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La vieille dame tapait dans la pharmacie

Bouteille – Les dirigeants de la Juventus de Turin viennent d'être blanchis de toute accusation de dopage. Pourtant, leur procès avait mis en évidence non seulement l’usage d’EPO, mais aussi une surmédicalisation devenue banale dans le football...

Auteur : Mollows le 19 Dec 2005

 

 

Ce mercredi 15 décembre, les dirigeants de la Juventus de Turin ont été "blanchis" en appel des accusations qui avaient valu à Riccardo Agricola (médecin chef du club) d'être condamné en novembre 2004 à un an et dix mois de prison pour "fraude sportive et administration de produits dangereux". Durant ce procès au long cours (voir la chronologie ci-dessous), l'hématologue Giuseppe D'Onofrio, avait pourtant conclu à la certitude du recours à l'EPO et aux transfusions sanguines pour au moins deux joueurs (Antonio Conte et Alessio Tacchinardi). L'enquête et les experts avaient aussi démontré l'usage par les Diafoirus turinois d'une pharmacopée délirante, en dépit de toute justification médicale... Mais voilà, le juge Gustavo Witzel a décidé que la loi sur la "fraude sportive", originellement destinée à la corruption et aux paris truqués, ne s'appliquait au dopage. Coup de bol pour les juventini, la loi antidopage votée en 2000 ne pouvait sanctionner des faits remontant à 1994-1998.


Comme le souligne Stéphane Mandard dans Le Monde,
“La cour d'appel du tribunal de Turin n'a pas remis en cause les conclusions de l'expertise [de l'an passé] pour blanchir le médecin de la Juventus. Elle a simplement précisé que ni l'usage de médicaments ni l'administration d'EPO n'étaient considérés comme un délit au regard de la loi sur la fraude sportive en vigueur en Italie au moment des faits”. 

 

Exit, donc, les menaces du retrait des titres gagnés durant cette période de faste sportif... Les dirigeants turinois peuvent éructer une joie haineuse dans les micros, et recevoir les félicitations de Silvio Berlusconi. Le football professionnel, lui, semble plus que jamais bénéficier d'une remarquable impunité en matière de dopage. Comme l'a regretté le Pr D'Onofrio lui-même : "Il est clair que le foot est intouchable. Désormais, plus personne n'osera mettre son nez dans les pharmacies des clubs" (L'Équipe). 


L'occasion était donc belle de mettre en ligne cet article du numéro 15 des Cahiers du foot (avril 2005), histoire de revenir sur un procès aussi éclairant que sous-médiatisé...

bw_n15Lors d’une perquisition ordonnée par le procureur Raffaelle Guariniello, à l’été 1998, 281 types de médicaments sont trouvés dans les locaux de la Juventus de Turin. De quoi subvenir aux besoins d’un hôpital de taille petite ou moyenne, dira un expert. Également au tableau de chasse: une dizaine de produits figurant sur la liste des produits interdits du Comité international olympique... Sans parler d’autres manipulations pharmacologiques (EPO ou transfusions) qui, à défaut d’être découvertes le jour de la perquisition, auront laissé des traces indirectes dans certains dossiers médicaux.

Au terme d’une très longue procédure, le médecin-chef de la Juve, le Dr Agricola, a été condamné à un an et dix mois de prison et à une interdiction d’exercer. Il a fait appel et les peines sont suspendues. Les attendus du jugement, publiés en février 2005, confirment la sanction pour "fraude sportive" et mentionnent l’utilisation de l’EPO. Elles indiquent aussi que le Dr Agricola "ne peut s’être procuré seul l’EPO, ni avoir agi sans l’autorisation préalable de ses supérieurs". Son coaccusé, Antonio Giraudo, administrateur délégué de la Juventus, a bénéficié d’un non-lieu.


Des aiguilles dans la botte
Le jugement rendu le 26 novembre 2004 se rapportait à la période 1994-1998 du club, riche en titres. L’expertise finale, confiée en partie au professeur Giuseppe D’Onofrio, hématologue — ce qui lui «a valu (...) quelques menaces et pressions» (L’Équipe, 27 novembre 2004) —, a porté sur l’étude des paramètres sanguins de quarante-neuf joueurs et a conclu à l’utilisation quasi certaine de l’EPO ou de transfusions pour deux joueurs, Conte et Tacchinardi, et très probablement pour six autres footballeurs, dont Didier Deschamps. Le taux d’hématocrite de ce dernier a pu atteindre 51,9%, et au vu de l’importance des variations de ces mesures d’hémoglobine, l’expert indique une «stimulation exogène».

Autre expert entendu, le pharmacologue Eugenio Muller s’étonne, non seulement de la quantité de médicaments, mais aussi de la qualité de certains d’entre eux, clairement détournés de leur usage thérapeutique: stimulants cardiaques, analgésiques, antidépresseurs, reconstituants contre l’alcoolisme (!). Il note également, dans le cas de Zinédine Zidane, l’administration de produits contre-indiqués au regard de sa santé. Dans "The Medecine Men" (1), le docteur Volpi, ex-médecin de l’Inter de Milan et consultant de l’association des joueurs italiens pour ce procès, pointait les possibilités d’accroître la faculté de récupération des joueurs ou l’augmentation de leurs performances en restant dans le cadre de la pharmacopée légale. La confirmation que les pratiques dopantes dépassent la seule utilisation de produits interdits est une des données essentielles de ce procès.


bar_juve_chargeMauvaise pente
Sandro Donati, responsable du Comité olympique italien (CONI) indiquait en juin 2000 que la Juve avait pris sous contrat en 1998 deux "conseillers" pour le moins controversés, qui opéraient auparavant dans l’athlétisme: l’Argentin Guillermo Laich, «spécialiste de l’hormone de croissance, réputé pour ses méthodes plutôt dangereuses», et le Néerlandais Henck Kraajienhof, connu pour avoir soutenu par le passé l’utilité des stéroïdes. «Il était même allé jusqu’à plaider dans un journal de son pays la libéralisation du dopage!» En fait, poursuit Donati, «c’est le début des enquêtes (...) qui a mis fin à cette tentative de dopage programmé dans le foot. Les clubs ont eu peur et à ce moment-là, ils ont tous rompu leurs contrats avec ces médecins un peu "spéciaux". S’il n’y avait pas eu toutes ces affaires, je pense qu’une période très dangereuse s’annonçait pour le Calcio» (L’Humanité). Et donc, pas seulement pour la Juventus...
 
L’Équipe rapporte ainsi l’attitude du Dr Agricola après le jugement de novembre dernier: «ll accentue sa "victimisation" en se décrivant comme un “cobaye humain” sur lequel la justice a tenté une expérience : “je me sens écorché, comme si on avait pratiqué sur moi une vivisection...”» (novembre 2004). Cette inversion apparaît bien sinistre. Son corps n’aura pas, de même que ceux de ses employeurs, à supporter les éventuelles conséquences des libertés prises par ce médecin avec la prescription médicale. Les cobayes auxquels pense le Pr Jean-Paul Escande, lorsqu’il évoque, à propos du dopage, une «expérimentation humaine», se trouvent plus logiquement de l’autre côté de la seringue...
 

Le Dr Agricola disait aussi : «Je suis tranquille (...) parce que je suis innocent. Pour moi, l’important est ce que pensent les joueurs. Eux savent bien qu’il ne s’est rien passé» (AFP). Pour Roberto Baggio, ce n’est pas gagné. Lorsqu’on lui demandait, le jour de son audition au procès de Turin, s’il avait été sujet à dépression, l’expression de son visage lorsqu’il se retourna vers le médecin traduisait bien autre chose que cette prétendue confiance... Le docteur Agricola a été confirmé dans ses fonctions par la Juventus.

(1) Documentaire de A. Rocksen, diffusé sur Arte.

La mort dans le temps additionnel ?
Lancée en 1990 à la suite d’alertes de veuves de joueurs, une enquête épidémiologique inédite, portant sur 24.000 joueurs du Calcio (séries A à C) de 1960 a 1996, aura permis au procureur Guariniello de constater des taux de leucémie ou de tumeurs de l’appareil digestif deux fois supérieurs à la moyenne nationale. De même qu’une très forte surreprésentation d’une maladie rare, la sclérose latérale amyotrophique (SLA), particulièrement invalidante, et fatale à 100%...



Chronologie de l’affaire
Juillet 1998. Zdenek Zeman, entraîneur de la Roma pointe dans une interview «l'explosion musculaire» de certains joueurs de la Juventus et demande au Calcio de «sortir des pharmacies».
Août 1998. Le procureur Guariniello ouvre une enquête. Perquisition dans les locaux de la Juventus et saisie des dossiers médicaux des joueurs. Del Piero, Vialli, Ronaldo sont entendus.
Septembre 1998. On apprend que le laboratoire romain de l'Acquacetosa ne contrôlait pas les anabolisants, que des dossiers de footballeurs y ont disparu et que des contrôles positifs ont été dissimulés. Le président du Comité olympique italien est contrait de démissionner.
Octobre 1998. Des documents saisis chez un médecin révèle des taux d'hématocrite anormaux chez les joueurs de Parme. Les mesures ont été effectuées alors que Thuram et Boghossian étaient en vacances. Daniel Bravo fait état de piqûres «douteuses» lorsqu'il évoluait au club. Le club évoque un erreur de l'appareil de mesure.
Mars 1999. Deschamps et Zidane sont entendus par le procureur.
Juillet 2001. Un premier rapport d'expertise identifie des «profils pharmacologiques inquiétants», des variations anormales de taux d'hématocrite et une administration de fer et de créatine dangereuse pour la santé.
Janvier 2002. Ouverture du procès, qui comptera trente-neuf audiences.
Octobre 2003. Gianluca Vialli, au club de 1992 à 1996, déclare qu'il subissait de nombreuses injections, alors que «neuf fois sur dix [il] ne soufrait pas de troubles particuliers».
Janvier 2004. Après avoir décliné deux fois l'invitation pour «raisons professionnelles» Zinédine Zidane se présente au tribunal et admet la consommation de créatine entre 1996 et 2001 (ce reconstituant musculaire ne figure pas sur la liste des produits interdits). Il dit penser que les produits qui lui étaient administrés le matin des matches  via des perfusions ou des piqûres étaient "des vitamines".
Juin 2004. Dans son rapport, le Pr D'Onofrio conclut à l'usage «quasi-certain» d'EPO par Antonio Conte et Alessio Tacchinardi. Il s'interdit un diagnostic définitif pour Zinédine Zidane et Didier Deschamps, même si ce dernier présente des variations de taux d'hémoglobine et de ferritine suspects.
Novembre 2004. Le juge conclut à l’usage d’EPO pour au moins deux joueurs. Le Dr Agricola est condamné à un an et dix mois de prison ferme, l'administrateur délégué Antonio Giraudo bénéficie d'un non-lieu.
Décembre 2005. En appel, le Tribunal de Turin relaxe les deux hommes.

Réactions

  • Maveric le 20/12/2005 à 15h46
    Mouais. Ca me fait marrer que de lire que les joueurs sont des victimes. Si tu prends ta piquouze avant chaque match et que tu te dis que ce sont des vitamines, c'est que t'es con comme un manche.

    Qui gagne le plus d'argent dans le sport ? Ce sont bien les sportifs quand même. A côté t'as tous les requins qui essaient de se mettre les miettes qui restent dans les fouilles (bon, des miettes de 600M€ par an pour la L1, juste pour les droits TV, c'est au moins des quignons).

    S'en prendre à la vieille dame comme ça n'est pas non plus un bon moyen. C'est une grande équipe et elle le restera. De toute façon tous ses concurrents sont autant dopés. Alors retirer les titres ne rimerait à rien.

    Quand tu joues à un sport, que t'es clean et que tu critiques vivement les pratiques illicites de ton clubs (ou de tes partenaires), ce n'est pas dans ton intérêt de salir l'image de ton sport et encore moins de ton club.

    Pour ce qui est de l'étude épidémiologique, on ne pourra jamais prouver que ce n'est pas la pratique du football qui est la cause de ces différences statistiques. On pense directement au vieil adage : "à chaque fois que tu fais une tête, tu perds un neuronne. c'est pour ça que les blondes (à part Rothen) ne jouent pas au foot". La pratique d'un sport à outrance, même sans se doper, est une aberration pour la structure de ton corps et rien ne prouve qu'il soit capable de le supporter.

    J'espère ne pas avoir enfoncé trop de portes ouvertes, mais apparemment certaines personnes oublient ces principes. La situation actuelle du "voilons nous la face" est la plus stable et sans doute, celle qui correspond au meilleur équilibre.

  • redondo13 le 20/12/2005 à 16h39
    "Qui gagne le plus d'argent dans le sport ? Ce sont bien les sportifs quand même. A côté t'as tous les requins qui essaient de se mettre les miettes qui restent dans les fouilles (bon, des miettes de 600M€ par an pour la L1, juste pour les droits TV, c'est au moins des quignons)."

    je suis absolument pas d'accord, les joueurs gagnent extremement bien leur vie, et certainement trop d'argent mais compare ces sommes au 600M€ des droits TV et autres dizaine de milliers d'euros reçus par les clubs pour de juteux transferts c'est pas la même echelle.

    Aprés je suis d'accord avec toi sur le dopage, si tu es pro tu l'es jusqu'au bout, donc tu dois savoir ce que tu prends. Reste aussi que le différence entre dopage et médicalisation de la récupération est parfois mince, Pour avoir suivi une journée de préparation d'avant saison de l'om tut te demande vraiment quand est-ce que le médecin les lache...


  • gurney le 20/12/2005 à 17h53
    J'ai du mal a imaginer que seul la Juve dope ses joueurs. J'ai jamais cru a un dopage marginal. Pour moi c est la mondialisation qui prime: t as differentes gammes de produits dopants, les clubs riches ont les produits derniere mode, les autres se contentent des produits dopants basiques. enfin, je vois bien les choses comme ca. Sinon il y aurait un enorme ecart entre les perfs athletique d'une equipe qui marche a l'epo, par rapport a une autre qui marche a l'eau...

  • landerakis le 21/12/2005 à 23h07
    Je pense pas que l'EPO soit un produit très populaire chez les sprinters...

    --------------------------------------------

    Attention, la on parle d'une spécialiste du 400 et surtout de la dernière ligne droite....

    L'EPO devient donc le produit parfait en bonne harmonie avec un développant musculaire

  • jonaldo le 26/12/2005 à 10h12
    Si il y a une athlète digne de confiance dans le domaine c'esr ptete Merlene Ottey, toujours placée sur les podiums de 80 à 2000 et quelques, et toujours aussi charmante :-)


    Mais qui fut contrôlée positive à la nandrolone au meeting de Lucerne en 1999 ;-)
    Une suspension de deux ans était prévue, mais elle n'a finalement rien eu (là, je ne suis pas certain)

  • mollows le 31/03/2007 à 14h53
    Pour mémoire, sur lien en date du Vendredi 30 mars 2007


    Fin des poursuites pour dopage contre la Juventus


    La Cour de Cassation déclare prescrits les faits de fraude sportive dans le procès de l'ex-administrateur-délégué de la Juventus Turin, Antonio Giraudo, et du médecin du club turinois, Riccardo Agricola.

    En appel, en décembre 2005 à Turin, les deux hommes avaient été relaxés de l'accusation de fraude sportive ainsi que d'usage et de distribution d'EPO (érythropoïétine). Le pourvoi en cassation avait été formé par le Parquet de Turin.

    Antonio Giraudo n'est plus dirigeant du club piémontais en raison de son implication dans le récent scandale des matches truqués du Calcio. En revanche, Riccardo Agricola est toujours le responsable de l'équipe médicale de l'actuel leader de Serie B (2e division).

    Le procès dit "de la Juventus" avait démarré en 2002, après une longue instruction du procureur de Turin, Raffaele Guariniello, à la suite de propos tenus en 1998 par l'entraîneur tchèque de l'AS Roma, Zdenek Zeman. Il avait affirmé qu'il était "temps pour le football de sortir des pharmacies", en dénonçant "l'impressionnante masse musculaire" de certains joueurs de la Juventus.

La revue des Cahiers du football