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Marseille : l'héritage gaspillé

Le principal intérêt d'engager Marcelo Bielsa était de créer un socle sur lequel bâtir. Michel, ramené par Vincent Labrune (et Doyen Sports) pour prendre la suite du coach argentin, fait à peu près tout l'inverse. En attendant Jorge Sampaoli pour reprendre là où El Loco s’était arrêté?

Auteur : Christophe Kuchly le 24 Mars 2016

 

 

"De là où il est, il doit bien rire Bielsa." On connait tous quelqu'un qui a un jour dit ça. Et c'est vrai que c'est une réflexion logique: l'entraîneur parti qui a la fierté de voir que son successeur fait moins bien que lui. Dans un tel métier, la réflexion de la “vengeance a posteriori” vaut bien pour les court-termistes, moins pour les bâtisseurs. Après tout, si l'édifice s'écroule, il détruit toute une partie de leur travail.

 

 

Les bienfaits de la continuité

Peu importe le club, il est toujours plus facile de maintenir la philosophie en place que de tout changer. Roberto Di Matteo a ainsi pu gagner une Ligue des champions et Avram Grant passer tout près sans que leur coaching ne soit particulièrement marquant. Parfois, il suffit de changer le discours et quelques joueurs. C’est d’autant plus vrai quand on dispose d'une base défensive solide, le chemin le plus court – pas nécessairement le meilleur – vers le succès, encore plus dans des rencontres aller-retour qui se jouent sur des détails. Travailler derrière et espérer que la magie opère naturellement devant, que l’instinct de joueurs talentueux leur fasse prendre les bonnes décisions, c’est un classique, et pas seulement dans le football.

 

 

Louis van Gaal, qui tarde à faire venir les résultats à Manchester United, a certes un ego énorme mais il a également la patience de l'éducateur. Un éducateur de jeu qui implémente des philosophies positives et durables, dont profitent ses successeurs. Karl-Heinz Rummenigge disait ainsi en 2014, à propos de celui qui a lancé Thomas Muller et tant d'autres: "Si vous regardez notre possession de balle aujourd’hui, je dirais que les premiers pas viennent de Louis van Gaal. Nous l’avions engagé pour amener une nouvelle philosophie et je pense que du point de vue technique et tactique, c’est un très bon coach. Il a changé notre système et je suis convaincu qu’il fera aussi bien à Manchester United." Les bienfaits de son passage à MU – ils commencent à apparaître à travers l’éclosion de quelques jeunes comme Marcus Rashford – ont également des chances de se voir après son départ, sous les ordres d’un entraîneur moins psychorigide. À moins que…

 

 

Un bon outil de travail

On ne saura sans doute jamais avec certitude quelle est la part de responsabilité de Vincent Labrune dans le départ de Marcelo Bielsa. De notre côté, comme au premier jour, on a plutôt tendance à accorder notre confiance à un personnage excessif mais droit – et qui n'est pas parti pour prendre un poste ailleurs – qu'à un président proche de Doyen Sports – entre autres choses. Mais l'important n'est pas là. Ce qui pose problème est la gestion sportive de "l'après". Les tergiversations et la nomination d'un entraineur qui, s'il n'a pas un bon bilan sportif, est surtout reparti de zéro pour aller nulle part. Qui n’a visiblement pas les mêmes convictions que son prédécesseur, ce qui explique qu’il fasse différemment, mais dont on ne sait pas encore quelles elles sont. Vu ses expérimentations à deux attaquants, pas sûr qu’il soit plus avancé que nous – sur les moyens d’appliquer sa méthode, en tout cas.

 

De l'équipe de la saison dernière, tout ne pouvait être copié. Le marquage individuel à l'extrême, par exemple, nécessite une foi totale de la part de celui qui le prêche pour convaincre les joueurs de son utilité. Sans Ayew, Payet, Thauvin et Gignac, c'est aussi une bonne partie de l'attaque flamboyante qui a fait ses bagages, en plus des milieux Imbula et Lemina. Mais l’effectif actuel est tout de même très honnête, surtout à l’échelle d’une Ligue 1 d’une médiocrité historique. Outre l’éclosion d’un Georges-Kévin Nkoudou, des joueurs comme Mauricio Isla et Lassana Diarra n’ont pas grand-chose à faire dans l’effectif d’une équipe de deuxième partie de tableau. Et la baisse de niveau des latéraux Brice Dja Djédjé et Benjamin Mendy, par exemple, suggère qu’il y a un vrai problème dans l’exploitation des potentiels.

 

 

Trop d'errances tactiques

Marcelo Bielsa est un idéologue que la conviction d’avoir trouvé une formule parfaite entraîne souvent vers le mur. Les joueurs étant des êtres dotés d’émotions et ne partageant généralement pas l’amour du foot sans limite qui le pousse à travailler du matin au soir, il est impossible de suivre sa cadence pendant des années. Mais, même si ses ouailles n’intègrent qu’une partie de ses nombreux principes, la transformation est toujours très nette. Et il suffit, si l’on peut dire, que le successeur desserre un peu la vis en s’appuyant sur un travail de fond énorme pour que les résultats perdurent. Cela s’est vu au Chili, où Bielsa a changé le style de jeu comme aucun autre sélectionneur dans l’histoire récente, ce qui a profité à son disciple, Jorge Sampaoli, vainqueur de la dernière Copa América. Ce fut également le cas à Bilbao, où Ernesto Valverde a été choisi parce que lui aussi aimait certains concepts forts: intensité, pressing haut, domination. Intransigeant mais humain, il est encore en place et son équipe gagne toujours.

 

 

 

 

À Marseille, il n’y a ni pressing, ni mobilité. Il n’y a d’ailleurs pas de bloc, ce qui ne semble pas si grave quand on l’écrit mais qui est assez effrayant à voir. Sans Lassana Diarra pour combler les trous et Steve Mandanda pour tout arrêter, rien n’indique que Marseille ne serait pas relégable – même si le manque de réalisme offensif, où la malchance a pu jouer un rôle, nuance un peu le constat. Quand il n’y a aucun équilibre collectif, difficile en effet de ne pas couler avec le reste. Les exemples de Lucas Silva et Mauricio Isla sont à ce titre très parlants: le premier, bon joueur de football, n’a pas encore une grande maturité tactique. Or, quand on ne sait pas se situer sur un terrain qui paraît énorme quand les lignes sont espacées de trente mètres, difficile d’exploiter ses qualités balle au pied. Le Chilien est lui un joueur de côté – disons latéral offensif de 3-5-2 – qui arrive à donner le change presque partout parce que formé tactiquement par Bielsa notamment. Cela n’en fait pas un fuoriclasse à un poste qui n’est pas le sien, surtout quand il baisse les bras avec le reste de l'équipe.

 

 

 

Un chantier et pas de chef

Un entraîneur peut aborder la tactique de deux manières: imposer une certaine forme de pratiquer le football, ce qui implique de beaucoup enseigner et nécessite un effectif réactif (vouloir le faire et en être capable), ou simplement s’adapter à ce qu’il a. “Mettre le joueur dans les meilleures conditions pour qu’il exprime son potentiel”, dit Arrigo Sacchi. Dans le cas de Sampaoli au Chili, les deux approches se rejoignaient puisque le chauve voulait jouer comme son prédécesseur – même s’il accentue plutôt, en interview, sur les changements, comme pour nuancer le côté “héritage”. Pour Valverde, c’est légèrement différent… mais sur le long terme: l’ancien attaquant de Bilbao a d’abord gardé la philosophie existante, qui voulait qu’on passe désormais beaucoup plus par le sol que par les airs dans la phase de construction, avant d’implémenter ses spécificités. Il y a désormais plus de jeu de position et d’alternance jeu court-jeu long grâce à l’explosion d’Aritz Aduriz et l’arrivée de Raúl Garcia, mais aucun joueur n’a dû désapprendre ce qu’il a passé deux ans à maîtriser. Le pressing par exemple, nerf de la guerre du football moderne porté disparu sur la Canebière.

 

Est-ce la faute du seul Michel? Les joueurs des clubs français sont, de l’avis de ceux qui ont bourlingué, difficiles à mettre au travail. Cela n’a pas empêché Bielsa de les garder sous pression pendant six mois, transformant Florian Thauvin en marathonien dans son couloir. Les résultats actuels ne sont qu’une partie du problème: de tous ceux qui avaient passé un cap l’an dernier et sont restés, aucun n’a gardé le même niveau. Et, hormis Nkoudou peut-être mais dont le rôle d’ailier en faux pied repose sur des fulgurances qui lui permettent de se mettre en évidence hors du collectif, personne ne semble parti pour être valorisé sur le marché des transferts – surtout avec Fletcher, Manquillo, Thauvin, Cabella et Isla en prêt. Car si Marcelo Bielsa a échoué à décrocher une place en C1, avoir vendu Lemina et Imbula pour un total supérieur à trente millions d’euros ressemble aujourd’hui à un miracle.

 

Que peut maintenant faire Vincent Labrune? Tenter Sampaoli et espérer reprendre là où l’OM s’était arrêté il y a un an? Le nouveau chapitre ressemble de plus en plus à une parenthèse, refermée d’autant plus vite que les jeunes n’ont apparemment plus aucune chance de bousculer la hiérarchie. On se souvient d’un Bielsa fou parce que le centre d’entraînement de Bilbao ne voyait pas le jour assez vite. En octobre, on apprenait qu’il finançait la construction d’un centre de mise au vert pour les Newell’s Old Boys. On l’imagine aisément dépité de voir l’édifice marseillais par terre.

 

Réactions

  • Sens de la dérision le 24/03/2016 à 08h25
    "de tous ceux qui avaient passé un cap l’an dernier et sont restés, aucun n’a gardé le même niveau."

    Il y en a beaucoup de cette sorte-là. De loin, sans suivre Marseille, c'est assez évident que, Bielsa ou non, quand tu changes la quasi-totalité de ton 11 titulaire plus l'entraîneur, c'est assez normal d'avoir du mal.
    Tiens faudrait que je regarde d'une année sur l'autre, club par club, combien de joueurs du 11 sont restés...

  • Roger Cénisse le 24/03/2016 à 09h30
    L'article aurait pu sans doute se passer du poncif éculé de la L1 d'une médiocrité historique.

    Médiocrité historique des gros aurait été plus juste...

  • Yohan Cowboy le 24/03/2016 à 09h58
    Il y a des exceptions, mais globalement la Ligue 1 cette saison fait peur à voir. Le niveau du 2e, Lyon qui arrive à être en course pour la LDC après ses déboires, Lille qui peut encore viser l'Europe parce que personne n'avance... Et globalement, dans le jeu (hors PSG) à part Nice, Caen et Lorient (qui ont, et c'est logique, aussi leurs mauvaises périodes) et quelques exploits individuels (Ben Arfa, Dembélé, De Préville, Ounas, Boufal, Ben Yedder...), c'est franchement pas brillant.

    Et je dis ça en étant un grand défenseur de notre championnat.

  • Frodz Fany le 24/03/2016 à 10h22
    Moi je nuancerai un peu sur Van Gaal et Rashford. Certes l'éclosion du joueur est formidable et bienvenue, mais je pense que l'on devrait plus mettre cela au crédit de la longue liste de blessés en attaque de Manchester United qu'à la grande envie de Van Gaal de permettre aux jeunes de s'exprimer. Bon, d'accord, il pouvait retenter l'experience Fellaini en attaque, mais je crois que même son côté borné a pu se rendre compte que c'est pas une bonne idée.

  • Roger Cénisse le 24/03/2016 à 10h42
    Yohan Cowboy
    aujourd'hui à 09h58
    ______

    C'est vrai que j'ai été un peu lapidaire dans mon post, je m'en excuse auprès de Radek.

    Quand tu dis que la L1 fait peur à voir, je dirais plutôt que certaines équipes font peur à voir. De manière générale, Marseille, Bordeaux, voire Lyon jusqu'en janvier faisaient peur à voir à cause de leur incohérence tactique et de l'absence de plan de jeu.

    D'un autre côté, tu as des Angers, des Lille, même Troyes qui ont un plan de jeu, cohérent, qui s'y tiennent. C'est pas sexy, comme Monaco, mais sur le plan de vue du foot c'est cohérent, mis en place, adapté aux joueurs et aux spécificités du championnat.

    C'est sûr qu'on a pas des orgies de buts chaque week-end, mais si c'est pour voir des Marseille-Rennes avec deux performances défensives dignes de la Premier League ...

    Je n'aime pas cette idée sous-entendue comme quoi la médiocrité d'un championnat se mesure à l'aune de l'allant offensif de ses équipes.

  • Radek Bejbl le 24/03/2016 à 12h52
    Pas de souci, on peut être en désaccord sur le terme. J'ai longuement réfléchi avant de maintenir la formule mais je ne vois malheureusement pas d'autre qualificatif. Je ne vais pas écrire une page pour expliquer mon point de vue alors qu'il s'agit de deux mots dans l'article, mais l'incohérence tactique (pas que offensive, loin de là même puisque je suis surtout choqué par les trous défensifs et n'apprécie pas la PL pour cette même raison) est quand même énorme chez beaucoup. J'ai pas mal vu Lille cette saison, plan de jeu cohérent c'est vraiment très gentil. Souvent, le mot qui me vient c'est "vide". La L1 n'est pas nulle mais pour moi elle est médiocre en ce moment, constat renforcé par la facilité qu'ont des jeunes à faire des différences énormes.

    Concernant Rashford, c'est un exemple parmi d'autres. On peut pas nier que beaucoup de jeunes ont leur chance, même si c'est forcément également dû aux blessures, comme dans ses précédents clubs. Tous ne s'installeront pas mais au moins ils peuvent jouer, là où Michel préfère jusque-là reconduire des joueurs dans le trou.

  • Ba Zenga le 24/03/2016 à 15h15
    Merci pour cet article très juste.

  • sansai le 24/03/2016 à 21h34
    Roger Cénisse
    aujourd'hui à 10h42

    Yohan Cowboy
    aujourd'hui à 09h58
    ______

    C'est vrai que j'ai été un peu lapidaire dans mon post, je m'en excuse auprès de Radek.

    Quand tu dis que la L1 fait peur à voir, je dirais plutôt que certaines équipes font peur à voir. De manière générale, Marseille, Bordeaux, voire Lyon jusqu'en janvier faisaient peur à voir à cause de leur incohérence tactique et de l'absence de plan de jeu.

    D'un autre côté, tu as des Angers, des Lille, même Troyes qui ont un plan de jeu, cohérent, qui s'y tiennent. C'est pas sexy, comme Monaco, mais sur le plan de vue du foot c'est cohérent, mis en place, adapté aux joueurs et aux spécificités du championnat.

    C'est sûr qu'on a pas des orgies de buts chaque week-end, mais si c'est pour voir des Marseille-Rennes avec deux performances défensives dignes de la Premier League ...

    Je n'aime pas cette idée sous-entendue comme quoi la médiocrité d'un championnat se mesure à l'aune de l'allant offensif de ses équipes.

    -----

    Ben, c'est pourtant un problème quand la plupart des équipes ne font qu'une moitié du boulot (défendre). La L1 cette saison, il faut le dire quand même, c'est très faible. Angers, bien sur que c'est louable. Mais Angers sur le podium avec les moyens dont ils disposent (entendons-nous bien : par moyens, je parle pas que des chiffres du budget, mais des joueurs qu'ils mettent en effet sur le terrain) ? C'est pas brillant pour les autres.
    Ou encore Nantes qui se maintient dans la première partie de tableau.

    Il y a quelques exceptions, un Nice régulièrement réjouissant, Lorient qui après un début de saison compliqué et pas mal de 4-1-4-1 semble être revenu à ses intentions habituelles, mais globalement, cette édition 2015-2016 est une des plus tristes que j'ai vues depuis longtemps.

    C'est pas qu'une question de gros en carafe. Les outsiders n'en profitent même pas pour tirer leur épingle du jeu.
    Saint-Etienne, Bordeaux, Lille, Rennes réalisent des saisons qui vont du médiocre au lamentable. Le Monaco vitrine-à-trading-de-joueurs réduit à bien défendre et à compter sur l'addition des talents pour le reste, et qui se maintient tranquillou à la deuxième place avec 5 points d'avance sur la meute, est un autre indice que ça va pas très bien en L1, en ce moment.

  • sansai le 24/03/2016 à 21h37
    (ah et puis Troyes c'est gentil d'avoir un entraîneur qui a des idées mais quand tu vois comment ils ont fait n'importe quoi avec leurs comptes et leur effectif - plus de 30 joueurs pros en L2, ils recrutaient encore en janvier 2015, puis passage raté devant la DNCG 6 mois plus tard, d'où vente en catastrophe d'un joueur important remplacé par deux autres catastrophes - Carole par Mavinga puis Dabo ; pas de quoi leur jeter des fleurs, vraiment. Ils ont largement contribué à rendre cette saison de L1 lamentable.)

La revue des Cahiers du football