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Chroniques bielsiennes : Critiques et tensions

Épisode 1 – Entraîneur du LOSC depuis le début de la saison, l'Argentin n'a pour l'instant pas les résultats escomptés et les voyants, à l'orange, sont passés au rouge à l'issue d'une drôle de conférence de presse. Bienvenue à Lille, où El Loco interroge plus qu'il ne séduit.

Auteur : Christophe Kuchly le 21 Sept 2017

 

 

Cela faisait longtemps. Tandis que l'OL tentait une communication hasardeuse sur les réseaux sociaux, faite de glorification d'une défaite et de remise en cause de l'arbitrage, Marcelo Bielsa est revenu sur le devant de la scène. Une heure de questions-réponses face à la presse où, d'abord cordial même si empreint de la traditionnelle méfiance de l'Argentin envers les journalistes, le ton est vite monté. Adieu les regards tournés vers le pupitre, place à ceux droits dans les yeux. Le genre à transformer les critiques en menace. La dernière chose à faire pour s'attirer les faveurs d'une profession qui, malgré les défiances du public, aide à façonner l'opinion.

 

 

Deux types de questions, deux types de réponses

Marcelo Bielsa est un homme paradoxal. Lui le cérébral qui aime le football pour le jeu tombe dans la plupart des pièges. Quand on l'interroge sur des aspects hors terrain qu'il pourrait, comme tous ses collègues, esquiver en quelques mots, il discute le fondement de la question. Autopsie le métier des gens en face de lui, la recherche d'un angle avant chaque match et la difficulté de vendre si celui-ci n'est pas assez bon. Puis, jouant le jeu qu'il dénonce, donne à ceux qui le souhaitent la petite phrase qui fera le buzz. Avec un mépris beaucoup trop développé et éloquent pour que la joute s'arrête là.

 

Qu'il ait raison ou non – voir l'intégralité de la conférence aide à comprendre la situation –, la transformation façon Walter White détonne et secoue. Après tout, la salle de presse utilisée pour les points presse d'avant-match est souvent le lieu de toutes les banalités sur l'importance de gagner, une pièce où chacun joue son rôle et personne n'est dupe. Ici ne se dit généralement pas grand-chose d'important.

 

 

Samedi soir, à l'issue de la défaite 1-0 à Guingamp, les questions ne concernaient ni le classement, ni sa démission à Marseille, mais le terrain. Et les réponses étaient alors marquées d'une autocritique absolue, si rare pour un technicien qu'elles semblent forcément suspectes. Ne pas sortir Kévin Malcuit, diminué par une blessure? "J'ai pensé à tort que la gêne était ponctuelle." Mettre Nicolas Pépé en pointe, lui l'ailier? "Après l'avoir observé (…) j'en ai déduit que c'était un attaquant axial, à l'évidence cette évaluation est difficile à défendre." La stérilité de son équipe? "Je n’ignore pas le fait que la production offensive a été déficitaire, nous aurions dû avoir des occasions plus claires et nous devrions marquer davantage."

 

 

Jeu médiatique

Pendant ce temps, une partie des journalistes attendait vainement dans le couloir faisant office de zone mixte, où les joueurs sont censés passer avant de retourner dans leur bus et, s'ils le souhaitent, s'arrêter parler à la presse. À Lille, Marko Basa et tant d'autres ont traversé les lieux si souvent sans prêter attention aux demandes qu'elles ont fini par cesser. De toute façon, Rio Mavuba et Franck Béria étaient toujours là pour parler. Leurs interventions ne révolutionnaient pas le monde mais elles avaient le mérite de contenter les télés et radios qui, contrairement à la presse écrite, ne peuvent pas remplacer les témoignages des acteurs par de longs articles dépourvus de citations.

 

 

Samedi donc, après avoir patienté un moment, la petite troupe a appris que les Lillois ne défileraient pas devant elle. Même tête baissée ou en refusant poliment, ce qui, vu de l'extérieur, ne semble pas plus difficile que de mettre un stop à ces gens qui vous arrêtent pour discuter avec vous du sort de la planète, des enfants africains et des pandas. D'un côté, un entraîneur prenant tout sur lui et même plus encore. De l'autre, des joueurs partis par une porte dérobée et faisant silenzio stampa, sur ordre d'en haut selon le syndic de presse breton, très énervé par une situation qu'il n'a visiblement jamais vue.

 

 

Une mission à poursuivre

Ainsi va le quotidien du LOSC en cette deuxième partie du mois de septembre, et alors qu'arrive un match face à des Monégasques autrement plus en confiance. Une défaite annoncée qui pourrait amener les Lillois dans la zone rouge et encore fragiliser la position d'un entraîneur qui semble pourtant difficile à déloger. Contrairement à la croyance populaire, qui veut qu'il démissionne à la moindre contrariété – la même qui s'étonne que trois ans à Bilbao et un à Marseille n'aient pas suffi à remplir son palmarès –, l'instabilité de Bielsa dépend avant tout de celle de ses interlocuteurs, de leur capacité à honorer la parole donnée. Ce qui, dans le football, peut vite relever de l'utopie.

 

 

À Lille, il n'y a pour l'instant eu aucune rupture de confiance, au contraire. Tout a été fait pour quelqu'un dont les méthodes doivent fonctionner et, maintenant que tout a été installé, il est impensable de revenir en arrière. Pas tant au niveau du style, celui-ci étant trop tâtonnant pour ne pas être changé en cours de route, mais parce que le groupe a été construit pour plaire à El Loco. On ne rajeunit et réduit pas autant un effectif, en recrutant autant de Sud-américains qui plus est, pour confier les clés à quelqu'un d'autre. Le LOSC version Laurent Blanc, premier choix de Luis Campos selon L'Équipe, n'aurait probablement rien eu de commun avec celui-ci. Et si Bielsa n'arrive pas à valoriser des jeunes talents, une qualité que même ses détracteurs lui reconnaissent, pas sûr que beaucoup d'entraîneurs libres y arrivent.

 

 

Limites et axes de progression

Retour au point de départ. Après l'article de Libération, qui traduisait une certaine réalité malgré plusieurs approximations factuelles, Lille est un peu revenu dans une lumière bien vite abandonnée, mais pas forcément pour les bonnes raisons. La dernière conférence de presse agrandit encore la loupe sur un LOSC Unlimited qui, galères de l'OM Champions Project obligent, ratait ses débuts dans un anonymat poli. Et fait ressurgir les nombreux débats sur la personnalité d'un homme en décalage avec les codes du milieu, tout autant que ceux sur son talent supposé.

 

Quid d'un coach vanté par les plus grands qui sous-performe? Ont-ils tort ou voient-ils autre chose que les résultats? Et si ses principes étaient en décalage avec un football où le jeu en transition devient essentiel? L'homme, à qui une partie du public et des observateurs prête un énorme melon, passe en tout cas son temps à s'accuser de tout. Avec un peu de malice, comme quand il se dit moins bon que Laurent Blanc, et une modestie si grande qu'elle peut sembler suspecte. Là aussi, l'appréciation est personnelle.

 

 

 

Pour l'instant, Marcelo Bielsa rate beaucoup de choses. Certaines, où sa responsabilité est totalement engagée, sont irréfutables, à commencer par la titularisation du milieu Thiago Maia au poste de latéral gauche face à Malcom, vite sanctionnée d'une expulsion que tout le monde avait vue venir. D'autres sont au moins en partie sa faute, notamment la composition d'un effectif très jeune, où la qualité de plusieurs recrues semble discutable et qui ne tolère pas les absences, le banc étant réduit à peau de chagrin.

 

Pourtant, on voit quelque chose. Du jeu au sol, de la création d'espace, de l'ambition. Des embryons avortés par le niveau pour l'instant pathétique des ailiers Luiz Araujo et Anwar El Ghazi, symboles du n'importe quoi général à l'approche du but adverse. Un niveau que Nicolas Pépé, intégré tardivement à cause d'une blessure et signalé cinq fois hors-jeux contre Guingamp (record européen, qu'il aurait encore amélioré sans quelques passes trop longues), ne tire pour l'instant pas vers le haut. 

 

Tant que les individualités offensives, qui n'ont pas vraiment de concurrence – encore moins avec le départ inexpliqué et sur le gong de Nicolas de Préville –, seront à ce point inefficaces, Lille ne marquera pas car il n'y aura personne pour créer des occasions. Et c'est bien là le vrai problème d'une équipe qui souhaite, conviction profonde du coach pouvant virer au péché d'ego, marquer parce qu'elle crée le déséquilibre. "Pour construire nos occasions nous n’avons pas compté sur la chance ou des erreurs de l’autre", disait ainsi Bielsa après Guingamp. Provoquer des erreurs et les exploiter, c'est pourtant ce qu'il faudrait apprendre à faire pour enfin trouver la faille. Car, même si le retour de Thiago Mendes, blessé depuis le premier match où il fut immense, fera du bien au milieu, la plus parfaite des animations deviendra vaine si personne n'est capable de donner la dernière passe. Et que tous les blocs bas deviennent des murs infranchissables.

 

Réactions

  • Radek Bejbl le 21/09/2017 à 14h01
    Je pense que ce serait le cas. J'étais le premier à dénoncer le "contexte marseillais", où les questions en conférence de presse sont toujours (quand je regarde) nulles et/ou polémiques, loin de celles plutôt orientées jeu à Lille. Et ben pan, rebelote ici. Non seulement via les gens qui semblent aimer le buzz mais aussi chez d'autres tout à fait recommandables. A peu près tous les suiveurs du club (même des amis) semblent convaincus que Bielsa s'est énervé pour détourner l'attention des résultats alors qu'il répond à toutes les questions mettant précisément ses choix en cause. Chose que personne ne fait, ou jamais comme cela. Les bras m'en tombent, comme dirait l'autre.

  • dugamaniac le 21/09/2017 à 14h10
    Je trouve qu'il reconnait ses erreurs plus qu'il ne les explique.
    J'imagine que c'est déstabilisant pour les questionneurs parce que derrière t'as moins l'occasion de rebondir ou relancer.

  • Ba Zenga le 21/09/2017 à 14h28
    Merci Christophe pour cet exercice fort intéressant, qui donne une vision de ces conférences, aussi bien côté journaliste que l'analyse que tu as de Bielsa. Et merci aussi pour les précisions sur le jeu de Lille, le début de saison commençant à m'interpeller.

    Sinon, si je puis me permettre un petit aparté marseillais amoureux du gars, mais qui a vécu un grand chagrin lors de son départ sans explication de sa part. Ce qu'il raconte enfin sur MLD et Levin, certes on l'a su avec le temps, mais j'aurais aimé que ce soit lui qui l'explique le soir où il est parti. J'aurais mieux compris et il aurait, je pense, encore plus de soutien de la part des supporters.

    Bonne chance à lui, à toi et que cette chronique soit longue.

    P.S.: En voyant le titre de l'article, il m'a semblé d'abord lire "Chroniques lesbiennes". Je veux bien que Bielsa m'excite beaucoup, je vais quand même en parler à mon psy.

  • Sens de la dérision le 21/09/2017 à 14h44
    Domenech était quand même plus rigolo quand il montrait l'idiotie des questions des journalistes... ce qu'on lui a reproché. Et bien peu le défendaient...

    Sinon je me demande ce que vient faire cette pique sur la comm de l'OL dans un article sur le LOSC et Bielsa.

  • Lyon n'aime Messi le 21/09/2017 à 14h58
    On a reproché à Domenech comme on reproche à Bielsa.
    Bien peu défendaient Domenech comme bien peu défendent Bielsa.
    La différence c'est qu'au lieu de jouer au rigolo, Bielsa essaye de parler de jeu.
    Mais quand on écoute les questions posées, c'est quand même pas évident.
    Sinon j'ai écouté la conférence hier mais je n'ai pas encore trop vu l'équipe jouer. J'espère qu'il y aura de nombreux autres épisodes à ces chroniques.

  • Portnaouac le 21/09/2017 à 15h24
    Ba Zenga
    aujourd'hui à 14h28
    [...]
    P.S.: En voyant le titre de l'article, il m'a semblé d'abord lire "Chroniques lesbiennes".

    ---------------

    Il me semble que tu n'es pas seul dans ce cas ; cf. fil "Les CdF : cahiers de doléances", aujourd'hui à 12h59.

  • bijou le 21/09/2017 à 16h18
    Cela faisait longtemps que je n'avais pas réagi sur les CDF, laissant le soin à d'autres plus qualifiés et ayant une meilleure prose de poster. Bon je croule aussi sous le taff mais cet après midi, je me suis décidée à écrire plutôt que de préparer la réunion prévue demain matin. Tant pis. Je ferai des claquettes en faisant croire à mon auditoire que je m'y connais, tel un journaliste de l'Equipe. Ou alors je finirai à 21h ce soir afin de ne pas rentrer dans la catégorie des fainéants si chère à notre président.

    Franchement, heureusement que Bielsa existe. Je n'ai pas vu la totalité de la conférence de presse (je le ferais ce soir chez moi) mais j'ai lu l'article de Libération auquel l'auteur fait référence et j'ai regardé des extraits de la conférence de presse. Surtout j'ai eu des échanges animés avec des collègues et je me suis fait éjectée plus rapidement de la discussion à la machine à café qu'un Sansai sur le forum des CDF. J'ai donc besoin d'écrire.

    Certains disent qu'il réagit violemment mais je me demande plutôt comment il fait pour garder son calme !

    Un journaliste parle de rumeurs sur des conflits entre lui et Campos, il demande au journaliste de lui indiquer quels sont ses sources ou plutôt quels sont les origines des rumeurs afin qu'il puisse lui répondre de façon précise. Le journaliste réponds "ah ben je sais pas, ce sont des choses qu'on lit dans différents journaux ou dans la presse". Le traducteur a déjà un petit sourire quand il traduit la question à Bielsa, on sent qu'il connait déjà le bestiau. Bielsa dit alors au journaliste en rigolant "mais c'est vous la presse". Et le journalise : "oui mais... voilà.On est tous la presse."
    No comment.
    lien

    Sur son départ de l'OM: lien
    Là aussi je vais me limiter à un no comment.

    Sur les journalistes et notamment sur celui de l'Equipe: lien

    J'ai mis ces liens pour ceux qui sont intéressés par la "polémique" actuelle et qui ont du temps mais le meilleur est à venir. J'avais vu la vidéo d'une conférence qu'il a fait à l'invitation de la Confédération Brésilienne de Football mais c'était en espagnol (merci à ma mère de m'avoir obligée à prendre espagnol en LV2) donc je n'ai pas osé la partager. Je viens de trouver un extrait sous-titré en français et je peux le dire sans prendre trop de risques: s'il y a bien un petit résumé vidéo qui permet de comprendre ce que Bielsa pense des médias de communication et non pas seulement des journalistes, c'est celle ci:
    lien

    Elle également permet de remettre en perspective ce qui est dit au début de l'article dans Libération. Et de le voir décontracté et parler de choses intéressantes dont on devrait débattre plus souvent.

    Voilà, c'est ma petite contribution et je ne vais rien reprocher à l'auteur de cet article mais je pense que Bielsa n'est pas si difficile à cerner, il est juste fidèle à lui même: il ne va pas esquiver une question pour céder à la facilité. Cela change de ce qu'on voit habituellement, pour le pire selon certains, pour le meilleur selon moi.

    Et bien évidemment les fautes d'orthographes sont offertes.

La revue des Cahiers du football