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Chargés à bloc

La grève de Geoffroy-Guichard a scandalisé. L'action des supporters stéphanois a été jugée tellement immorale qu'on n'a pas eu le droit d'en connaître les raisons.

Auteur : Arnaud Bayle le 10 Mai 2013

 


Le match Saint-Étienne-Bordeaux de vendredi dernier n’a pas été très réjouissant sur le terrain et, plus étonnamment, l’a encore moins été dans le tribune. La façon dont ce mouvement a été accueilli en dit assez long sur l’état du supportariat en France.
 


L'affaire du bloc 34

L’ASSE, en raison de divers incidents provoqués par ses supporters la saison dernière (match contre l’OL à domicile, déplacement à Annecy pour le match face à ETG), a écopé de deux matches à huis clos avec sursis. Lors du déplacement à Lyon, le 28 avril dernier, de nouveaux incidents ont eu lieu avec jets de fumigènes entre kops stéphanois et lyonnais. Sachant le risque de huis clos encouru par le club, Roland Romeyer donne des gages à la LFP en fermant immédiatement, et jusqu’à la fin de la saison, le bloc 34 de la tribune Henri-Point. C’est là que résident, pendant les travaux de la tribune sud, les Green Angels – groupe dont certains membres seraient responsables des faits reprochés à Gerland.
 

À la suite de cette décision, les Green Angels décident de se mettre en sommeil jusqu’à nouvel ordre, comme ils l’expliquent sur leur compte Facebook. Les Magic Fans, dont la rumeur évoquait une dissolution administrative il y a quelques mois, choisissent, probablement par solidarité, mais aussi pour réagir aux nombreuses difficultés auxquels ils font face dans leur vie de supporter, de ne pas animer le stade lors du match contre Bordeaux. Un supporter explique très bien, ici, les raisons et les difficultés de ce choix. Le message montre que les supporters comprennent que la situation est complexe. Chaque partie a dû prendre des décisions difficiles et, apparemment, on en est conscient chez les Magic Fans.

 


 


De la responsabilité et des sanctions

Un des principaux problèmes soulevé est celui des responsabilités et des sanctions. Les clubs sont tenus pour responsables des agissements de leurs supporters. En retour, les clubs tendent à adopter la même attitude vis-à-vis de leurs groupes de supporters en leur demandant de faire la police parmi leurs rangs ou de tenir leurs troupes. C’est donc le principe de la sanction collective qui prévaut. Un principe qui mérite probablement d'être questionné puisque, apparemment, il suffit d’une poignée d’individus en déplacement pour déclencher huis clos, suspension de terrain ou fermeture de bloc. Conséquemment, et bien que Roland Romeyer dise avoir fermé le bloc pour éviter que tous les spectateurs du stade le soient, ce sont des milliers de personnes qui sont sanctionnées...
 

On peut se demander pourquoi c'est la responsabilité d'un groupe qui est mise en cause, et non celle des individus concernés. Mais aussi, comment l’implication des Green Angels a été prouvée et si le choix de leur faire porter la responsabilité n’est pas un calcul de la part de la direction du club – qui aurait eu plus de mal à assumer la fermeture de la tribune accueillant les Magic Fans (et 10.000 personnes). Ceci en tête, on comprend mieux l’amertume des Green Angels qui, à défaut d’un soutien marqué, auraient pu espérer que le club qu’ils ont supporté dans les pires moments ne les pointe pas du doigt. On peut comprendre aussi que les Magic Fans soient inquiets et réagissent avant de se retrouver eux aussi entre le marteau et l’enclume.
 


Pas de fumis sans feu

Point de discorde depuis de nombreuses années – et raison majeure du sursis de Geoffroy-Guichard –, les fumigènes semblent être le symbole de la schizophrénie (ou de l'hypocrisie?) générale. Leur introduction systématique dans les stades malgré des fouilles draconiennes laisse songeur. Le choix des diffuseurs de les montrer en direct ou dans des bandes-annonces de match pour illustrer l’ambiance bouillonnante match, suivi d’une dénonciation sur les plateaux de leur dangerosité, est également paradoxal. Les groupes de supporters ne dépareillent pas dans le tableau puisqu’ils revendiquent depuis des années une utilisation contrôlée de ces engins pyrotechniques dans les stades, mais semblent incapables de les confier à des personnes qui ne les lanceront pas dans la tribune adverse. De la part de la LFP, la guerre aux fumis ressemble surtout à un prétexte pour harceler les ultras en mettant la pression sur les clubs au travers des amendes.
 

Deux semaines avant cette grève, la finale de la Coupe de la ligue n’avait pas manqué d'être saluée par les commentateurs, qui ont enfin pu voir un Stade de France avec une belle ambiance. Les quelques fumigènes craqués à cette occasion (des deux côtés) n’avaient d’ailleurs pas choqué grand monde. Les observateur les plus attentifs se sont cependant étonnés de l’absence des bâches des groupes ultras, et encore plus de celle d'un tifo pour la première finale du club en plus de trente ans, alors que presque chaque match à Geoffroy-Guichard est l’occasion d’en voir un. Les groupes stéphanois y avaient, en fait, renoncé en raison des difficultés logistiques imposées par l’organisateur. Les médias censément spécialisés n’ont rien remarqué.
 


Indéfendables ou indéfendus ?

Vendredi soir, Christophe Josse s’est plaint en direct d'être privé de l’ambiance de Geoffroy-Guichard, laissant ainsi entendre que c'était un dû. Il n’a en revanche évoqué que vaguement les raisons de la grève: “des incidents à Lyon”, “des supporters mécontents”, avant d’apporter quelques précisions sur la décision de fermeture d’une partie de tribune. Il ne s'agissait pas de savoir quels pouvaient bien être les griefs des supporters, mais si les encouragements reprendraient pendant la seconde mi-temps. Tout a été fait pour laisser au téléspectateur le sentiment que le kop nord s’était lancé dans une manifestation pour des motifs nébuleux, voire puérils.
 

Le commentateur de beIN a aussi condamné de façon obsessionnelle, durant toute la retransmission, un mouvement qui pénalisait l'équipe "au plus mauvais moment" (il n'a pas été précisé quel pouvait être le "bon moment" [1]). Les supporters se sont vus ainsi reprocher d'avoir nui à leur équipe, l'histoire s'étant poursuivie avec la réaction critique de Christophe Galtier et l'écho du désarroi des joueurs. Il y avait pourtant 24.000 spectateurs non membres des Magic Fans ou des Green Angels dans le stade n’était-ce pas suffisant pour assurer l’ambiance? Il faudrait surtout que les experts en communication expliquent quelle stratégie les Ultras devraient suivre pour se faire entendre dans un milieu où leur parole est soigneusement étouffée (quand ce n'est pas leur présence qui est progressivement interdite).
 


Supporters d'agrément

Parmi les réflexions entendues, celle proscrivant le silence est probablement la plus ahurissante. Et la plus ironique. Comment peut-on ne pas écouter le point de vue d’un groupe, ne pas connaître ses revendications et se plaindre de son silence? Au moment même où ils font reconnaître leur importance – qu'attestent la déploration de l'ambiance et l'effet supposé sur le résultat – les supporters doivent rester inaudibles en plus d'être stigmatisés. Qui a recueilli l’opinion des abonnés privés de stade jusqu’à la fin de saison à la suite de la fermeture du bloc 34? Qui s’est fait l’écho des comportements policiers douteux lors du déplacement des fans verts à Reims? Qui parle des supporters parisiens interdits de stade pour avoir manifesté pacifiquement? Des billets commandés sur Internet et annulés à la suite ce qui ressemble à des identifications illégales? Des interdictions de déplacement contraires au droit européen? Des milles tracasseries auxquels font face ces groupes? [2]
 

Hostilité aux actions, indifférence aux revendications: cet épisode illustre parfaitement une conception des supporters – de la part des instances, des médias et des clubs (mais aussi d'une large partie du public) – qui leur laisse le droit de chanter et de faire du bruit pour assurer l'ambiance, mais veut les priver de parole pour en faire un élément du décor. Ce modèle de supporter idéal existe: on en trouve notamment dans les stades nord-coréens.
 


Quels que soient les torts et les raisons des supporters, un simple examen de leur situation actuelle met en évidence l'existence de problèmes profonds. En bonne intelligence, c'est une volonté de dialogue qui devrait prévaloir, autour d'intérêts communs. Face à l'action mal structurée et souvent fautive des supporters, les pouvoirs publics et les instances sportives (avec les clubs) ont choisi la répression. Et les principaux médias ne font strictement rien pour faire évoluer cette situation, dont rien de bon ne sortira jamais.
 


[1] La question du timing peut se poser : il n’était pas forcément judicieux de sanctionner une équipe stéphanoise très méritante cette saison, d’autant qu’une place en Ligue des champions est en jeu. Mais, inversement, était-il judicieux de sanctionner les supporters méritants du bloc fermé? L’injustice de la sanction collective est ici parfaitement illustrée de chaque coté.
[2] Sans cautionner leurs revendications, le minimum pour les journalistes consisterait à les entendre et à en faire part, dans le simple souci d'un débat équilibré et d'une information équitable. Au contraire, tout ce que les supporters peuvent exprimer est présenté comme une nuisance, et on ne leur tolère qu'un soutien inconditionnel. Mais au moment où les supporters constatent que les intérêts des clubs divergent profondément des leurs, il ne faut pas s'étonner de telles ruptures du contrat.

 

Réactions

  • Tonton Danijel le 10/05/2013 à 08h22
    "Les clubs sont tenus pour responsables des agissements de leurs supporters."

    Et encore, ils ne peuvent intervenir que quand il y a des déplacements "officiels" de supporteurs, ils ne peuvent rien pour les supporteurs qui viennent librement au stade. Des heurts peuvent aussi venir de supporteurs libres incontrôlables, et le club paie pareil. C'est le cas des Grenoblois qui pourraient (la sanction est en appel) payer pour les débordements de supporteurs au Camp des Loges alors que le club n'avait été informé d'aucun déplacement (et assurer la sécurité des supporteurs pour un club de CFA, c'est encore plus difficile).

  • le Bleu le 10/05/2013 à 08h58
    Voilà qui est sain.

  • poiuyt le 10/05/2013 à 09h42
    Merci pour cet article. Rien n'est simple, les paradoxes sont nombreux, au moins autant que l'hypocrisie générale sur le sujet. Du coup, un petit éclairage de temps en temps est toujours le bienvenu.

  • Julow le 10/05/2013 à 10h14
    Pareil que poiuyt, merci (d'ailleurs, je croyais que c'était lui qui l'avait écrit). Juste un truc, je trouve votre prudence louable, mais c'est comme si vous étiez à la marge repris par la logique culpabilisante que vous dénoncez, dans la note (1), en parlant de "sanction" au club de la part des supporters. Qu'ils aient défavorisé, ou disons moins favorisé l'équipe, je veux bien, mais sanctionné, non. Les GA ont bien été sanctionnés, puisque semble-t-il le timing de la fermeture de tribune faisait qu'en plus il leur était impossible (?) de trouver d'autres places.

    D'ailleurs, ils reçoivent une compensation financière égale à 1/17ième de leur abo, dans ces cas-là ? Ils ont un recours juridique ?

  • Christ en Gourcuff le 10/05/2013 à 13h05
    Si je résume la situation :

    Des supportes Stéphanois et Lyonnais se lancent des fumigènes. Fumigènes qui sont interdits dans un stade.

    La LFP à les raisons pour sanctionner le club de deux matchs à huis clos et donc sanctionner tout le public Stephanois.

    L'ASSE décide donc de montrer sa bonne foi en sanctionnant elle même un groupe de supporters qu'elle pense être responsable des incidents, et ainsi de ne pas subir une sanction qui pénaliserait le reste du public.

    Question con : où est le problème?

    La sanction n'est pas disproportionnée (le "reste de la saison" c'est deux matchs à domicile, soit exactement la même durée que la sanction encourue par le club via la LFP) et les groupes ultras savent très bien que les fumigènes sont interdits.

    J'en ai vraiment marre d'entendre les types pleurer car ils n'ont pas le droit de craquer un fumigène dans un lieu public, et le plus souvent bondé de monde.

    Alors certes, celà ne change rien au fait que ce groupe de supporters est sanctionné alors qu'il n'a peut-être rien à voir avec les incidents.

    Mais qu'on arrête de pleurer les ultras qui craquent des fumigènes en toute connaissance de cause et qui par ce comportement sanctionnent le reste du public du spectacle d'un match de football.

    Juste ou pas juste, c'est comme ça, on n'utilise pas d'engins pyrotechniques dans un stade de football. Dura lex, sed lex.


    (Je précise que j'utilise le terme "ultras" pour désigner un groupe de supporters, si il ne fait pas parti du mouvement ultras, mes excuses pour l'approximation.)

  • poiuyt le 10/05/2013 à 13h11
    Ah ben oui, tiens, je vois pas pourquoi je voyais des paradoxes partout, moi!
    Merci Christ, tu m'as ouvert les yeux et montrés la voie!

  • dugamaniac le 10/05/2013 à 13h21
    D'accord Christ, t'as réglé brillamment la question du fumigène.

    Maintenant,pourrais tu régler celle du supporter qui refuse honteusement de chanter?

  • Christ en Gourcuff le 10/05/2013 à 13h28
    Ha non non,

    Entendons nous bien :

    Je dis tout celà sans animosité aucune.

    Le seul fait dérangeant dans cette histoire me semble être que ce groupe soit sanctionné sans aucune preuve qu'il soit impliqué dans l'histoire.

    Donc les actions de ce groupe pour protester contre les sanctions je veux bien les comprendre et je les respecte.

    Maintenant, ce que j'essaie d'exposer, ces que les groupes de supporters, peu importe le club, savent très bien qu'ils n'ont pas le droit d'utiliser de fumigènes.
    Et je dis simplement que je suis fatigué des discours des supporters de plaignant d'être sanctionnés alors que par leurs actions ils sanctionnent le reste du public. Le supportariat d'une équipe n'est pas réservé aux virages.

    Il est dit dans l'article "On peut se demander pourquoi c'est la responsabilité d'un groupe qui est mise en cause, et non celle des individus concernés."

    Qu'est ce qui empêche le groupe de supporter, qui est une association avec des adhérents, de sanctionner les fautifs, reporter la faute sur les coupables, comme le fait ici le club ASSE sur le groupe Green Angels?

    Alors certes, ça implique de surveiller ses membres et de les sanctionner, mais pourquoi pas? Pourquoi s'obstiner à utiliser des engins fumigènes? (Et je ne parle pas ici que des G.A, je parle au sens large)

    Enfin, autre paradoxe soulevé, les télé qui mettent en avant lors de la promotion des matchs l'utilisation des fumigènes.

    Je suis tout à fait d'accord avec l'auteur ici. C'est comme si la bande annonce d'Auto-Moto montrait un type rouler à 180km/h sur le periph en contre sens.
    Mais ce n'est pas non plus une excuse pour le faire.

    Désolé si j'ai paru abrupte, mon intention n'etait pas celle la.

  • Christ en Gourcuff le 10/05/2013 à 13h31
    dugamaniac
    aujourd'hui à 13h21
    ---------

    Je n'ai rien réglé du tout je dis juste que c'est interdit donc pourquoi s'obstiner à en utiliser quand on a 100% de chance de se faire sanctionner?

    Vraiment si tu as une réponse je suis prêt à l'entendre.

  • dugamaniac le 10/05/2013 à 13h55
    C'est pas un débat nouveau, les ultras considèrent que les fumigènes font parti de leur culture. De l'extérieur ça peut paraitre bizarre, se pose la question de la dangerosité du truc, tout en sachant qu'on interdit aux groupes d'encadrer l'utilisation sécurisé des fumigènes (ce qui est possible en bas des tribunes très simplement).

    Bref,on a interdit sans assez légitimer et surtout sans concerter.

    Donc on a interdit les fumigènes, puis demain (ou déjà aujourd'hui au SDF ou à Lille) on leur interdira les bâches.
    Et ton argumentation, c'est la loi sera toujours aussi valable.

    Mais le plus original dans le cas stéphanois c'est comment on a reproché aux ultras stéphanois de ne pas être acteur du match en chantant, après les avoir pénalisé d'avoir été trop acteur lors des matchs précédents.

La revue des Cahiers du football