Le cable réseau du serveur étant presque saturé, merci de ne vous connecter qu'en cas d'absolue nécessité de vous amuser. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Écran de fumis

Dans le football, quand trois idiots se font remarquer, cent autres se lèvent pour rivaliser. Bonus voyance: que va-t-il se passer maintenant?
Auteur : Pierre Martini et Thibault Lécuyer le 23 Sept 2009

 

Frédéric Thiriez est alpiniste, alors il connaît l'ivresse des sommets, et il est occasionnellement chanteur d'opérette, alors il ne lésine pas sur les trémolos. Les salves d'objets pyrotechniques qui ont perturbé plusieurs rencontres ces dernières semaines ont ainsi eu droit à une sorte de bouquet final qui a fusé de la bouche du président de la Ligue: "Notre football est pris en otage par des groupes violents qui sont ses pires ennemis".


Thiriez retire l'échelle
Outre l'inévitable figure de la "prise d'otage", on notera d'abord qu'il s'agit d'assimiler instantanément les lanceurs de fumigènes aux bandes et à la violence – deux spectres qu'on peut faire planer comme des drones au-dessus de l'imaginaire insécuritaire français (1). Sans minimiser la bêtise, la dangerosité et l'irresponsabilité des divers gestes commis, on peut tout de même tâcher de les remettre, sinon dans leur contexte, du moins à leur place dans l'échelle des fléaux. Encore faudrait-il renoncer aux indignations convenues et aux épanchements de bonne conscience. Mission impossible pour Frédéric Thiriez, qui estime donc que les jets de fumigènes sont plus graves pour le football que le dopage, le racisme, la corruption ou David Gigliotti.

Du côté du gouvernement, on n'a pas été en reste: en première de la classe, Rama Yade a bien récité le poème des familles qui ont peur d'aller au stade et, probablement enthousiasmée par la qualité de sa prestation, la secrétaire d'État au Sport a même sorti la "barbarie ordinaire" de sa manche (lire ci-dessous). Évidemment, une réunion avec les "acteurs du football" va être organisée. Des acteurs, en effet. Tandis que Rama Yade évoquait imprudemment l'application des mesures existantes, sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot en annonçait de nouvelles. Le numéro est rodé (lire "Sarkozy bloqué au même stade").

fumis_1.jpg


Les Ultras de la répression
Il faudrait aussi citer l'édito de Rémy Lacombe dans France Football, qui en appelle à la dissolution du peuple: "La république des supporters n'a aucun avenir et doit être combattue avec la dernière énergie. Et puisqu'il paraît illusoire de faire appel à la conscience des plus excités d'entre eux, que l'on mette tout en œuvre pour les éliminer". On jurerait Thiers annonçant l'écrasement des fédérés parisiens (2). Alors ici et là, on ressort les mythes de l'interruption définitive de match et des retraits de points, quand le football français arrive à peine à s'infliger des rencontres à huis clos...

Bref, avec des Ultras ultra-énervés, c'est toujours la double peine: ils sèment un désordre imbécile, et leurs bombes agricoles font sortir les tartuffes comme des taupes.


(1) Les voies de fait à Nice ont été présentées dans le même lot que les jets de fumigènes.
(2) On remarquera aussi le titre "La bêtise du samedi soir", à rapprocher des sornettes du mardi matin, et ce jugement très réversible: "il ne se passe pas un week-end sans que la chronique des faits-divers ne se confonde avec la chronique sportive".



Bonus voyance
Rama Yade veut "réunir les acteurs du foot pour les placer devant leurs responsabilités" et ajoute "Il y a une sorte de tabou devant cette barbarie ordinaire. Il faut mettre en pratique l'arsenal répressif qui existe et passer d'une gestion de troubles à l'ordre public à une répression individualisée. Il n'est pas normal que des familles aient peur d'aller au stade".
Roselyne Bachelot dénonce "avec la plus grande sévérité ce qui s'est passé à Nice et Grenoble" et rappelle qu'elle a confié à Dominique Rocheteau "une commission pour réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour combattre la violence dans les stades" et qu'elle "s'appuiera largement sur ces conclusions pour prendre les décisions qui conviennent".

D'après vous, que va-t-il se passer maintenant?

• Rien, qu'est-ce qu'il y connaît Rocheteau aux violences dans les stades?
• Rien, Rama Yade ne savait pas trop où elle avait la tête quand elle a dit "barbarie ordinaire".
• Rien, imaginez à quoi ça peut ressembler la plus grande sévérité d'une cantatrice en tailleur rose.
• Rien, la commission Rocheteau préconisera de ne sanctionner personne mais de dire "s'il vous plait" en fouillant les spectateurs à l'entrée.
• Rien, il y a à l'Elysée un générateur automatique de réactions médiatiques qui mixe les mots "arsenal répressif", "il n'est pas normal que", "combattre la violence", "décisions qui conviennent", etc.
• Rien, le PSG n'est pas impliqué.
• Rien, Sarkozy a déjà résolu tous ces problèmes il y a cinq ans.

Réactions

  • JihaiR le 23/09/2009 à 12h09
    Pour ses fans du fil politique, je tenais à repréciser que cet article est co-signé Thibault Lécuyer.

  • balashov22 le 23/09/2009 à 12h41
    Zlatanist
    mercredi 23 septembre 2009 - 12h05

    Concernant les échauffourées entre clubs adverses (dont il n'est pas question dans l'article) en France elles ont surtout lieu en dehors des stades de toute façon.... bien trop risqué pour les protagonistes de faire ça dans une enceinte sous surveillance.
    _______

    Pas important pour Thiriez ça, tant qu'on n'y voit pas à la télé...


    Sinon, expérience personnelle, je suis membre du Kop Virage Nord à Gerland et à ce titre j'assiste aux matchs à domicile de l'OL au milieu des Bad Gones.
    Hormis en Ligue des Champions (et encore), je n'ai jamais subi de fouille poussée, le fait que je sorte porte-feuilles, clés et autres de mes poches en arrivant au barrage semble convaincre les stadiers que je ne suis pas un dangereux hooligan. Alors que toute personne bien renseignée sait que ce n'est pas dans les poches qu'on planque du matériel illégal, sauf à tenter un coup de bluff (excellente anecdote Marf, d'ailleurs).
    Quant à l'utilité des fouilles, justement, à moins de procéder à une fouille poussée sur chaque spectateur et de surveiller les associations de supporters qui sont autorisées à rentrer du matériel d'animation avant les matchs (incluant bâches, grosses caisses, confettis ... mais aussi des trucs moins légaux et mieux dissimulés), ce qui est matériellement impossible (pas assez de temps ou pas assez d'argent), elle est quasiment nulle. La banderole anti-Chtis a prouvé qu'avec un peu d'ingéniosité, on pouvait faire rentrer n'importe quoi n'importe où. En cela, la Belgique et sa prévention dans les stades me semblent un exemple à suivre, clairement.

  • thibs le 23/09/2009 à 13h22
    JihaiR
    mercredi 23 septembre 2009 - 12h09

    Oh c'est petit ça. Tout petit. Petit comme Nicolas.

  • Pascal Amateur le 23/09/2009 à 15h06
    Voici la quatrième de couverture de l'ouvrage "La Barbarie ordinaire", de Jean Clair.

    "Plutarque raconte que, des sept mille, Athéniens faits prisonniers durant les guerres de Sicile, échappèrent aux travaux forcés dans les latomies, et donc à la mort, ceux qui surent réciter à leurs vainqueurs, Grecs comme eux, quelques vers d'Euripide. Les nazis n'appliquèrent pas ce trait de clémence antique aux déportés des camps. Citer Goethe ou Schiller ne fut à ces derniers d'aucun secours.

    Pourtant la mémoire - la culture - joua un rôle majeur dans le destin des déportés. Savoir par coeur un poème met à l'abri du désastre. Ce que l'on garde en esprit, aucune Gestapo, aucune Guépéou, aucune C.I.A. ne peut vous le retirer. En septembre 1944, le peintre Zoran Music est déporté à Dachau. II y réalise, au risque de sa vie, une centaine de dessins décrivant ce qu'il voit - les scènes de pendaison, les fours crématoires, les cadavres empilés par dizaines, c'est-à-dire l'indescriptible.

    Plus que la formule trop citée d'Adorno sur Auschwitz, la question que pose ce livre est la suivante - que pouvait alors la mémoire contre la mort, l'art contre l'indicible ? Non pas «après», mais dans le quotidien de la vie des camps? Que peut-elle aujourd'hui dans une modernité qui, par son déni de la culture au nom de l'égalitarisme, et par sa tentation, au nom du progrès biologique, de légaliser l'euthanasie et l'eugénisme, semble souscrire au nomos de la vie concentrationnaire même ?"

    Ben je suis désolé mais c'est pareil.

  • hoyt pollard le 23/09/2009 à 15h50
    Pour ma part, je suis sans espoir.
    Le mal est profond, c’est un cancer, celui de la connerie. Et ça date depuis… toujours pour moi.
    Par quoi on commence ? Cris de singe, insultes ?
    Je suis allé pour la première fois de ma vie assister à un match de D1 à Lille en 1982, j’avais une dizaine d’années. J’allais avec un copain, son père, puis le copain de son père, des abonnés, des habitués. Je vous garantis que ces personnes étaient pétris de gentillesse dans la vie, tolérants, civiques et tutti quanti. Dès le coup d’envoi, tout bascule :
    « alors dès que c’est un noir qui a le ballon, tu fais le singe » ; « si le gardien dégage, oh hisse… » ; « si l’arbitre siffle hors-jeu contre nous, tu siffles tu l’insultes »
    Et évidemment on se prend au jeu. Car à ce niveau-là c’est juste un jeu, un jeu débile mais un jeu.

    Plus grave, les bagarres et la violence.
    J’avais suivi toute la saison du LOSC dans les années 90-91. A l’époque, FF avait eu « la bonne idée »de faire un classement des pires kops de France, les Dogues Virage Est étaient deuxièmes… ils l’avaient ensuite arrêté car le but des principaux intéressés était de décrocher la première place, mais le PSG était imbattable. Bagarres, bus adverses systématiquement cassés, pas de salut nazi car trop voyant mais en privé, on connaissait leur appartenance à certains groupuscules… bref, le beau ramassis comme on les imagine.
    A la dernière journée de championnat, quelle ne fut pas ma surprise de constater que tous les joueurs se sont dirigés comme un seul homme vers la tribune des DVE pour les saluer de leur fidélité. Mais franchement ? ils ne sont pas au courant ? les dirigeants ne les informent pas ? tout le monde s’en tape ?
    Je me suis aussi souvent demandé pourquoi ces phénomènes de violence étaient décuplés dans le foot.
    La meilleure réponse vient sans doute de Belgique (comme d’hab), je me souviens de deux anecdotes notamment, ce ne sera peut-être pas très précis (diablesse me corrigera) : un arbitre avait arrêté un match car un spectateur avait manqué de respect à sa maman. Le match avait repris 15 minutes plus tard environ. De même, je me souviens d’une autre interruption pour insultes entre flamands et wallons. Je ne sais quelle portée ont eu ces actions mais j’avais trouvé cela courageux et juste : une façon comme une autre de dire "arrêtez d’être con". J’ai quand même la sensation que le respect a une autre dimension outre-Quiévrain.

    Denier point et j’arrête mais ça me fait doucement rire : Les médias et leurs critiques de l’arbitrage, les Ménès, Larqué qui balancent leurs diatribes impunément et qui s’indignent dimanche pour ces histoires de fumigène (certes à prendre au sérieux),pff… tout concourt à une atmosphère délétère et suivant le degré de débilité de chacun, à une escalade de la violence. Je ne parle même pas du football amateur, c’est terrible, terrible…
    Je ne vois que deux solutions, tout arrêter ou attendre un Heysel.

  • Tonton Danijel le 23/09/2009 à 17h18
    suppdebastille
    mercredi 23 septembre 2009 - 10h01
    Pourquoi? Ca semble assez clair, les fumis et les Ultras en général sont les empêcheurs du "foot consommation" de tourner en rond.
    -------------------------------------------------------------

    Hola, doucement. On peut protester contre le foot consommation sans balancer des fumis ni être dans la mouvance Ultras (qui me donnent plutôt l'air, avec leur renouvellement de garde-robe à chaque saison, d'être plus des disciples du foot-conso que des opposants). Si les Ultras voulaient flinguer le foot consommation, le meilleur moyen, ce serait de ne pas venir au stade. Comme hier avec le kop entièrement vide à Lorient ;-).

  • suppdebastille le 23/09/2009 à 17h29
    "Tonton Danijel
    mercredi 23 septembre 2009 - 17h18
    -------------------------------------------------------------

    Hola, doucement. On peut protester contre le foot consommation sans balancer des fumis"

    --> on est d'accord là dessus

    " ni être dans la mouvance Ultras (qui me donnent plutôt l'air, avec leur renouvellement de garde-robe à chaque saison, d'être plus des disciples du foot-conso que des opposants). "

    --> ben les Ultras justement rejettent le massacre des maillots par les designers et marketers des marques

    Par rapport à l'intervenant précédent, l'article reproche à juste titre aux politique de tout mélanger, donc ça serait bien de ne pas en faire autant.

  • Tonton Danijel le 23/09/2009 à 18h17
    J'entends bien, mais ce n'est pas la défense du foot business qui justifie qu'on s'en prenne aux ultras et à leur fumigène. Plus une envie d'exister médiatiquement face à un marronnier. La grippe A, ça lasse, des pédophiles, il n'y en a plus, VGE-Lady Di, tout le monde s'en fout, donc on se rabat sur les supporters qui balancent des fumigènes.

    Mais bon, c'est pas par rapport à leurs convictions que ce cirque se met en place.

  • semtex le 23/09/2009 à 18h37
    Excellent article, à l'appui duquel je me permets de citer le grand Pierre Menès : "A un moment donné, il va quand même falloir que les dirigeants arrêtent de se faire dessus devant leurs supporters et prennent les choses en main avant que tout ça ne se finisse très, très mal (et je rappelle au passage qu'un supporter toulousain est toujours entre la vie et la mort après avoir été passé à tabac à Belgrade)."

    En outre, après que canal ait déblatéré sur le scandale des fumigènes, bande annonce pour le "choc" PSG-OL. Et pour vendre le gros match, je vous le donne en mille... Gros plan sur un kop parisien craquant des fumi !

  • The Great Koala le 23/09/2009 à 20h09
    Finalement, le plus triste dans tout ça c'est d'apprendre que Rocheteau va encore se retrouver à la tête d'une commission fantôme. Pauvre gars, qu'a-t-il fait pour mériter ça?

    Ah, sinon, très bon article, c'est juste dommage que vous soyez les seuls à souligner ce cirque.

La revue des Cahiers du football