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Le foot français touche sa bulle

Pour 600 millions d'euros par an, Canal+ fait main basse sur la L1. L'apparente bonne affaire pour les clubs français recèle des dangers à la mesure de ces sommes colossales...
Auteur : Jamel Attal le 13 Dec 2004

 

Les dés étaient jetés, et c'est un triple six qui est sorti vendredi dernier: trois fois 600 millions d'euros, 1,8 milliard pour les trois prochaines saisons, que Canal+ va débourser pour s'assurer l'exclusivité de la Ligue 1. La valeur de la chose Le "jeu" en vaut-il la chandelle? La question se pose d'autant plus en cette période où le championnat de France s'attache à alimenter les doutes récurrents sur sa qualité, en battant les records de matches nuls et les anti-records de nombre de buts marqués. Frédéric Thiriez, le distributeur automatique de superlatifs, y va de son éloge obligé: "Les résultats montrent que la France peut être fière de ses clubs et que la Ligue 1 se voit reconnaître à sa juste valeur". Du côté des présidents, on a également recours à la méthode Coué: "Je pense que ces chiffres reflètent la valeur du championnat de France", déclare Jean-Michel Aulas. "Ça prouve que le football a une vraie valeur par rapport aux diffuseurs", renchérit Jean-Claude Plessis, tandis que Michel Seydoux veut se convaincre que "si Canal+ investit autant, c'est qu'elle ne pense pas avoir affaire à un championnat de troisième catégorie" (AFP). La chaîne n'a surtout pas intérêt à s'être plantée, étant donné le montant colossal d'un investissement dont la rentabilité est loin d'être prouvée… D'ailleurs, les analystes financiers — dont l'expertise vaut ce qu'elle vaut — sont dubitatifs: certains considèrent même que c'est TPS qui pourrait avoir fait la bonne affaire. En recentrant ses capacités de financement sur le cinéma américain, le bouquet de TF1 et M6 n'est pas forcément perdant par rapport à son concurrent, même si son offre football va désormais se réduire à la Premier League acquise au printemps dernier. On peut même suspecter TPS d'avoir joué le rôle du pousse-au-crime afin d'inciter le groupe Canal+ à surenchérir jusqu'à des niveaux alarmants… Ce que corrobore l'absence d'annonce d'un recours en justice, pourtant pressenti avant même l'ouverture des enveloppes. Télé-dépendance et tendance à la déraison Les clubs, eux, comptent déjà les millions qui vont augmenter leurs budgets. Quelques présidents jurent déjà qu'ils ne vont pas dilapider la manne et en consacrer une bonne partie à des dépenses d'infrastructure. Mais comme s'en inquiétait l'économiste Jean-François Bourg (voir CdF n°11), rien ne va les inciter à diversifier leurs ressources pour réduire cette "télé-dépendance" subitement aggravée. Et comment les dirigeants vont-ils pouvoir résister à l'envie de claquer leurs sous sur le marché des transferts, sous la pression des supporters, des agents et de tout ceux qui ont intérêt à ce qu'un maximum d'argent circule? Combien vont s'imaginer pouvoir "franchir un palier" en recrutant plus que de raison, surtout si leurs homologues des autres clubs les entraînent dans cette spirale inflationniste? Il faut vraiment avoir foi en leur sagesse — et faire abstraction de la gabegie réalisée dans les clubs comme le PSG et l'OM, qui ont claqué des centaines de millions en pure perte sportive — pour penser que cette richesse accrue (et très atypique dans une Europe en crise) ne leur fasse pas commettre des erreurs en chaîne… Rappelons-nous que la précédente explosion des droits télé, en 1999, avait amorcé une fuite en avant des masses salariales et des déficits. Les margoulins vendeurs de sud-américains surcotés ont probablement de beaux jours devant eux. L'avance française ? En attendant, les dirigeants de clubs, euphoriques, admettraient presque avoir atteint leur objectif obsessionnel: "combler le retard français". Il est vrai qu'avec les dispositions des dernières lois sur le sport, qui ont exaucé la plupart de leurs revendications, et avec ce pactole qui dépasse ce que perçoivent actuellement les grands championnats européens, ils pourront difficilement continuer à jouer la partition du misérabilisme. Il sera particulièrement intéressant de voir, dans les années à venir, comment cette richesse accrue se traduira en termes de résultats sur la scène européenne… Ou encore, ce qu'il adviendra des atouts naturels du foot français, comme la formation des jeunes ou la solidarité entre clubs. La solidarité, justement… Car une fois cette page tournée, la guérilla va vite être rouverte entre les partisans d'une répartition plus favorable aux équipes les plus diffusées (le lobby interne PSG-OM-Saint-Étienne) et les autres (menés par le tandem Aulas-Martel), ce qui promet de belles batailles de chiffonniers dans les mois à venir. Tous ces facteurs combinés (augmentation des recettes, répartition plus inégalitaire et avantages fiscaux) vont constituer un terrible accélérateur d'inégalité entre les clubs, remettant en cause les grands équilibres du foot français — décrits comme une insuffisance d'élitisme par les "libéraux" du milieu. Un long dimanche de football Et le téléspectateur dans tout ça? Le passionné de foot est apparemment gagnant, puisque toute l'offre est regroupée sur un seul bouquet, ce qui lui évite de choisir entre TPS et Canal+ (ou de prendre les deux pour les plus dépensiers). Mais avec trois matches par week-end, il va friser l'overdose, surtout s'il s'agit d'enchaîner les deux rencontres du dimanche, voire "L'équipe du dimanche" dans la foulée. À ce rythme, le football va devenir un loisir de célibataire monomaniaque aux yeux rougis par l'abus de sa drogue. Les risques de saturation ne sont pas négligeables, même si l'inflation des heures de football télévisé n'est pas nouvelle, avec à la clé une possible dévaluation du "produit". Les autres effets pervers éventuels sont nombreux. Aculé par l'enjeu et la nécessité de ratisser le plus large possible afin d'amortir l'investissement, Canal+ peut être tenté de faire du football un spectacle encore plus consensuel, et verser ainsi dans un populisme qui rapprocherait la chaîne des traitements en vigueur sur TF1. Une éventualité d'autant plus plausible qu'en l'absence d'une autre concurrence que celle de Téléfoot, Canal n'aura pas vraiment besoin de faire vivre sa "différence". On peut d'ailleurs d'ores et déjà s'étonner que la chaîne cryptée a été moins bien classée que TPS sur les critères qualitatifs de l'appel d'offres… La fracture football Plus foncièrement inquiétant est le constat qu'en rétablissant son monopole — mais avec un impact économique beaucoup plus important qu'avant 1999, date de l'entrée de TPS sur le marché —, Canal+ renforce son statut de puissance hégémonique, avec le pouvoir d'un "actionnaire majoritaire" du football français, totalement placé sous sa coupe. Comment le groupe Canal va-t-il gérer cette emprise s'il estime par exemple que le spectacle est insuffisant? La tentation ne sera-t-elle pas trop forte de s'ingérer à tous les niveaux de la vie des clubs et des instances? Comment la Ligue évitera-t-elle de n'être qu'une succursale de la télévision payante? Canal étend son empire, avions-nous titré il y a deux ans, avant que la chaîne ne perde provisoirement son exclusivité devant les tribunaux. Enfin, la perception de l'indécence des sommes brassées par le football professionnel va s'aggraver, l'éloignant un peu plus de son image présumée de sport populaire. Ces sommes vont en outre tomber dans l'escarcelle des clubs au moment où entrera en application la défiscalisation des revenus des footballeurs, permettant leur rémunération sous forme de droits d'image exonérés de charges sociales. L'avenir dira si le mieux (le plus d'argent) était l'ennemi du bien…

Réactions

  • ouais.super le 13/12/2004 à 14h47
    Loul, il faudra quand même qu'ils diffusent de grosses affiches hors pay-per-view, parcequ'il faut quand même toujours caresser les abonnés dans le sens du poil, ne serait-ce que pour qu'ils ne résilient pas, et puis aussi pour augmenter le parc d'abonnés qui est actuellement insuffisant pour équilibrer les comptes. Donc je ne me fait pas trop de souci en fait, les ASSE, PSG, OM et OL ne devraient pas trop souffrir du nouvel équilibre des forces.

  • DNCG le 13/12/2004 à 14h54
    Excusez moi si la réponse a déjà été donnée, mais l'exclusivité de Canal sur les 4 lots signe-telle l'arrêt de Téléfooot chez les marchands de cerveaux en tranche ? Ou alors à prix pharaonique fixé par Canal ?

  • tootta le 13/12/2004 à 14h55
    Pas d'accord avec toi, Thibs

    Avant l'ouverture des offres, personne ne savait ou même n'imaginait que TPS laisserait tomber la bataille. Au contraire, tout le monde était persuadé que la lutte allait être saignante, et que la décision se ferait sans doute au delà des 500 M€ (puisqu'à l'appel d'offres précédent, Canal avait dévoilé ses batteries en proposant 480 M€ -chiffre de mémoire à confirmer-).

    Surenchérir mollement sur cette proposition de 480 M€ était offrir la possibilité à TPS de passer devant si ceux-ci avaient vraiment voulu attaquer le marché. Il fallait donc surenchérir largement, et c'est ce qu'a fait Canal.

    En plus, Canal voulait l'exclu, donc il fallait taper fort également sur les lots qu'ils n'avaient pas, supposant que de toute manière, TPS allait sans doute a minima protéger leurs acquis.

    Enfin, dire que TPS n'aurait jamais fait une offre à 500 M€ me paraît bien arbitraire comme raisonnement. Si Canal estime qu'en perdant la L1, ils auraient perdu entre 2 et 3 millions de clients, qui se seraient sans doute massivement reportés sur TPS, ça signifie que le marché de TPS aurait été plus que doublé. L'enjeu aurait pu en valoir le chandail.

    Donc encore une fois, dire que LE mec de Canal (comme s'il n'y en avait qu'un pour prendre de telles décisions) s'est lamentablement planté et qu'il faut le virer me paraît d'une incroyable naïveté.


  • thibs le 13/12/2004 à 14h57
    toota, je te parle pas du global, je te parle du lot 2, sur lequel TPS n'avait aucun interet à encherir.

    Et j'espere que tu auras compris que quand on parle de "l'analyste", c'est une figure de style.

  • abola le 13/12/2004 à 15h01
    Ola DNCG !

    Telefoot reste en place. Il ne faisait pas partie des lots mis en jeu. (même si ils perdent 1 résumé de match par semaine)

    ca aurait été dur pour gilardi tout de même..

  • electron libre le 13/12/2004 à 15h06
    Je sais pourquoi toota s'enerve.
    Il a achete 4 maillots de Niang, Pagis, Farnerud et Cassard aux encheres sur e-bay et il est persuade d'avoir realise une bonne affaire en les payant 6000 euros.

  • NoNo93 le 13/12/2004 à 15h12
    Euh TPS c'est vraiment mieux que CanalSatellite pour le cinéma?
    Non parceque autant pour le foot j'aurais été capable de m'abonner à TPS autant pour le cinéma bof...
    (et je vous parle même pas du fait que pour trouver un match en direct par dvd au vidéo club c'est bien plus dur que pour un film ;-))
    Y'a 2-3 contrats pour le cinéma qui traînent et arrivent bientôt à échéance? Qui vous dit que Canal va pas refaire le même coup que pour le foot?
    Moi j'ai l'impression qu'ils font tout pour tuer TPS (ou au minimum être en très forte position l'heure de la fusion venue) et une fois ça de fait, tout sera bcp plus simple pour eux, une stratégie à long terme quoi...

  • electron libre le 13/12/2004 à 15h15
    Ceci dit je suis soulage.
    Une atroce angoisse m'a poursuivi ces derniers jours, tant l'enjeu etait eleve. toutes les 30 secondes, je cliquais frenetiquement pour actualiser les depeches yahoo sport, me rongeant les ongles de l'autre main.

    Car rejouissons-nous, nous autres pauvres non abonnes.
    Le service public conserve l'emission phare du football francais a savoir lotofoot sur France 3 avec Basile Boli.

  • Big Peplum le 13/12/2004 à 16h09
    Comme celà a été expliqué plus haut, le fait:
    1- de la volonté de Canal+ de retrouver a tout prix son monopole sur le Foot Francais
    2- le découpage qui a obligé Canal a faire la meilleure offre sur chacun faisant (au cumul) gonfler la note finale.

    ce qui est interressant est, d'une part du positionnement des 2 bouquets avec un recentrage respectif sur leur domaine respectifs:
    - Canal/Canalsat sur le Football (la moitié de leurs abonnés le sont grâce au foot)
    - TPS qui, vivant tres bien sans foot francais, se recentre sur le cinéma.

    De plus, TPS a vraiment voulu avoir la L1, mais seulement le 1er choix, comme elle le fait pour le ligue des champions, correspondant a peu pres a "on veut le meilleur de la L1, donc les plus belles affiches", ce qui aurait été sacrément handicapant pour canal qui n'aurait alors eu que du Foot de seconde zone (en terme d'image je précise).
    mais TPS pouvait mettre le paquet sur chacun des lots finalement, voire sur tous, et il n'est pas dit que (c'était une hypothese a envisager) TPS ait pu se mettre volontairement "dans le rouge" financierement pendant 3 ans (2005-2008) pour faire "crever" canal et ramasser les miettes - ou a défaut de dépot de bilan, se retrouver en position de force en vue du rapprochement des 2 bouquets satellistes.

    En gros, ramener l'exclusivité de la L1 sur Canal+ (et bouter TPS hors de ses plates bandes) c'est réaffirmer l'identité de la chaine (Foot=C+ et C+=Foot/Ciné).
    En éco on nous dit que ce qui fait le prix d'une chose est ce qu'on est pret a payer et non sa qualité intrinseque (cf début de débat relatif au faible spectacle de la L1): les enjeux industriels ont fait le prix. Canal jouait sa survie et était pret a mettre le prix et ce quelqu'il soit!

    Enfin, on a beaucoup parlé des droits Tv "intramuros" (comme disait larqué l'autre jour) mais j'aimerais bien savoir ce qu'il en est des droits TV francais vers l'étrangers comparativement aux droits des championnats Anglais, espagnols et Italiens vers l'étrangers, et dans ce cas de figure la lutte acharnée que se livrent TPS et Canal+ déssert les club Francais en faisant gonfler les recettes des champs étranger (cf premier league sur TPS)

  • ouais.super le 13/12/2004 à 16h09
    Lol électron libre ! :-)
    Si ça t'intéresse, on avait fait une petite prospective de ce à quoi ressemblera l'exclusivité du foot sur France Télévision sur le fil "PAF dans la lucarne". Basile Boli pourrait bien en être un pilier !

La revue des Cahiers du football