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Le bûcher des inanités

En écho à notre article sur le procès intenté à Aimé Jacquet par L'Équipe (1998, une plaie encore ouverte), un lecteur monte à la tribune pour plaider la cause du quotidien sportif, injustement victime de nos foudres…
Auteur : K14 le 12 Mai 2003

 

"J'dis bonjour, faut bien que j’me mouille" (Bergman/ Bashung). Prenons des risques : le débat Jacquet/L'Équipe a remué des souvenirs. Je voulais réagir à 1998, une plaie encore ouverte et pris d’un élan leysien je n’ai su m’arrêter. Non à la canonisation d’Aimé! Non à l’excommunication de L'Équipe! Et vive la critique! De L'Équipe ou d’Aimé Jacquet, qui faut-il brûler? (1) A priori, aujourd’hui, le journal fait un meilleur combustible. Mais si les martyres de l’inquisition ont plus que prouvé l’inanité du bûcher humain, il serait stupide de ne pas admettre qu’il en va de même pour les auto da fe. Il ne s’agit pas de renvoyer L'Équipe et Mémé dos à dos. Mais il semble que taper sur le journal, c’est s’éviter une analyse salutaire des événements et surtout, masquer deux débats essentiels: L'Équipe est-il un bon journal et Mémé est-il un bon entraîneur? Il est difficile d’avoir en tête tous les articles de l'époque, mais c'est vrai que face à une campagne de matches amicaux laborieux, taper sur Mémé permettait de se défouler. On peut critiquer la forme, mais sur le fond, certains constats faits à l’époque demeurent valables: jeu frileux, passes en retraits inutiles, assise défensive privilégiée d'abord et attaques stéréotypées ensuite. Souvenons nous par exemple de France-Afrique du Sud, avec un Jacquet trépignant sur le bord de touche dès que Zizou esquissait le moindre gri-gri. Il n’y a là aucune exagération en tribune à 10-15 mètres de Mémé, on l’a vu, entre autres, houspiller Zidane pour un râteau le long de la touche. Rétrospectivement, il n’y a pas de raison de changer d'avis car il semble clair que ce n'est qu'à partir de la Croatie que les joueurs se sont lâchés, mettant à l'encan des préceptes ultra défensifs avec lesquels jamais Thuram ne se serait offert les deux montées que l'on sait. Comment ne pas rappeler que la France n'a battu l'Italie qu'aux penalties et le Paraguay 1-0 grâce à Blanc à la 114e minute? Deux matches crispantissimes qui restent plus dans les mémoires pour la tension nerveuse qu'ils ont suscité, que pour les actions dangereuses ou seulement les beaux enchaînements! Dans ces deux derniers domaines, c’était le désert peuplé seulement de la trouille permanente d’un contre. L’idée sous-jacente du débat actuel est: l'histoire à prouvé que L'Équipe, ou ceux qui critiquaient Jacquet, ont eu tort. C'est faux ou, au minimum, invérifiable. Peut-être qu'avec une telle profusion de talents sur le terrain, l'entraîneur des minimes de Caudebec en Caux aurait fait mieux, écrasant tous ses adversaires. Peut-être que même Raymond Domenech aurait su mieux profiter de Zizou, peut-être que même Courbis ou Fernandez auraient gagné la Coupe du Monde, chi lo sa? Nous avions sur le terrain une génération de joueur extraordinaire, plus complète que sous l’ère Platini, plus réfléchie que sous celle de Cantona et de Papin. Jacquet s’est trouvé au bon endroit au bon moment, car le potentiel ne demandait qu’à devenir réalité. Il a su mettre en place une organisation que ni Hidalgo, ni aucun de ses successeurs n’avaient pu mettre en place. Il n’a de ce point de vue rien laissé au hasard. Des stages à la Coupe du Monde, tout à été fait pour que les joueurs soient dégagés de tout autre pensée que le jeu et l’application des consignes. Le mérite de Jacquet est dans cette organisation, dans la clarté des pouvoirs accordés aux tauliers, Deschamps en tête. Un mérite qui vient de l’expérience acquise à Bordeaux et des campagnes européennes, sans aucun doute. Et de ce point de vue, Jacquet a fait franchir un palier à la France, lui donnant pour longtemps une place parmi les grandes nations du football, cette place qui nous paraissait inaccessible même après 78. Par contre, le "blokékip" jacquien est plus une régression du jeu qu’autre chose. Au départ, il vient du football total néerlandais et plus précisément de la réponse allemande au défi lancé par l’Ajax. A l’arrivée, les idées de Rinus Michels, Stefan Kovacs et Johann Cruyff sont revues à la baisse: l’équipe se déplace en même temps, mais la zone reste stricte; pas de permutation arrières/attaquants et permutations au sein des mêmes lignes strictement définies. En clair: fin du bordel créatif néerlandais qui poussait tout le monde vers l’avant et faisait commencer la défense dans les 16 mètres adverses. Fin de la liberté des joueurs qui laissait à un Ernie Brandts, obscur arrière central coupable d’un but contre son camp, le droit de venir croiser aux 20 mètres dans l’axe pour planter un tir crucifiant Dino Zoff (CM 78). En clair aussi, face à une équipe qui joue le 4-4-2 avec trois milieux défensifs, on ne passe plus car on ne surprend plus personne. Dans le système Jacquet, la doctrine c’ est le "professionnalisme": on assure la passe, forte, dans les pieds du coéquipier le plus proche, on change d’aile en trois relais car une seule transversale c’est trop risqué, on revient derrière plutôt que de tenter le dribble, les attaquants se retrouvent dos au but car ils ne reçoivent plus de ballons dans la course et servent de pivot (d'où Dugarry) à des milieux qui ne savent pas tous tirer (pas vrai Dédé?), ou se heurtent à un mur de huit défenseurs parfaitement en place. Rien à voir avec l’équipe de France de l’Euro 2000, ses permutations, sa liberté, son alternance de jeu long et court. Pourquoi? On peut très sincèrement penser qu’à partir de la Croatie, les joueurs ont pris le pouvoir, et qu’ils l’ont gardé un peu moins de quatre ans, pour ne le rendre, faute de leader en forme, qu’au moment d’une Coupe des confédérations cache-misère: le groupe se délitait déjà. A partir de la Croatie les joueurs prennent l’initiative du jeu et oublient l’entraîneur, les consignes sont données sur le terrain, chacun se défonce et la solidarité est sans faille pendant au moins deux ans. On notera au passage que Jacquet lui-même se trahit un peu et donne raison à L'Équipe: c’est depuis qu’il commente les match pour Canal que "la percussion" est devenu un de ses leitmotivs, alors qu’avant on entendait beaucoup moins souvent cette expression dans ses discours (surtout rare dans ceux d’avant match, plus fréquente après dans les "on a manqué de percussion"). Comme quoi, entraîneur et commentateur n’ont pas exactement la même philosophie du jeu — ce qui au fond est normal. L’entraîneur, soumis à la pression, a aussi le droit de jouer ce qu’il estime être la sécurité, et de vouloir éviter de prendre des risques. Mais n’est-ce pas aussi risqué? C’est là qu’il faut reparler de L'Équipe. Le journal a osé faire ce que la télé ne faisait pas: débusquer les errements tactiques, la frilosité, le manque de jeu. Jacquet a d’abord été pris à partie pour des raisons footballistiques. Il ne s’agissait pas de promouvoir un concurrent, de proposer des noms, mais bien de mettre en doute un dispositif qui était non seulement peu spectaculaire, mais en plus ne permettait pas à l’EdF de marquer beaucoup de buts et la laissait en danger face à des adversaires de faible envergure. La match contre le Paraguay en fut l’exemple parfait: la France s’y est mise en danger toute seule, ne parvenant jamais à réellement faire le jeu, face à une opposition qui n’est pourtant pas diabolique. Ce que L'Équipe dénonçait avant la coupe, s’est aussi perpétué pendant. C’était visible même à la télé. Mais les commentateurs en chef gèrent des émissions régulières, ils ont autant besoin de bonnes relations avec le staff de l’EdF que ce dernier a besoin d’eux pour asseoir sa stabilité et rester indéboulonnable. Les principales allusions anti-Mémé de l’époque, Roland, Larqué, Gilardi ne les ont faites qu’au travers de L'Équipe, en prenant bien soin de ne jamais préciser leurs propos et en se cachant derrière le journal. Souvent les propos étaient tellement sibyllins qu’ils en devenaient incompréhensibles. J’accorde le pompon aux "Yeux dans les bleus" jolie illustration de l’écriture d’un mythe dont j’aimerais bien voir les chutes et sur lequel on ne se pose pas la question de Bourdieu: qu’est-ce que l’étude fait à l’objet? L'Équipe était seul? Non, dans France Football, dans Onze, dans Le Parisien ou La Provence, il y avait des papiers pas très tendres aussi, et parfois plus cruels. Mais il était pratique pour Jacquet de se braquer contre un seul (contre tous, il aurait été à la fois brûlé crucifié et écartelé en place de Grève). Il a su désigner un bouc émissaire. Pourtant, après la coupe du monde, il aurait fait plus de mal à L'Équipe en se contentant du mépris, voire en ridiculisant le journal. Il en avait les moyens, tous les autres médias, la nation presque entière, était à ses pieds. On peut comprendre qu’il ait de la rancune, c’est humain. Qu’elle soit sélective est moins normal. Mais ce faisant lui, l’homme prudent, prend des risques. Et dès lors L'Équipe cherche aussi à se venger, profitant de l’imprudence. D’un côté comme de l’autre, c’est assez nul. Mais ce n’est pas l’essentiel. Conclusion : Jacquet est un grand organisateur et un bon entraîneur, pas l’inverse. Herrera (mais oui même lui et le catenaccio), Michels, Kovacs, Cruyff, Sacchi, ont inventé des choses et ont été suivis. Herrera pour la défense, Michels et Kovacs avec le foot total et l’exploitation du hors-jeu, ont réellement créé des tactiques nouvelles. Lattek au Bayern, Cruyff à Barcelone et Sacchi à Milan (ces deux-là ont ressuscité le foot d’attaque), ont créé des écoles et ont été suivis (pas toujours bien, c’est vrai, n’est ce pas Luis?). Dans l’évolution du foot ils ont été les points d’inflexion du jeu. Aimé n’a pas eu le même retentissement car son approche n’est que la conceptualisation de ce qui existait déjà largement, en particulier en Allemagne où le bloc équipe est une réalité au moins depuis les années Lattek (OK ce dernier pratiquait aussi le marquage individuel). Conclusion : L'Équipe a pris des risques et s’en mord les doigts. C’est son droit absolu: ce n’est pas parce qu’on est journaliste qu’on ne peut pas avoir d’opinion! Inutile de se livrer à l’exégèse de tous les articles publiés sur Jacquet et l’EdF, mais, avec Jacquet comme organisateur et n’importe quel autre entraîneur, l’EdF avait ses chances en 98. Parce qu’aux penalties contre l’Italie, aucune tactique, aucun bloc équipe ni percussion ne viennent dire au tireur de la mettre à droite ou à gauche (ou dehors). Maxime et Didier une année, Michel une autre, n’ont simplement pas eu la chance de leurs successeurs. Et le goal est seul dans son angoisse au moment de faire son choix... (elle était facile celle-là) L'Équipe aussi a tiré son penalty à côté. Finalement on peut en être heureux. Cela n’en fait pas un mauvais journal, pas plus que Bossis, Six ou Platini ne furent de mauvais joueurs après leur moment de faiblesse. En Italie, la question du parti pris ne serait même pas posée. Il est sain qu’elle le soit pourtant, et il vaut mieux que les choses se passent ainsi en France. Mais il ne faut pas plus clouer L'Équipe au pilori qu’en vouloir à Mémé pour quelques soirées décevantes devant son poste (ou pour ses commentaires actuels!). Remarquons d’ailleurs que sur notre site (si notre chère rédac veut bien pardonner cette appropriation), la plupart des critiques de L'Équipe sont le fait de supporters mécontents du traitement de leurs favoris et plus rarement (même si on l’a vu un peu pour Luis), des gens qui prennent fait et cause pour leurs adversaires! La fin ne justifie pas les moyens : Mémé avait tort et a eu beaucoup de chance. L'Équipe avait raison et n’en a pas eu (heureusement!). L'Équipe de France a eu de la volonté et de la chance et ses deux vrais entraîneurs s’appellent Laurent Blanc et Didier Deschamps ! (1) Au figuré bien sûr.

Réactions

  • tikko le 15/05/2003 à 09h50
    C bien ce que je dis, le mythe des allemands reposent plus sur le fait qu'ils aient une régularité à peine croyable en compét, quelque soit le talent de la génération en équipe nationale..
    Mais pas sur les confrontations France Allemagne où on est pas aux fraises.
    Evidemment, je ne parle que des équipes nationales, pas de clubs.

    Et contre l'Angleterre ou l'Italie, là, on est à la ramasse.

    Pr l'Italie, heureusement que les 20 dernières années ont redoré notre blason parce que le bilan est de 7 victoires pr 17 défaites (4 victoires 0 défaite dc depuis 82).
    Les anglais, eux, peuvent encore pavoiser ! 23 victoires et seulement 7 défaites contre nous... mais bon, aux temps immémoriaux du début du XXe siècle, les 7 premières rencontres se sont soldées par autant de défaites tricolores, et qui font mal au goal average ! 2 buts marqués pr .... 60 buts encaissés, et oui, 60... Argh...

  • loual le 16/05/2003 à 23h41
    Salut K14. Je voudrais réagir sur certains aspects de ton texte.
    D'abord sur Jacquet;
    "Il est difficile d’avoir en tête tous les articles de l'époque, mais c'est vrai que face à une campagne de matches amicaux laborieux, taper sur Mémé permettait de se défouler. On peut critiquer la forme, mais sur le fond, certains constats faits à l’époque demeurent valables: jeu frileux, passes en retraits inutiles, assise défensive privilégiée d'abord et attaques stéréotypées ensuite."

    C'est vrai que le jeu de Jacquet était très pénible à regarder et je me suis rarement autant ennuyé devant un match de l'EDF. Mais c'était prévisible!
    Je me rappelle des paroles de Just Fontaine qui parlait d'aparachik de la Fédé. Tout dans Jacquet était désagréable. Une prétention sans borne, un ton cassant, une relation avec les journalistes détestable. Après "l'épreuve" Houllier et la fumisterie Platini les journalistes ont vu arriver ce type formaté à "l'aigreur" prendre les commandes sans aucun véritable débat et, comme encore maintenant, sur un décision du prince. Je comprends, dans ce contexte, le peu de sympathie qui lui a été prodiguée. J'ajoute que Hidalgo avait lui aussi subit des attaques terribles (et comme toujours imcompétente) de l'Equipe sans pour autant en faire un fromage.

    "Nous avions sur le terrain une génération de joueur extraordinaire, plus complète que sous l’ère Platini, plus réfléchie que sous celle de Cantona et de Papin."

    Cela reste à prouver. On a Zizou aujourd'hui au milieu mais à l'époque on avait Giresse, Tigana, Platini, et Genghini. Excusez du peu. Ce qui leur a surtout manqué c'est cette confiance qu'ont acquis les joueurs Français en gagnant des coupes d'Europe. Pour la 1ere fois des équipes françaises étaient Champions.
    On étaient plus les petits Français, courageux, mais qui n'allaient pas jusqu'au bout. Même Platini et Houiller n'ont pu détruire cela.

    "Par contre, le "blokékip" jacquien est plus une régression du jeu qu’autre chose."

    Régression? Moi je veux bien, mais si on compare les guignolades platinienne et le Chaos de Houllier on peut dire que Jacquet a proposé une manoeuvre (au moins une ) cohérente à ses joueurs. C'est la 1ere fois que j'ai vu l'équipe de France jouer haut sur le terrain. Hallilodzic ne procède, dans l'esprit, pas autrement.
    Et cela a suffit pour rendre l'EDF plus compétitive dans le désert tactique des sélections nationales. C'est son seul et unique mérite. .On ne va pas lui enlever! Les journalistes de l'Equipe en ont peu tenu compte. C'est une énorme faute professionnelle.

    " Au départ, il vient du football total néerlandais et plus précisément de la réponse allemande au défi lancé par l’Ajax. "

    Je reviendrai sur l'Ajax des 70 mais son football est aussi éloigné de celui de l'EDF que ma ressemblance avec Brigitte Bardot. Sauf à convenir que les 2 équipes avait une défense qui préfére défendre haut sur le terrain. Mais L'Ajax c'était bien autres choses. Les Allemands à l'époque jouaient en 433 souvent en contre. Je n'appelle pas ça une réponse.

    " En clair: fin du bordel créatif néerlandais qui poussait tout le monde vers l’avant et faisait commencer la défense dans les 16 mètres adverses."

    J'ai rarement vu une équipe, à part quelques unes que je t'épargne, aussi bien organisée que l'Ajax de cette époque (je l'ai vu jouer contre l'OM au vélodrome). Rien à voir avec le"bordel". Calais en Coupe de France à démontré que ce type de "bordel" était plus pertinent que les supers organisations de nos techniciens de L1. Simplement l'Ajax allait au bout de ses idées. Mais c'est une autre époque.

    " Dans le système Jacquet, la doctrine c’ est le "professionnalisme"

    Non. C'est le Béton. Bien organisé, certes, mais le béton. Et tous les joueurs étaient très pros avant lui.
    La défense de zone a fait le reste. Ni platini ni houllier n'ont été capable d'organiser une défense de zone correcte. Jacquet l'a fait en prenant un minimum de risque, un minimum d''attaquants.

    " c’est depuis qu’il commente les match pour Canal que "la percussion" est devenu un de ses leitmotivs,"

    Ca découle de la reflexion précédente. Avec aussi peu d'attaquants tu as intêret à avoir des joueurs percutants. La défense adverse n'est pas mise hors de position de manière collective mais par les coups de boutoir du ou des attaquants. Dans ces conditions on peut comprendre que cela soit devenu chez lui presque une incantation. Pour gagner il faut marquer au moins 1 but. Ca n'a rien d'une philosophie de jeu et surtout pas un "lâcher prise' chez Jacquet.

    Pour en terminer avec Jacquet moi je voudrais souligner un fait qui me semble interressant et qui n'a jamais été vraiment remarqué.
    Dans le film les yeux dans les bleus il y avait un passage dans le vestiaire à la mi-temps de France Croatie;
    On y voyait Jacquet faire littéralement un sermon, un prêche au mieux une conférence à ses joueurs.
    L'analyse technique du match, les mots pour replacer tel ou tel joueur un peu plus haut, un peu plus bas, la proposition de solutions collective, etc, ect...tout cela était absent du discours. C'est pour ça que si je dois qualifier le style Jacquet je parlerais d'un "à peu près" soutenu par quelques exhortations à caractère rituel.
    Et c'est tellement vrai que dans le 2eme les "bleus dans les yeux" on voit Lemerre reproduire, à l'identique, le même cinéma que papa Jacquet tel un rite magique apportant la victoire.
    Manque de pot le gri-gri n'a pas fonctionné cette fois là.

    Demain je taille l'Equipe.

  • loual le 17/05/2003 à 14h26
    L'Equipe;

    Ce jour de victoire de l'équipe de France, en 98 fut pour moi un moment de jubilation pour 2 raisons essentielles.
    La première, évidemment, c'était la victoire de la France.
    Moi qui a connu mes premières équipes de France à la fin des années 60 je sais ce que c'est que de ressentir une grosse frustration face au spectacle d'un foot français marchant complètement à coté de ses crampons.
    Nous n'étions supérieurs à aucune équipe en Europe. Toutes les autres nations avaient une vraie chance de gagner contre nous. Le pire fut cette défaite contre la Norvège à Strasbourg. La Norvège!!! C'était le règne de Boulogne et mes premières lectures de l'Equipe.
    20 ans plus tard la France était championne du monde. J'ajoute que dans ce renouveau du foot Français on a pas assez souligné l'immense apport du football africain. Si on regarde les équipes de France actuelles elle ressemble de plus plus à la couleur des équipes de basket de NBA.
    La deuxième c'est la "gammelle" sans précédent des journalistes de L'Equipe.
    Ca c'était l'écrin dans lequel je rangeais précieusement cette victoire.
    Oh il y a déja eu des plantages magistraux de ce canard notamment avec Georges Boulogne avant un match contre la Hongrie quand l'Equipe titrait "Il y a du KO dans l'air" pour exprimer son soutient à ce sélectionneur. Le "ko" étant attribué à ceux qui pourfendait le sélectionneur. Résultat 2 0 pour les Hongrois. Mais on était habitué à la défaite et cela n'a pas eu de conséquences pour le journal.
    Il y eu aussi les attaques contre Hidalgo (violentes) surtout avant le dernier match qualificatif contre les Hollandais en 77 et 81. Mais la joie de retrouver la Coupe du Monde fit oublier toutes ces outrances d'ignorants.
    A cette époque il y avait quand même, dans ce journal, J-Ph Rétacker qui connaissait plutôt bien le foot. Las... ses articles ne reflétaient que partiellement ce qu'il exprimait en privé. (Je ne l'ai pas connu mais les copains journalistes m'ont fait part de ce fait).
    Mais c'était bien le seul et, depuis l'arrivée d'une nouvelle génération de journalistes, il faut bien le dire, il n'y a plus personne pour faire une réflexion sur le jeu, digne de ce nom.
    D'ailleurs il faudra que quelqu'un m'explique quelle philosophie du jeu, quels principes collectifs soutient l'Equipe. Le vide est quasi absolu.
    Ce "plantage" ne fut donc pas une surprise pour moi mais plutôt un achèvement, une sorte d'apothéose après des années et des années d'âneries" proférées par ce journal.
    Justice fut (enfin) faite.
    Pourtant Jacquet et l'Equipe avaient tout pour s'entendre. Même arrogance, mêmes limites intellectuelles pour analyser le jeu, même haute opinion de leur avis, même mépris de celui des autres. Mais cette coupe 98 était (et restera peut-être) la seule chance pour la France de remporter le trophé avec tout ce que cela implique en terme de retombées financières et de respectabilité. Je dis respectabilité car les journalistes français se sont sentis méprisés pendant toutes ces années de vaches maigres par le reste des autres journalistes des grandes nations de foot. La revanche était aussi pour eux un point important.
    Tous les indicateurs étaient au vert et on ne retrouverait pas de sitôt une telle opportunité.
    Dans ce contexte le béton de Jacquet et son foot "au delà de l'ennui" avait vraiment de quoi inquiéter. Quel supporter, même Français, pouvait s'identifier à un tel jeu et soutenir une telle équipe?
    Les pressions sur Jacquet ont du être formidables puisque celui ci est passé juste avant le Mondial (d'abord contre le Chili atomisé 5 0) à une attaque à 3, lui, qui peinait à aligner ne serait-ce qu'un attaquant. Le premier tour de la Coupe du Monde ce déroulera dans ce type de shéma avec 10 buts à la clée. Après, le naturel bétonnant de Jacquet reprendra le dessus.
    La qualification pour le 2eme tour lui laissa, sans doute, les mains plus libres.
    Que peut-on reprocher, alors, à l'Equipe sur sa couverture du Mondial.
    De s'être trompé? Certainement non. C'est une deuxième nature pour ce journal et il n'y a donc aucune surprise la dessus.
    En revanche les attaques contre l'homme Jacquet étaient totalement inexcusables. Certes il était un homme public investit d'une mission jugée primordiale et chargée d'affects importants. Mais cet amalgame entre la fonction et l'individu qui tient cette fonction furent absolument détestable.
    L'Equipe n'a pas fini de le payer et c'est tant mieux.

    Pour terminer je voudrais juste apporter quelques remarques sur les affirmations de K14

    "Michels, Kovacs, Cruyff, Sacchi, ont inventé des choses "
    Ils n'ont rien inventé, juste adapté certaines manoeuvres à leurs goûts.
    Michels avec la remonté ultra rapide de sa défense pour 'piéger" les trainards. Manoeuvre reprise par l'équipe belge des années 80. Ce n'était pas vraiment une défense en ligne puisque il y avait un libéro (Blankenburg). Mais ce type de défense très haute était déja largement utilisée avant (Anderlech de Goethals notamment) et pour une vrai défense en ligne il y avait Benfica.
    Sacchi et son 442 non plus. Mais il a bénéficié du desert tactique des équipes européennes du moment qui s'est arrêté quand Goethals à reprit l'OM avec, lui, 3 attaquants.
    Quand à Cruyff j'ai du mal à voir où il a innové en la matière.
    Si ma mémoire est bonne celui qui a vraiment innové c'est Pierre Pibarot et sa théorie sur la défense en ligne. Théorie qu'il eu du mal à mettre en pratique lui même mais qui inspira fortement Goethals comme le rapportat le génial Belge.
    Depuis, il faudra me démontrer où se situent les innovations dans ce milieu. Je n'ai pu que constater qu'une longue et régulière régression du jeu collectif . Qui joue aussi bien que Benfica, que l'Ajax, que Anderlech ou bien le Celtic de Glasgow de ces années là?
    A vos cassettes.

  • valdo le 09/02/2004 à 13h01
    ca fait du bien de lire la vérité.

  • Dero le 24/09/2004 à 01h40
    Et ça fait du bien de réagir à des articles 150 ans après, en pensant que personne ne va jamais vous lire.

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