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Le foot rend con (ceux qui ne l'aiment pas)

Comment survivre aux commentaires non autorisés de ceux qui se croient fondés à nous fourguer leurs opinions sur le football? D'Elkabbach aux collègues de bureau en passant par les ironistes d'entrée de gamme, la Coupe du monde sera une épreuve.
Auteur : Étienne Melvec le 31 Mai 2006

 

Le foot rend con, c'est une certitude maintes fois établie, inutile de revenir dessus. En revanche, il y a une hypothèse qui tend à s'imposer, de plus en plus, à chaque grand événement sportif: le foot rend surtout con ceux qui ne l'aiment pas. On entend par là, d'abord ceux qui ne l'aiment pas spécialement, ensuite ceux qui ne l'aiment vraiment pas.

1998, début des emmerdements
Chez ces derniers, on va avoir droit, inévitablement, à l'habituel déferlement de clichés éculés, au mieux à une pseudo-critique idéologique de comptoir revenant à dire que, mon brave monsieur, le foot c'est vraiment l'opium du peuple – alors qu'en réalité, le foot est à la religion ce que le lexomil est à l'héroïne pure (1).
Mais les plus pénibles appartiennent sans conteste à la première catégorie, ne serait-ce que parce qu'ils sont infiniment plus nombreux et constituent une gamme d'emmerdeurs remarquablement nombreuse.

Cette engeance inclut les collègues de bureau qui, à l'occasion d'une Coupe du monde, vont s'autoriser à donner leur opinion sur tout et n'importe quoi, et surtout sur n'importe quoi. À commencer par l'équipe de France, devenue un "lieu commun" depuis un Mondial 98 qui a vraiment marqué le début des emmerdements. On ne dira jamais assez à quel point cette victoire constitua une calamité qui a amené une masse excessive de Béotiens à s'intéresser à notre sport préféré... Dans un pays de culture footballistique aussi médiocre que le nôtre, cette invasion devait forcément être catastrophique.


"De toute façon, ils sont nuls"
Tout le monde s'estime donc compétent pour parler de football (peut-être encouragé en cela par l'incompétence réglementaire de bon nombre de journalistes sportifs). Nous voilà donc contraints de subir, aux abords de la machine à café ou sur le formica des cantines d'entreprise, des opinions définitives et particulièrement originales, du type "De toute façon, ils sont nuls", préludant de manière sinistre aux ricanements qui salueront une élimination... Pour ceux qui ont l'instinct de mettre une couche de prudence à leur jugement, c'est évidemment le sélectionneur qui ramasse – bouc émissaire préventif et universel. Même la production quotidienne des Guignols de Canal+ témoigne de ce degré zéro de la critique, de ce plus petit dénominateur commun. "Domenech = gros bouffon", donc. Mais là, restons circonspects puisque la moitié des lecteurs des Cahiers va se sentir visée...


« Bien placés pour mesurer l'inculture, la citoyenneté minimaliste ou encore la vénalité des footballeurs, nous voilà quasiment contraints de leur accorder notre sympathie, voire de ressentir une forme de solidarité avec eux ».


La beaufrérie contemporaine s'accorde ainsi sur de grandes vérités transcendantes. Par exemple, celle qui établit que le footballeur est un connard surpayé... Mais bizarrement, pas le patron de multinationale qui touche des tickets de présence faramineux pour participer de loin à des conseils d'administration et liquider des emplois, et qui héritera du PIB du Lesotho en guise d'indemnités de départ, ni l'animateur-producteur qui gagne des fortunes grâce à sa science de l'abrutissement des masses.
L'ironie est bien là : nous qui sommes bien placés pour mesurer l'inculture, la citoyenneté minimaliste ou encore la vénalité des footballeurs, nous voilà quasiment contraints de leur accorder notre sympathie, voire de ressentir une forme de solidarité avec eux – contre le front commun des footophobes primaires.


Indignés
Ainsi, le philosophe Jean-Pierre Elkabbach a-t-il exprimé avec nuance son sentiment envers Raymond Domenech et "l'incident SFR": "Je souhaite qu'il perde! Une fois de plus, le football est livré à l'argent fou (…) Il a vendu sa parole, c'est scandaleux. C'est scandaleux. Le sélectionneur de l'équipe de France est là pour parler à tout le monde. Je proteste, je le dénonce!" (2) Elkabbach – symbole d'un journalisme de révérence et de connivence encalminé dans la médiocrité de ses analyses et le sentiment de son importance, spectateur actif de l'annihilation du débat politique, président très bien rémunéré d'une antenne polluée au dernier degré par la publicité –, qui vient donner des leçons de déontologie et de désintéressement à un entraîneur de foot!

Il faut aussi avoir vu le reportage du 13 heures de TF1 (évoqué dans notre numéro 26) pour saisir à quelle vindicte imbécile les internationaux français sont confrontés, simplement parce qu'ils n'ont pas fait coucou aux crétins qui les regardaient depuis le bord de la route – la scène évoque d'ailleurs un monde où les poissons seraient à l'extérieur de l'aquarium (3).


La vieille haine du footballeur se réveille après quelques années de semi-hibernation: ce racisme de classe particulier qui s'appuie sur le constat que des individus sans bagage ni héritage, pour la plupart issus de classes très moyennes (et de plus en plus des banlieues), gagnent des sommes considérables et paradent au fronton des médias. On note aussi que le populisme s'appuie tout aussi bien sur les victoires des équipes de foot que sur leurs défaites: il peut en effet toujours compter sur une vaste majorité de pékins qui sauront basculer d'un côté ou de l'autre en fonction des résultats...


(1) À signaler la parution aux éditions L'Harmattan de "Football - Sociologie de la haine", sous la direction de Camille Dal et Ronan David et de la réédition de "Football et politique - Sociologie historique d'une domination", de Patrick Vassort.

(2) Propos tenus lors d'une rencontre avec des étudiants nantais, rapportés par Ouest-France du 24 mai.

(3) D'après Etienne Moatti (L'Équipe du 30 mai), la vindicte de TF1 s'expliquerait par la non-signature d'un contrat qui aurait assuré à "la chaîne des Bleus" l'exclusivité d'interviewes du sélectionneur et des joueurs, tout au long de la compétition. Lors de Téléfoot, dimanche, un nouveau reportage à charge a suscité la colère de Raymond Domenech.

Réactions

  • maloney le 31/05/2006 à 20h38
    bien sûr, l'article sonne juste quand il pointe le doigt sur le manque de culture footballistique des français. Mais j'y apporterais cependant un bémol: cette faiblesse (propre d'ailleurs à tous les sports)serait selon moi plutôt le fait d'un certain parisiannisme snob. Le désamour edf-spectateurs s'est systématiquement déroulé au sdf de même que les grands médias nationaux(tv, radio, journaux) sont centralisés à Paris... Dans un pays aussi jacobin que la France, il est injuste de ne pas rendre hommage à de belles régions de (vrai) football(nord, saint-etienne voire marseille) qui n'ont rien à envier à la passion britannique par exemple.
    Une anecdote rugbystique pour finir : france-irlande en février, tournoi des VI nations, 43-3 pour la france, nous autres irlandais chantons encore "the fields of Athenry". Michalak rate un dégagement, le sdf siffle... celà ne serait jamais arrivé à toulouse, bordeaux ou clermont...
    La solution pour moi? il faut sevrer paris de grands événements sportifs.

  • TheGlide le 31/05/2006 à 21h21
    maloney - mercredi 31 mai 2006 - 20h38
    La solution pour moi? il faut sevrer paris de grands événements sportifs.

    Et le PSG s'eforce de t'aider dans ta démarche !

  • Tapas Tef y Graf le 31/05/2006 à 21h23
    Les footix ne comprennent d'ailleurs pas non plus qu'on peut être fan de foot, d'une équipe mais ne pas aimer les footballeurs.
    -------------------------

    C'est parce qu'ils savent pas faire la difference entre l'abstrait et le concret. Si on y reflechit un peu (mais pas trop) aimer le foot ou un club, c'est aimer ce qu'il represente ou veut representer et non pas ce qu'il est vraiment (heureusement pour les supporters du PSG et de l'OM, cela dit en passant). Ce que nous aimons est abstrait. Comme la peinture ou la musique; nous aimons tel artiste ou telle chanson parce qu'ils creent des sentiments en nous et interagissent avec nos valeurs personnelles. Bref aimer le foot c'est aimer un concept, ou un ideal qui ne sera jamais atteint.
    Alors que le comportement de certains joueurs, ou leurs commentaires, nous desesperent ou nous revulsent. C'est que les footballeurs nous ramenent a la triste realite du monde, qui est concrete elle.

    Ou pour faire plus simple, et comme dirait ma grand mere, on peut aimer le pastis et pas l'anis, et pourtant le pastis est fait a base d'anis.

  • Croketsson le 31/05/2006 à 23h26
    Ben moi je le trouve bof cet article.
    Ca fait un peu "moquons nous de ces pauvres footix, nous grands connaisseurs du football". Avec encore et toujours la sempiternelle remarque sur l'absence de culture foot en France... Je veux bien croire qu'en Angleterre ou en Italie, la passion soit plus "réelle" mais désolé, des footix il y en a là-bas aussi, et en nombre!
    Et on a critiqué le public du stade de France, recourrant encore à la comparaison avec l'Angleterre... où Hargreaves a été sifflé! Pas d'autre commentaire mais je trouve l'article particulièrement suffisant, tout est résumé dans le titre: le football rend compte les autres (mais pas nous).

  • Croketsson le 31/05/2006 à 23h26
    "cons", bien sûr, pas "compte".

  • CHR$ le 01/06/2006 à 08h05
    En tant que client des cahiersdufootball, je suis parfaitement satisfait de cet article.

    Et puis c'est bien, avec les réactions on voit qui est con (et pas d'accord avec l'article), et qui ne l'est pas.

  • Rambo le 01/06/2006 à 10h38
    Pareil que suppdebastille (mais en remplaçant PSG - Sochaux par Caen - Créteil).

    J'ajouterais néanmoins, pour poursuivre l'idée de Georges Worst, qu'il y a sans doute une partie non négligeable de ceux que l'on appelle footix qui n'ont rien demandé, qui n'avaient pas spécialement envie de donner leur avis là-dessus, mais qui finalement y sont quasiment obligés, vu le matraquage médiatique qui est fait. Georges Worst évoque la télé, mais ça va beaucoup plus loin. La radio, les journaux, les suppléments spécial CDM qui pululent dans n'importe quelle revue, les produits de consommation avec des Zizou et des Henry partout. Le foot, beaucoup plus que n'importe quel autre sujet d'actualité, s'immisce partout, impossible d'y échapper.

    J'adore le foot, je suis pas forcément supp de l'EDF (pour diverses raisons que je n'évoquerai pas ici), mais déjà, moi, ce matraquage me gonfle.

    Alors je me mets à la place de quelqu'un qui n'en a cure, ou pire, qui déteste ça. Comment je réagirais ? Vu que tout le monde en parle, je me sentirais obligé de donner mon avis. Et si je fais partie de ceux qui détestent, je risque de dénigrer facilement.

    Pour reprendre la formule, je pense qu'on est tous le ---ix de quelqu'un. Imaginez-vous dans un monde où le Curling est le sport roi, avec un matraquage médiatique équivalent au foot pendant la Coupe du Monde de curling. Je pense que je ferai un beau curlix.

  • Bjornborg le 01/06/2006 à 21h08
    "Tout le monde s'estime donc compétent pour parler de football"

    C'est ici, il me semble, que réside pour E. Melvec la source du scandale. La foule ose s'emparer du football, le tripatouiller avec ses gros doigts, le massacrer, sous le regard atterré de ceux qui savent l'aimer. Pouah !

    En matière de politique ce scandale c'est la démocratie. Sur le même mode qu'E. Melvec se sont indignés Guizot ou plus récemment les thuriféraires de la technocratie organisatrice. Au nom de quoi ? Au nom de vérités immanentes que seule une portion éclairée de la population donc compétente est capable de saisir en vertu de critères variants suivant les périodes (naissance, richesse, niveau d'étude). C'est faire de la politique une science, à réserver aux spécialistes.

    Pour E. Melvec le football est donc une science. On ne laisse pas un ignare procéder à une opération chirurgicale. De même on ne doit pas le laisser se répendre en inépties sur un jeu auquel il ne comprend visiblement rien. Soit. C'est un point de vue qui se dédend. Y-a-t-il des vérités immanentes en football ? débat interessant. Mais là n'est pas le problème. Pour comprendre l'article d'E. Melvec il suffit de le supposer.

    Dès lors on peut se permettre d'objecter que:
    Il n'y a pas de critères de compétence reconnu par l'ensemble des acteurs du champ footballistique. Ce qui comme l'ont déjà fait remarquer certains, permet de s'autoproclamer compétent (cf : dans l'article le mot incompétent est remplacé par le mot "con"). Pour parler de foot faut-il avoir joué au foot ? si oui à quel niveau ? lire des livres sur le foot ? avoir son diplôme d'entraîneur ? acheter les CDF ?

    C'est dans cette incertitude que réside tout le malaise et ici le parallèle avec la politique prend toute son ampleur.
    Il s'agit du malaise d'individus constatant que le domaine de la compétence dans ce qu'ils estiment être leur chose est suceptible de brusques évolutions.

    La possession d'un titre de compétence est un critère de distinction. Il fonde l'appartenance à un groupe de pairs: aristocratie d'ancien régime, les gens compétents en foot d'E. Melvec.
    Quand n'importe qui prétend avoir un titre de compétence la réaction est rapide : indignation, sentiment de déposession. On cherche à lutter contre cette aberration : création d'un parti (puisqu'il faut bien s'abaisser à dialoguer avec les nouveaux venus), ou d'un journal...
    "1998 début des emmerdements", "1789..."

    Une fois la défaite consommée, la foule ayant investi la place, reste à se retirer entre-soi, pour cultiver certaines valeurs qui fondaient la beauté d'un objet aujourd'hui livré à la piétaille.
    Etienne, dites vous que les cons sont incapables de saisir l'essence du jeu même s'il se permettent de le regarder. S'ils peuvent souiller par leur présence sa forme matérielle, jamais il ne pourront en corrompre l'expression spirituelle. Savourez la au milieu du naufrage.

    On ne peut regretter que l'article verse dans un style polémique, pour ce type de récriminations c'est plutôt le genre Chateaubriand qui fait date.

  • barbaque le 01/06/2006 à 21h37
    Il me semble que la question n'est pas la compétence, mais l'amour, comme l'indique le titre. La plaie, ce sont tous ceux qui déblatèrent sur le foot sans l'aimer. La communauté, elle est là. Il ne s'agit pas d'une élite.
    Moi aussi, parfois, j'aimerais que l'équipe de France n'appartienne qu'à ceux qui l'aiment ;-)

  • Bjornborg le 01/06/2006 à 23h01
    @barbaque

    1- E. Melvec ne peut pas savoir si ceux qu'il brocarde aiment le foot. Tout ce qu'il sait c'est qu'il ne l'aiment pas comme lui. Ils ne savent donc pas l'aimer. Pour savoir aimer le football comme E. Melvec, il faut une certaine compétence footballistique.
    Alors en effet, le titre n'est pas assez explicite. Au vu de la substance de l'article, "le foot rend con (surtout ceux qui n'y connaissent rien)" aurait été plus clair.

    2-La communauté dont tu parles est bien floue et c'est tout le problème.

    3-Je ne sais pas si la communauté à laquelle appartiendrait E.Melvec est réellement une élite. Cela impliquerait de répondre clairement à la question : y a-t-il des vérités immanentes en football?
    Mais dans la mesure où la position d'E. Melvec est fondée sur une réponse affirmative à cette question, il s'agit forcément pour lui d'une élite, communauté de personnes aptes à s'exprimer sur le sujet grâce à son savoir, à ses connaissances. Ce serait, par exemple, l'équivalent de l'élite scientifique, qui est publiée dans Nature ou Science.
    Mais dans notre cas à défaut d'avoir tranché la question énoncée plus haut il s'agit d'un jugement subjectif... et de retrouver le parallèle avec le politique. Pour le même régime, ceux qui estiment que leurs qualités les portent naturellement à exercer le pouvoir le nomment aristocratie. Ceux qui nient l'existence de ces qualités naturelles l'appellent oligarchie.

La revue des Cahiers du football