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Le meilleur des stades

Tribune des lecteurs - Football-fiction : à l'orée de la saison 2008/09, entretien avec Jean-Paul Lavenue, responsable Sécurité et Animations du Paris Saint-Germain.

Auteur : Greg Lemyonère le 23 Dec 2004

 

 

Effectuons un retour en arrière. Lors de la saison 2004/05, un certain nombre d'incidents dus à des supporters émaillent le championnat de France de Ligue 1 Orange. Pressés d'agir par les médias, les pouvoirs publics et la LFP, les dirigeants de club décident de donner un grand cou p de balai dans les travées des stades. Au prix d'un travail acharné et en dépit des menaces de violence, les éléments perturbateurs ont enfin pu être chassés et le football français connaître une transformation et un essor considérables.

 

M. Lavenue, entrons directement dans le vif du sujet: le Parc des Princes est-il aujourd'hui un endroit sûr?
Absolument! Il faut enterrer définitivement l'image négative qui collait au Parc des Princes. Aujourd'hui, les familles, les enfants, peuvent venir l'esprit tranquille au stade assister aux matchs de leur équipe. Nous avons pris de nombreuses mesures pour garantir leur sécurité et elles ont d'ores et déjà montré toute leur efficacité la saison dernière puisque aucun incident n'a été à déplorer.

 

Pouvez-vous nous détailler ces mesures?
Tout d'abord, vous ne pouvez plus venir au stade et y entrer sans respecter un certain nombre de consignes. La première est bien sur de se conformer aux contrôles d'identité qui se font dans les rues menant au stade et à l'entrée: vous devez présenter votre billet nominatif et vos papiers d'identité aux policiers présents. Ensuite, les spectateurs passent sous un dispositif de détection des métaux. Enfin, à l'entrée de la tribune, vous êtes accompagnés par nos stewards jusqu'à vos places numérotées. D'autre part, nous avons bien évidemment étendu notre système de vidéosurveillance et accru le nombre de stewards. Ceux-ci sont désormais des professionnels engagés auprès de sociétés spécialisées dans l'encadrement des manifestations sportives et artistiques.

 

Ces contrôles prennent du temps…
Disons qu'il faut prévoir d'arriver environ une heure à une heure trente avant le début du match pour avoir l'assurance d'être présent au coup d'envoi, mais nous nous efforçons de raccourcir au maximum ces délais. Sachant qu'il y va de leur sécurité, je suis sûr que nos clients le comprennent. D'autre part, pour satisfaire l'attente de ceux qui entrent en premier et doivent attendre le coup d'envoi, nous avons réorganisé les espaces situés sous les tribunes: on peut désormais s'y restaurer, mais également acheter les derniers produits estampillés PSG ou se faire maquiller aux couleurs parisiennes. Des activités ludiques sont même proposées pour les plus jeunes!

 

Ces mesures expliquent-elles la forte hausse du prix des billets?
En partie, mais pas seulement. Exploiter et sécuriser un endroit comme le Parc des Princes coûte cher, or, avant tout, un club est une entreprise et doit être rentable. Ce qu'on appelait les virages populaires ne l'était plus. Il a fallu mettre les prix en adéquation avec les coûts auxquels la société doit faire face. Néanmoins, les sacrifices consentis par nos clients trouvent aussi leurs contreparties. Prenons ainsi l'exemple d'un abonné dans le virage sud du Parc des Princes [NdA: Les virages sud et nord font actuellement l'objet d'un appel d'offres auprès des partenaires du Paris Saint-Germain pour acquérir un nouveau nom en lieu et place des anciennes appellations "Auteuil" et "Boulogne"]: pour un abonnement simple à l'année, il lui est demandé 1190€. Pour seulement 59€ de plus, il peut passer à l'abonnement "supporter" et recevoir, en plus de son abonnement, un maillot et une écharpe PSG; en ajoutant 40€, il obtient un abonnement "ultra" qui lui offre en plus une casquette et un fanion PSG, un DVD pour apprendre les chants parisiens et un abonnement d'un an au magazine officiel du club et à la chaîne PSG TV. En clair, vous pouvez aujourd'hui devenir un vrai supporter pour moins de 1300€! N'oublions pas un point important. Jusqu'à la saison dernière, les clubs français bénéficiaient de la manne des droits TV payés par Canal+. L'absence de concurrence lors du dernier appel d'offres lancé par la Ligue a permis à Canal de diminuer drastiquement ces droits. Il est donc aujourd'hui vital pour les clubs de diversifier leurs ressources: l'augmentation des prix de la billetterie répond à un impératif économique incontournable pour le PSG s'il veut maintenir son standing, et je pense que les supporters parisiens le comprennent. Les hausses de la billetterie et du merchandisage ne comblent pas la baisse des droits TV, mais elles nous aident à maintenir le club à flot.

 

C'est tout de même une augmentation très nette par rapport aux tarifs pratiqués il y a encore tout juste cinq ans.
Disons que le vrai problème auquel la direction du club se trouvait confrontée depuis les années 90 était la présence des associations de supporters. Les pressions exercées par ces groupes agissant en dehors de tout contrôle, ne permettaient pas à la société de pratiquer des tarifs correspondant à la logique économique du football moderne. Je dirais même que leur existence nuisait doublement au club: leurs actions, souvent illégales ou violentes, nuisaient à son image, faisant ainsi fuir sponsors et spectateurs plus huppés. Le démantèlement de ce qui n'était souvent que des rassemblements de voyous, s'est fait grâce à l'action concertée des dirigeants du football français et des pouvoirs publics. Concernant le PSG, entre 2005 et 2008 nous avons ainsi résilié à peu près cinq mille abonnements, en majorité par non-renouvellement, et nous avons obtenu à peu près sept cents interdictions de stade à titre préventif ou par décision judiciaire. Je n'ai pas les chiffres en tête pour l'ensemble des clubs de l'élite en France, mais nous sommes à peu près aujourd'hui au niveau de l'Angleterre au nombre des interdits de stade, ce qui a contribué à un assainissement conséquent du public.

 

La disparition des associations de supporters a fait craindre à certains la chute de l'ambiance, or le public se déplace dans les stades également pour l'atmosphère qui s'en dégage…
Nous en avons tenu compte. Je vous parlais de l'Angleterre à l'instant. Nous avons su rattraper notre retard en termes de prix, mais un certain nombre d'études ont démontré que le niveau de fidélisation de la clientèle "football" en France n'était pas aussi important si l'on n'offrait pas une valeur ajoutée "festive" à la seule manifestation sportive. Par conséquent, nous avons repris pour le compte du club un certain nombre d'animations jusqu'ici dévolues aux anciennes associations de supporters. Nous avons ainsi formé pour la saison à venir des animateurs, que nous appelons "capitaines de tribunes", qui s'occupent des animations. À l'entrée des joueurs à chaque mi-temps, nos capitaines de tribunes déploient des bâches aux couleurs du club ou de nos sponsors. Nous avons également trouvé un accord avec la Ligue à hauteur de 85.000€ annuels pour permettre à des artificiers professionnels de réaliser quelques effets pyrotechniques lors des buts et des débuts et fins de match. Nos capitaines de tribunes élaborent ainsi en semaine les animations et les chants qu'ils feront suivre au public le week-end, notamment en lançant les applaudissements et les olas. Si les prix sont un peu plus faibles dans les anciens virages populaires, c'est donc à cause de la légère gêne occasionnée par le déploiement des bâches, mais également pour les remercier de leur participation à l'ambiance unique du Parc! À noter que les stewards ne s'occupent pas du tout de cet aspect mais s'assurent simplement que les consignes de sécurité et de civisme, notamment l'obligation de rester assis pendant le match, sont bien respectées. Nous pouvons garantir ainsi à chaque spectateur le maximum de confort pendant le match. Cette notion de confort est d'ailleurs au centre de notre politique à l'égard du spectateur, si nous voulons à la fois attirer un consommateur à fort pouvoir d'achat — et je ne pense pas là qu'aux personnes mais également aux entreprises — et en conséquence attirer également les sponsors.

 

Le Parc des Princes constitue-t-il un modèle pour les autres stades en France?
Assurément! D'ailleurs les présidents de club ne se sont d'ores et déjà pas privés de suivre l'exemple parisien. Dans le football moderne, les clubs sont, je le répète, avant tout des entreprises qui doivent satisfaire à des critères de rentabilité financière. Celle-ci n'est possible qu'à condition d'attirer une clientèle à haut niveau de consommation et pour cela il faut leur offrir sécurité et spectacle. La réforme du calcul des points en championnat, fondé désormais sur la différence de buts, va également dans ce sens. Ces évolutions étaient tout autant prévisibles qu'inéluctables et je pense que les dirigeants de clubs français l'ont parfaitement compris depuis maintenant quelques années.

Réactions

  • Ric@rdo Baggio le 23/12/2004 à 20h36
    A chaque pays son symbole: à Milan, c'était un scooter que s'étaient "passé" les supporters de 2 tribunes.

  • Double Tokoto le 24/12/2004 à 00h26
    L'article a le mérite de décrire un scénario, qui s'il n'est pas certain, est tout à fait possible. Il est donc intéressant.

    C'est dingue comme les gens s'étripent ici dès qu'il voient un point de vue qui semble différent du leur.

    Moi je trouve que les points de vue de chacun m'aident dans ma réflexion et m'évitent des raisonnements trop faciles. Les 25% d'arguments illustrés par des exemples sont très intéressants, dommage que les 75% restants soient occupés par des procès d'intention à répétition, très très lassants.

  • Double Tokoto le 24/12/2004 à 00h27
    Sur mes 75% - 25% je ne parle pas de l'article mais des réactions et de celles sur le fil du PSG.

  • timilson le 24/12/2004 à 00h37
    Je laisserai dorénavant à fr@n le soin d'exprimer à ma place la plupart de mes pensées quant à ce sujet.
    Je rejoins son club.

    "je peux aussi témoigner des écarts qui existent au niveau sécu er qui semble plus fonction de la compagnie de crs affecté au match que de l'affiche en présence."

    Effectivement quelque chose d'assez étonnant. La fouille n'a rien d'une science exacte. Non seulement suivant les matchs mais aussi suivant les CRS.
    Tandis qu'on vous empêche d'entrer avec un briquet et des mouchoirs en papier, on autorise la personne de la file d'à côté à rentrer avec 0.80€.

    Minus Germain "Je suis aller voir Rennes - lens (y a deux semaines) avec un sac a dos, on m'a pas demandé de l'ouvrir. Vous pensez que c'est possible a paris ?"

    Même chez Picard on me demande d'ouvrir mon sac à dos. Ca craint Paris !!

    Le Plan "Si vraiment il y a fouille systematique pendant des annees, plus personne de sain d'esprit n'ira au parc. Et meler le mercantilisme a ca, c'est un procede racoleur et malhonnete. Tout ca me parait tellement evident tout ca que je ne comprends pas bien comment expliquer."

    Ca fait 5 ans que je me fais fouiller et je ne suis pas sur que ce soit mon arrivée qui ait bouleversé le système. Crois-tu que je sois sain ? ;)
    Sinon sur le second point je suis d'accord avec toi.

    Pour moi cet article dresse juste un tableau caricatural d'une situation future.
    D'un manière ou d'une autre on parviendra à quelque chose qui se raproche de ce qui est décrit.
    Tout du moins, les tribunes telles que l'on connait aujourd'hui vont tendre à disparaître.
    Parce qu'il faut agir, comme tu l'as si souvent rappeler, et parce que les évènements de PSG-Metz sont totalement néfastes à la cause que veulent défendre les ultras.
    Il devient indispensable de "nettoyer", mais peut être pas d'une manière aussi radicale que celle que tu sembles proner.


    herboriste "à propos du démontage de buvette lors de PSG-metz: que font les stadiers ? à mon avis ils regardent le match gratos."

    Pas vraiment selon moi. Heureusement qu'ils étaient là sur ce que j'en ai vu (10mètres au dessus). La panique se lisait sur leur visage mais ils ont d'abord pensé à regarder en dessous pour vérifier que les gens s'écartaient rapidement du point d'impact. Ils ont également "retenu" le ballon et je pense que ce sont eux qui sont parvenus à convaincre les excités de ne pas le balancer.
    Je les trouve quand même assez présents à Boulogne, un de leur rôle étant de "confisquer" les fumis allumés. Cette chasse rend d'ailleurs ces intruments très dangereux.
    Mais bon, bref, pas sur que ce soit intéressant de parler des fumis, on a assez dit que le problème ne se résumait pas à ça :).

  • katana le 24/12/2004 à 00h47
    Le Plan "Si vraiment il y a fouille systematique pendant des annees, plus personne de sain d'esprit n'ira au parc. Et meler le mercantilisme a ca, c'est un procede racoleur et malhonnete. Tout ca me parait tellement evident tout ca que je ne comprends pas bien comment expliquer."

    Le Plan penses-tu vraiment que Graille et toute sa clique (LNF, FFF, gouvernements ...) sont tous des enfants de coeurs et que jamais, au grand jamais, ils ne s'abaisseraient à de telles bassesses ?
    Graille est comme les autres, il n'a aucun scrupule et si il peut au passage augmenter ses revenues, il ne s'en privera pas.
    Je ne dit pas que je suis a 100% contre toi, on a quelques points de vue qui se rejoignent. Mais sur ce point-là je suis pas d'accord avec toi. Ils profiteront tous du bordel ambiant pour, au passage, s'en mettre plein les poches tout e ayant une tres bonne excuse (je ne dit pas non plus que c'est juste qu'une excuse, je pense que Graille est serieux en disant qu'il veut metre les "voyoux" dehors).

  • Double Tokoto le 24/12/2004 à 01h21
    >> Graille est comme les autres, il n'a aucun scrupule et si il peut au passage augmenter ses revenues, il ne s'en privera pas

    Et hop, le grand combat de Peppone contre Dom Camillo est de retour !

    Personnellement je trouve injurieux de dire que X ou Y n'a aucun scrupule (sauf s'il s'agit de Tapie ou Dubiton). A moins que tu n'en aies aucun toi-même et que tu ne voies pas en quoi il peut s'agir d'une injure pour les gens qui en ont (des scrupules).

  • Gabriel Fouquet le 24/12/2004 à 16h28
    Je voulais répondre à la tribune de Greg Lemyonère, et j’ai finalement préféré l’imiter.
    J’ai à peine retouché l’introduction, et repris exactement les mêmes questions, qui sont toutefois posées à une autre personne.
    Sur la forme, c’est sûrement moins brillant que son article, que je trouve très réussi de ce point de vue, mais sur le fond, le truc que j’ai pondu est largement aussi partial et pourrait également postuler au podium lors des championnats du monde d’ellipses.
    C’est pourquoi je tiens à préciser que je ne cautionne pas nécessairement les propos tenus par le personnage un peu frustre interrogé fictivement.

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    Football-fiction : à l'orée de la saison 2008/09, entretien avec Horace Delaplouze plaisamment surnommé "La mémoire du Parc", jardinier du Parc-des-Princes connaissant tous les employés et les secrets de famille du PSG, qui prend sa retraite cette année. Effectuons un retour en arrière. Lors de la saison 2004/05, un certain nombre d'incidents dus à des supporters émaillent le championnat de France de Ligue 1 Orange. Pressés d'agir par les médias, les pouvoirs publics et la LFP, les dirigeants de club décident de donner un grand coup de balai dans les travées des stades. Au prix d'un travail acharné et en dépit des menaces de violence, les éléments perturbateurs ont enfin pu être chassés et le football français connaître une transformation et un essor considérables. Horace qui a suivi toute l’histoire en coulisse, évoque ses évènements.


    M. Delaplouze, entrons directement dans le vif du sujet: le Parc des Princes est-il aujourd'hui un endroit sûr?

    - Pour ça, tout ce qu’il a de plus sûr ! On y voit même de plus vieux crabes que moi qui viennent avec leurs petits-enfants. Depuis que les matchs se jouent l’après-midi, ils viennent prendre leur goûter au Parc ! Le papy vient avec son casse-croûte saucisson ou camembert et un kil de rouquin, les mouflets avec leurs chocos BN et leur Fruité-aux-fruits et ils cassent la graine à la mi-temps. Tu vois le tableau ? Un vrai Renoir !
    On ne voyait pas ça il y a encore cinq ans. On peut même dire qu’il y a eu des excès en tous genres. C’était pas Diên-Biên-Phu tous les week-ends, mais la direction voyait bien l’image du club se dégrader continuellement dans les médias. Alors ils ont pris des mesures, comme ils disent.


    Pouvez-vous nous détailler ces mesures?

    - Je me souviens que le président était très remonté, il ne voulait pas trop discuter avec les associations. Il disait qu’il y avait parmi les supp’ des bons à nibe et des vauriens, qu’il allait appeler le ministre pour lui demander d’envoyer des poulets en renfort et lui conseiller d’expédier les supporters les plus hargneux au mitard quelques temps pour leur apprendre à respecter les passants honnêtes.
    Bref le ton est monté progressivement, entre les dirigeants, le public, les flics. Ils étaient tous sur les nerfs, surtout après les épisodes du démontage de buvette et des fumis sur la pelouse, qui n’ont rien arrangé.
    Et puis en 2005, il y a eu l’incendie, enfin je veux dire l’incident, ou l’accident, enfin ce truc regrettable auquel je préfère ne plus penser. Une chance qu’il n’y ait pas eu de mort, mais ça a vraiment failli tourner au drame.
    Tout le monde était sous le choc. Et le président a été très bien. Il faut dire qu’il a une tronche adaptée aux situations les moins rigolotes.
    Il a pas l’œil rieur, on croirait toujours qu’il doit aller passer le dimanche chez sa belle-mère comme dirait Lamoureux.
    Bref, il a reçu les associations de supp’ pour leur expliquer que le PSG est une grande famille, que le temps n’était plus aux querelles intestines, et qu’ils allaient repartir sur de nouvelles bases, les civilités d’usage, quoi. Les supp’ étaient encore bien secoués, et comme ils voulaient plus trop aller au combat, ils étaient plutôt contents d’apprendre qu’ils étaient de la même famille que le président.
    Les supp’ se sont engagés à faire le ménage dans leurs rangs, à se débarrasser autant que possible de ceux qui ne venaient de toute évidence pas au Parc pour voir des matchs de foot, mais pour des motifs moins avouables, et les habitudes ont changé petit à petit dans les tribunes. Il y a eu aussi la démission du boss de la sécurité, que les supp’ tenaient pour principal responsable de la dégradation de leurs relations avec les dirigeants de leur club bien-aimé, et le président a bien voulu pu négocier un peu les prix des abonnements dans les populaires, qui ont quand même augmenté.
    Depuis, ils font régulièrement des réunions entre supporters et cols blancs du club pour discuter des animations dans le stade, de l’organisation des déplacements pour les matchs à l’extérieur, du choix des maillots de la future saison….
    Ils discutent même des inscriptions sur les tifos, qui doivent passer devant un comité des pitres constitué d’huiles du PSG et des représentants des associations, pendant une période probatoire de cinq ans comme dit le président.


    Ces contrôles prennent du temps…

    - Au début, un peu, maintenant ça va vite. Il n’y a pas à cogiter dix piges pour comprendre qu’un film dont le titre est "Dans le cul, la balayette" n’est probablement pas le dernier Walt Disney. Pour les slogans des supp’, c’est pareil : Celui-ci est homophobe, celui-là est raciste, un autre est rigolo mais trop salace pour les bambins, il y en a un qui me bottait bien, mais ils ont dit qu’il était sexiste. En général, il faut pas avoir fait St-Cyr pour deviner lequel va être choisi. C’est pas forcément le moins bath, d’ailleurs.
    C’est évidemment de la censure, mais normalement, c’est provisoire, et c’est quand même moins pénible que la période où les supporters devaient accepter de se faire palper par des CRS à moustaches pour entrer au Parc. Et il faut bien avouer qu’ils avaient tout fait pour en arriver là.
    Moi, comme disait un autre moustachu, mais sans képi celui-là, je suis un anarchiste qui traverse toujours dans les clous pour ne pas risquer d’avoir à discuter avec la maréchaussée. Alors forcément, je n’ai jamais bien compris qu’on soit violent pour dénoncer des dérives sécuritaires.


    Ces mesures expliquent-elles la forte hausse du prix des billets?

    - Si tu veux mon avis, ça l’explique pas plus que l’envolée du cours du guano. Tu n’y es pas, gamin, l’explication est ailleurs.
    Un exemple : Quand le club arrive à faire venir une vraie pointure, le gars touche d’emblée assez d’osier pour inviter au stade tous les abonnés pendant la saison entière si ça lui chante. Ils appellent ça la prime à la signature. Et les supporters sont contents de voir une vedette au Parc. Même si ça doit coûter la peau des miches.
    Et c’est sûr que pour jouer l’Europe de nos jours, il vaut mieux avoir une équipe un peu solide, les mômes du centre de formation sont encore un peu tendres et puis le club n’a jamais fait de miracle de ce côté là.
    Mais attention, je ne dis pas que les footballeurs sont trop payés, parce que j’ai entendu Jean-Claude Darmon-Dassier bien expliquer à la télé que c’est démago de dire ça. Il faut vivre avec son temps, c’est tout.
    Je pense quand même qu’il faut être un peu branque pour croire que le foot peut brasser tant de pognon sans attirer tous les margoulins de haute voltige de la planète.
    Ce qui est sûr, c’est que si les associations de supp’ se mettent à faire des banderoles qui dise bien haut ce que je pense des petits futés qui ont réussi défiscaliser une partie des revenus des footballeurs, je viendrai volontiers porter l’étendard avec eux, maintenant que je me range des tracteurs à gazon.


    C'est tout de même une augmentation très nette par rapport aux tarifs pratiqués il y a encore tout juste cinq ans.

    - Exact.
    Pourtant, les clubs pouvaient presque se passer des recettes guichet quand Canal a aligné 600 millions d’euros par an pour les droits tv, en 2004. Ils ont pratiquement flingué la concurrence sur le coup, et ont bien failli y laisser leur propre peau..
    Il faut quand même admettre que ça faisait une somme coquette. A l’époque, le budget du ministère des sports dépassait pas 400 millions. Je suis trésorier du club de foot de l’AS Mézy-sur-Seine, comme bénévole, alors ça m’intéresse. On est tous pour le PSG, au club. Mais le ministère est moins généreux avec la fédé et le foot amateur que Canal ne l’était avec la ligue et les pros.
    Après, les frères ennemis des bouquets satellites se sont bien mis encore quelques beignes comme ça pendant deux ans, et puis le plus trapu s’est finalement goinfré le gnome.
    Alors quand il a fallu renégocier le contrat avec la ligue, il n’y avait plus que CanalTPS (résultat de la fusion) et les CdF, en concurrence. Les cahiers ont bien essayé de faire les marioles, ils ont bluffé jusqu’au bout, mais la LFP les a finalement envoyés chez plumeau, prétextant que les matchs de foot, c’est mieux à la télé. CanalTPS a emporté le morceau pour un gros pourboire et les supporters casquent.
    Serge July avait les yeux aussi luisants que les cheveux quand il a annoncé sur France 3 que la bulle financière du foot business venait enfin d’exploser !


    La disparition des associations de supporters a fait craindre à certains la chute de l'ambiance, or le public se déplace dans les stades également pour l'atmosphère qui s'en dégage…

    - Les associations de supporters se sont auto-dissoutes. Ca s’est fait quand tout le monde s’était bien calmé, et qu’il n’y avait même plus de flic pour fouiller les spectateurs à l’entrée du Parc. Elles ont fusionné pour n’en conserver qu’une, certes indépendante, mais qui a noué des relations avec le club suffisamment étroites pour être consultée régulièrement et avoir l’impression de participer à la politique générale du PSG.
    Mais l’ambiance est toujours là. Il y a bien quelques vieux asthmatiques qui ont le souffle un peu court, et les gamins ont rarement la voix de Jean-Pierre Marielle, mais comme il y a maintenant beaucoup de spectatrices, dont quelques unes sont d’ailleurs bien girondes, on s’est habitué à entendre des kops moins virils.
    Et comme les chants ne ressemblent plus à ceux qu’on chantait jadis dans les chambrées de troufions, ce n’est pas trop préjudiciable à la beauté formelle des chœurs.
    Vraiment, j’ai connu plus des atmosphères plus sordides. A une époque, des supporters balançaient des sièges, certains soulageaient leurs vessies pleines de bière sur les gradins inférieurs, les mollards répondaient aux insultes, évidemment c’était plus sulfureux et il y en a qui préfère ça.
    Moi ,j’ai toujours préféré voir du spectacle sur la pelouse que dans les gradins. Peut-être parce que je suis jardinier et non stadier ? !


    Le Parc des Princes constitue-t-il un modèle pour les autres stades en France?

    - Sûrement pas.
    Déjà, il y a des clubs qui ont toujours connu l’ambiance bon enfant qu’il y a ici désormais (d’autres en sont malheureusement encore loin).
    Et surtout, comme on l’a déjà dit, les pontes du club ont beaucoup augmenté les prix en loucedé. Heureusement, le prix des abonnements reste à peu près raisonnable pour les virages, sinon le Parc ne serait rempli que de bobos, comme on les appelait il y a quelques années.
    C’est bien pratique de laisser entendre que l’augmentation des prix réduit le nombre de voyous dans les stades, mais ça permet surtout d’augmenter les recettes. D’ailleurs, on peut être pauvre et néanmoins poli, et je me souviens que les hools les plus teigneux n’avaient pas l’air d’être les moins nantis.
    On dit souvent que le stade n’est que le miroir de la société, mais ce n’était même plus le cas, il en donnait un reflet déformé, exacerbant ce qu’elle a de plus moche. C’était devenu un grand défouloir, des jeux du cirque moderne.
    Le problème n’est pas que le football soit un sport populaire, c’est que certains supporters déposaient leurs cerveaux encore fumants sur un meuble du salon en rentrant du boulot ( où ils ne l’avaient pourtant pas forcément beaucoup utilisé) avant d’aller au Parc. Au lieu de venir au stade, ils auraient mieux fait d’allumer leur télé. Il y a un patron de chaîne qui avait bien étudié les goûts des gens qui redoutent la surchauffe de neurones, et qui fait des programmes rien que pour eux. D’ailleurs, il aurait bien voulu avoir les droits tv du foot, et il aimait bien diffuser des images de bastons dans les tribunes, ou de cars de joueurs attaqués. Ca permettait aux journalistes de la chaîne de "déplorer ces actes inqualifiables". Ca fait des images qui affole bien la population, alors pour la rassurer, on met des képis et des caméras partout, comme ça commençait à se faire au Parc.
    Puis on étend le système à d’autres endroits réputés sensibles. Et puis on finit avec des caméras et des poulets partout.
    Je préfère ne pas penser à l’utilisation qui aurait été faite par certains courants politiques si les esprits ne s’étaient pas apaisés en 2005, et si des incidents entre supporters, ou avec les CRS, avaient eu lieu au moment de l’élection présidentielle de 2007.
    Rétrospectivement, ça fait peur...

  • pek le 24/12/2004 à 17h55
    que les parisestmagiquistes me pardonnent, mais je vais me repeter un peu :


    une augmentation radicale du prix des places et abonnements reglerait definitivement les problemes de fumigenes, de banderoles injurieuses, peut etre meme celui des boulettes de papiers sur les corners, en meme temps qu'il ameliorerait les finances du club.

    chouette idee.

    ca ne reglerait pas le probleme des casuals ni des cris de singe, mais je n'ose croire un instant que nos dirigeants soient assez cons pour penser que leurs mesures actuelles soient une debut d'embryon de reponse a ces problemes-la.

    il en va de la securite dans les stades comme de la securite en general.
    on peut se la jouer a la sarkozy, exhiber un evenement tragique et, en depit des chiffres qui minimisent l'hysterie ambiante, convoquer courageusement les cameras pour affirmer haut et fort que non en 2004 (presque 2005), on ne peut decidemment plus tolerer ca, pour ensuite prendre des mesures contestables mais qui premettront quand meme aux riches de se debarasser des pauvres, ce sera deja ca de gagne.
    on peut aussi s'interroger sur l'adequation des moyens mis en oeuvre avec les buts officiels, voire meme sur la realite et l'ampleur du danger denonce, mais alors on est un dangereux immobiliste reactionnaire suspect de connivence avec les facheux. soit.

    le coup de l'interdiction preventive de stade, ca fait quand meme furieusement penser a la creation des delits de racolage passif, de mendicite agressive ou d'atteinte a la liberte de circulation...

  • antigone le 25/12/2004 à 12h48
    Bravo à fr@n pour l'argumentaire.

    Et bravissimo au décidément très talentueux Gabriel Fouquet pour la gouailleuse et délicate prose.

    Moi, je l'aime bien, ce débat. Il est houleux, il déborde de partout, les cendriers volent bas et les "fachos!" fusent, c'est toujours dommage, mais les idées s'empilent, et mon opinion commence à prendre forme.

    Merci donc aux buteurs en contre parisiens et aux contributeurs de partout.

  • Asa le 25/12/2004 à 13h14
    C'est beau comme tout M. Fouquet... Le seul inconvénient c'est que le futur anticipé de la tribune s'est déjà produit: dans toutes les presses, on appelle ça "le modèle anglais". Alors que la grande fraternisation dirigeants-supporters, je ne sais pas si on peut la rencontrer aujourd'hui où que ce soit dans l'élite européenne des clubs de football. Même le système des socios montre des limites que ton texte enfonce allègrement.

    C'est Noël alors on va y rêver deux secondes ^^

La revue des Cahiers du football