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À Guingamp, un derby discret mais passionné

Supps par Terre – Guingamp-Rennes: le seul véritable derby breton de L1 (selon les intéressés) s'est déroulé pacifiquement dans les bars et dans la tribune du Kop rouge. Rencontre avec des supporters qui ne veulent pas se dire Ultras.

Auteur : Christophe-Cécil Garnier et Frédéric Scarbonchi le 23 Oct 2017

 

 

Inspirés par les "collectionneurs de stades" anglais, les deux auteurs de Supps Par Terre ont lancé un tour de France des vingt stades de Ligue 1 pour aller à la rencontre des supporters et vivre le supportérisme de l'intérieur. Au fil de cette saison, ils publient une partie de leurs reportages les Cahiers du football. Après Nice et Paris, voici Guingamp.

 

* * *

 

Il est 23 heures. Les membres du Kop rouge quittent la tribune Patrick, du nom du sponsor de leur club, pour aller déposer leur matériel dans leur local. Quelques-uns continuent de ranger les drapeaux et tambours pendant que d’autres en profitent pour s’affaisser dans des fauteuils placés dans un coin. Ils savourent la victoire de l’En Avant 2-0 dans le derby contre Rennes, scellée quelques minutes plus tôt par un but du capitaine Jimmy Briand.

 

Pourtant, le succès ne délie pas les langues. "Désolés, on vous a dit qu’on ne pouvait pas vous parler", nous lance-t-on. Besoin de concentrer sa communication, de rester discret, manque de temps, absence d'envie... Tout est bon pour refuser de s'exprimer, malgré nos relances répétées pour faire entendre le seul groupe encore en activité de l'EAG.

 

 

 

 

"On a mis deux nuits pour faire le tifo"

"Ils ont l’impression, quand on les sollicite pour des trucs journalistiques, que c’est eux qu’on met en avant alors qu’ils ne veulent pas. Eux, ils veulent mettre le club en avant", nuance Bastien, supporter guingampais qui ne fait pas partie du Kop, mais connaît quelques têtes au sein du mouvement. Du temps, les membres en ont eu pour préparer l’immense tifo qui a recouvert la tribune avant l’entrée des joueurs. "On a mis deux nuits pour le faire", lâche un des supporters dans le local, un peu cerné. La fatigue n’a pas empêché les supporters de chanter durant toute la partie.

 

Trois heures avant le match, la ville fredonne à peine. Quelques personnes prennent des coups aux terrasses du Bar des sports ou du Au Diable vos verres. Moins d’une dizaine de supporters rennais squattent la place, encadrés par presque autant de gendarmes. Dans la rue Notre-Dame, à côté, nombreux sont les magasins à afficher leur attrait pour le club celtique. À Guingamp, c’est ainsi: cette ville de 7.000 habitants bat au rythme d’un stade de 16.000 places qui fait très souvent le plein. Dans ce "village", les rues se remplissent au fur et à mesure que le match approche.

 

Au contraire de Nice, qui a déménagé hors de la ville, le stade du Roudourou est dans le cœur de la sous-préfecture des Côtes-d’Armor. À pied, après une pinte ou une journée shopping, on peut se rendre au stade, avaler une galette-saucisse ou un kebab, et prendre place sur un fauteuil rouge ou noir. 

 

En continuant vers l’enceinte, on arrive au Panier à salades. L’endroit est un véritable temple de l’En Avant. Des affiches du kop côtoient des dizaines de maillots et d’écharpes des Rouge et Noir. Le bar est tenu par Michèle depuis trente ans. Elle suit Guingamp "depuis les années 72", très précisément. Pêle-mêle, elle montre les différents maillots de Didier Drogba, Claudio Beauvue ou celui de Martins Pereira quand l’EAG a mis 3-0 au Stade rennais. "Quand on m’en ramène un, je le mets. Mais je suis un peu arrivée à saturation. Je ne sais pas où je vais les mettre avant de partir [à la retraite, ndlr]. J’en ai le double", dit-elle avec une voix assez grave.

 

 

 

 

"C’est vraiment l’opposition du village contre la ville"

Des clients arrivent et l’informent qu’ils étaient au stade, mais que tout était fermé. "Ça va bouger! Je ne m’inquiète pas", lance-t-elle. Le jour du match, il restait encore 2.000 places à vendre pour ce dernier derby breton – si on se place du côté des Guingampais (et si l'on s’en tient à la carte administrative de la région, n’en déplaise à certains). Lorient est descendu, Brest ne s’est pas retrouvé dans la même division depuis longtemps, il ne reste que la rivalité avec le Stade rennais. 

 

"C’est vraiment l’opposition du village contre la ville, estime Bastien, co-fondateur des Roud Boys, un site et un compte Twitter au ton léger, dans le style de We Are Malherbe. Alors que Guingamp-Lorient, il n’y a pas vraiment de rivalité. Il y en a une, sportive, mais c’est moins marqué qu’avec Rennes. Avec Lorient, on est deux clubs qui se ressemblent un peu. Il n’y a pas de gros moyens. Nous, on a eu Gourvennec pendant un bout de temps. Eux, ils ont eu Gourcuff. Il y a ce côté bâtisseur. Après, il y a une rivalité régionale." 

 

Ce supporter "depuis tout le temps" est originaire de la côte, "à une trentaine de bornes d’ici". Un de ses premiers souvenirs de football est la finale de Coupe de France en 1997 entre Guingamp et Nice. "Je me rappelle être en train de chialer devant la télé, au pied du canapé. Je n’avais pas trop conscience de ce que c’était, mais c’était Guingamp", raconte-t-il. Il sait qu’il a la chance d’être arrivé "à la bonne période". Celle des Malouda, des Drogba. Il se souvient aussi du match de feu la Coupe de l’UEFA en 1996, quand l’Inter Milan de Djorkaeff s’est pointé au Roudourou. "À l’époque, il n’était pas fini. Du coup, il y avait les deux tribunes longues construites de chaque côté et derrière, c’était encore des mottes de terre!"

 

Au Panier à Salades, le match entre Dijon et Paris commence. Des autocollants et des fanions des deux clubs sont attachés au comptoir. Il y a également un fanion de Nantes, d’Angers et de Brest. Mais pas de Rennes. "Avec eux, les deux finales de Coupe de France [remportée en 2009 et 2014, ndlr] ont joué dans la rivalité, mais ça reste assez gentil. Il n’y a pas trop de débordements. La vraie rivalité, plus méchante, c’est avec Brest. Pour le coup, c’est plus chaud", résume Bastien dans un autre bar, Le Lapin Rouge. Il a une reproduction du maillot Rippoz des saisons 1994/95 et 1995/96 sur les épaules.

 

 

 

 

"Bienvenue dans Paul Nardi"

Pour lui, la rivalité n’est même pas linguistique car Rennes n’a jamais parlé le brezhoneg. "Ils parlaient gallo, qui est un patois français. Il y a une frontière linguistique qui va de Saint-Brieuc à Vannes", enchaîne notre géographe. D’ailleurs, la communication du Stade rennais, très centrée autour de l’identité bretonne, le dérange. "Ils surjouent. Guingamp, on le sait, on n’a pas besoin de le crier sur tous les toits. Rennes, ils en font des caisses", tacle-t-il.

 

Il cite un exemple qui l’a fait rire: "Comme tous les clubs, Rennes fait des visuels de 'Bienvenue' sur les réseaux sociaux quand des joueurs signent au mercato. Ils avaient voulu le faire en breton pour l’arrivée de Paul Nardi, le gardien de l’AS Monaco. Quand tu arrives en Bretagne, tu vois sur les panneaux: 'Degemer Mat e Breizh'. Et là ils avaient marqué 'Degemer Mat e Paul Nardi'. Mais du coup, comme ça veut dire 'Bienvenue dans la Bretagne', ça voulait dire 'Bienvenue dans Paul Nardi'. Évidemment ils se sont fait bâcher". 

 

Le Guingampais, qui travaille une semaine sur deux à la Britanny Ferries, continue ses exemples. "Sur la liste officielle des joueurs, ils mettent un drapeau breton à côté des mecs nés en Bretagne, comme si c’était une nationalité. Par exemple, il y en a un à côté de Romain Danzé. Mais pour les mecs nés à Nantes, il n’y a pas de drapeau breton!"

 

Il cite également le maillot extérieur aux couleurs de la Bretagne, l’hermine comme mascotte. "Avant les matches, ils passent même l’hymne breton. Mais comme les paroles sont en breton, personne ne connaît, personne ne chante! C’est donner l’illusion de quelque chose qui n’est pas vrai, qui n’existe pas", conclut-il.

 

 

 

 

"Rentre chez toi, ta mère a fait des crêpes"

Mais au Lapin Rouge, les supporters guingampais et rennais sont côte à côte et parlent la même langue: celle de la pinte. Deux Rennais – majoritaires dans le bar – sortent pour transporter un troisième qui ne risque pas de voir grand-chose du match. Les CRS observent à quelques mètres cette bonne ambiance, sans avoir mis leur casque.

 

Une bombe agricole explose, surprenant légèrement Bastien. "Ça, je n’ai pas trop l’habitude, avoue-t-il. Et tu ne verras pas des choses comme ça dans le kop. C’est un des éléments sur lequel je ne les reconnais pas dans le côté ultra. Il n’y a pas de choses comme ça, c’est plus concentré sur les chants." Le Kop rouge ne se reconnaît pas comme ultra et préfère se voir comme un groupe à l’ambiance familiale. Pourtant, ils influent sur la vie du club. La preuve, l’année dernière, l’En Avant Guingamp a décidé que son hymne serait un chant que le Kop entonne avant chaque début de rencontre, sur l’air de Dirty Old Town des Pogues. À l’époque, Bertrand Desplat expliquait que tout était "une démarche du Kop, le club n’a été qu’un accompagnateur". 

 

Au début de la partie, le chant résonne alors que la grande bâche du tifo se hisse. Tribune Patrick, la société se mélange: hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux. La mixité sociale à l’état pur, dans un seul et même gradin. D’autres chants suivront, sur les sons de La Tribu de Dana de Manau ou des Lacs du Connemara. L’influence bretonne va même jusque dans les chambrages. Alors qu’un joueur rennais gît à terre, blessé ou simulateur, toute la tribune commence à entonner: "Rentre chez toi, ta mère a fait des crêpes". D’autres insultes, moins jolies, fusent quand des supporters sortent de leur parcage pour montrer leur mécontentement. Qu’importe pour le Kop rouge et les autres tribunes. Comme dit le proverbe, un derby ça ne se joue pas, ça se gagne. Sur le terrain, et dans les tribunes.

 

Une heure après la fin du match, l’embouteillage peine à désengorger la petite cité guingampaise. Il faut de la patience, chez les supporters, pour rejoindre leurs foyers. Nombre sont ceux, en effet, à ne pas être des résidents de la plus petite commune de l’élite français. Au loin, quelques klaxons se font entendre. "Merci Guingamp", le derby est gagné.

 


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"48 HEURES AVEC LA POPULAIRE SUD NICE"
"RETOUR DES ULTRAS AU PARC DES PRINCES : UN AN APRÈS"

Réactions

  • Lancelot du HAC le 23/10/2017 à 16h00
    L'Ibraboie la Cavani passe
    aujourd'hui à 15h27

    Tu peux continuer à me prendre de haut si tu le souhaites.

    ---------------------------------

    Et attends que son coéquipier Edji vienne te dire ce qu'il pense de ton article: tu verras ce que c'est que d'être pris de haut.

  • L'Ibraboie la Cavani passe le 23/10/2017 à 16h02
    "Si vous tapez dans le même niveau de réflexion, je crains le pire".
    "Merci bien pour la publicité, mais moi - dans un souci d'équité -, j'prends pas."
    "Bah il manquerait plus que ça..."
    "Bravo les gars. Avec ces témoignages, vous marquez 20 points au challenge "empile tes clichés comme tu peux".
    "Si j'interroge un type et que je trouve qu'il empile les poncifs, la responsabilité me revient de les publier ou non."
    "Il aurait fallu"... Yakafokon

    et donc : "Pas d'attaque ad hominem"

    L'eau, ça rouille. Arrêtons-là, je t'offre ce lien, en guise de conclusion : lien

  • Loscoff-Plage le 23/10/2017 à 18h53
    Je vous trouve bien agités, tous.

    Ce que dit Bastien, un supporter rennais l'entend à chaque déplacement en Bretagne. Est-ce que c'est vrai ? En partie. Est-ce qu'il y avait plus intéressant à dire ? Sans doute. Pas de quoi s'énerver.

    Si on m'interviewe, moi, sur le Stade rennais, je ne vous fais pas une conférence sur "Mustélidés et héraldique". Je vous dis que les Nantais sont des collabos mangeurs d'enfant, que les Guingampais sont les rois du tracteurs, que les Brestois sont des pêcheurs alcooliques et les Lorientais, ahah, les Lorientais, laissons-les là, ils ont Concarneau dans le rétroviseur.

    En tout cas je trouve révélateur que votre supporter détaille sa relation avec Rennes avant tout, et que votre article sur Guingamp attire ici des réactions... rennaises. C'est aussi ça, l'amour.

    La prochaine fois, passez un coup de fil à Francis Favereau !

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