ManU, tu descends
Matchbox: Aston Villa-Manchester, 0-0. Des discours vains, de l'émotion, du suspense, des huées, des tacles par derrière, des occasions ratées, des idées mal exploitées: un match socialiste.
Auteur : Matthew Dymore & Olivier Toymate
le 24 Nov 2008
La nalyse
Au vu de la désintégration de son traditionnel 4-1-3-2 devant Liverpool et surtout à Stamford Bridge, il était assez probable que Martin O’Neill allait reconduire son coup de maître de l’Emirates: sacrifier John Carew au profit d’un recentrage d’Agbonlahor et d’une densification de son milieu axial. Le problème dans cette configuration, lorsqu’elle affronte un adversaire un peu moins friable que les benjamins nord-londoniens, c'est la capacité des trois milieux en question (Barry, Petrov et Sidwell) à se projeter rapidement vers l’avant.
D’autant que les deux supposés feux follets (Milner et Ashley Young) ont passé trop de temps à défendre pour pouvoir illuminer un match in fine très fermé. Inversement, cette appréhension a tendu à rassurer non seulement une charnière centrale impeccable de sobriété, mais aussi des latéraux surprotégés. Les feux conjugués des doublonnements Evra-Ronaldo ou Park-Park furent stériles. Villa fut suffisamment pétillante pour annihiler le jeu adverse (Friedel n’a même pas eu besoin de sortir son habituel match de Superman contre MU), mais visiblement en manque de jus pour réitérer sa domination sur Arsenal.
Surface interdite
Coté Manchester, Ferguson aligne un faux 4-4-2 en faux losange, avec Carrick à la besogne défensive et Giggs aux tâches offensives. Mais avec un Ronaldo en dedans, MU a eu du mal à rentrer dans la surface adverse. Tevez, Park et Ronaldo ont joué sur la même ligne, et principalement dans l’axe. Quand se présentent trois milieux défensifs en vis-à-vis, difficile de trouver des angles d’attaque. Les coups francs ont souvent été une solution alternative, mais quand ils n’étaient pas ratés par Ronaldo Carlos, la défense de Villa jouait bien le coup.
Étant donnée la faible moyenne d'âge du banc (vingt ans et six mois), Ferguson n’avait pas d’impact player à disposition, espèce disparue depuis l’ère Solskjaër. Anderson et Nani tentaient bien d’apporter de la valeur ajoutée, sans succès. Restaient la chance, ou un dernier contre hasardeux avec tir dévié/faux-rebond/boulette du gardien. Rien de tout cela n’arriva. Match nul, fin de citation.
Les gars en vrac
Reds
Van der Sar fut impeccable. Tout comme l’impression générale que donna Vidic, souvent pris de vitesse mais compensant par un sens de l’anticipation remarquable. Très rugueux, présent sur chaque duel, très précieux. O’Shea est le maillon faible de l’équipe, mais il est vachement sympa et adore Mariah Carey. Alors on lui pardonne.
Dans ce schéma tactique, Ferguson donne davantage de place à Giggs, qui en profite pour récupérer quelques ballons et éclairer le jeu. Même si sur ce match, il n’a pas été transcendant, il est clairement plus utile que sur l’aile gauche, et toujours le meilleur tireur de corners du club.
Devant, Tevez n’a pas la réussite du joueur en confiance, et ne paraît jamais aussi peu menaçant que lorsqu’il se sait menacé par un attaquant bulgare quasiment viré de sa sélection. À ses côtés, Rooney rate l’immanquable à l’heure de jeu. En outre, Nani n’a servi à rien. Une situation récurrente fort préjudiciable (pour l’équipe ET pour l’équilibre financier du club)
Villains
Nigel Reo-Cocker, l’Andrea Pirlo des West Midlands, est sans conteste le Villain du match, pour avoir parfaitement tenu un Ballon d’Or en devenir, puis apporté son écot au maigre butin offensif de son équipe.
A l’inverse, Gareth Barry commence probablement à se fatiguer de disputer un marathon à 35 km/h toutes les semaines depuis dix ans, alors que Steve Sidwell et Stilian Petrov, pourtant ressurgis d’entre les morts depuis trois mois, ont sombré dans l’anonymat complet à partir de la deuxième mi-temps.
Offensivement, ce genre de match tout en isolement a peu de chances de révéler au monde le talent grandissant de Gabriel Agbonlahor probablement jamais aussi à l’aise qu’en tournant autour d’une pointe. La suractivité offensive (ce qui est habituel), mais aussi défensive (ce qui est plus inhabituel) des excentrés Ashley Young et surtout James Milner (relire l'inoubliable Milner's crossing) constitue à elle seul un espoir de chevauchées spectaculaires à venir.
Derrière, pas grand-chose à dire, tant se sédimente la complicité entre le placide Martin Laursen, que le capitanat semble rendre invulnérable, et l’improbable Curtis Davies. Luke Young a fait du Luke Young, quelque part entre Bernard Mendy et Gary Neville, tout en contrôle.
Les observations en vrac
• Du moment que le petit peuple de la banlieue de Birmingham ne vote pas au Ballon d’Or, Cristiano Ronaldo fait bien ce qu’il veut.
• C’est de la bonne, la soupe de tortue de Guus Hiddink : six ans après, Park peut subir une faute (du type de celle pour laquelle Ronaldo lancerait un triple salto-tête grimaçante désarticulée), récupérer à trente mètres et se précipiter comme un malade au point de penalty pour offrir pratiquement sa meilleure occasion à Manchester.
• Il n’y a pas de fatalité : on peut porter les espoirs footballistiques de la deuxième ville – un peu endormie – du pays, compter John Carew dans son effectif et tenir en échec les plus grands noms du football anglais, donc européen.
• Les sifflets contre Ronaldo n'ont plus aucune utilité (si tant est qu'ils en ont eu une dans un passé proche). Un silence total ferait davantage son effet, malgré l'extrême difficulté de la mise en œuvre du procédé.
• On a retrouvé le Ronaldo râleur, simulateur et personnel. Pas de doute, le moral est revenu.
• Aucune victoire du Big Four. Pire : aucun but marqué par le Big Four. Un truc qui n'arriverait pas au Big Three, ça. Et ils osent se la ramener en Champions' League, les Rosbeefs?
• Huit étrangers titulaires côté United. Huit Anglais titulaires côté Villa. La relève.
Les chiffres