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Ligue des nations : 54 nations army

Incompréhensible sur le plan sportif, invraisemblablement complexe, la Ligue des nations et sa mise à mort des matches amicaux s'expliquent mieux dans un contexte de guerre des calendriers et de course aux compétitions lucratives. 

Auteur : Jérôme Latta et Nicolas P. le 15 Avr 2014

 

 

La création de la Ligue des nations a été adoptée à l'unanimité le 27 mars au Congrès de l'UEFA. Cette compétition, dont le format n'est pas définitivement arrêté et dont les modalités restent vagues, verra sa première édition démarrer en 2018, avec pour objet principal de remplacer des matches amicaux jugés ennuyeux, peu attractifs et, on l'imagine, peu rentables.
 

La difficulté à en expliquer la formule témoigne de sa complexité. La compétition distinguera quatre divisions, comprenant chacune quatre groupes de trois à quatre équipes. Pour la première édition, les équipes seront distribuées dans ces divisions en fonction de leur classement UEFA, et elles se rencontreront par matches aller-retour de septembre à novembre 2018. Les premiers des divisions B, C et D seront promus dans la division supérieure, les quatrièmes des divisions A, B et C relégués dans la division inférieure. Pour leur part, les vainqueurs des groupes de la "première division" s'affronteront en juin 2019 au sein d'un "Final Four" qui attribuera le titre.
 

 



 


Quatre billets pour l'Euro

Incongrue pour sa façon de se greffer ainsi sur les interstices du calendrier des compétitions, la Ligue des nations ne s'en tient pas là en termes de complication. Car si elle ne se substitue pas à la traditionnelle campagne de qualification pour l'Euro (en l'occurrence, pour l'édition transeuropéenne de 2020)… elle va quand même offrir quatre places qualificatives en plus des vingt attribuées par les éliminatoires, selon un processus encore très obscur. Un système de barrages, de l'aveu même de l'UEFA "pas finalisé", verrait ainsi les premiers de chaque groupe (d'une même division) s'affronter sur terrain neutre, le vainqueur empochant son ticket pour l'Euro. En d'autre termes, les quatre divisions enverraient chacune une équipe à l'Euro – ce qui permettrait notamment à une des seize "moins bonnes" équipes européennes à l'indice UEFA de se qualifier (voir le schéma présenté par l'UEFA – PDF).
 

Au-delà, c'est encore plus la confusion: le cas, probable, d'une équipe qui remporterait sa division et qui serait déjà qualifiée au terme des éliminatoires posera la question du reversement des places qualificatives, qui n'est pas déterminé à l'heure actuelle (la place ira-t-elle au second du groupe de qualification, ou au second des barrages de la LdN?). En l'absence de plus amples informations sur son déroulé, et si vous n'avez pas compris les modalités ni l'intérêt de cette usine à gaz (rappelons que l'UEFA est aussi l'inventrice du reversement des éliminés de la Ligue des champions en Ligue Europa) qui organise une étrange concurrence entre LdN et Euro, il reste à comprendre ce qui l'a motivée et à mesurer ses conséquences sur le football international.
 


Compétition entre les compétitions

D'un côté, l'idée est légitime de revaloriser un football de sélection dont l'importance est rognée depuis une vingtaine d'année par les compétitions de clubs et l'hégémonie (économique et sportive) de la Ligue des champions – qui ne risque rien en termes d'attractivité. Depuis une célèbre déclaration d'Alex Ferguson sur le niveau des sélections, on scrute leur expression lors des tournois finaux, l'Euro 2012 ayant été plutôt rassurant à cet égard. Même si elles confèrent encore aux internationaux un statut particulier, et "font" les très grands joueurs, la pression économique (celle des fameux "enjeux") s'est exercée avec une force croissante sur des footballeurs enjoints à être plus salariés que patriotes.
 

La création de la Ligue des nations est ainsi le dernier épisode en date d'une "guerre des calendriers" entamée depuis une vingtaine d'années et qui a consisté, pour toutes les parties, à surenchérir en remplissant les cases vides et en gonflant ses compétitions. La FIFA a ainsi (en réaménageant des compétitions existantes) créé en 1997 la Coupe des confédérations et en 2000 le championnat du monde des clubs. Son président Sepp Blatter a même, un temps, souhaité organiser une Coupe du monde tous les deux ans... Au-delà des arrière-pensées électoralistes dont son homologue de l'UEFA Michel Platini est également coutumier, l'élargissement de la Coupe du monde à 32 équipes (en 1998) et de l'Euro à 24 (dès 2016) procède aussi de cette volonté de rééquilibrer le rapport de forces entre clubs et sélections… [1] Pour autant, la Ligue des nations a reçu l'aval de l'European clubs association (ECA) qui n'y trouve rien à redire du moment où aucune date internationale n'est ajoutée [2].
 


Haro sur les amicaux

Cela fait longtemps que les matches amicaux, en particulier, subissent les foudres des clubs, témoignent d'un déficit de motivation récurrent de la part des joueurs, et font l'objet d'un dénigrement de plus en plus systématique au sein des médias… C'est leur quasi-disparition que cette Ligue des nations programme, sans susciter ni émoi, ni réflexion particulière. Ils représentent pourtant une institution fondamentale dans l'histoire du football, dont la valeur particulière mériterait d'être considérée, au moins sous l'angle de cette question: pourquoi tout match devrait-il devenir compétition?
 

Les rencontres sans enjeu avaient au moins pour fonction de permettre aux sélectionneurs d'expérimenter, d'appeler de nouveaux joueurs, de bâtir une équipe – bref de travailler sereinement et avec une moindre peur de perdre. Elles permettaient aussi de voir des sélections plus exotiques, quoique souvent "européanisées", à des heures décentes [3]. L'UEFA, de son côté, fait valoir que certains pays "peinent à trouver un adversaire". Les matches amicaux, surtout, autorisaient un peu de répit (au moins mental, ainsi qu'au travers du turnover consenti par les sélectionneurs) aux meilleurs joueurs qui subissent déjà, en club, des calendriers surchargés. Une partie des matches de la Ligue des nations se déroulerait au mois de novembre, "période noire" des blessures musculaires et autres fractures de fatigue. Le syndicat international des joueurs FIFPro a déjà fait savoir qu'en plus d'entraver l'éclosion de jeunes talents, une nouvelle compétition de prestige impliquerait un surplus de pression et d'exigences pour les joueurs les plus sollicités, ceux qui disputent déjà une soixantaine de matches par saison.
 


Jusqu'à complète saturation

Plus généralement, en plus de la "gratuité" du match amical, c'est une certaine forme de rareté qui tend à disparaitre dans un football où les compétitions sont de plus en plus nombreuses et étalées dans le temps: des rencontres tous les jours, voire toutes les heures le week-end, une Ligue des champions réaménagée, des multiplex de championnat qui ne concernent plus guère que cinq ou six matches, la concurrence entre coupes nationales... et donc, désormais, un nouveau tournoi international qui viendra se greffer aux Coupes du monde, aux Euro, aux Coupes des confédérations et aux divers éliminatoires – quitte à rendre les compétitions déplus en plus illisibles et à progressivement dévaluer chacune d'entre elles. Une course à toujours plus d'enjeu et de trophées, jusqu'à la saturation des calendriers et des téléspectateurs.
 

Enfin, difficile de ne pas s'arrêter sur ses éventuelles implications financières. L'UEFA jure ses grands dieux que l'argent n'est pour rien dans l'invention de la Ligue des nations. Pourtant le regroupement de dizaines de matches amicaux en une seule compétition à enjeu, ainsi que son "branding" sous cette appellation, devraient ouvrir un nouveau marché de droits de retransmission, potentiellement intéressant pour les chaînes en manque d'offre footballistique comme pour celles en situation de concurrence frontale. Les fédérations, qui ont voté ce projet à l'unanimité, sont appelées à toucher cette nouvelle manne. Il est moins sûr que le football en sorte aussi gagnant.
 


[1] Il faut aussi rappeler l'issue du conflit de longue haleine qui avait porté dans les années 2000 sur l'indemnisation de la mise à disposition des internationaux, un des combats majeurs de l'ex-G14. Les systèmes finalement mis en place par la FIFA et l'UEFA ont ajouté un mécanisme supplémentaire de répartition inégalitaire des ressources (lire "Les clubs riches se payent en Euro" et "Le Mondial, jackpot pour les grands clubs").
[2] Même si récemment, le décalage des matches internationaux aux mardi et vendredi a contribué à retirer un jour de récupération et de préparation aux sélectionneurs, au profit des entraîneurs.
[3] Les clubs se réjouissent même de voir disparaître les déplacements intercontinentaux, régulièrement objets de leur courroux.

 

Réactions

  • leo le 15/04/2014 à 06h27
    Très rapidement, parce qu'il est tard, sur le point des fédérations qui sont appelées à toucher cette manne : d'après ce qu'on a lu lors du lancement de ce projet de Ligue des Nations, les droits de cette compétition seront centralisés par l'UEFA et redistribués équitablement entre fédérations. C'est à dire que le match Espagne-Allemagne, maintenant officiel, rapportera autant d'argent au Lichtenstein et à San Marin qu'à l'Espagne et à l'Allemagne, contrairement à un éventuel Espagne-Allemagne amical actuel dont les revenus ne seront partagés qu'entre les fédés espagnole et allemande.

  • José-Mickaël le 15/04/2014 à 07h36
    « Équitablement », c'est le mot qu'a employé l'UEFA ? Il n'a pas la même signification qu'« uniformément » (par exemple on peut considérer comme équitable de rémunérer les pays proportionnellement aux audiences télé).

  • Sens de la dérision le 15/04/2014 à 08h55
    Je suis d'accord avec l'article et avec les arguments invoqués. Néanmoins deux points de détail me titillent :

    - "Même si elles [les sélections] confèrent encore aux internationaux un statut particulier, et "font" les très grands joueurs". Est-ce encore vrai ? Messi est indéniablement un très grand joueur alors qu'en sélection ce n'est pas ça il me semble. Ribéry est-il le très grand joueurs français grâce au Bayern ou à l'EDF ?

    - "Les rencontres sans enjeu avaient au moins pour fonction de permettre aux sélectionneurs d'expérimenter, d'appeler de nouveaux joueurs, de bâtir une équipe – bref de travailler sereinement et avec une moindre peur de perdre." Là encore est-ce vrai ? Un amical contre l'Allemagne reste un match à ne pas perdre. Et il me semble que rares sont devenus les matchs amicaux où l'équipe titulaire est très différente de l'équipe titulaire habituelle : seuls les changements souvent tardifs et, à mon sens, inutiles (parce que tardifs justement, parce que nombreux etc) amènent un peu d'expérimentation. Tiens faudrait regarder si les joueurs jouent plus des amicaux ou plus des bouts d'éliminatoires...

  • Karel Pauvre Au Ski le 15/04/2014 à 09h08
    Y a une question que je me pose, et je pense pas avoir lu la reponse dans tous les articles sur cette nouvelle ligue des nations.

    Quid des regles sur les remplacements? A l'heure actuelle, pour favoriser les experimentations sans que ca tourne a la farce avec l'equipe qui change 11 joueurs a la mi-temps, c'est limite a 6, non?

    Si, a cause du statut "competitif", la regle des 3 remplacements s'applique, ca va pas aider.

  • Basile mais pas boli le 15/04/2014 à 09h35
    Tu ne nous y reprendra pas deux fois espèce de vicieuse ATP.

    Signé : Le Times

  • Richard N le 15/04/2014 à 19h33
    Entièrement d'accord sur le fait que cette Ligue des nations n'est qu'une farce de plus dans la course aux compétitions artificielles. Toutefois, je reste plus circonspect sur le maintien des matches amicaux. Dans le passé, le match amical se suffisait à lui-même et était une compétition à lui tout seul. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, où il passe plus souvent pour un gros entraînement en public.

  • José-Mickaël le 15/04/2014 à 20h09
    N'empêche que ce gros entraînement est indispensable, étant donné que les équipes nationales ont très peu de jours pour s'entraîner et jouer ensemble.

    Ou alors on considérera la Ligue des Nations comme une sorte de compétition amicale, un peu comme la coupe des Confédérations, et on s'en servira pour préparer les compétitions sérieuses ?

  • Flying Welshman le 15/04/2014 à 20h57
    Une équipe qui tournerait autour de la 35e place au classement UEFA aurait donc tout intérêt à glisser dans la division D pour avoir une chance bien plus importante de se qualifier pour l'Euro suivant.

  • Flying Welshman le 15/04/2014 à 21h09
    Une équipe qui tournerait autour de la 35e place au classement UEFA aurait donc tout intérêt à glisser dans la division D pour avoir une chance bien plus importante de se qualifier pour l'Euro suivant.

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