La Gazette, numéro 57
Auriverde peur
Qu'il joue avec ou sans ses vedettes "européennes", quel que soit son sélectionneur, le Brésil doute, le Brésil perd. Ce fut à nouveau le cas en Uruguay (1-0), et voilà la seleçao en mauvaise posture dans les qualifications pour le Mondial 2002. On connaît la gravité de la crise actuellement traversée par le football brésilien —mise à jour d'un trafic organisé de faux passeports, enquêtes parlementaires sur les pratiques de Luxemburgo et sur le contrat de l'équipe nationale avec Nike, conséquences judiciaires de l'application de la loi Pelé— mais il est encore difficile d'imaginer qu'elle s'accompagne d'une non-participation à une Coupe du monde. Ce précédent créerait un véritable séisme dans le pays. Une Coupe du monde sans le Brésil, ce serait triste pour tout le monde, y compris pour les vilains qui aiment le voir perdre.
Domenech plus ultra
Les Bleuets ne se sont pas vus compter une bluette par les jeunes Argentins, très remontés et très supérieurs. Fin de l'aventure d'une équipe dont le parcours a été moins lumineux que celui de ses devancières. Domenech avait habilement ouvert le parapluie avec une impressionnante liste de récriminations sur les conditions d'organisation. Reste la question des joueurs qui émergeront dans ce groupe. Si Mexès ou Cissé offrent déjà quelques assurances pour l'avenir, il suffit de relire la composition des anciennes sélections de jeunes pour constater qu'ensuite la… sélection est sévère.
On aura eu à cette occasion comme un parfum de l'affiche espérée pour la prochaine Coupe du monde, opposant les deux meilleures sélections nationales actuelles selon les lecteurs des Cahiers…
Euro : jamais les années impaires
Quant aux filles, elles quittent un amer Euro en Allemagne sur une note positive, avec une nette victoire contre l'Italie (2-0) qui n'efface pas la déception d'un parcours raté. Elles auront mesuré la distance à parcourir pour rattraper les Scandinaves, références européennes. La comparaison avec les mâles est assez cruelle, mais on relève cependant que jamais le football féminin n'a bénéficié d'une telle couverture, suscitant un intérêt inédit. Il lui faudra donc creuser le sillon de sa légitimité, et avant tout se développer dans le monde amateur.
Intertoto ou tard
Le début de la saison est exceptionnellement précoce pour le PSG, exilé à Toulouse dans un Stadium mortuaire (mais comment s'en étonner?). L'ironie veut que Robert inscrive un triplé qui pourrait hâter la réconciliation avec Fernandez, et enfonce un peu plus l'entraîneur parisien dans ce dossier. Malgré le départ de Christian, il y a encore pléthore d'attaquants dans l'effectif du PSG, ce qui est plutôt une bonne chose si l'on parvient à gérer la concurrence. Mais le chantier de la défense est une fois de plus incertain. On ignore le niveau des recrues en provenance de la Liga (Cristobal, Heinze), une brochette de joueurs est censée partir (Rabesandratana, Okpara, Distin…) et Bernard Mendy parvient à se faire remarquer à 8000 km du camp des loges. Il reste un peu moins d'un mois pour trouver des solutions. Le PSG n'étant pas le seul club dans cette situation, si les choses n'évaluent pas plus avant la reprise, ce ne sera pas la peine d'imprimer les guides de la saison.
Dopage : la justice fond sur la Juve
Certains ont pu se demander où allaient les enquêtes sur le dopage du juge Raffaelle Guariniello, ouvertes en 1998 en Italie. On a un début de réponse, avec les mises en examen de l'administrateur délégué et du médecin de la Juve, pour des faits commis entre 1994 et 1998. On remarque que la période correspond à celle où le club turinois a remporté un grand nombre de titres, au contraire de celle qui a suivi. La nature des charges n'a pas été précisée, et le procès n'aura lieu qu'en début d'année 2002… La presse évoque une liste de 60 à 200 joueurs professionnels impliqués dans la péninsule, dont les dossiers ont été transmis au Comité olympique italien (Reuters 02/07). Sachant la proximité de Deschamps et Zidane avec ce dossier, on peut craindre l'ouverture de cette boîte de Pandore.
Toulouse : la chute continue
A Toulouse, le cauchemar s'allonge de nouveaux épisodes, puisque le dépôt de bilan du TFC, en cessation de paiement depuis deux mois, est officiel depuis lundi. La rétrogradation en National pourrait donc n'être qu'une étape dans ce que tout le monde qualifiera de descente aux enfers. Rubio et Decker sont des hommes seuls, contre lesquels se retournent les supporters et les joueurs, qui étaient en grève des matches amicaux. SAOS et association débattent sur la profondeur du trou —50 millions pour les uns, 100 pour les autres— et des moyens de sauver les meubles (statut professionnel, centre de formation). Les joueurs sont libres, et le club ne récupérera rien de leurs transferts. Les ennuis stéphanois vont sembler bénins en comparaison de cette terrible dégringolade.