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Le foot français convoque le spectacle

En ce moment, ce ne sont pas les entraîneurs qui donnent les consignes tactiques, mais la Fédération et la Ligue. Voilà donc la sélection et les clubs de Ligue 1 sommés de jouer l'offensive...
Auteur : Jérôme Latta le 15 Août 2008

 

"Fournisseurs de bonheur"

Pas de lancement de saison sans tirades enflammées de Frédéric Thiriez – la proximité de la fin de son mandat constituant un combustible supplémentaire (1). Le président de la Ligue s'est assigné une nouvelle mission, après sa promotion de l'arbitrage vidéo ou le "Plan Footpro 2012" (lire "Thiriez promet le grand bon en avant"). Objectif: le retour du spectacle en Ligue 1.
Dans la foulée de son interview rituelle sur Canal+, lors du Trophée des champions, le président de la Ligue a exposé sa profession de foi dans la presse. "Il faut reconquérir le cœur des gens. Il faut du spectacle et de l'exemplarité" (L'Équipe, 6 août). N'hésitant pas à reformuler – avec candeur ou cynisme? – la vision du football comme narcotique collectif: "On a une responsabilité énorme alors que les Français n'ont pas le moral. De plus en plus, ils tirent leur bonheur du football. J'ai dit aux capitaines lundi : 'Vous êtes des fournisseurs de bonheur'" (Le Parisien / Aujourd'hui en France, 6 août).

Braqué dans le sens du vent, Thiriez reprend les interprétations en vogue de l'Euro, qu'il s'agisse de la "catastrophe" de l'équipe de France ou de l'obligation, fondée sur le succès de l'Espagne, d'un football offensif: "La leçon de l'Euro, c'est la nécessité d'un jeu basé sur l'attaque. (...) Le jeu défensif des années 90, c'est fini", décrète-t-il dans L'Équipe du 6 août, tandis que dans Le Parisien du même jour, il se montre tout aussi catégorique: "L'Euro 2000 l'a montré : le football d'avenir est le football d'attaque. Il faut sortir de la culture défensive et aller de l'avant". Une nouvelle fois, on se demande quelle mission attachée à sa fonction ou quelle compétence autorise le chef de la LFP à se poser en expert du jeu...



offensive_im.jpgTous pour le spectacle

On aurait toutefois tort de présenter Frédéric Thiriez comme le seul prophète de ce mouvement en faveur du beau jeu (auquel nous sommes prêts à demander nos cartes d'adhérent). Pour faire passer la pilule de la reconduction de Raymond Domenech, la Fédération a invoqué le cahier des charges qui lui a été imposé, impliquant une orientation offensive du jeu (lire "Domenech en sursis, l'équipe de France en danger").
C'est aussi au siège de la FFF, le 4 août, que s'est tenue une grande réunion en présence des arbitres et de la quasi-totalité des entraîneurs et capitaines d'équipes, cornaquée par Gérard Houllier. Le DTN s'est à son tour fait l'avocat de l'attaque, sur un mode papal très "N'ayez pas peur" quand il a prêché en faveur de l'audace, passant à un registre nettement plus industriel en rappelant à ses ouailles ce mot d'ordre: "On est quand même chargé de produire un spectacle".

Il ne faut pas omettre, non plus, que les instances semblent avoir quelque peu pris conscience que les ambiances délétères – celles qui président notamment à la chasse aux arbitres – nuisaient à la qualité du spectacle et à l'image du football autant qu'à la sérénité de ses acteurs. Thiriez réclame "l'exemplarité", Houllier évoque "la nécessité d'avoir un bon climat". On est cependant très loin d'annoncer une politique (auto-)disciplinaire enfin digne de ce nom, et ceux qui se feront taper sur les doigts n'auront pas très mal. D'autant qu'en demandant... aux arbitres d'appliquer les règles en favorisant les attaques et les attaquants, on les expose, dans ce contexte, à une vindicte redoublée (2).



Le salut par le jeu ?

Evidemment, un programme de réhabilitation du jeu ne pourrait que recueillir l'adhésion, s'il n'était pour l'heure qu'une campagne de communication – résultant d'ailleurs plus d'une urgence commerciale que d'un choix philosophique. Et s'il ne présentait des chances de réussite aussi minces.
D'abord, faut-il vraiment se fier à une analyse aussi hâtive du championnat d'Europe? On s'étonne que des victoires obtenues au terme de parcours aussi singuliers que ceux des Grecs en 2004 ou des Espagnols en 2008 aient dû ou doivent absolument faire office de vérité générale pour les années qui les suivent.
La saison passée, la Ligue des champions, compétition qui fait plus référence pour les clubs, a livré des enseignements très contradictoires quant aux "récompenses" qui attendent les équipes les plus joueuses – à commencer par un Arsenal FC qui avait enthousiasmé l'Europe.

Et l'on doute plus encore que les cultures tactiques actuelles puissent évoluer aussi brutalement, tant que les enjeux ne changeront pas. Par exemple, tant qu'une place de plus ou de moins se traduira par quelques millions de droits télé en plus ou en moins. Ou tant qu'une relégation sportive constituera une catastrophe industrielle. Ou encore, tant que les entraîneurs seront menacés à la moindre série de contre-performances. Les présidents et les actionnaires devraient être les premiers à être rééduqués et embrigadés dans le culte d'un football chatoyant et romantique.



Entraîneurs dans la tenaille

Les techniciens ont d'ailleurs souligné que tant qu'ils seront considérés comme des "Kleenex", il sera difficile de "retrouver un climat de confiance pour pouvoir prendre davantage de risques" (Francis Gillot). Christian Gourcuff, lui, a pu donner l'impression qu'il était un doux rêveur: "Dédramatisons le résultat, notamment au niveau de l'arbitre, et redécouvrons les valeurs du sport. Dans une ambiance assainie, oui, nous retrouverons très vite de la qualité" (3). Au moins, l'entraîneur lorientais souligne ainsi qu'une telle évolution appelle des transformations en profondeur

Dans ce contexte, l'audace n'est-elle pas un luxe que seules quelques grosses écuries peuvent s'offrir? Frédéric Antonetti indique d'ailleurs que c'est à Lyon, Bordeaux et Marseille qu'il revient de "tirer la L1 vers le haut" (4). Mais pour un Gerets et un Blanc qui annoncent la couleur de l'attaque, d'autres sont plus circonspects. "Ce sont souvent des effets d'annonce", affirme Claude Puel, qui ajoute: "C'est tout un puzzle à mettre en place. Il ne suffit pas d'aligner quatre ou cinq attaquants". Pour Jean Fernandez, "un entraîneur n'est pas offensif ou défensif, il s'adapte, c'est tout", tandis qu'Antoine Kombouaré nuance: "C'est un problème d'équilibre. Plus la solidité défensive est là, plus on a de solutions pour aller de l'avant".


Il y a donc du chemin à faire pour que les vœux de Frédéric Thiriez ne soient pas que pieux. L'enjeu est de taille: il faut justifier les 668 millions d'euros annuels obtenus avec la renégociation des droits télé. Ceci alors que les spectateurs sont justement en train de mesurer les conséquences du nouveau découpage télévisuel (lire "Moins de foot, plus cher")... et alors que l'idée s'enracine d'un foot français touchant des sommes indécentes pour en faire un piètre usage.
C'est aussi la perspective du prochain appel d'offres, dans trois ans, qui définit des impératifs: un troisième miracle économique n'aura pas lieu si le "produit" ne convainc pas plus au cours des saisons à venir. Alors messieurs, répétez-le vous: du spectacle, du spectacle, il faut du spectacle. Après tout, la méthode Coué, ça marche parfois.



(1) Pour une réélection probable, le 12 septembre prochain.
(2) Notons aussi que le volontarisme thiriézien s'applique aussi aux Coupes d'Europe, la quatrième place à l'indice UEFA étant menacée par l'Allemagne. On s'amusera de son appel en faveur de plus de motivation en Coupe de l'UEFA, alors qu'il avait justifié la réduction à 48 heures l'écart possible entre un match de C3 et un autre de L1 (Lire "48 heures chroniques").
(3) Citations et suivantes extraites de L'Équipe, 6 août.
(4) En Europe, les équipes dont les effectifs comptent une forte proportion de grands joueurs ont relativement peu de mérite à faire le jeu en même temps que le spectacle. Et encore constate-t-on qu'un certain nombre d'entre elles se voue à une rigueur tactique qui jugule les imaginations et bride les artistes.

Réactions

  • vendek1 le 15/08/2008 à 13h49
    sansai
    vendredi 15 août 2008 - 13h05
    suppdebastille
    vendredi 15 août 2008 - 11h40

    -----

    Parce que tu confonds gens diplômés/qualifiés et gens intelligents.


    ___________

    Ou plutôt gens intelligents démagos et gens intelligents objectifs.

    Ce qui nous renvoie à Toni en haut de page ou aux désastreux discours sur les médailles des JO (ou sur l'échec à l'Euro) stigmatisés l'autre jour.


  • sansai le 15/08/2008 à 19h47
    Y'a pas besoin d'être intelligent pour faire de la démagogie.

  • sansai le 15/08/2008 à 19h55
    Lire : je vois pas pourquoi vous partez du principe que des gens qui sont bien placés ou ont un haut niveau de qualification sont nécessairement intelligents même quand ils passent leur temps à sortir des couenneries pareilles et qu'on voit rien d'autre de leur part.

    On peut être avocat, patron de la LFP et être un imbécile heureux. Loin de moi l'idée d'insinuer que c'est nécessairement le cas de ce M. Thiriez que je ne connais pas personnellement, mais cet a priori sur la nécessaire proportionnalité entre position sociale/niveau d'études et intelligence m'agace.
    Surtout quand ce qu'on en sait tend à prouver le contraire dans bien des cas.

  • vendek1 le 15/08/2008 à 21h27

    sansai
    vendredi 15 août 2008 - 19h47
    Y'a pas besoin d'être intelligent pour faire de la démagogie.

    ________________

    Y a pas besoin d'être c*n non plus.
    Et quand elle est bien faite, c'est par des gens ayant un minimum de jugeote, hélas.

  • sansai le 16/08/2008 à 00h34
    Allons allons, faut pas sous-estimer les cons comme ça.

  • kolia le 16/08/2008 à 11h58
    Non mais sérieusement, n'importe qui prend un peu de recul et lit des déclarations du genre "c'est à nous de fournir du bonheur" et compagnie ramasse ses bras. Comment peut-on consciemment proférer de telles âneries ?
    D'une manière plus globale le côté L1 pourrie parce que "marque pas de buts" ça me gave. C'est du niveau "on refait le match" (d'ailleurs réécoutez les analyses sur l'équipe de France de ces """"spécialistes""" avant le début de l'euro, c'est à se faire dessus, vive le podcast). Il a toujours été plus facile de bien défendre que de bien attaquer. Or la plupart des clubs française n'ont pas vraiment les moyens d'avoir les talents nécessaires pour le faire. Demander aux entraineurs d'être offensifs, c'est le meilleur moyen pour les 2/3 de se tirer une balle dans le pied. On peut aussi apprécier les qualités défensives d'une équipe quand même !
    Enfin dire que le spectacle doit-être meilleur, c'est bien joli, mais peut-être faudrait-il d'abord songer à le rendre plus visible. Parce que moi j'ai pas canal, et je ne vais pas mettre des sous chez orange.

  • Bourrinos le 16/08/2008 à 13h01
    Comme cela est souvent souligné ici, la qualité du spectacle ne se mesure pas à l'aulne de la moyenne de buts, sinon, tout le monde trouverait les premiers tours de coupe de France passionants. Par contre, je vous trouve un peu injuste avec Thiriez (j'ai dit "un peu"). Bon, pas sur le coup des marchands de bonheurs (je crois qu'il faut l'opposer avec le concept de marchands de maillots...) mais sur ce genre d'initiatives. Après tout, il est dans son rôle, et ma foi, si le fait de "décréter le beau jeu" enhaut de la LFP améliore ne serait-ce que d'1% la qualité des matchs, ce sera toujours cela de pris pour pas bien cher, ma bonne dame.

    Sinon, cela n'a pas grand chose à voir (mais vu que mon équipe "maléficie" de cette situation ce week-end, j'en profite pour le constater), je trouve quand même étrange que le diffuseur, après avoir râlé contre ces matchs du dimanche après-midi (because UEFA) trouve normal de les institutionnaliser à 16h l'an suivant... J'espère au moins que les équipes jouant l'UEFA pourront profiter de ce décalage.

  • liquido le 16/08/2008 à 13h21
    Bourrinos
    samedi 16 août 2008 - 13h01
    Comme cela est souvent souligné ici, la qualité du spectacle ne se mesure pas à l'aulne de la moyenne de buts

    ---

    Au hêtre ? Au cèdre ?

  • suppdebastille le 16/08/2008 à 13h58
    Non c'etait les matches du samedi 48h après avoir joué le jeudi en UEFA qui posaient problème.

  • Diablesse Rouge le 18/08/2008 à 14h10
    Ah tiens, je me disais bien que les dirigeants de l'Union Belge de foot n'avaient pas dû penser à ça tout seuls... On a aussi notre délire foot-spectak'-célafôteducoach. Ils ont tous dû signer une charte, dont je vous cite un extrait délicieux:

    “Nous, entraîneurs de la Jupiler Pro League, considérons que nous avons une grande responsabilité vis-àvis du sport que vous aimez. Vous avez envie de voir des matchs passionnants, avec des actions et des buts à foison. Cette saison, nous allons nous surpasser pour votre plus grand lien

    Y a eu un congrès des dirigeants des fédérations de foot cet été?

La revue des Cahiers du football