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Ibrahimovic, Payet : joueurs sur écoute, la LFP fait fausse route

En convoquant Zlatan Ibrahimovic puis Dimitri Payet, la commission de discipline de la Ligue risque de créer une situation dangereuse: sanctionner à partir d’informations visuelles partielles et inégales. Et qui pourrait entraîner des dérives...

Auteur : Pierre Barthélemy le 20 Mars 2015

 

 

Dimanche dernier, à l’issue de la rencontre opposant les Girondins de Bordeaux au PSG, Zlatan Ibrahimovic a tenu un discours injurieux à l’égard des arbitres et des institutions du football français. Enregistrés par une caméra d’Infosport, ces propos ont rapidement agité les réseaux sociaux avant d’être relayés par d’autres médias et de faire réagir jusqu’au Premier ministre. Sur le fondement de l’article 407 des règlements de la LFP, la commission de discipline s’est saisie du dossier. Le même soir, c’est Dimitri Payet qui a usé de mots malheureux à l’endroit des arbitres. Diffusés par Canal+ le lendemain soir, dans J+1, ces propos ont trouvé un écho particulier après ceux du joueur parisien, et lui aussi a été convoqué par la commission de discipline. S’il n’est possible de préjuger ni d’une future reconnaissance de culpabilité de l’un ou de l’autre de ces joueurs, ni d’éventuelles sanctions, ce double épisode soulève différentes questions.

 

 

Différence de traitement

Il est indéniable que les attitudes de joueurs aussi médiatiques ont une influence sur bien des spectateurs, y compris les plus jeunes. Il est certain que le respect de l’arbitre doit être placé au cœur du football. En cela, les propos tenus, en eux-mêmes, ne sont pas acceptables. Il faut toutefois savoir raison garder. Le football reste un sport avec des contacts et où l’on exige des joueurs un engagement maximal. Après une prestation ou un résultat décevant, il est normal qu’il y ait de la frustration et qu’elle puisse être exprimée en privé. Les discours des joueurs doivent être contextualisés. Si l’on est en droit d’attendre d’eux qu’ils fassent preuve de recul et de modération en interview ou en conférence de presse, il est hypocrite et malsain d’exiger un contrôle absolu de toutes leurs réactions “à chaud” et non destinées aux caméras, sur le terrain ou en rentrant aux vestiaires.
 

 

Capture d'écran Infosport


 

 

Si le cas d’espèce n’est pas nouveau (Clément Grenier avait déjà été dans le même cas à l’issue d’un derby perdu à la maison contre Saint-Étienne), le fait que tous les propos spontanés volés par la caméra d’un diffuseur puissent conduire à sanction inquiète et des dérives sont à craindre. Premier constat: il existe une lourde rupture d’égalité selon l’étendue de la couverture médiatique d’un club ou d’un joueur par les diffuseurs. Avec cinq caméras braquées en permanence sur eux, les David Beckham et autres Zlatan Ibrahimovic ne peuvent plus rien se permettre. Qui saura si, dans le même temps, un Emmanuel Imorou ou un Pierre Bouby – deux des pros actifs et disponibles sur Twitter – n’ont pas les mêmes réactions ou pire? “Un grand talent implique-t-il de grandes responsabilités?” L’équité sportive ne doit pas être indexée sur la valeur médiatique d’un club ou d’un joueur. L’attirance de certains médias pour le buzz ne doit pas être une variable de mise en œuvre de ces procédures.

 

 

Procès d’intention

Le cas échéant, ce serait la porte ouverte à des dérives plus insidieuses, plus graves. Consciemment ou inconsciemment, un journaliste pourrait protéger un joueur qu’il apprécie en ne diffusant pas un enregistrement “pirate”. Et inversement. Quand on connaît les liens qui unissent les propriétaires de beIN Sports et du PSG, ne peut-on pas craindre que le premier protège le second? Ou pire, qu’il utilise ses ressources de diffuseurs pour dénoncer les propos des rivaux du club parisien? Ne pourrait-on pas craindre que Canal+, Eurosport, France Télévisions ou Orange ne fassent pression sur beIN Sports lors des appels d’offres pour l’obtention des droits télévisuels en menaçant de rendre publics de tels enregistrements? Avérées ou fantasmées, ces craintes sont pourtant dispensables.

 

La saisine de la commission étant consécutive à la rédaction d’un rapport par un arbitre, de telles procédures ne doivent pas être dépendantes des délais et de l’étendue de la couverture de ces matches. Elles ne doivent pas non plus dépendre de la susceptibilité plus ou moins prononcée d’un arbitre par rapport à un autre ou de l’intensité des réactions de tous les tiers: supporters, réseaux sociaux, hommes politiques… Et elles laissent place, enfin, à un flou juridique malheureux: quelle était l’intention du joueur? Un officiel pouvait-il raisonnablement entendre ces propos? Ces dernier étaient-ils destinés à des oreilles particulières? Le joueur avait-il conscience de la présence d’une caméra? Le joueur parlait-il de l’arbitre ou d’un coéquipier? Zlatan Ibrahimovic parlait-il de l’arbitre, des instances du football français ou de la France? Des mots volés à chaud n’offrent pas le contexte d’un discours structuré en conférence de presse, dont les tenants et les aboutissants sont bien plus transparents.

 

 

Spontanéité très contrôlée

Pire, on pourrait craindre que les clubs développent des moyens permettant de faire sanctionner leurs rivaux par l’espionnage des réactions de leurs salariés. Alors qu’une polémique connexe agite le monde du handball [1], il ne faudrait pas inciter les clubs à lancer une course à l’armement: installation de micros et de caméras dans tous les recoins de leur stade, visionnage de l’ensemble des bandes de vidéosurveillance…

 

Finalement, doit-on y voir les conséquences d’un emballement médiatique d’un soir ou le développement d’un certain puritanisme des instances du football français, à l’instar de leur répression naissante contre l’usage de banderoles par les supporters? Aujourd’hui, le joueur de football phare doit-il être creux? Un Éric Cantona ou un Paul Gascoigne doivent-ils définitivement laisser place à des joueurs formatés dont les discours neutres et l’apparence lisse seraient dictés par des conseillers en communication ou des agents valorisant leur produit? Les contrats de travail des joueurs du PSG leur interdisent bien, par le jeu des primes, de critiquer le club. On sait les téléspectateurs de J+1 friands de ces scènes d’échanges ou de réflexions spontanées de joueurs pendant ou après les matches. La saisine systématique de la commission de discipline risquerait fort d’inciter les diffuseurs à revenir à des émissions plus aseptisées pour éviter de créer de nouveaux problèmes dans le football français.

 

[1] En Ligue des champions, lors du huitième de finale aller contre Dunkerque, le staff du PSG Hand regardait beIN Sports sur tablette électronique pour connaître le contenu des temps morts de son adversaire. L’USDK a en conséquence refusé que ses temps morts suivants soient filmés.

 

Réactions

  • Pascal Amateur le 20/03/2015 à 10h07
    Deux passages me chiffonnent :

    "En convoquant Zlatan Ibrahimovic puis Dimitri Payet, la commission de discipline de la Ligue risque de créer une situation dangereuse: sanctionner à partir d’informations visuelles partielles et inégales. Et qui pourrait entraîner des dérives..."

    Entraîner des dérives ? Si cet article avait été écrit il y a vingt ans, je n'aurais sans doute pas sourcillé. Mais il me semble que ces "dérives", nous y sommes au cœur. La recherche hystérique d'une "vérité" qui surgirait d'une image vidéo, la moralisation outrancière d'un discours ("say no to racism", "fair-play financier"), voilà qui fonde notre société aujourd'hui. Autant d'arbres qui cachent la forêt, faite d'incertitude et de cynisme, de captation des richesses et de leur redistribution foncièrement inégalitaire. Mais enfin, on peut huer Ibrahimovic et Payet, bouh, bouh - Nicolas Sarkozy ne dénonce-t-il pas la malhonnête des autres, tandis que sa musique de campagne est faite des casseroles qu'il heurte à celles de ses amis ?

    "Un Éric Cantona ou un Paul Gascoigne doivent-ils définitivement laisser place à des joueurs formatés dont les discours neutres et l’apparence lisse seraient dictés par des conseillers en communication ou des agents valorisant leur produit ?"

    Eh bien, il faut savoir. Si les joueurs réagissent "à chaud", dans l'exaltation du moment, comment pourraient-ils avoir un discours lisse ? Sauf à garder leur colère en eux - et combien de temps ? Mais imaginer qu'un apprentissage de "communication" puisse faire disparaître de telles attitudes, c'est encore sombrer dans l'idéologie d'une "possible neutralité", la possibilité d'une île sans écume. Vivement que la génétique nous ôte nos derniers défauts.

    Bordel.

    Oui, il y a là tentative de déshumaniser l'homme via une lecture hyper moraliste. On se gargariserait de Camus et de son "homme est fondamentalement bon", à la fin de "La Peste". Alors il est bon - bouh, il n'injurie pas -, il ne commet pas de faute - bouh, arbitre enculé, vive la vidéo (mais qui va interpréter cette dernière ?), il est sage et juste.

  • dugamaniac le 20/03/2015 à 10h45
    Les images sont justes une preuve mais l'agression verbale existait sans ces images. Et c'est l'agression verbable qui est condamnable.

    Et je trouve ça très infantilisant et étrange de penser que le footballeur aurait plus droit d'exprimer sa frustration et son agressivité à l'égard de collègues de travail (car ce sont bien des collègues ou des confrères, les adversaires et les arbitres) qu'un salarié lambda.
    La presse locale rapporte tous les jours des cas de litige au travail entre salariés qui vont au tribunal malgré l'absence de camera.

    J'ose même pas évoquer le salaire du footballeur qui ne rétribue pas une habileté exceptionnelle (sinon le joueur de flechette meriterait au moins autant) mais l'acceptation d'une exposition médiatique considérable.

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 20/03/2015 à 11h31
    Oui c'est quand même marrant cette manie de dédouaner les footballeurs de leurs paroles parce que c'est à chaud. Si je fais ce genre de remarques dans un cadre professionnel (et pas seulement sur le lieu de travail, hein), je m'attends à me faire virer. Et je trouverais pas ca choquant. Même si je suis énervé. Même si j'ai raison de l'être. Ah mais non les gars ont de la pression, eux, oulah.

    D'une facon générale le niveau d'agression qu'on tolère des "célébrités" (foot, mais aussi télé par exemple) est assez remarquable. Transposés dans le monde réel, des Ibrahimovic ou Terry auraient dégagé depuis longtemps. La litanie d'excuses qu'on leur trouve pour justifier leurs actes et leurs propos est assez gerbante.

  • Luis Caroll le 20/03/2015 à 11h43
    "Sanctionner à partir d'informations partielles et inégales", c'est pas déjà le cas pour à peu près toutes les situations dans le foot ?

  • Kara Bourré le 20/03/2015 à 11h57
    Je suis partagé.
    D'un coté Zlatan, il me semble, vient directement s'adresser à un officiel en insultant copieusement le corps arbitrale.
    Certes l'image peut être considérée comme volée, mais même sans diffusion de ces images, il risquait de passer en commission de discipline, non?


    Le cas Payet lui me semble plus raccord avec ce que veux dénoncer l'article. Frustration, propos filmés en rentrant au vestiaire mais pas de menaces, pas réellement d'interlocuteur.

  • Sens de la dérision le 20/03/2015 à 12h14
    Fallait le dire au moment de la condamnation de Grenier mais non comme c'était un joueur de l'OL, c'était normal. Alors que là ce sont des joueurs de l'OM et du PSG alors forcément faut les excuser. (OK j'enlève mon mode "c'est un complot")

  • plumitif le 20/03/2015 à 13h30
    La partie juridique du papier est solidement charpentée, et pour cause...
    La dernière partie "Spontanéité très contrôlée" n'est qu'une digression mais c'est elle qui concentre les critiques. C'est dommage parce qu'on s'éloigne du sujet principal. Qui est décrit très précisément dans l'accroche de l'article:
    "En convoquant Zlatan Ibrahimovic puis Dimitri Payet, la commission de discipline de la Ligue risque de créer une situation dangereuse: sanctionner à partir d’informations visuelles partielles et inégales. Et qui pourrait entraîner des dérives..."
    Tout est dit là.

  • Luis Caroll le 20/03/2015 à 14h08
    Mais c'est pas le boulot du juge d'évaluer la qualité des informations à sa disposition ?

    Quand sur une route il y a un radar mobile le lundi et pas de radar mobile le mardi, est-ce que le mec qui s'est fait flasher le lundi va dire que c'est inégal ?

  • gurney le 20/03/2015 à 14h12
    Grenier c etait un petit idiot de lyonnais alors on ne doit pas comparer sens de

    Je suis très heureux de lire ce papier et d accord avec son contenu.
    liberte d expression pour les joueurs et c est assez savoureux de lire ca apres une petite gourmandise sur aulas et Twitter.

  • Zorro et Zlatan fouillent aux fiches le 20/03/2015 à 14h37
    Luis Caroll
    aujourd'hui à 14h08
    ---
    Bah certains vont le dire. Mais en plus d'être coupables d'excès de vitesse, ils ne laisseront aucun doute sur leurs qualités morales. Pareil ici.

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