En vous connectant, vous certifiez n'avoir jamais trompé votre club favori. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Lyon, la tête dans le plafond

Avec un nouvel échec en Ligue des champions, l'OL a encore percuté son seuil de compétence... Que lui manque-t-il pour franchir un palier et passer à l'étage supérieur? Le mal est-il dans le modèle lyonnais?
Auteur : Pierre Martini le 20 Mars 2007

 

Au lendemain d'une élimination contre la Roma qui sonne comme un désaveu des ambitions aulassiennes, c'est une série de questions anciennes qui se pose à nouveau, avec un peu plus d'acuité qu'auparavant. Loin de la "gifle monumentale" dont L'Équipe fit son gros titre, avec le sens de la nuance et de la charité qui caractérise le quotidien sportif, il apparaît cependant comme une nécessité, pour le club, de s'interroger sur ses propres limites s'il veut les dépasser...

Constat d'échec
Jusque-là, le président lyonnais avait atteint ses objectifs avec une lenteur irritante, mais une impeccable régularité. Après qu'il eut lancé son  annonce d'un titre de champion "dans les cinq ans", on avait pu ricaner de ses échecs au pied de la première marche, mais les ricanements ont depuis longtemps été étouffés sous le podium. En revanche, il est une promesse présidentielle qui n'a pas été tenue. Non pas celle de conserver Essien ou Diarra, mais celle de remporter un titre européen. Ce qui devait être fait "d'ici à trois ans", selon une interview du principal intéressé parue dans L'Équipe... le 16 septembre 2002 (1).

aulas_promesse.jpg

L'échéance sera donc dépassée d'au moins deux ans avec cette nouvelle saison infructueuse en Ligue des champions. Il serait évidemment idiot de reprocher au dirigeant d'avoir été ambitieux, ou simplement de ne pas avoir atteint cet objectif, sachant combien celui-ci est élevé. En revanche, il est permis de relever que l'OL est resté loin de pouvoir l'accomplir, et même qu'il s'en est éloigné au cours des trois dernières saisons. Non seulement du point de vue purement sportif en sortant dès le huitième de finale, mais aussi sur le plan émotionnel: après une élimination injuste (PSV), puis une élimination cruelle (Milan AC), l'OL vient de connaître une élimination logique...


À cours d'arguments
Autant dire que sur son grand chantier – non pas l'OL Land de Décines, mais celui de la conquête d'une légende nationale qui passe inévitablement par des succès européens marquants – le club n'avance pas. On en est même à se demander s'il peut y arriver, ou bien s'il est condamné à stagner, faute des ingrédients nécessaires. À l'entame de chaque nouvelle saison, il semble pourtant mieux armé que jamais et son effectif peut, de l'avis général, rivaliser avec les meilleures formations du continent. Comment expliquer, alors, que les atouts qui lui permettent de surclasser ses rivaux français – continuité, autorité des dirigeants, cohérence sportive et économique, recrutement intelligent, etc. – semblent inefficaces sur les pelouses de la C1?

On peut d'abord avancer que l'absence de concurrence en Ligue 1 finit par avoir des effets négatifs sur la compétitivité européenne des Lyonnais: faute de sparring-partners de valeur pour s'étalonner, ils ne parviendraient plus à ajuster leur niveau à celui de leurs adversaires. L'argument ne peut toutefois suffire: de nombreux ténors européens connaissent la même fracture sportive dans leurs compétitions domestiques, sans en pâtir. Le procès de l'entraîneur, qui tient lieu de réflexe chez les journalistes, n'est pas, lui non plus, spécialement motivé en la circonstance, tant les facteurs paraissent à la fois plus divers et plus diffus...


En panne de révolution
Une autre hypothèse consisterait à diagnostiquer quelque chose comme une fin de cycle qui n'aurait pas été totalement assumée. La mini-crise de janvier en aurait été le symptôme, de même qu'aujourd'hui, les états d'âme ou les velléités contractuelles de cadres aussi importants que Coupet ou Juninho. En d'autres termes, l'OL souffrirait presque d'un excès de continuité, qui l'aurait empêché de marquer le terme d'une phase afin de mieux entamer la suivante, de faire en quelque sorte sa révolution pour pouvoir se réinventer – exactement comme il l'a fait précédemment, au fil de précédentes étapes majeures.

Les sorties moyennement maîtrisées du président pour traiter les remous internes (lire "OL Cuisine"), les réactions au terme du match aller (lire "Peut-on gagner la Ligue des champions en pleurnichant?"), l'ouverture de parapluie avant le match retour (à l'occasion des polémiques autour du derby) et l'extrême irritabilité des joueurs durant la rencontre apparaissent comme autant d'aveux de faiblesse ou d'immaturité, à la lumière du résultat. Tout s'est déroulé comme si, jusqu'au fatalisme d'après-match, les Lyonnais avaient accepté leur sort ou senti qu'ils n'avaient pas les moyens de le faire tourner en leur faveur.

tifo_gerland.jpg
L'Europe serait-elle trop grande pour Lyon ?

Faire germer le grain de folie
Mais ces raisons conjoncturelles ne portent aucune lumière sur des motifs qui semblent plus profondément ancrés dans le modèle lyonnais, lequel aurait ainsi rencontré ses limites. On le disait déjà l'an passé, à peu près à la même époque (lire "Pas de génie sans bouillir", CdF n°25): il manque certainement à l'OL ce que ses concurrents nationaux moins réguliers possèdent parfois en excès: ce grain de folie qui fait germer les épopées européennes, le haricot magique qui fait monter dans les nuages. Durant l'ère lyonnaise, deux clubs ont atteint les finales de la C1 et de la C3 (Monaco et Marseille en 2004), sans lendemains très enchanteurs, mais à des altitudes qui restent complètement étrangères aux Rhodaniens. Par le passé, tous les parcours européens marquants menés par des équipes françaises l'ont été au gré d'exploits et de retournements de situation improbables...

On a désormais du mal à imputer au seul hasard le déficit épique de l'OL, alors que ses participations européennes régulières lui ont forcément offert l'occasion d'écrire de telles histoires. Au point que la notion même d'aventure apparaît étrangement incompatible avec le style de l'OL, fait de rationalisation à l'extrême, porté par un discours qui considère systématiquement les résultats sportifs comme la conséquence ("inéluctable", dans le lexique de JMA) de saines politiques économiques. C'est encore ce discours qui a prévalu avec l'introduction en bourse d'OL Groupe tout comme lorsque, auparavant, le président avait insisté sur l'importance d'événements comme l'entrée du club au G14. Le contraste est flagrant entre, d'un côté, l'aisance olympienne dans les phases de poules, de l'autre, ces sempiternels blocages lors des matches à élimination directe – dont les enjeux semblent encore étrangers à sa culture.


Bien sûr, l'OL reste le club français le mieux placé pour s'imposer sur la scène européenne, et il est plus armé pour y parvenir que n'importe lequel de ses homologues nationaux. C'est justement la raison pour laquelle on attend de lui qu'il ne participe pas, comme cette année, à l'échec des clubs français en C1 et C3, mais porte le flambeau un peu plus loin...
S'il n'y parvenait décidément pas, l'Olympique lyonnais n'aurait pas réussi à convertir en réel statut européen une domination nationale sans précédent, et l'on risquerait, plus tard, de se souvenir de son empire comme une ère d'ennui – puisque cette emprise quelque peu castratrice serait également restée stérile sur la scène internationale.


(1) On peut mesurer la vitesse à laquelle le temps passe, en football, par un extrait de cet interview du président Aulas, évoquant alors l'absence de gaucher dans son effectif: "On en a beaucoup parlé entre nous: à preuve, on était tombés d'accord avec Bruno Cheyrou avant que Liverpool ne fasse de la surenchère. Après y avoir songé auparavant, on a eu aussi la possibilité de prendre Savio (mais aussi Munitis et Conceiçao) dans le cadre d'un éventuel transfert d'Edmilson au Real (...). Puis à une semaine de la clôture des transferts, on a étudié le cas de Diomède. On a finalement préféré préserver les joueurs en place, d'autant que Vikash, très brillant depuis la reprise, est revenu de Bordeaux plein d'allant. Sans compter que Delmotte est toujours là. Et, comme on me dit que le jeune Alexandre Hauw est un garçon d'avenir, je ne suis finalement pas déçu d'avoir fait confiance aux joueurs de l'effectif".

Réactions

  • Dinopatou le 22/03/2007 à 10h41
    Tu as très bien résumé l'idée de "hasard" dont je devais vouloir parler, par "hasard", je pensais plus "hasard" pour un moyen d'aller loin, le hasard entre les gros étant par contre effectivement forcément présent, un Barca Chelsea pouvant basculer sur un rien


    En même temps, si on regarde les clubs français étant allés loin, Saint-Etienne avait une grosse équipe, le demi de Bordeaux, c'est avec des Tigana/Giresse, et l'OM, bon, c'était juste la meilleure équipe d'Europe en 91 (hop là, un appeau :P)

    Donc la C1 ancienne version permettait peut-être plus de passer entre les gouttes, mais bizarrement (pour ses détracteurs), ceux qui sont allés loin ne le sont pas complètement "au hasard" pour autant... Comme quoi, la difficulté, hein...

  • Davy Crocket le 22/03/2007 à 12h05
    > "...et l'OM, bon, c'était juste la meilleure équipe d'Europe en 91 (hop là, un appeau :P)".

    Dino, L'OM meilleure équipe de la période 91/93, c'est juste une vérité (ou en tout cas l'OM était une des 4 meilleures avec le Milan, le Barça et la Samp. à mon avis).

    Il est absolument évident que ce qu'a fait l'OM de l'epoque est le plus bel exploit du football français des club en Coupe d'Europe "des champions".
    Il n'y a aucune raison de minimiser cette performance en tant que tel.

    Cela dit, on a aussi le droit de faire des parallèles avec aujourd'hui et dans ce contexte, je constate que :
    - l'OM n'a jamais eut besoin de jouer 2 des 3 autres prétendants légitime de l'epoque tout en faisant 2 finales en 3 ans (tu me diras, l'OL non plus mais l'OL est loin de dominer le foot européen).
    - l'OM est tombé sur une période où le foot anglais était dans le trou suite à une suspension de 5 ans (quand l'OL doit faire fasse à 4 monstres anglais, italien et espagnol).
    - les meilleurs allemands jouaient en Italie, Espagne, Monaco et France... donc pas de vrai prétendant allemand (alors que l'OL doit jouer régulièrement le Bayern dans sa meilleure période derrière l'époque 74/76).

    Aujourd'hui, pour gagner la CL il faut non seulement être l'un des meilleurs (et maintenant c'est plus 3/4 équipes mais 10 équipes qui peuvent légitimement penser la gagner) mais aussi passer par un parcours du combattant de 13 matchs dont en général au moins la moitié sont joués contre une équipe qui peut légitimement penser la gagner (ce qui multiplie les possibilités de perdre bien entendu).

    Gagner la CL aujourd'hui demandera forcément plus de match et plus de victoires contre beaucoup plus de "vrais prétendants" qu'il y a 15 ans. Et comme le niveau est serré..., c'est aussi le plus en réussite qui va au bout.


    Pour revenir au sujet, ce qui est inquiétant pour l'OL c'est plutôt son incapacité, à priori, à élever son niveau de jeu au moment clé d'un match de Coupe d'Europe.
    Allié au fait que l'OL n'était pas bien à ce moment là de la saison, ça donne une défaite logique contre une équipe de la Roma solide dans toutes ces lignes et capable, elle, d'augmenter son niveau de jeu au moment clé.
    Au final, l'OL a pris une leçon de foot !
    En espérant que l'OL soit dans de meilleurs dispositions en fevrier/mars et avec un peu de chance aussi, si possible.

  • loustic is back le 22/03/2007 à 13h37
    Davy

    Quand tu dis qu'avant il n'y avait que 3 ou 4 prétendants contre maintenant 10, je ne suis pas d'accord, que ce soit dans les année 70 (1 anglais, 1 allemand, 1 néerlandais, 1 Espagnol, 1 portugais, voir les écossais (Celtic et Rangers) mais aussi les ex-pays de l'est (yougoslave, roumain, ukrainien...) envoyaient rarement un club de branque.
    Par les tirages au sort, tu pouvais avoir de la chance ou non de les rencontrer tôt. Certes, cela faisait moins de match mais tu pouvais sortir direct.
    Actuellement, avec le système de poule, sauf catastrophe : les 2 têtes de série sont qualifiées dans 80% des cas, 100% cette année. Ce qui fait que le premier match difficile arrive en 1/8. Et si comme l'OL, le club finit premier, il tombe la plupart du temps contre un outsider. C'est à dire qu'il ne rencontrera un des favoris qu'en 1/4 s'il passe, soit son vrai premier gros match.
    Quand l'OL est tombé contre Porto, personne ne les imaginaient aller au bout.
    Quand l'OL prend la Roma, ce n'est pas la Roma qui est considérée comme le gros et, bizarrement, je ne pense pas qu'ils entrent dans la catégorie des gros encore qualifiés.

    Quand en 1993, l'OM sort Moscou, on dit que c'est une petite équipe mais quels sont les perf de Moscou avant ? On a tendance à considérer que c'est le statut actuel de l'équipe alors qu'à l'époque, les russes avaient une équipe redoutable.

    En clair, il y a peut être maintenant 8 à 10 équipes capable de gagner la LdC, mais avec le système de poule et les protections au tirage au sort, elles ne se rencontrent pas avant les 1/4. Je mettrais comme exception cette année Bayern-Real et Barça-Liverpool. Je mets Liverpool pour cause de 2003 parce que sinon, il ne serait pour moi pas dans les 8 équipes.

  • sansai le 22/03/2007 à 15h58
    Peut-être qu'une équipe pouvait se permettre d'être redoutable à l'époque avec un effectif qualitativement inférieur, ce qui permettait beaucoup plus souvent à 3-4 individualités de sublimer un groupe.
    Aïe, j'ai lâché un pavé dans la mare.
    Et pourtant j'aime pas dire ça parce que je suis pas spécialement fan de ce qu'est devenu le foot depuis l'arrêt Bosman. Le fait qu'on ait pas pu maintenir un quota de joueurs nationaux par exemple, ne serait-ce que 50% de l'effectif.
    On parle quand même bien de la fierté et des succès de clubs "anglais", "espagnols" ou "italiens", mais c'est un peu dur à avaler quand y'a seulement 2 ou 3 joueurs anglais, espagnols ou italiens, voire parfois aucun, dans ces équipes - du moins dans les 11 de départ.

  • sansai le 22/03/2007 à 18h14
    Sans parler des coaches d'ailleurs, y'a pas un seul coach anglais dans les 4 premiers de la PL, et le Barça et le Real sont coachés par un néerlandais et un italien... On pourrait interchanger librement les staffs techniques et les effectifs de ces différents clubs d'un championnat à l'autre sans que ça choque plus que ça.

  • Tricky le 23/03/2007 à 08h59
    Rigolo ce debat.

    Et indecidable. Elephant et hippopotame.

    Qu'est ce qui est plus fort : le Dynamo Dresde 1982 ou l'Inter Milan 2005 ?

    Oui, l'arret Bosman a contribue a la concentration, et a construit une dizaine de golgoths europeens, mais a l'inverse, les gros europeens etaient necessairement moins forts (i.e. avec moins de profondeur de banc sur une saison) et etaient donc plus susceptibles de se faire marcher dessus par des trois quarts d'equipes nationales (encore que c'etait le cas par exemple du Dynamo Kiev jusqu'en 2002, donc apres Bosman, le seul membre de l'equipe type nationale ukrainienne qui n'y jouait pas etait l'avant centre messin).

    Quant a savoir si c'est plus facile de sortir cinq equipes moyennes en elimination directe que d'un groupe avec le PSV, le CSKA et Schalke, ou inversement de se taper successivement Aberdeen, Carl Zess Iena, Feyenoord, Nottingham Forest et le Real plutot qu'un groupe ave le meme Real, Bucarest et Kiev, ca se discute ad infinitum.

La revue des Cahiers du football