L'hyper-PSG menace-t-il la Ligue 1 ?
Une Balle dans le pied – Si le PSG écrase toute concurrence et se sert de la Ligue 1 comme marchepied pour l\'élite européenne, le championnat de France risque de souffrir – et pas seulement d\'ennui.
Les blagues sur l'incapacité du PSG à recruter les stars convoitées par ses propriétaires ont cessé: les arrivées de Thiago Silva et de Zlatan Ibrahimovic les ont rendues caduques. Jusqu'alors, un grand espoir argentin et une brochette d'internationaux d'excellente réputation (Maxwell, Thiago Motta ou Alex) avaient rejoint les lumières parisiennes, mais ni une vedette de l'envergure (sportive et médiatique) du Suédois, ni un joueur aussi convoité que le défenseur central brésilien.
VERSETS ZLATANIQUES
Le salaire de Zlatan Ibrahimovic a nourri la chronique et encore fait du football le déversoir de la désapprobation générale. Si les chiffres relèvent effectivement de l'indécence (surtout accompagnés de la mention "nets d'impôts" – lire "Un PSG colossal, au moins sur le terrain salarial"), on voit mal ce que la rémunération des footballeurs – fixée selon le même principe que toutes les autres [1] – a de spécifique, sinon dans le profil social de leurs bénéficiaires: il semble difficile de tolérer que des "travailleurs du corps", dont le mérite n'a été défini ni par l'institution scolaire ni par les autres mécanismes de gratification sociale ordinaires, puissent gagner autant (ceci étant mis en parallèle, souvent par mépris de classe, avec le stéréotype du sportif quasi illettré, aggravé par celui du footballeur-racaille-qui-ne-chante-pas-la-Marseillaise). Quant au caractère supposé irrationnel de tels investissements, il est assez facile à démentir: ils vont augmenter les revenus du club (billetterie, merchandising, droits marketing, etc.), et ils visent à anticiper la mise en œuvre du fair-play financier de l'UEFA, la saison suivante [2].
Pour éviter l'envasement dans des polémiques biaisées, il vaut mieux aborder l'événement comme un problème footballistique, c'est-à-dire s'interroger sur les conséquences de ce phénomène inédit dans le championnat de France: la création d'un club disposant de moyens sinon illimités, du moins sans plus de commune mesure avec ceux des ses rivaux directs.
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