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Tranches de cake et parts de roi

Comment les cinq principaux championnats partagent le gâteau des droits TV entre les clubs: une (magnifique) infographie de Moustache FC et des Cahiers du football.

Auteur : Jérôme Latta et Arthur Michel le 28 Sept 2011

 

Cet article et cette infographie sont une coproduction Moustache FC / Cahiers du football: ils ont été écrits et réalisés à quatre mains.

Il n'y a pas que la grève des joueurs qui a secoué le début de saison de la Liga espagnole: une fronde de douze clubs ligués contre le Barça et le Real a effet mis la lumière sur le système de répartition des droits de diffusion le plus inégalitaire d'Europe. L'inflation des droits télé est à l'origine de la croissance exponentielle de l'économie du football depuis une vingtaine d'années, au point qu'ils constituent une ressource vitale pour les clubs. Tous les championnats ne sont pas égaux, certains réussissant mieux que d'autres à valoriser leur produit auprès des chaînes. Et en leur sein, tous les clubs ne sont pas égaux devant le gâteau: les ligues nationales ont adopté des systèmes de répartition différents, plus ou moins équitables selon les critères dont ils tiennent compte.

En Espagne, les droits étant issus de négociations individuelles entre les clubs et les diffuseurs, les "gros" sont favorisés dans des proportions qui rendent le système insoutenable, selon cette logique libérale qui fait aller l'argent là où il y en a déjà le plus (à l'œuvre de façon particulièrement efficace en Ligue des champions – lire "La Ligue des champions, riche à crever"). En Italie, devant le désastre, la Seria A a fini par mettre un terme à un tel système. "Notre championnat est non seulement la plus grande infamie d'Europe, mais du monde. C'est un championnat du Tiers-Monde dans lequel deux clubs soustraient l'argent des droits télévisuels aux autres qui sont également en course", a déclaré José Maria Del Nido, président du FC Séville.

Si la Liga constitue un cas extrême, avec son duopole trustant les titres et les richesses (mais aussi le pouvoir, si l'on en croit le prompt étouffement du mouvement des clubs "indignés"), la logique inégalitaire est à l'œuvre dans des proportions diverses au sein des autres championnats européens. L'occasion de comparer les cinq principales ligues du continent en évaluant à la fois leur puissance financière et la façon dont elles arbitrent entre la logique sportive et la tentation "élitiste". 

[cliquez sur l'image pour l'agrandir]
infographie_europe_droits_tv2.jpg



Liga : Barca et Real seuls au monde

46 %. C'est la part des 600 millions d'euros de droits TV que se sont partagé le Real Madrid et Barcelone au terme de la saison 2010/2011. Valence et l'Atletico Madrid, respectivement troisième et septième du dernier championnat ont perçu chacun 42 millions d'euros, soit 3,3 fois moins que les deux principaux clubs d'Espagne.

Lorsque l'on compare les deux extrémités de ce classement en relief, les chiffres donnent le tournis : Barcelonais et Madrilènes perçoivent 11,6 fois plus que Gijon, Malaga, Santander, Levante, Sociedad, Hercules ou Almeria. 14 équipes sur 20 d'un des meilleurs championnats au monde profitent de moins de 20 millions d'euros de droits TV, soit autant que ce qu'a perçu l'AS Nancy-Lorraine! Une représentation qui permet de mieux comprendre le ras-le-bol du reste de la Liga.


Premier League : la répartition la plus équitable

Les clubs se partagent plus de 1,1 milliard d'euros à chaque saison, la renommée internationale de la compétition permettant la vente de ses droits dans plus de 200 pays. Souvent représentée comme la contrée du football moderne et de ses dérives libérales, l'Angleterre semble offrir le système de répartition des droits TV le plus juste qui soit. Il est pourtant assez proche de celui de la Ligue 1 (voir le graphique ci-dessous), mais des diffusions plus nombreuses impliquent que la part liée à la médiatisation ne constitue pas le même levier de disparités...

Le premier, Manchester United, n'a perçu qu'une part 1,5 fois plus importante que Blackpool. Deuxième constat, la logique sportive est respectée: l'équipe championne est celle qui bénéficie de la meilleure redistribution, les relégués ferment la marche. Les cinq premiers du classement se partagent 29%, le second quartile 26%, le troisième 23% et les cinq derniers 22%. Une dégressivité homogène qui permet ainsi à chaque club de se prémunir en cas de mauvaise saison et de non-qualification européenne (cf. Liverpool).

graph_cle_repartition_cdf.jpg


Ligue 1: priorité à l'axe Paris-Lyon-Marseille ?

Lors de la dernière saison, la Ligue 1 a touché près de 520 millions d'euros de droits télé, soit un peu moins de la moitié que ce qu'ont perçu les équipes de Premier League. La comparaison s'arrête là puisque Marseille a perçu 50 millions d'euros lorsqu'Arles-Avignon n'en touchait que 14, soit 3,6 fois moins. Certes nous sommes loin du gouffre ibérique qui sépare haut et bas de ce classement, mais cette répartition financière ne respecte pas la logique sportive. Ainsi, Marseille qui n'a fini que second du classement a perçu 8 millions d'euros de plus que le LOSC, champion en titre.

Le FC Lorient, 11e, a perçu un peu moins que le Racing Club de Lens, équipe pourtant reléguée. La faute à un système de répartition qui fait la part belle a un indice de notoriété qui compte pour 22% de la somme totale des droits TV et qui est calculé selon le nombre d'apparitions télévisuelles. (Lire "Le drôle de calcul de la LFP").


Serie A : la loi des "sympathisants"

En matière de télé-dépendance, la Série A se pose là: 60 % des recettes annuelles des clubs italiens sont issues des contrats négociés avec les diffuseurs, cela pour un montant total de 790 millions d'euros. Cette manne financière primordiale nécessite-elle donc une réussite sportive constante? Eh bien non, puisque la Vieille dame de Turin, qui est passée à travers l'édition 2010/2011 en terminant septième, est celle qui a perçu la part la plus élevée: 79 millions d'euros, soit 6 millions de plus que le champion, le Milan AC. L'explication? La loi Mélandri qui réserve 25 % du montant total selon le nombre de "sympathisants" de chaque club. Afin de définir ce qu'est un sympathisant, la Ligue a fait appel à trois instituts de sondage. Au final, la Juventus qui compte plus de supporters (ainsi définis) que le Milan AC limite les dégâts.

Cette situation ubuesque conduit à des répartitions de droits TV qui font fi de toute logique sportive: l'Udinese, quatrième et qualifié pour phase éliminatoire de la Ligue des Champions a perçu moins que... la Sampdoria qui évoluera en Série B cette saison. En terme d'amplitude, le ratio entre la Juventus et Cesena est de 4, comparable à celui de Ligue 1. En nécessitant une part aussi importante des droits TV dans ses recettes de fonctionnement et en s'appuyant sur un indice aussi fantaisiste que le nombre de sympathisants, la Série A n'est-elle pas plus devenue un spectacle qu'une compétition sportive?


Bundesliga : l'eternel exemple

En politique comme en construction de stades, il semble de bon ton de prendre exemple sur le voisin allemand. La question des droits télévisés ne déroge pas à la règle puisque la Bundesliga est le championnat le moins dépendant des recettes émanant des contrats signés avec les diffuseurs. Un euro sur trois que touchent les clubs allemands vient de cette ressource, contre un sur deux en Ligue 1.

Estimé à 312 millions d'euros, le total des droits TV semble également justement réparti, en 2011 le Bayern Munich percevait 24 millions d'euros alors que Sankt Pauli ne percevait que 12 millions d'euros environ, soit 2 fois moins.

* * *


Certains championnats européens seraient bien inspirés de repenser leur modèle économique, à commencer par l'Espagne où l'écrasante supériorité du Real Madrid et du FC Barcelone nuisent à l'intérêt sportif: quel intérêt de s'attarder sur un match du Barca si l'on sait que les Blaugranas atteindront la pause avec trois buts d'avance, sauf à n'y voir plus qu'un spectacle de cirque avec ses vedettes en démonstration?
La DNCG et les autres experts prônent pour la Ligue 1 une diversification de ses recettes, dont le principal vecteur devrait être la modernisation de son parc de stades, censée attirer une nouvelle population de spectateurs et réduire une télé-dépendance qui implique, à chaque appel d'offres, de courir derrière les diffuseurs, voire d'en inventer de nouveaux quand la concurrence se dilue (lire "Al-Jazira, ça ira, ça ira" et "CFoot, écran de fumée").

Le fond du problème reste "politique" et réside bien dans la capacité de la communauté des clubs à répartir les ressources en son sein: on connaît l'antagonisme entre les partisans de l'élitisme (toujours plus pour une élite censée tirer les autres vers le haut) et ceux qui revendiquent le retour à des clés de répartition qui fassent la part plus belle aux critères sportifs (le classement) et aux parts fixes afin d'éviter la formation d'une oligarchie de clubs de plus en plus exclusive. Toute ressemblance avec le débat global sur la fiscalité n'est pas complètement fortuite...


Les observations en vrac
• Lille, actuel champion de France et Valence, qualifié pour la Ligue des champions, ont perçu moins que West Ham, Birmingham et Blackpool, relégués en Npower Championship.
• En cumulé, le Real Madrid et Barcelone ont perçu autant de droits TV que Manchester United, Chelsea, Arsenal et Manchester City réunis ou autant que les 7 premiers de Ligue 1.
• Les onze équipes espagnoles qui ont perçu les parts les plus faibles ont touché un montant équivalent à celui du Real Madrid ou du FC Barcelone.

banniere_moustache.jpg

Réactions

  • José-Mickaël le 28/09/2011 à 12h38
    Étonné que les clubs Italiens aient perçu nettement plus de sous que les clubs français (sur le graphique ils sont nettement plus hauts) alors que le montant total des droits télé n'est guère plus élevé (600 contre 520 M€), j'ai refait les calculs et on dirait qu'il y a une petite erreur :
    - Le total des clubs espagnols donne le montant des droits télé en Italie (en fait j'ai trouvé 588 mais il paraît qu'il manque Villarreal).
    - Le total des clubs italiens donne le montant des droits télé en Espagne.

    Ou alors c'est en Italie que le montant des droits télé vaut 720 M€ et en Espagne qu'il vaut 600, c'est ça ?

    Sinon, qu'en est-il des sports pros américains ? J'avais lu quelque part qu'en NFL tout était partagé équitablement entre toutes les équipes, mais je ne sais plus si ce que j'avais lu concernait les droits télé ou autre chose (les recettes globales de la NFL ?)

    Comme Tonton Danijel, je suis pour une répartition égalitaire. Rien de tel pour rendre une ligue attractive que resserrer les moyens des clubs.

  • Sens de la dérision le 28/09/2011 à 12h38
    Gigodanho
    mercredi 28 septembre 2011 - 12h17
    @arnaldo01
    Tu es un romantique :) Je crains que personne ne recherche la simplicité ni l'équité. Le système initial en L1, combattu par le lobby aulassien qui avait porté Gérard Bourgoin à la tête de la Ligue, était essentiellement basé sur le classement - donc le mérite sportif.
    ----
    De quel appel d'offres parles-tu ? Parce que pendant longtemps un classement au mérite sportif était largement plus avantageux pour l'OL que pour Paris ou Marseille. C'est d'ailleurs pour ça que, en 2002, Bouchet notamment (cf mon lien plus haut) voulait porter la part à 50-25-25 (critère de notoriété au même niveau que le sportif).
    Avant 2002, ptet que Aulas voulait rajouter de la notoriété, mais c'était largement à la défaveur de Lyon (par rapport à Paris, Marseille, StE, voire Lens...). Ça m'étonnerait qu'Aulas ait voulu aller dans un sens contraire à son intérêt.

  • Espinas le 28/09/2011 à 13h34
    Tonton Danijel
    mercredi 28 septembre 2011 - 12h20
    Justement, gigodahno, un système basé sur le nombre de points entretiendrait ce cercle vicieux.

    Le plus simple: on donne la même part à tout le monde. Après, quand tu es un club très populaire comme le Barça, tu peux espérer gagner plus d'argent sur la billetterie, les produits dérivés, les tournées estivales...
    -----
    Attention aux cercles vicieux par championnat aussi. Si la L1 se la joue égalitaire (même part pour tout le monde) seule, les clubs qualifiés pour la C1 vont se faire massacrer en coupe d'Europe, l'indice UEFA va baisser, l'attractivité du championnat aussi, les télés investiront moins dessus, les clubs auront d'encore moins bons résultats en coup d'Europe, etc...

  • Jean-Patrick Sacdefiel le 28/09/2011 à 13h49
    Tonton Danijel
    mercredi 28 septembre 2011 - 12h20
    Justement, gigodahno, un système basé sur le nombre de points entretiendrait ce cercle vicieux.
    ---
    Infiniment moins que le système avec un levier "notoriété-médiatisation" qui tend à verrouiller la hiérarchie et à enrayer l'évolution sportive positive d'un club qui fait les bons choix sportifs.
    Il y a une prime à la "grosseur", par exemple quand des clubs comme l'OM ou le PSG ont continué à être massivement diffusés alors qu'ils naviguaient au mieux dans le ventre mou. Ceci au détriment de clubs mieux classés durant cette période, mais moins médiatiques, qui n'ont pas pu bénéficier de la dynamique positive qu'aurait permis l'encaissement de droits plus importants (proportionnés à leur classement).


  • Jean-Patrick Sacdefiel le 28/09/2011 à 14h37
    @Sens de la dérision
    Il y a un bel historique d'articles sur le sujet dans les Cahiers.

    1999 : LA GUERRE DU GÂTEAU lien
    Le Graêt parvient à sauver le principe de solidarité, mais le ratio part fixe / part au classement passe de 91/9 à 73/27. Pas de Part "notoriété". Aulas pas dans le champ. Le pactole est de 8 milliards de francs sur trois ans.

    2000 : LE CLUB EUROPE À L'ASSAUT DE LA LIGUE ET DES DROITS DE DIFFUSION lien
    Le Club Europe, le "G14 français" piloté par Darmon, confirme son intense lobbying, JMA en est la tête de gondole. La revendication est l'introduction d'une part à la "notoriété", voire carrément à la négociation individuelle des droits télé.

    2000 : L'ARGENT DE LA TÉLÉ NE FAIT PAS LE BONHEUR DU FOOT lien
    JMA obtient le départ de Le Graët et l'intronisation de Bourgoin. Il milite toujours pour l'introduction du critère notoriété :
    "Il faut tenir compte de l'audience. Le match Monaco-Lyon a été vendu dans trois pays. Une petite affiche aurait-elle été vendue à l'étranger? Je ne crois pas".
    "Même si cela profite surtout aux grands clubs, même si le partage des droits télé s'effectue selon une autre répartition, l'argent circulera partout: quand Lyon achète Dhorasoo 30MF au Havre, tout le monde en profite".

    2001 : DROITS DEVANT, LES AUTRES DERRIÈRE lien
    Le Club Europe se répartit une enveloppe occulte (et illégale, comme le montrera la découverte par les dirigeants de Vivendi post-Messier) de droits versés par Canal+, selon un système incluant la notoriété. (cf. aussi LES 480 MILLIONS DE LA DISCORDE lien)

    2002 : L'ULTRALIBÉRALISME EXPLIQUÉ AUX ENFANTS lien
    JMA : "En France, les grands clubs sont pénalisés par rapport aux petits (…) C'est normal que les grands clubs encaissent au lieu de sponsoriser les petits (…) Les petits clubs continueront à jouer un rôle essentiel sur le terrain, dans les quartiers pour fédérer les énergies et les bonnes volontés (…) Les petits clubs, comme les petites entreprises, peuvent toujours se développer et s'imposer. Cette loi du marché donne sa chance à tout le monde".

    2002 : CONSPIRATION POUR L'INÉGALITÉ lien
    Offensive médiatique conjointe des président de l'OL, du PSG et de l'OM.
    JMA : "Pour moi c’est clair, le montant fixe donné à tous les clubs est trop élevé. C’est un encouragement pour les clubs à budgets faibles qui ne cherchent pas à faire d’efforts en matière de recrutement".

    2002 : DROITS TÉLÉ : LA SOLIDARITÉ PRÉSERVÉE lien
    Nouvel accord de répartition des droits TV : 83% part fixe, 17% classement saison + classement 5 saisons précédentes.
    Toujours pas de part "notoriété". Les clubs riches ont échoué. Bouchet gueule, JMA pas trop. Il a d'autres chevaux de bataille: la bourse, les internationaux. C'est la crise et politiquement, les "gros" n'ont pas encore le pouvoir au sein de la LNF.

    2003 : BOUCHET S'EN VA-T-EN GUERRE lien et L'OM EN BUTTE AUX DROITS lien
    C'est le président de l'OM qui mène la guerre. JMA est plus discret.

    ---
    Je m'arrête là. On voit donc que JMA a été un militant de le première heure en faveur d'une répartition à la "notoriété", même s'il a laissé le PSG et surtout l'OM aller ensuite au front - à une époque où ce système aurait gommé l'avance sportive de l'OL sur ses deux rivaux (théoriques).
    A l'arrivée, l'écart de popularité s'étant resserré en sa faveur, ce système "libéral" lui convient parfaitement. Le contraire aurait été étonnant.

  • Sens de la dérision le 28/09/2011 à 14h44
    Merci pour cette mise au point salutaire qui confirme qu'il vaudrait mieux que j'évite de me fier à mes souvenirs.

  • la rédaction le 28/09/2011 à 20h27
    L'infographie a été mise à jour avec la Bundesliga, et le montant des droits de la Serie A (790 millions d'euros et non 600) corrigé. Merci aux lecteurs qui nous ont indiqué des sources et les erreurs.

  • Mangeur Vasqué le 28/09/2011 à 23h50
    Pour info, et aussi pour répondre aux cédéfistes qui se demanderaient pourquoi la Premier League est aussi équitable ou généreuse que ça envers tous (@ Sens de la dérision, malheureusement, rien de romantique dans cette générosité), je mets ce lien ci-dessous, en fait un post que j’avais posté en juin pour répondre à c'est à ras!, expliquant par le menu les méthodes de répartition de la manne Sky, ainsi que les raisons de cet état de fait au pays du « libéralisme sauvage » (raccourci prisé des étrangers mais réalité bien plus complexe).

    Aussi surprenant que cela puisse paraître donc pour beaucoup, la répartition équitable des revenus TV fut l’un des principes fondateurs de la Premier League et figure même dans le Founder Members Agreement établi en juillet 1991 (création de la PL), dans ses grandes lignes en tous cas. Voir donc ce post de juin :

    lien

    La raison principale est historique (j’en ai parlé plusieurs fois dans le fil anglais) et explique du même coup les origines* de la création de cette Premier League : tous les clubs de Football League (les quatre divisions de D1 à D4) touchaient la même chose en droits TV (dérisoires) avant la création de la Premier League y’a 20 ans. Et c’était pas bézef, 10 millions de £ par an… à se partager en 92 !
    (y’avait aussi de vieux principes qui agaçaient de plus en plus les gros clubs, obligations qui remontaient parfois quasiment à la création de la Football League en 1888, par ex. fallait partager les recettes entre club hôte et visiteur, des vestiges du passé qui avaient survécu incongrûment et faisaient tache dans le Eighties des Yuppies, societé individualiste, matérialiste, Thatcherienne et du fameux "If you've got it, flaunt it" - si t'as de l'argent, ne t'en cache pas).

    [*le drame d’Hillsborough – 15 avril 1989 – joua indubitablement un rôle dans la création de la PL, ainsi que l’état lamentable du foot anglais à cette époque, et donc le peu de revenus des clubs, mais la vraie origine fut purement financière – Hillsborough fut l'un des facteurs, plus un accélérateur, disons].

    Il faut préciser qu’à l’époque (80’s) les stades étaient à moitié vides, vétustes, dangereux, violence, hooliganisme, racisme, etc. (énorme crise du foot anglais qui rebutait tout le monde), et que les clubs commencèrent à chercher d’autres revenus que la billetterie (pas énorme car places pas chères, 2 ou 3 £ !). Seulement 15 millions de spectateurs en 1986 (pour les 4 divisions professionnelles, bien plus du double aujourd’hui).

    En fait, dès 1981 et les prémices du foot business, les gros clubs en eurent marre de partager le maigre butin avec les 80 autres de Football League, surtout des boulets de D3 ou D4 qui se faisaient plus remarquer pour leurs hools que leurs prouesses sur le terrain. Ces gros clubs commencèrent à se dire que ça serait plus sympa de se partager le magot à 20.

    Dès cette date-là, 1981, les Gros commencèrent à parler de former une « Breakaway League », un championnat sécessionniste (surnommé sommairement « Super League »). Mais en 1985, la Football League leur proposa un accord pour calmer le jeu (dont l'abandon du partage des recettes des matchs) et ça les pacifia un peu.

    Les gros de l’époque continuèrent cependant à s’unir et formèrent naturellement une alliance, qu’on appela la Big Five, les cinq clubs dominants de l’époque et aussi ceux qui avaient à leur tête des personnages influents (Liverpool, Everton, Tottenham, Man United et Arsenal).

    Vers 1986, les premières discussions avec la Football League s’engagèrent (pour augmenter les droits TV, ne les partager qu’entre clubs de D1, etc.).

    Arriva alors Rupert Murdoch (qui venait de se lancer dans la TV Satellite, BSB, British Satellite Broadcasting, ancêtre de Sky) et d’autres figures connues et médiatiques ou issues des médias (Robert Maxwell et Alan Sugar pour ne citer qu’eux, Irving Scholar aussi, Tottenham, l’un des précurseurs du foot biz en Angleterre), qui firent miroiter de beaux contrats TV et tout le toutim aux gros de l’époque.

    Vers 1987, la Football League contre-attaqua en passant un accord avec ITV qui triplait les droits TV existants mais effort jugé insuffisant pour les gros clubs (même s’ils étaient réticents à aller au gros clash et faire sécession).

    Il y avait aussi d’autres facteurs en faveur de Murdoch (et donc, d'un éloignement du système d'alors). Le foot était peu diffusé nationalement à la TV à l’époque, c’était surtout les chaînes régionales puissantes (comme Granada) qui diffusaient du foot, bref le système était fragmenté et peu propice au développement £££ des Gros. Murdoch (qui avait créé BSB, l’ancètre de Sky) apparut alors comme l’homme providentiel, il proposait avec ses satellites non seulement de les diffuser partout au Royaume-Uni mais aussi en Europe et ailleurs dans un avenir proche.

    En 1988, sous la pression de Murdoch et quelques autres, les gros clubs parlèrent sérieusement de créer ce championnat sécessionniste, et entrèrent en conflit avec la Football League.

    Ajoutons au tableau aussi que les clubs en avaient marre qu’on leur dicte tout, et assez d’être sous le joug non seulement de la Football League, mais aussi de la Football Association (en matière de financement et décisionnel. Par exemple, pour changer la redistribution des droits TV ou toute autre décision de ce style, les 92 clubs de Football League devaient obtenir l’accord de la FA, même des 2/3 des membres de la FA pour être précis).

    Cette sécession fut encouragée par la Football Association, qui voyait d’un mauvais œil la « concurrence » et le pouvoir de la Football League.

    Bilan : la Premier League fut créée officiellement en juillet 1991, et la FA se fit graduellement bouffer par la PL. La FA n’existe quasiment plus, en terme de pouvoir, elle s’occupe surtout de gérer ses petites affaires courantes, tels les scandales (chief exec, cul, argent, politique, etc.) ou l’énorme dette qu’a laissé le nouveau Wembley.

La revue des Cahiers du football