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Les impostures du révélateur

Le révélateur de hors-jeu fait une nouvelle fois la démonstration de son absurdité. Il est vraiment temps de se convaincre que s\'en passer, c\'est possible.

Auteur : Jérôme Latta le 3 Sept 2012

 

On sera obligé de parler des turpitudes du "révélateur de hors-jeu" aussi longtemps que cette technologie charlatanesque sera utilisée par les chaînes sans aucun discernement. Il ne s'agit pas de réagir à chaque nouvelle démonstration de son absurdité (on n'y parviendra pas), mais certaines sont suffisamment parlantes pour qu'on s'y arrête.

 

Prenons donc le match Lyon-Valenciennes diffusé sur Canal+ ce samedi. Sur une action à la 73e minute, une remise de la tête de Gil parvient à Rémi Gomis (numéro 12) qui croit marquer, le but étant refusé pour un hors-jeu. Autant le dire tout de suite: il n'y avait pas hors-jeu, et les commentateurs ont eu raison de le dire. Mais ironiquement, ils l'ont fait sur la foi d'une image du révélateur dont l'accumulation d'erreurs et d'approximations est tout à fait remarquable.

 

 

 

L'erreur principale, et elle est de taille, c'est que la ligne du révélateur n'est pas placée sur le bon joueur: en effet, un Lyonnais est masqué sur ce plan (probablement Dabo). Il réapparaît dans la suite de la séquence, et figure sur les autres séquences de l'action (direct et autres ralentis). Mais le nez sur leur image magique, le réalisateur aussi bien que le commentateur n'y ont vu que du feu – ce qui donne une idée de leur capacité à "lire" une phase de jeu. Avec l'utilisation industrielle du procédé, les erreurs de placement grossières sont monnaie courante: d'ordinaire, elles se produisent même lorsque l'image ne recèle aucun piège, notamment avec des lignes placées n'importe comment (voir ici, ici, ici, ici, ici ou encore ).

 

Faisons maintenant comme si le Lyonnais caché n'existait pas. Le placement de la ligne interpelle encore, et rappelle que le révélateur ne peut être tracé qu'au sol en passant par les pieds. Or, le hors-jeu ne se juge pas sur les pieds, mais sur toutes les parties du corps hormis les bras. En d'autres termes: pas au sol, mais dans l'espace. Avec des joueurs en mouvement (défenseurs qui remontent, attaquants qui prennent la profondeur), cela signifie que le révélateur n'est d'aucune utilité dans un nombre considérable de cas de figure. Ce qui n'empêche en rien les commentateurs ne continuer à faire comme s'il disait encore la vérité.

 

En l'occurrence, si on lit littéralement l'image, le futur buteur apparaît en positon de hors-jeu puisque tout son corps est manifestement dans la zone claire. En réalité, c'est aussi le cas du dernier défenseur blanc (on continue à faire abstraction du Lyonnais caché), et si l'on parvenait à placer la ligne révélatrice à hauteur des épaules, on constaterait probablement que ce dernier couvre encore Gomis. Conclusion: on jugerait bien mieux la position de hors-jeu sans le révélateur, qui ne fait que parasiter l'image et entraver sa compréhension.

 

Étrangement, alors qu'ils ont tendance à le suivre aveuglément, les commentateurs ont contredit le révélateur en affirmant (à juste titre, donc) que le hors-jeu n'aurait pas dû être signalé... sans relever que leurs propos étaient en contradiction avec le révélateur. Soit ils sont devenus capables d'interpréter correctement l'image, soit ils ne voient décidément que ce qu'ils ont envie de voir – surtout s'il s'agit d'invalider une décision arbitrale.

 

Pour finir, on peut faire remarquer que l'image semble arrêtée à un moment approximatif: sur celle-ci, le ballon a une forme ovoïde et semble bien loin de la tête du passeur. Voilà qui rappelle que le choix de l'image (au rythme de 25 par seconde), évidemment crucial pour juger un hors-jeu au décimètre près [1], est laissé à l'entière discrétion du réalisateur (lequel, se prenant déjà pour le démiurge du football télévisé, n'y voit pas d'inconvénient).

 


Révélateur, démission

Le plus regrettable dans cet exemple, puisqu'au moins le diagnostic final n'était pas erroné, c'est que Canal+ a diffusé la même image dans son résumé de Jour de Foot samedi soir, puis le lendemain dans le Canal Football Club. Et à chaque fois, le commentaire l'a encore invoqué pour tirer sa conclusion: la chaîne a eu tout le temps de constater l'erreur mais, ne doutant jamais de son outil, elle l'a finalement répétée à trois reprises, exhibant une image menteuse [2].

 

Un outil biaisé, approximatif et mal utilisé: voilà le grand chelem du révélateur, qui prétend pourtant "révéler" une vérité quasi-scientifique, et dont l'usage reste maladif sur Canal+ – comme s'il était besoin de prouver, semaine après semaine, l'illégitimité de ceux qui s'érigent en arbitres des arbitres. Le révélateur, indésirable dans de nombreux pays, a été interdit pendant l'Euro (lire "L'Euro 2012 entre Spidercams et écrans géants"). À qui a-t-il manqué, hormis aux commentateurs?

 

On attend des responsables des chaînes qu'ils cessent de recourir à cette solution de facilité pour remplir l'antenne, et en reviennent à l'arrêt sur image classique: "au jugé", on ne pourra constater que les hors-jeu les plus flagrants et renouer ainsi avec l'esprit de la règle: le hors-jeu s'applique lorsque l'attaquant tire un avantage flagrant de sa position, et pas lorsqu'il a cinq centimètres "d'avance" sur les défenseurs. En admettant le principe d'une zone de doute, pour laquelle il n'est nul besoin de déployer un arsenal technologique imbécile, il sera plus facile d'inciter les arbitres à faire profiter ce doute aux attaquants.

 


[1] Rappelons que ce jugement centimétrique relève en soi d'une conception particulièrement stupide de la règle (lire "Le révélateur au placard" et "Pour en finir avec le hors-jeu au centimètre").
[2] Dans son résumé vidéo, lequipe.fr reprend également l'image.

 

Réactions

  • Bioforge le 03/09/2012 à 04h11
    Cette article est un monument de mauvaise foi tentant a vouloir démontrer qu'une technologie qui n'est pas infaillible (car parfois vraisemblablement mal utilisée)doit être bannie une bonne fois pour toute...

    l'apothéose arrive à la fin avec la nostalgie du bon vieux ralenti "au jugé" à l'ancienne et tellement plus mieux.

    je suis d'avis qu'un système qui rend la règle du hors jeu plus lisible ne doit pas être jeté au cabinet sous prétexte qu'il n'est pas parfait.

  • Manx Martin le 03/09/2012 à 05h31
    Le pseudo "révélateur" n'est pas une "technologie", c'est juste un arrêt sur image. Tu pouvais déjà le faire avec un magnétoscope, il suffit d'appuyer sur le bouton pause. Un singe savant (très bien dressé sans doute) peut le faire de manière aussi objective, au hasard, que Pierre Ménès ou Fred Godard.

    Et comme le souligne l'article, juger d'un hors-jeu sur une image figée, c'est pas loin d'être stupide (un peu comme juger de la violence d'un contact sur un ralenti, quoi)

  • sansai le 03/09/2012 à 07h47
    Bon sang, tant d'efforts pour expliquer, en long, en large et en travers que le système en question rend le hors-jeu plus illisible, avec force arguments et exemples, et voilà le premier commentaire.
    C'est à se taper le cul parterre.

  • Sens de la dérision le 03/09/2012 à 09h43
    Tant que les commentateurs (de la télé ou les supporters) que c'est l'arbitre qui commande et que, s'il peut parfois se tromper, il prend aussi des décisions, c'est-à-dire qu'il lui arrive de trancher une décision floue, on aura fait du chemin.
    Je suis quand même assez étonné de voir quels étaient les arguments des commentateurs pour dire qu'il n'y avait pas hors-jeu sur cette image !

  • loulou N le 03/09/2012 à 11h34
    le problème n'est pas tant le révélateur que les ralentis et surtout que les commentateurs qui fonctionnent sur la base binaire "erreurs du joueur" "erreur de l'arbitre". c'est soit l'un soit l'autre (enfin presque parfois un superbe geste leur suffit sans qu'ils y trouvent une erreur de marquage ou de placement). c'est ahurissant de constater à quel point ils sont incapables de se déjuger malgré les images.

    ceci dit Bein sport ne fait guère mieux. Samedi les commentateurs de Sochaux MHSC ont réclamé un pénalty pour une main "évidente" dans la surface alors que 3 ralentis ont montré que la main était collée au torse en réflexe de protection.

  • Pascal Amateur le 03/09/2012 à 12h06
    Plutôt que s'interroger sur la fiabilité du révélateur, peut-on s'interroger sur sa présence ? Le terme même de révélateur est un indice :
    "Ce qui fait connaître ou apparaître des choses inconnues, cachées ou insoupçonnées".
    Cette définition montre bien que l'essence du football est présentée comme "cachée" ; c'est un mystère qu'il convient de dévoiler. Et cette approche mystique, volontiers paranoïaque, du sport pose question. De même qu'il faut soulever les jupes des filles pour découvrir le sens de la vie, il faudrait soulever les jupes du foot pour en saisir le sens ? M'enfin.

  • johnny gategueune le 03/09/2012 à 12h25
    @Bioforge
    Le problème est que :
    1. cette "technique qui n'est pas infaillible" est présentée (jusque dans son nom) comme une technologie infaillible, et utilisée comme telle.
    2. que ce système ne rend pas "la règle du hors jeu plus lisible", au contraire, comme le montre l'exemple de l'article.
    Dès lors, son utilité (sauf pour meubler les retransmissions et les émissions avec des débats ineptes) reste pour le moins hypothétique.

  • LMD le 03/09/2012 à 13h20
    Pascal Amateur
    aujourd'hui à 12h06
    ---

    Il serait plus juste de parler "d'indicateur visuel" en fait...
    Puis qualifier ça de technologie, c'est très... élogieux.

  • loulou N le 03/09/2012 à 13h45
    @lmd
    c'est vrai, ça consiste juste à mettre une zone grisée sur une image arrêtée.
    c'est tout sauf une technologie...
    en de plus le terme "révélateur " laisse croire qu'il s'agit d'une machine indépendante et scientifique ce qui n'est pas le cas.

    bref une bonne grosse arnaque!

  • Paul de Gascogne le 03/09/2012 à 14h02
    Ah ben tiens ça tombe bien qu'on en parle, je voulais justement soumettre une idée à Dame Rédac suite au match Lyon-Valenciennes, puisque je me suis fait le même genre de réflexion.

    Ne pourriez-vous pas réunir différents acteurs des matches de rugby (arbitre, entraîneur et rédacteur en chef de C+ - Bayle ? - par exemple) pour connaître leur appréhension de la règle du hors-jeu au rugby ? Car au final, on parle du même type de règle qu'au foot (une ligne imaginaire décidée à la fois en fonction du positionnement du ballon et des joueurs) mais dont l'application dans le milieu ovale tient davantage à l'esprit qu'à la règle stricto sensu.

    J'en veux pour preuve à la fois son traitement par les arbitres (qui semblent accepter des défenses inversées parfois limites et font preuve de pédagogie en cas d'abus) et surtout par les médias, C+ en tête, qui n'a jamais usé d'un révélateur pour ce type de règle.

    Pour ces derniers, j'aimerais bien savoir ce qui conduit à deux traitements différents pour des règles aussi proches... A moins que le respect de l'arbitre, tellement loué dans le cas des rugbymen et décrié dans celui des footballeurs, ait contaminé les journalistes ?

La revue des Cahiers du football