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Thauvin 2013, un bras de fer pour un Ballon de plomb

Le vainqueur de cette année remporte avec une avance record un trophée que ses agents, mais aussi les dirigeants marseillais et lillois, doivent porter avec lui.

le 13 Jan 2014

 

 

L'avantage d'un tel vainqueur, c'est qu'il permet de tordre le cou à l'idée que le Ballon de Plomb serait l'élection du "plus mauvais footballeur de Ligue 1". Avec Florian Thauvin, le malentendu est levé: quelle que soit la suite de sa carrière, il y a fort peu de chances que le plus jeune vainqueur de l'histoire du BdP (il va avoir vingt-et-un an dans quelques jours) devienne ce mauvais footballeur. En ce sens, le Marseillais s'inscrit plutôt, au palmarès, aux côtés de Fabrice Fiorèse (2004) et Benoît Pedretti (2005), eux aussi sanctionnés pour l'opportunisme de leurs choix de carrière. Mais cette fois, Thauvin a planté un nouveau jalon dans l'histoire du mercenariat des footballeurs en voulant rompre un contrat avant même d'avoir commencé à l'honorer. C'était trop, c'était plus que suffisant pour l'emporter avec une avance considérable, et un pied nickelé du mercato comme Florian Marange, son dauphin, n'y pouvait rien.
 

 

Ballon de Plomb 2013 Thauvin

 

Qu'on ne vienne pas dire que Thauvin l'a emporté sur sa notoriété: Issam Jemaa avait battu Yann M'vila, Moussa Maazou avait devancé André-Pierre Gignac, Yohann Demont n'avait fait qu'une bouchée d'Hatem Ben Arfa. Qu'on ne vienne pas non plus mettre ce titre sur le compte de la seule mobilisation lilloise: l'écart est trop conséquent, et il a été acquis dès les premières minutes du scrutin.


Plus vraisemblablement, cette victoire exprime l'exaspération très générale contre l'opportunisme des joueurs, opportunisme qu'on ne doit cependant pas leur imputer exclusivement. La comédie jouée par les dirigeants des clubs concernés est tout aussi édifiante, dans cette affaire: entre le manque de scrupules des uns (qui ne manqueront pas, en cas d'inversion des rôles, de geindre sur l'indignité des joueurs) et l'hypocrisie des autres (qui en ont profité pour réaliser une excellente opération financière), c'est le procès d'un football cynique qui est fait, un football insultant pour les supporters des deux camps et de tous les autres.
 

Le Ballon de Plomb, que beaucoup prennent plus au sérieux que nous-mêmes, n'a évidemment pas la vocation de rappeler les acteurs du football professionnel à un peu de raison. On se demande cependant quel message parviendrait à leur faire comprendre que le spectacle écœurant qu'ils donnent parfois finira bientôt par dégoûter ceux qui, au départ, aimaient le plus ce sport.
 

LE PORTRAIT DU VAINQUEUR
 


Les résultats du scrutin

4.673 votes confirmés par e-mail, exprimés du 3 au 10 janvier, soit 1.766 électeurs de plus que lors de l'édition précédente (sur une période comparable), 434 de moins qu'en 2011 (avec, alors, une semaine de plus pour voter).

 

Ballon de Plomb 2013;résultats du scrutin

 

Plus de la moitié des suffrages pour Thauvin, cela constitue une victoire écrasante qui relègue très loin Florian Marange et Jordan Ayew, au coude à coude sur les autres marches du podium avec moins de 14%. Les deux joueurs incarnaient deux conceptions opposées du trophée, le Bordelais pour un BdP "victime du foot" et le néo-Sochalien pour un BdP "tête-à-claque". Alou Diarra a résisté (9,2%), mais échoue dans la course au titre pour la troisième fois consécutive.


Joey Barton (4,7%) et David Bellion (3,7) se partagent les miettes. La non-attribution, qui avait atteint la deuxième place l'an passé, figure à la dernière position, ce qui suggère que la pénurie de candidats se mesure peut-être plus en quantité qu'en légitimité...
 


Le palmarès

2003 : Francis Llacer
2004 : Fabrice Fiorèse
2005 : Benoît Pedretti
2006 : Bernard Mendy
2007 : Matt Moussilou
2008 : Frédéric Piquionne
2009 : Mateja Kezman
2010 : Yohan Démont
2011 : Moussa Maazou
2012 : Issam Jemaa
2013 : Florian Thauvin

 

Réactions

  • Mama, Rama & Papa Yade le 13/01/2014 à 14h06
    Une pensée aux 172 autres personnes sur cette planète qui ont voté Bellion. Nous sommes des artistes incompris.

  • El Mata Mord le 13/01/2014 à 14h17
    Il me semblait avoir lu un jour un commentaire du style "Thauvin à point...".
    Eh bien voilà, 1ère nomination, 1ère élection, boum !

  • sansai le 13/01/2014 à 14h27
    Bon, hé bien voilà qui scelle le sort du Ballon de Plomb.

  • tes fessées le 13/01/2014 à 14h30
    Alors, plusieurs choses :

    * Je fais partie des déçus que Marange n'ait pas eu le titre cette année. Je préfère quand le ballon de plomb a aussi une dimension pieds carrés. J'avais déjà eu le même sentiment lors de l'élection de Pedretti. Bon après, certes, Thauvin est hors catégorie niveau transfert.

    * A la lumière de cette élection, qui doit autant être attribuée au joueur qu'à son conseil et aux dirigeants concernés, ne faudrait-il pas sérieusement penser à un ballon de plomb dirigeants ? A cet égard, les candidats ne manquent pas. Fabraf mentionnait aussi Aulas ou Sadran. D'ailleurs, je trouve très réducteur de juger Sadran sur le seul dossier Sissokho car il fait aussi pas mal de choses bien. Kita ou Nicollin par exemple sont bien pires...

    * Je voulais étoiler le poste de Tonton qui disait que Moussilou ne cadrait même pas ses lettres - j'ai failli m'étouffer (ne pas manger et lire les cdf) - et ça ne marche pas. L'étoile n'apparaît même pas...

  • sansai le 13/01/2014 à 14h31
    fabraf
    aujourd'hui à 13h39

    Je n'ai pas voté mais j'aime bien ce résultat. Enfin, si on est d'accord pour décerner le trophée, non pas au joueur Thauvin, mais à tous les protagonistes de l'affaire.

    -----

    Oui, sauf que ce n'est évidemment pas ce qui a été fait.

  • visant le 13/01/2014 à 14h46
    Boarf, c'est un BDP, c'est pas bien grave, il a été enterré bien plus souvent qu'à son tour sansai (le BDP, pas toi hein).

    Regarde, moi je n'étais pas pour Naouelle à Top Chef mais je regarderai quand même la saison suivante hein.

  • plumitif le 13/01/2014 à 14h48
    Avec ce résultat, j'assume plus que jamais mon vote.

    plumitif
    01/01/2014 à 11h12

    Etant donné que la présence de Thauvin est à la fois un appeau à clics et une manière pour les Cahiers d'enterrer le BDP en espérant que le dit Thauvin ramasse un max de suffrages, y compris de ceux qui vomissent la presse sportive, laquelle a passé son été à vomir sur lui je vais évidemment saluer ce salutaire hara kiri en votant Thauvin.

  • Tonton Danijel le 13/01/2014 à 14h49
    sansai
    aujourd'hui à 14h27

    Bon, hé bien voilà qui scelle le sort du Ballon de Plomb.
    - - - - - - - - - - - - - - -

    En lisant les réactions au trophée, je pense qu'au contraire le sort du Ballon de Plomb vient d'être relancé. Ce trophée a souvent été pris comme récompense du plus gros tocard de la Ligue 1, et certains joueurs ont pu en souffrir pour la suite de leur carrière. Ca devenait même un peu gênant de se dire qu'on va remettre une récompense à un joueur qui pourrait le payer professionnellement. Ca montre qu'on n'est pas des méchants, mais qu'il y a des valeurs qu'on accepte pas forcément et Thauvin paye (sans en être l'unique responsable, certes) les dérives du foot-business. Tout en ayant, et c'est là la plus grande qualité de ce lauréat, les épaules suffisamment solides pour s'en remettre (ce trophée, c'est rien comparé à tout ce qu'il a encaissé cet été).

  • la rédaction le 13/01/2014 à 14h50
    Désolés de l'approximation sur les pourcentages, qui a été corrigée (reprendre le tableur excel de l'élection précédente sans changer la case "total", check).

  • Obiwan Kenobi le 13/01/2014 à 14h54
    Et bien finalement je suis bien content de ce Ballon de Plomb, même si j'avais voté différemment.

    Tous les commentaires que j'ai lus (Kiplé, lien, et même Maxifoot) reprennent le texte d'accompagnement, précisant que le niveau du joueur n'est pas le critère d'attribution unique.

    Tout le monde étant d'accord sur le fait que Thauvin est un très bon joueur, les autres critères n'en sont que plus évidents.
    Et cela renforce le message des Cahiers, selon moi.

    Combien étions-nous à nous poser des questions sur l'intérêt du BdP quand il était synonyme un peu partout de "plus mauvais footballeur de l'année" ?


    Donc non, le Ballon de Plomb n'est pas mort, bien au contraire !

    Cette élection lui redonne une légitimité qu'il avait perdu, et est un formidable coup de projecteur sur une autre façon de voir et commenter le monde du foot.

    Vive le Ballon de Plomb !
    Vive les Cahiers !

La revue des Cahiers du football