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Les Cahiers, article premier

Pour le 18e anniversaire de France-Bulgarie 93, passons aux aveux: les Cahiers du foot étaient derrière la défaite, et leur premier article est paru... dans France Football.

Auteur : Jérôme Latta le 17 Nov 2011

 

Le mardi 8 novembre 1993, huit jours avant la dernière journée du groupe 6 des éliminatoires pour la Coupe du monde 1994, France Football met en une Hristo Stoitchkov, dont l'interview est titrée "C'est la France qui a peur" et qui affirme: "Je suis persuadé que le 17 novembre sera un jour très heureux pour moi et pour la Bulgarie." Il le sera encore plus pour l'attaquant dont la photo sous le maillot de Porto figure en quatrième de couverture, mais pour l'heure, c'est bien l'équipe de France qui encaisse quelques secousses.

 

Un mois plus tôt, elle s'est effondrée devant Israël au Parc des Princes en encaissant deux buts aux 83e et 93e minutes. Soudain, le point à prendre contre la Bulgarie est devenu moins évident. On l'a un peu oublié, mais ce 2-3, au-delà du camouflet sportif, déclenche une polémique sur les sifflets dont Jean-Pierre Papin a été l'objet au Parc des Princes. JPP, mortifié, évoque alors sa retraite internationale après la WorldCup et Éric Cantona apporte son écot au débat en fustigeant violemment le public, annonçant qu'il ne veut plus jouer à Paris. Gérard Houllier, lui, commence à se demander s'il a bien fait de se prêter à des reportages aussi triomphalistes sur sa réussite à la tête de la sélection.

 

À l'époque, Cantona est au faîte de sa gloire: toute la France du foot a oublié ses frasques en Première division et fait désormais allégeance au King, nimbé de son invraisemblable réussite en Angleterre. Les complexes nationaux sont trop vifs pour questionner le niveau du championnat anglais d'alors, et les performances régulièrement médiocres de l'attaquant en bleu passent inaperçues. Cantona se pose en sénateur de la sélection et il en adopte l'allure sur le terrain. Pendant ce temps, David Ginola, brillant contre Israël mais sorti en cours de match, réclame un autre statut au moment où il se sent "parfois invincible" avec le Paris SG – ce sont ses termes dans le même numéro de France Football.

 

Or, en page 20 de ce dernier figure un "courrier" d'une longueur inhabituelle, sur deux colonnes, qui fait le procès de la star. Spectateur régulier des matches de l'équipe de France au Parc des Princes déjà ulcéré par les talonnades inutiles de Cantona, j'ai rédigé l'article (sur un ordinateur comme celui-ci, pour situer l'époque) en réaction à ses dernières imprécations. Difficile de dire si le choix de la rédaction a procédé du hasard (un trou à combler) ou de l'envie d'exposer une opinion divergente sur un sujet plutôt consensuel, mais ma fierté à voir ce texte publié ne peut pas en être affectée. Il est rude, pour mes amis – qui me contredisent encore quand je leur affirme que Deschamps est indispensable aux Bleus –, de devoir désormais me supporter comme un expert consacré par une aussi prestigieuse autorité.

 

Le texte a un avant-goût de Cahiers: le propos est un peu verbeux et moraliste, indigné, jacquettien avant l'heure... Houllier y est déjà fustigé, le collectif préféré aux individualités, il y a des imprécisions, un énervement palpable, et un couplet sur la Marseillaise un peu difficile à assumer aujourd'hui. Surtout, les conséquences vont en être incalculables. [À ce stade du récit, veuillez mettre Oxygène de Jean-Michel Jarre en fond sonore] Au cours du rassemblement des Bleus, après une partie de Mario Kart sur Super Nintendo, Ginola lit l'article, qui le décide à une sortie médiatique fatale dans L'Équipe. El Magnifico allume ses rivaux en équipe de France et pourrit l'ambiance du groupe, sur fond de rivalités Paris-Marseille et d'affaire VA-OM. C'est cet écart que Gérard Houllier qualifiera de "crime contre la cohésion et l'esprit d'équipe", et non le fameux centre de la 90e minute (dont il estimera tout de même, lors de la même conférence de presse, que "la défaite [était] là").

 

La suite est connue. En compagnie d'une dizaine de copains, avec lesquels, le jour de la mise en vente des billets, nous avions organisé une fête afin de rester éveillés et d'aller à six heures du matin faire la queue au Parc, j'ai le privilège de ressentir en tribune Auteuil bleue une des émotions les plus étranges et des plus violentes de ma vie au moment du but de Kostadinov. Cinq ans plus tard, avide de rachat, je lance en compagnie de deux amis les Cahiers du football pour apporter à Aimé Jacquet réconfort et confiance dans ses choix (Deschamps capitaine, Zidane au premier poteau et, bien entendu, interdiction des journaux à Clairefontaine). Car, sachez-le, en 1998 le sélectionneur lisait aussi assidument les Cahiers qu'en 2006 Domenech lirait le blog de Raymond. Ne nous remerciez pas, nous n'avons fait que notre devoir.

 

Ces révélations se veulent avant tout un geste de paix, à l'heure où David Ginola poursuit Gérard Houllier pour diffamation et injure publique en raison de propos contenus dans le dernier livre de celui-ci. Messieurs, l'heure du pardon et de la réconciliation a sonné, car le monde sait désormais la vérité: vous avez été emportés par le tourbillon d'une histoire qui vous dépassait.

 

Réactions

  • Yoann Bourpif le 17/11/2011 à 11h08
    Bien vu, ça. Mais n'a-t-on pas aujourd'hui le même problème avec Ribéry à quelques différences de forme près? Moins consensuel en ce moment que le Canto de 93, moins arrogant aussi, mais en décalage sportif encore plus flagrant avec le statut de leader que de nombreux médias persistent à lui prêter... La confiance croissante que semble lui témoigner Blanc est un mystère qui me rappelle la relation Canto-Houllier.

  • nima le 17/11/2011 à 11h20
    Dure soirée, dont je ne me souviens que de deux choses : la place un peu pourrie qu'on s'était dégottée dans le parc des princes, et le fait qu'on était quand même suffisamment bien placé pour comprendre, dès le début de l'action qui mène au but de Kostadinov, que ça y est, c'est foutu...
    (en même temps je crois que tout le monde l'a vu venir de loin...)

  • Tonton Danijel le 17/11/2011 à 11h33
    Yoann Bourpif
    aujourd'hui à 11h08

    Il y a quand même une différence notable avec Ribéry, c'est qu'en 1993, Cantona était intouchable médiatiquement. La contestation est timidement apparue sous l'ère Jacquet, et encore pour beaucoup c'était la faute du sélectionneur s'il n'arrivait pas à trouver sa place sur le terrain. Et quand Jacquet a choisi de se priver de Canto pour l'Euro 96 (en Angleterre, faut-il le rappeler), c'était un scandale absolu.

    A l'époque, il n'y avait que 3 joueurs dans l'EdF qui évoluaient à l'étranger: Canto, Sauzée (à Bologne) et Papin. Et Cantona avait un immense capital sympathie, du aux Guignols, à ses coups de gueule, à ses coups de génie également. Ribéry est certes capable de fulgurance avec le Bayern, mais ses performances ont moins d'impact car suite à l'arrêt Bosman, il n'est pas le seul joueur français à évoluer à l'étranger, et la Bundesliga n'est pas autant médiatique que ne l'était la Premier League en 1993 (Cantona étant le premier français à s'être imposé dans ce championnat). Il y avait donc un soutien médiatique très fort autour de Cantona, soutien dont ne bénéficie plus réellement Ribéry depuis l'affaire du Zaman café.

  • Tonton Danijel le 17/11/2011 à 11h45
    Quand j'y pense, la Premier League en 1993 était du reste d'un assez bon niveau. MU avait remporté la défunte coupe des vainqueurs de coupe en 1992, avant d'être victime d'une étrange malédiction qui va voir MU se planter à de multiples reprises dès le deuxième tour (au mieux) de leurs différentes compétitions européennes, jusqu'à l'exercice 1996-1997 qui verra Canto enfin disputer une demie-finale de Ligue des Champions, et ce alors que paradoxalement MU perdra sa mythique invicibilité européenne à Old Trafford (trois défaites contre le Fenerbahce puis la Juve en poule, et en demie-finale retour contre le futur vainqueur, Dortmund. Une demie dans laquelle Canto aura été d'une incroyable et rare maladresse devant le but...). Arsenal allait remporter également la coupe des coupes en 1994, avant d'échouer en finale en 1995. Et on associe souvent Canto à MU, il ne faut pas oublier que son premier titre fut remporté l'année précédente avec Leeds United, club beaucoup moins fourni que ne l'étaient les Red Devils...

  • cris le 17/11/2011 à 11h53
    je confirme, tout le monde l'a vu venir...

    j'étais en tribune Boulogne, je vois l'ami Ginola balancer un scud et je dis à mon pote : "quel con, pourquoi il ne temporise pas !" et 30 secondes après patatras...

    Si ma mémoire est bonne, il me semble que Roche court après Kostadinov sans se dire qu'il faut le dézinguer !!! (c'est ce qu'il aurait du faire non ?).

    En tout cas, j'ai rarement vu un stade aussi consterné que ce soir là.

  • Tonton Danijel le 17/11/2011 à 12h00
    cris
    aujourd'hui à 11h53

    Si ma mémoire est bonne, il me semble que Roche court après Kostadinov sans se dire qu'il faut le dézinguer !!! (c'est ce qu'il aurait du faire non ?)
    - - - - - - - - -

    C'est surtout Laurent Blanc qui a pratiqué un marquage assez élastique contre Kostadinov (et qui aura ensuite pris une somptueuse revanche contre ces mêmes bulgares à l'Euro 96).

    D'autant plus frustrant que, de son côté, Desailly avait réalisé un match énorme, au point de devenir le pire cauchemar de Hristo Stoichkov.

  • Josip R.O.G. le 17/11/2011 à 12h04
    cris
    aujourd'hui à 11h53

    Si ma mémoire est bonne, il me semble que Roche court après Kostadinov sans se dire qu'il faut le dézinguer !!! (c'est ce qu'il aurait du faire non ?).
    -----

    Non...mais oui en fait, et je crois qu'à l'époque et sur le moment on l'a tous pensé très très fort...

  • Mykland le 17/11/2011 à 12h14
    Tonton Danijel
    aujourd'hui à 11h33

    Sauzée était à l'Atalanta Bergame avec Mauricio Ganz et Alemao.

  • Tonton Danijel le 17/11/2011 à 12h32
    En effet, j'ai confondu les deux clubs.

  • Yoann Bourpif le 17/11/2011 à 13h30
    Tonton Danijel
    aujourd'hui à 11h33

    Certes Ribéry s'est fait tailler en pièces après la double affaire Zahia/Knysna mais c'est finalement beaucoup plus sur sa personnalité que sur son niveau sportif que les critiques se sont concentrées. Sur ce dernier point, je trouve qu'il continue à bénéficier d'une indulgence surprenante et rare de la part des médias "mainstream" pour un leader offensif qui marque et fait marquer aussi peu en EDF. On sent que le gars est encore considéré comme potentiellement "bankable" et qu'il suffirait d'un tout petit frémissement sportif pour que la rédemption médiatique s’enclenche.

La revue des Cahiers du football