match ou ambassadeur.

David Ginola (1995-1997)
Ailier gauche, 76/7 (17 capes tricolores). Symbolisa le jeu chatoyant et percutant des Entertainers de Keegan. Les chalouperies et les buts exceptionnels d'El Magnifico enflammèrent les foules, comme celui-ci en FA Cup (bon après, c'était Barnsley en face). Élu en 2017 par les supporters dans le onze "Hall of Fame" du club.
Les Ferdinand (1995-1997)
Avant-centre, 84/50 (17 capes anglaises, 5 buts). Élu en 1997 "Meilleur joueur PFA de l'année en Premier League". Buteur clé des Entertainers, il se régala des caviars distillés par les joueurs de couloir (le trio Ginola-Gillespie-Beardsley).
Une équipe démantelée à l'été 1997 par son successeur, Kenny Dalglish, qui leur préféra un mix de vieillissants (Stuart Pearce, John Barnes, Ian Rush - cent cinq ans à eux trois), des illustres inconnus et des "hot prospects" (Garry Brady, Des Hamilton...), des jeunes si hot qu'ils se cramèrent vite dans les entrailles du foot Briton par la suite. Résultats des courses la saison suivante : treizièmes.
Faustino ("Tino") Asprilla (février 1996-janvier 1998)
Avant-centre, 63/18 (57 capes colombiennes, 20 buts). Arriva de Parma pour presque sept millions de livres (il y sera renvoyé par Dalglish), l'exubérant showman, que Shearer appelait "le fou sympa", se fondit admirablement dans le collectif des Entertainers et ambiança le vestiaire, malgré un anglais rudimentaire.
Son hat-trick en Ligue des champions contre le Barça en septembre 1997 à SJP est resté légendaire. L'avant-veille, il n'était toujours pas rentré d'Amérique du Sud où il jouait avec l'équipe nationale, d'où le seum de Dalglish : "Putain, t'étais où Tino ? Tu devais rentrer juste après ton dernier match avec ta sélection ! T'es au courant qu'on affronte le Barça demain soir ?" - "Désolé boss, je teufais dans mon ranch avec plein de filles". La "Pieuvre" (son surnom) mène toujours la vida loca et, prévoyant, possède sa propre société qui commercialise les capotes à son effigie.
Craig Bellamy (2001-2005)
Avant-centre, 128/42. Le Gallois (78 capes, 19 buts), élu "Jeune joueur de l'année 2002", forma un redoutable tandem avec Shearer. Injecta une touche de folie dans le collectif, au propre comme au figuré. Énergumène au sang chaud, il fut souvent suspendu en Ligue des champions. Détenait jusqu'en 2015 le record du carton rouge le plus rapide de l'histoire de la LdC, pour un vilain coup de coude (c'était sur Materazzi, alors on lui pardonne).
Entraîneur remplaçant : Bobby Robson (1999-2004).
A repris le club, à la rue, pour le propulser en Ligue des champions (2002/04). Fut viré sans ménagement et remplacé par Graeme Souness, qui se débarrassa ou fit fuir la plupart des meilleurs joueurs. Résultat : quatorzièmes en 2005 (limogeage fin janvier 2006 avec le club flirtant avec la zone rouge). Décédé en 2009 d'un cancer, une fondation porte son nom. Manager universellement adoré et au palmarès impressionnant, il a sa statue devant St. James' Park.
[1] L'âge d'or du chant date des années 1960-1970 avec l'apparition progressive de solides rivalités entre clubs.Parallèlement, le tribalisme attira les "subcultures" et engendra les prémices du hooliganisme (plus ou moins) organisé à la fin des années 1960. Un durcissement qui assombrit la nature jusqu'alors bon enfant du chant de "terraces" (les populaires), via notamment l'implication dans le football de mouvements hardcore skinheads ainsi que du National Front (parti ouvertement fascisant créé en 1967 par des néonazis) dans les Seventies et qui utilisa le jeune supportérisme comme fertile terrain de recrutement période qui vit la création des "firms" hooligans.À propos des chants de supporters, voir la récente série BBC Ridley Road, ainsi que mon explication sur la genèse du National Front, dans le premier renvoi sous cet article, qui évoque notamment les ramifications avec les ultras italiens et le rôle de Millwall FC dans cette nébuleuse.