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Roi à Paris plutôt que prince à Madrid

Le maintien en Ligue 1 de Kylian Mbappé a des airs de prise de pouvoir sur un PSG qui pousse encore plus loin le star-system. Pour son bien, cette fois ? 

Auteur : Jérôme Latta le 23 Mai 2022

 

Le feuilleton du (non-)transfert de Kylian Mbappé, auquel il est de rigueur d'accoler l'épithète "interminable", avec son issue qui a déjoué les pronostics, est de nature à faire douter que l'ère des superjoueurs toucherait à sa fin - diagnostic tentant devant le constat des déclins de Messi et Cristiano Ronaldo.

À tout le moins, l'ère des superclubs n'est pas menacée. Avant même l'ouverture du marché des transferts, Manchester City et le Paris Saint-Germain se sont assuré respectivement les services d'Erling Haaland et du kid de Bondy, prodiges confirmés et héritiers présumés des deux stars mentionnées.

Dans le football post-Covid, la puissance financière des clubs-États a parlé. Même si l'on peut encore estimer qu'aucune équipe ne peut parvenir au sommet de l'Europe sans posséder d'abord un collectif (et un entraîneur susceptible de le former), les attaquants exceptionnels sont bien utiles.

 

 

Les très grands sportifs ne sont pas humbles

Le propre de l'affaire est que Mbappé a aussi été le maître du jeu hors du terrain, dans les négociations. En allant au bout de son contrat, il s'est placé en position de force face aux deux clubs, c'est-à-dire en position de capter (en prime à la signature) les montants de transfert qui vont d'ordinaire d'un club à l'autre.

Il a également pu obtenir des conditions contractuelles exceptionnelles pour sa rémunération comme pour la gestion de ses droits d'image. Et même quelques assurances, voire un droit de regard sur la politique sportive du PSG, dont les échecs répétés lui donnaient justement toutes les raisons de partir vers une écurie mieux armée.

À contrats équivalents, le Real, encore finaliste cette saison, avait en effet l'avantage sur ce plan. Mais, cinq ans après son émergence tonitruante, on sait parfaitement que le garçon avance à l'orgueil et qu'il affiche une assurance aussi phénoménale que son talent. Inutile de le lui reprocher : les très grands sportifs ne sont pas humbles.

On peut se le figurer ainsi : s'il remportait la Ligue des champions sous le maillot blanc, on dirait que c'est le Real qui le lui a permis ; sous le maillot bleu et rouge, que c'est lui l'a permis au PSG. Mbappé tient à écrire lui-même sa légende, et peu de clubs aussi puissants lui laisseront autant de latitude pour y parvenir.

Il ne lui manque qu'une vraie équipe ? Il va s'assurer qu'elle soit réunie autour de lui. Il n'est pas du genre craindre ce défi, avec l'idée d'être roi à Paris plutôt que prince à Madrid. Sa communication, qui passe par le JT de TF1 ce soir, n'a d'ailleurs pas manqué d'y mettre une touche de patriotisme - mon pays, ma ville... 

En s'associant plus longtemps à son club actuel, il peut même revendiquer une forme de fidélité, effaçant le ressentiment que ses tergiversations et ses calculs avaient fait éprouver aux supporters.

Une équipe pour Mbappé

Ces supporters peuvent-ils, aujourd'hui, éprouver autre chose que de la reconnaissance ? Il a parfaitement assumé son statut sur le terrain, dans une équipe où ses co-stars ont périclité, et il est resté insensible à la pression qu'il s'était lui-même mise sur les épaules : meilleur joueur au monde dans une équipe qu'il veut rendre la meilleure au monde.

Le paradoxe est là, pour le PSG. Avec des revers en Ligue des champions trop spectaculaires pour ne pas faire oublier ses performances (dont une finale), le star-system a durement échoué. Pourtant il remet les clés à sa star.

Manchester City espère avec Haaland se doter de l'arme qui manque à une équipe tout en maîtrise, mais pas assez fatale. Le PSG doit inversement mettre une équipe derrière Kylian Mbappé. Voire à son service, maintenant qu'il a surclassé Neymar Jr et Lionel Messi ?

Certes, le FC Barcelone s'était organisé autour de l'Argentin, bardé de privilèges, mais dans une relation à bénéfices mutuels qui n'a pas nui à l'institution que forme le club. Or c'est précisément cette dimension institutionnelle qui manque au PSG.

Son placement sous tutelle de KMB a des allures de fuite en avant, mais la pression exercée fera peut-être office de déclencheur - le départ de Leonardo et son remplacement probable par Luis Campos à la direction sportive plaident en ce sens. Si la famille Mbappé a de bonnes idées sur la gestion du club, ce ne sera pas une surprise.

Il revient tout de même au PSG de ne pas s'en tenir à cette énième victoire de prestige sur le marché des transferts, et c'est avant tout à son futur entraîneur qu'il devra enfin donner les moyens de gouverner.

Ce maintien en Ligue 1 sera une nouvelle fois salué comme une victoire pour celle-ci - en crise, mais provisoirement sauvée par la création d'une société commerciale avec le fonds CVC Capital Partners.

Le football français ne devrait pourtant pas s'épargner une réflexion sur le terrible déséquilibre compétitif de son championnat d'élite. Ni sur sa vassalisation accentuée envers la superpuissance parisienne et son nouveau patron.

 

Réactions

  • OLpeth le 23/05/2022 à 11h47
    "Sa communication, qui passe par le JT de TF1 ce soir"
    Mon dieu, mon dieu, mon dieu...

  • gurney le 23/05/2022 à 23h14
    Si ce qu'on murmure est vrai sur son contrat et sur celui que le réal proposait, on a quand même une belle petite différence :
    100m de prime pour les 2 clubs. 150m de salaire pour les 2 clubs.
    Mais 3 ans de durée pour l'un, 5 pour l'autre, ça fait du coup 50/an pour le real contre 83/an pour le psg.
    Le PSG a payé 65% plus cher pour avoir Kyky. Mais la maman de Kyky a raison, factuellement, les montants sont identiques. C'est un beau mensonge déguisé, et bien joué.

    L'argument Prince/Roi se tient tout à fait, mais il existait déjà l'an dernier, et pourtant Kyllian avait tenté de rejoindre le réal. Du moins c'est ce qu'il a déclaré.
    Peut être qu'il bluffe et qu'il n'a jamais vraiment eu l'intention mais qu'il a orchestré arriver en fin de contrat par le biais d'une offre factice, pour mieux obtenir le jackpot.
    Du coup on n'arrive pas bien à comprendre la logique de la réflexion, où plutôt l'évolution de la réflexion de Mbappe. Quelqu'un qui semble sortir de science po, s'exprimer encore super bien aujourd'hui en conf de presse, ce flottement été 2021 pour au final rester ne lui ressemble pas.

    Ce qu'il manque dans l'analyse, c'est peut être aussi la comparaison avec d'autres destins. Je pense surtout à Verrati : qui avait un départ tout tracé au Barça, mais qui n'avait pas pesé bien lourd face à nasser, et qui avait au final mal vécu ce non-départ et pourtant... prolongé !
    Je trouve le parallèle assez fort. Et comme on nous vend une décision qui s'est prise la semaine dernière, j'en viens à me dire qu'il doit y avoir une forme de fascination pour la puissance du Qatar.
    Comme un monde à qui on ne peut pas vraiment dire non, même si on en a pourtant la liberté.
    Et le mélange des genres (l'intervention de Macron), vient rajouter un truc.
    Je dis pas que Mbappe vient de resigner à contre coeur. Je pense qu'il est clair qu'il a fait son choix, en pleine conscience, et qu'il a l'air d'en être heureux.
    Je pense qu'on peut même ironiser et se réjouir un peu devant les pétages de cables des éditorialistes madrilènes, rageant que leur club qui écrasait de sa puissance financière et médiatique se fasse à ce point humilier.
    Mais il reste un fond de malaise dans ce dénouement.

    Peut être qu'il sera dissipé si Mbappe gagne 4 LDC dans les 10 prochaines années avec Paris (car clairement, il fera toute sa carrière au PSG. Si il n'est pas parti là, au meilleur moment, il fera comme Verrati, parti des meubles).
    Mais si Paris continue à rater le coche (et dieu sait que c'est difficile de gagner une LDC), ça renforcera cette idée qu'un destin extraordinaire s'est peut être heurté au soft power qatari, et qu'il en a résulté un étouffement en règle de carrière. En tout cas ne pas permettre à Mbappe de remporter le ballon d'or dans les 2 prochaines saisons ne serait pas un mince exploit. C'est déjà fou que Benzema puisse potentiellement le gagner en étant si loin des capacités individuelles de Kyky et alors même que ce dernier a 3 fois plus de talents autour de lui à tous les étages.
    D'ailleurs quand on lit les déclarations sur la révolution parisienne, que le Qatar prévoyait du LOURD, ça prête là aussi à sourire quand on lisait tout le monde (nous y compris) louer le mercato dingue de l'an dernier. On est dans Matrix, les scénarios diffèrent mais le contenu reste profondément le même.

  • Jankulovic Hasek le 24/05/2022 à 07h03
    "les très grands sportifs ne sont pas humbles."
    Zidane n'est pas humble ?
    En tous cas, ce n'est pas l'image qu'il donne.

  • Jamel Attal le 24/05/2022 à 09h21
    On l'a habillé en humble*, et son introversion a contribué à cette image. Mais pour revenir en équipe de France comme il l'a fait en 2005, ou pour exécuter une Panenka en finale de la Coupe du monde, il faut un immense ego. Ce n'est pas une critique, c'est d'ailleurs pour ça que j'emploie le terme d'orgueil.

    * On l'a aussi habillé en mec calme, d'où la stupeur du grand public quand il a zidané Materazzi alors que c'était la 14e expulsion de sa carrière, la seconde en Coupe du monde.

La revue des Cahiers du football