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Guardiola, le football sans attaquant

Éloge du milieu, sacre du passeur, avènement du 3-7-0: le guardiolisme est une révolution pour le jeu. Tout a basculé en décembre, contre Santos...

Auteur : Philippe Gargov le 25 Jan 2012

 

Philippe Gargov est consultant en prospective et innovation, d’abord dans le domaine urbain (il fonde en 2009 le cabinet [pop-up] urbain), puis dans le domaine tactique avec Football totalitaire. Football totalitaire est le reflet de cette passion disciplinaire pour la “géo-stratégie”, c’est-à-dire pour les logiques spatiales qui régissent les dispositifs tactiques en sport, mais aussi le fruit de sa fascination passive-agressive à l’égard de Guardiola.

* * *

 

Le triomphe messianique du Ballon d’Or 2011 et son vrai-faux suspens auront quelque peu occulté la victoire de son "géniteur", élu sans plus de surprise entraîneur de l’année. Avec cinq trophées dans la poche, Guardiola aura clairement survolé ces deux dernières demi-saisons. Et c’est auréolé d’un dernier titre de Champion du monde des clubs, obtenu aux dépens du Santos en décembre dernier, que le Catalan est allé chercher sa récompense. C’est d’ailleurs lors de ce match qu'il avait dévoilé l’étendue d’un génie tactique qu’on lui ignorait jusque-là… voire qu’on lui niait, diront certains.

 

Certes, tous les observateurs s’accordent à reconnaître son immense talent de stratège. Il aura malgré tout fallu attendre ses victoires – tant tactiques que psychologiques – sur le Special One pour légitimer enfin cette reconnaissance médiatique et populaire. Guardiola restait jusqu’alors, dans l’inconscient collectif, un simple chef d’orchestre, humain parmi les surhumains. D’aucuns lui reprochaient même de ne pas savoir prendre de risques, ne lui reconnaissant comme seul mérite que de s’aligner sur ses illustres prédécesseurs, Cruyff en tête, en calquant un 4-3-3 ayant largement prouvé son efficacité. Ses paris contre Santos, risqués mais particulièrement payants, sont venus prouver le contraire.

 

Et c’est son adversaire d’un jour qui en parle le mieux, avec une humilité presque déroutante: "Nous avons appris beaucoup de choses aujourd’hui. Et je pense que vous aussi [journalistes, mais aussi spectateurs], avez appris quelque chose" [1], commentait après le match Muricy Ramalho. De la bouche d’un des meilleurs entraîneurs brésiliens actuels, le compliment a force d’autorité. On regrettera au passage l’absence totale de couverture journalistique en France sur ce sujet, ceux-ci préférant se focaliser sur un stérile duel Messi-Neymar, qui n’aura d’ailleurs pas eu lieu.

 

Une lacune coupable, tant les enseignements de ce match méritent d’être discutés. Sur celui-ci, Guardiola est tout simplement passé dans une autre dimension, transfigurant les tactiques du football moderne et préfigurant (peut-être) celles du football à venir. Un surhumain peut en cacher un autre… Une raison amplement suffisante pour revenir sur le système de jeu mis en place pour ce match; non pas en commentant le match lui-même (ceci n’est pas une analyse tactique), mais en décryptant ce qu’il raconte de Guardiola, du "guardiolisme", du football moderne et de celui qui s’annonce très certainement dans les années à venir.

 

 


Faites entrer l’accusé

Muricy Ramalho a décidément le sens de la formule quand il s’agit de souligner à ses pairs l’ampleur de la révolution à laquelle il vient d’assister: "Si vous jouez au Brésil [avec la formation proposée par Guardiola], ça se termine en enquête policière!" Avouez qu’on entend rarement de tels propos en conférence d’après-match... De quoi Guardiola est-il accusé? D’avoir joué avec une formation supposément ultra-défensive… ou plutôt anti-offensive: "Après avoir perdu Sanchez et Villa [sur blessure], ils ont mis un milieu supplémentaire. Ils ont joué en 3-7-0, une formation inconcevable au Brésil." [2]

 

3-7-0: le mot est lâché. Une formation inédite, probablement jamais testée à ce niveau de jeu – sinon dans Football Manager [3]… Une formation surtout considérée comme hérétique voire impie, puisque sans attaquants "purs", qu’ils soient ailiers ou numéro 9. Certes, Villa et Affelay étaient indisponibles… Mais Guardiola aurait pu compter sur les ailiers Pedro ou Cuenca, encore jeunes mais ayant déjà fait leurs preuves. Sanchez était à leurs côtés sur le banc, mais considéré comme inapte à jouer.

 

Pour autant, l’accusation est-elle valable? Sous-entendu: jouer sans attaquant est-il un sacrilège contre le beau football, qui ne pourrait décemment qu’être porté sur l’attaque, c’est-à-dire compter dans ses rangs de véritables attaquants? Les supporters blaugranas préfèrent s’en défendre grâce à une inversion arithmétique aussi subtile que leur supportérisme : "Selon Muricy Ramalho, Pep a joué en "3-7-0". En un sens, c’était vrai, mais l’on pourrait rétorquer que Barcelone a joué en 3-0-7 [autrement plus flatteur, donc], bombardant la défense du Santos sous une litanie d’appels en profondeur et de passes millimétrées." [4]

 

Ils n’ont pas tout à fait tort… ni tout à fait raison. Jugez vous-mêmes: Alves, un arrière latéral (certes brésilien, mais quand même) repositionné ailier droit. Messi, un ailier de formation repositionné "faux numéro 9" voire milieu relayeur, ce qui n’a évidemment plus rien de surprenant. Mais surtout, pas moins de cinq milieux essentiellement passeurs et surtout ultra-créatifs (un défensif, deux relayeurs et deux offensifs, pour peu que cette typologie siée aux talents catalans): voilà l’étrange composition de cette "non-attaque", qui aura pourtant permis au Barça d’infliger un cinglant 4-0 à un Santos dépassé (qui l'aura d’ailleurs bien aidé en défense [5]).

 


Source: Zonal Marking.

 

Muricy Ramalho et ses joueurs n’étaient d’ailleurs pas les seuls largués par cette formation. Qu’il s’agisse d’un 3-7-0 ou d’un 3-6-1-0, si l’on tient compte du profil d’origine de Messi, n’est finalement pas la vraie question. Peu importent les chiffres, les spectateurs de cette finale ont assisté à un bouleversement silencieux, qui ne rentre pas dans les grilles d’analyse traditionnelles. Les médias sportifs auront eux aussi été suffisamment déconcertés par cette formation pour ne pas réussir à la représenter correctement. Qu’il s’agisse de L'Équipe ou du site officiel des Blaugranas, c’est encore et toujours le traditionnel 4-3-3 catalan que l’on retrouve dessiné sur les schémas tactiques, avec les énormités de positionnement que cela implique (une ligne d’attaque Messi-Fabregas-Iniesta?)

 


L’éther du milieu

Pour leur défense, cette formation tenait clairement de l’exceptionnel… ou presque. À bien y regarder, Guardiola avait déjà amorcé cette révolution, par bribes, lors de matches précédents. D’abord en osant la défense à trois au cours de la saison, et en lançant un 3-4-3 d’exception contre Madrid, une petite semaine avant le match contre Santos. Ce 3-4-3 "nirvana", comme l’a baptisé e-foot, contenait en germe les logiques inhérentes au 3-7-0. Les blessures de Villa et Sanchez allaient obliger Guardiola à sortir de son chapeau ce coup de folie d’une formation sans attaquant… qu’il avait déjà expérimentée quelques semaines auparavant.

 

Comme le remarque le blog de tactique Zonal Marking dans son excellente analyse de la finale contre Santos, Guardiola n’a joué qu’un seul match cette saison en se passant d’attaquant "pur" (hors Messi qui joue dans son propre registre), c’est-à-dire sans Pedro, Villa ou Alexis Sanchez. "Habituellement, Guardiola joue avec au moins un vrai attaquant dans son trio d’attaque, afin d’étirer le jeu pour permettre à Messi de descendre très bas sans trop congestionner le milieu", explique l'auteur [6].

 

Cette unique tentative ne s’était d’ailleurs pas franchement avérée concluante, loin s’en faut. C’était en novembre, contre l’Athletic Bilbao de Bielsa (l’un de ses mentors), lors d’un match nul particulièrement difficile pour le Barça. À l’époque, l’égalisation n’avait été arrachée qu'en fin de match… grâce notamment aux entrées de Sanchez et Villa. Pourtant, le tacticien avait considéré ce match comme "un hymne au football", rien de moins. Souhaitait-il retrouver de telles sensations, cette fois sous les lumières d’une finale de gala? Face aux talents de Santos, un tel pari était autrement plus osé.

 

Osé, mais pas fou. Car Guardiola ne faisait ici qu’appliquer les préceptes éprouvés quelques années auparavant par Spalletti et sa flamboyante Roma de 2007/2008. Là encore, les blessures étaient à l’origine de ce qui deviendrait l’une des innovations tactiques les plus remarquables des années 2000 – d’ailleurs nommée cinquième "équipe de la décennie", en termes de qualités stratégiques, par Zonal Marking. En repositionnant Totti au poste de milieu offensif un peu particulier (ou "faux numéro 9"), sans attaquant devant lui, Spalletti "inventait" le 4-6-0 qui allait inspirer les plus grandes équipes dans les années suivantes…


Zonal Marking l’affirme sans ambages: "Ce système sera l’un des plus influents de la décennie. Qu’il soit adopté et amélioré par les équipes vainqueurs de la Ligue des Champions les années suivantes (Manchester United et Barcelone) illustre le potentiel du 4-6-0, qui pourrait dominer le football dans les dix prochaines années." [7] L’un des meilleurs exemples? Le PSG sans attaquants (ni Gameiro ni Hoarau) concocté il y a dix jours par Ancelotti, à la surprise des médias français, définitivement largués dès qu’il s’agit de tactique. Les avantages d’une formation sans attaquant: le jeu entre les lignes est ici exacerbé, et la liberté spatiale offerte aux milieux multiplie leurs options offensives.

 

Dans ce contexte de popularisation progressive, jouer sans attaquant pur n’apparaît donc pas "si" révolutionnaire, qui plus est avec des talents offensifs tels que Messi ou Iniesta… Mais là où Guardiola innove, c’est en paraphant sa formation de sa patte unique et iconoclaste. Si le 4-6-0 de Spalletti était une formation "réactive", fruit d’un maître-tacticien confronté aux blessures, le 3-7-0 de Guardiola apparaît en réalité comme la déclinaison ultime et volontariste du "guardiolisme": une philosophie de jeu fondée sur l’érection du milieu de terrain comme représentant idéal, voire unique, du footballeur par excellence.

 

 

Les milieux comprennent le jeu

En effet, le plus frappant dans ce 3-7-0 n’est pas tant l’absence de véritables attaquants que l’omniprésence de passeurs surdoués. Inutile de revenir sur les ratios de passes réussis de Thiago Alcantara ou Xaviniesta. On se contentera de rappeler que les six meilleurs passeurs décisifs actuels de l’équipe en championnat se nomment, dans l’ordre: Messi (13), Alves (10), Xavi (6), Cesc (5), Iniesta (4) et Thiago (3 – ex-aequo)… [8] Difficile, au vu de ces chiffres, de taxer cette équipe de "défensive". Ajoutez à cela Busquets, métronome de talent et prototype par excellence du milieu moderne [9], et vous aurez devant vous l’équipe idéale pour à contrôler le milieu comme aucune autre auparavant.

 

Guardiola l’expliquait parfaitement lors de la conférence d’après-match, s’agaçant au passage des suspicions relatives à sa formation: "Interrogé pour savoir s’il avait ou non adopté une formation en 3-7-0, Guardiola a haussé les épaules: 'Je ne pense pas que nous ayons joué en 3-7-0. C’est simplement notre manière de jouer. Nous essayons de contrôler le milieu et d’exploiter l’espace'." [10] Et il a tout a fait raison. Le Barça a fait du Barça: pressing haut, contrôle du ballon avec passes horizontales ou vers l’arrière en amont des phases offensives, appels et contre-appels, triangulations à l’approche de la surface, etc. Des choses désormais bien connues que nous ne commenterons pas davantage ici. Car ce n’est pas tant le jeu du Barça qui mérite ici d’être analysé, mais ce qu’indiquent les choix de Guardiola sur sa philosophie.

 

 

Cette dernière citation est en effet particulièrement représentative de l’état d’esprit de Guardiola, et de sa manière d’envisager le football. L’homme est presque un milieu de terrain "avant" d’être un footballeur, et peut-être même avant d’être un entraîneur. Il confessait ainsi sa fascination débordante pour ce profil de joueur, dans une interview donnée à la FIFA à la suite de la rencontre contre Santos: "Le milieu de terrain est un élément crucial de chaque équipe. Les milieux de terrain sont des joueurs intelligents qui doivent réfléchir à l’équipe comme un ensemble. Ce sont des joueurs désintéressés qui comprennent le jeu mieux que personne..."

 

Un éloge conclu par cette déclaration sans équivoque: "plus vous avez de milieux de terrain, plus il est facile de les replacer dans d’autres positions. C’est comme ça qu’ils deviennent polyvalents, et c’est ce qui nous aide à avoir des effectifs de taille limitée, mais qui sont malgré tout en mesure de nous offrir davantage d’options [tactiques]" [11] À titre d’exemple, Guardiola a déjà fait jouer pas moins de dix joueurs sur l’aile gauche cette saison (Villa, Alexis Sanchez, Afellay, Iniesta, Pedro, Fabregas, Adriano, Cuenca, Deulofeu et Thiago – source: Zonal Marking). Ajoutez à cela la polyvalence de Busquets et Mascherano, milieux reconvertibles en défense, et l’on se prend à rêver d’une formation qui ne compterait en ses rangs (presque) que des milieux de formation.

 


L'œuvre de Guardiola

On retrouve, dans ce système de jeu, les préceptes désormais bien connus de l’entraîneur, mais ici exacerbés à l’extrême en densifiant au maximum le rond central: "Ce qui est fondamental, c’est de bien occuper le terrain, avoir une équipe courte, qui ait sa ligne de défense et sa ligne d’attaque séparée de pas plus de 25 mètres, et qu’aucun défenseur ne soit occupé à marquer un adversaire qui n’existe pas", expliquait en 2006 l’apprenti Guardiola à son maître Biesla (So Foot). Or, comment mieux rapprocher ses lignes d’attaque et de défense, qu’en se privant d’attaquant? (l’autre option étant encore irréalisable…) On imagine Guardiola tenter un jour d’aller plus loin : avec un 2-8-0? Et pourquoi pas carrément un 0-10-0 en pariant sur l’intelligence de Busquets et Mascherano?

 

Au passage, Guardiola avait déjà annoncé cette évolution lors du dernier match de la saison dernière (la Supercoupe UEFA en août dernier), en finissant le match avec six milieux de formation dans l’équipe, dont ces deux joueurs en défense centrale, complétés par Messi en faux numéro 9 [12]. À l’époque, les observateurs s’interrogeaient sur la pertinence du recrutement de Fabregas, alors que Barcelone semblait avoir désespérément besoin d’un défenseur central, secteur le moins sûr de son effectif, au contraire d’un milieu largement fourni en talents créatifs. Cette contrainte, Guardiola en a fait une force catalytique afin de façonner une équipe qui réponde à sa philosophie: en passant à trois défenseurs (une formation considérée comme caduque dans les années 2000 – lire sur Zonal Marking), puis en "niant" son surplus de milieu en les mettant tous sur le terrain.

 

Autre particularisme de cette formation, le très faible nombre de joueurs de couloir, puisque seul Alves occupe ce rôle (Abidal étant ici positionné défenseur central, et ne participant que très peu aux phases offensives de son équipe). C’est peut-être la seule dérogation aux préceptes de Guardiola, qui clamait ainsi crânement, alors qu’il n’était pas encore entraîneur: "Moi, je choisis d’occuper les côtés parce que c’est de ces endroits que proviennent la majorité des situations dangereuses. Le contraire signifie centraliser le jeu. Si un entraîneur veut une équipe qui prenne le jeu à son compte, il doit positionner au moins deux joueurs par secteur." (So Foot) Au vu de cette déclaration, l’absence de joueur de couloir à gauche et d’arrière latéral à droite apparaît comme une véritable redéfinition personnelle.

 

Car à force de mener le Barça sur les cimes du monde, Guardiola s’est transformé. Il a fini par admettre qu’il n’était pas seulement entraîneur d’une équipe surdouée, malgré son insistance à se mettre en retrait pour laisser le crédit de la victoire à ses joueurs. Docteur Pep et Mister Guardiola: l’homme a compris qu’il était le créateur de son œuvre, et que sa matière première était ses joueurs, véritables pantins modelés selon son idéalisme fanatique. Et cette œuvre se doit d’atteindre la perfection qui l’obsède, notamment dans la monopolisation jusqu’au-boutiste du ballon: "Je ne place jamais mes joueurs avec l’idée d’attaquer en utilisant la contre-attaque [qu’il refuse presque contre Santos]. Pour moi, c’est avant tout la possession. Si on peut garder le ballon, pourquoi le rendre?" Les statistiques contre Santos, dignes d’un score de président africain mais qui ne nous étonnent même plus, témoignent de l’impossibilité des Brésiliens à se dépêtrer du filet catalan au milieu.

 


Le règne des passeurs

C’est là la grande révolution de Guardiola sur ce match, ou pour être plus précis: l’aboutissement d’une évolution ultime du jeu qu’il conduit maintenant depuis des années. À l’inverse, le 4-6-0 de la Roma, d’une efficacité redoutable en contre, ou les tentatives de "faux numéro 9" initiées par Manchester avec Rooney (et peut-être par Paris dans les prochaines semaines), étaient toutes vouées à contrer rapidement, ou du moins l’acceptaient comme une possibilité de jeu justifiée. Plus qu’une formation "sans" attaquant, c’est-à-dire une formation "par défaut", le 3-7-0 de Guardiola est donc une formation dédiée à la gloire des milieux de terrain polyvalents. Plus il y en a, mieux c’est, semble dire Guardiola.

 

Dans cette philosophie, on décèle son obsession pour un profil de joueur plus complet, sans poste réellement défini, capable de tout faire: défendre, décrocher, passer, dribbler, échapper au pressing, attaquer. Un idéal footballistique que Guardiola a insufflé dans son fils spirituel, Xavi, probablement le plus grand joueur de son effectif, du moins son apôtre direct. En ce sens, son pari contre Santos apparaît avec le recul comme la plus belle définition de ce qu’est le "guardiolisme", le règne des passeurs – d’ailleurs considéré comme la plus grande évolution de la décennie par Zonal Marking. Le temps d’un match, Guardiola a façonné son équipe à son image, ou plutôt à l’image de ses obsessions. Lui qui avait déjà créé le "registre Messi" (selon l’excellente définition de e-foot), a étendu ses préceptes à l’échelle d’un secteur de jeu entier: c’est le "paradigme Guardiola", pour reprendre la formule de l’un de ses adeptes (paradigmaguardiola).

 

Mais il convient ici de donner une part du mérite à Ramalho, qui aura permis à Guardiola d’exprimer son ambition comme jamais. Le Brésilien aurait pu contrer le Barça en refusant de jouer, seule manière actuelle de leur poser problème au milieu. Au contraire, Ramalho a exigé de Ganso qu’il ne participe pas aux tâches défensives et reste positionné haut sur le terrain. De même, le Santos jouait en 3-5-2 (certains y verront plutôt un 5-3-2), une tactique évidemment particulièrement risquée contre Barcelone, et qu’aucun sélectionneur raisonné n’oserait tenter en finale de Coupe. Le match aurait très certainement pris un tournant différent si Ramalho avait exigé de Ganso qu’il descende d’un cran, s’il avait densifié le milieu avec un 3-6-1, ou peut-être même s’il avait décidé de peser sur la défense en densifiant son attaque, afin d’obliger Busquets à descendre aider ses défenseurs… Bien évidemment, les quelques erreurs défensives préjudiciables des défenseurs Brésiliens n’ont pas aidé cette équipe méritante, mais tout simplement acculée par un autre football.

 


Ce match ne sera pas un one-shot, ne peut pas être un one-shot, ne doit pas être un one-shot. Parce qu’il est l’essence même de son géniteur, ce Barça-là est voué à évoluer dans cette direction. Et parce que cette formation a des années d’avance sur le football actuel, qui en est encore à expérimenter le "registre Messi" avec ses jeunes pousses (ou ses moins jeunes: ironie du sort, c’est aujourd’hui la Roma qui s’inspire le mieux des Blaugranas – lire sur Zonal Marking – la boucle est bouclée…), ce Barça-là est voué à imposer son dogme pendant encore quelques années, pour le meilleur et pour le pire. À moins que les logiques comptables ne viennent avorter cette révolution… car ce Barça-là n’a jamais semblé aussi fragile, relégué à cinq points du Real après avoir joué les bulldozers des années durant.

 

Nul n’est prophète en son pays, et Guardiola le sait mieux que personne. Il vantait ainsi l’innovation tactique proposée par Bielsa avec l’Argentine lors de la Coupe du monde 2002: "On vit dans un monde où si tu gagnes tu es bon, et si tu perds, tant pis si tu as essayé, peu importe que tu aies eu le ballon, que l’équipe ait été parfaitement organisée, et que tu aies parié sur un 3-4-3 comme l’a fait Bielsa. Tu perds et on dit que c’est un fiasco. Moi, je le vois d’une autre façon." (So Foot) À la tête d’une des meilleures équipes du monde, les bras lourds de trophées, Guardiola a changé de statut autant que de dimension: il n’est plus là pour gagner, mais pour parier. Parier sur une formation, un registre, une philosophie de jeu. Parier pour forcer le destin du football moderne, surtout. Et évangéliser le reste du monde, quitte à prêcher dans le désert.

 

 

[1] "Aprendemos muitas coisas hoje. Acho que vocês também aprenderam - disse Muricy, aproveitando para alfinetar os repórteres em sua coletiva." (O Globo)
[2] "Eles perderam o Sanchis e o Villa (atacantes) e botaram mais um meia. Jogaram no 3-7-0, um sistema que seria um absurdo no Brasil. Se você faz isso no Brasil é um caso de polícia."
[3] Formation testée avec Arsenal, analyse tactique à venir sur Football totalitaire.
[4] "His observation was that Pep employed a "3-7-0" formation. In a way, this was true, but it could also be argued that Barcelona played a 3-0-7 instead, bombarding the Santos defense with a litany of decoy runs and slide-rule passes." (barcablaugranes.com)
[5] Voir sur Lucarne Opposée.
[6] "Usually [Guardiola] likes at least one true forward in his front three to stretch the play and allow Lionel Messi to drop deep without making Barcelona too congested in the middle."  (Zonal Marking)
[7] "But the system will go onto be the most influential system of the decade. That the shape was adopted and improved upon by the side who won the Champions League the next two seasons (Manchester United and Barcelona) illustrates the potential in the 4-6-0, and it could well dominate football for the next ten years."
[8] Statistiques au 13 janvier.
[9] Sur ce dernier, lire "Busquets takes ‘modern centre-half’ role a little further" sur Zonal Marking.
[10] "Asked whether he had adopted a 3-7-0 formation, Guardiola shrugged: "I don’t think we were playing 3-7-0. That’s just how we play. We try to control the midfield and exploit space." (ottawacitizen.com)
[11] "The midfield is a crucial part of any team. Midfielders are intelligent players who have to think about the team as a whole. They’re selfless players who understand the game better than anyone and the more midfielders you have, the easier it is to slot them into other positions. That’s how they become versatile and that helps us to have smaller squads that are still able to offer more options." (fifa.com)
[12] Analyse prospective à venir dans un prochain billet sur Football totalitaire.

 

Réactions

  • Alexis le 25/01/2012 à 14h32
    Je partage l'avis de sansai.

    Cet article est utile. Même nécessaire. Pourtant, je lui reprocherais volontiers des répétitions (là où je m'attendais à plus de variété dans l'argumentation qui me semble tourner en rond).

    Mais parler de Guardiola est aujourd'hui essentiel pour comprendre le Barça et sa domination. Pour apprécier son excellence. D'ailleurs, même l'auteur, qui semble le vénérer, précise que Pep est passé à la postérité pour les techniciens en décembre dernier. ce qui montre combien son travail est méconnu car Guardiola a officalisé la rupture avec le 4-3-3 dès la fin de sa première saison à la tête de l'équipe première et a dès lors su faire preuve de variété, d'imagination et d'intelligence tactique. A la limite, ce 3-7-0 n'est que l'aboutissement de tout un parcours tactique patiemment construit.

    La révolution de ce Barça transparait jusqu'entre les lignes des différents fils de ce forum : j'y ai lu pléthore de stratégies proposées pour s'opposer à ce Barça (et toutes pouvaient être la bonne). Au moins autant que celles testées par ses adversaires. Même Mourinho s'y casse les dents de toutes les manières qu'il soit possible de le faire. Et c'est bien cela, la révolution : aucune stratégie, aucun schéma ne résiste à ce jeu. Cette révolution se caractérise donc par le temps d'avance énorme que possède le Barça sur ces concurrents. Non pas tant par la disposition des joueurs sur le terrain que par les principes de jeu qui prévalent à leurs mouvements, leurs choix techniques et le délicieux équilibre esthétisme/résultats de cette équipe.

    Penser que tenter d'analyser ce jeu, sa philosophie prédominante, ses hommes et ses résultats relève de la médiocrité journalistique est pour moi un aveu de désamour du foot. Ce n'est pas possible autrement. Si on aime le foot, on aime le jeu de ce Barça (ce qui n'empêche pas d'en aimer d'autres, évidemment), et on ne se lasse pas de le voir (autre possiblité : on ne comprend rien à ce jeu - le foot - et on s'emmerde fermement parce que le ballon n'est pas toutes les dix secondes dans une surface de réparation. Donc l'analyse est encore moins supportable, forcément).

    Pour moi, ce Barça, c'est le pied depuis 5/6 ans, non seulement parce que c'est beau, mais aussi parce que chaque saison il repousse les limites de son excellence un peu plus loin.


  • Cris The Light le 25/01/2012 à 14h36
    En terme de spectacle, le barça semble trop élaboré pour être palpitant à regarder d'un oeil mou. C'est un peu comme le jazz, c'est pas toujours agréable pour le profane mais c'est le must pour ceux qui le comprennent.

    Le jour ou toutes les équipes joueront en 0-10-0, les joueur de futsal gagneront mieux leur vie.

    Article sympa à lire.

  • et alors le 25/01/2012 à 14h40
    @ sansai, magnus (et la rédaction aussi)

    Effectivement, j'ai réagi assez vertement à première lecture, mais c'est vrai que tout le monde ne suit pas forcément le Barça de très près et que cette vulgarisation n'est pas inintéressante pour présenter, comme vous le dites, les principes de jeu et l'évolution qu'apporte Guardiola à son équipe autour de ces principes. Mais justement, au-delà de la tactique pure, au sens des croix sur le tableau. Or l'article en question, puisque c'est de ça qu'on parle, m'a déçu en ce qu'il décollait assez peu de la tactique pure. Et c'est cette déception que j'exprimais, en regard de l'ambition de l'auteur et de sa présentation pompeuse. (Bon, j'ai déjà un a priori défavorable pour les consultants en prospective urbaine, pour d'autres raisons.) Après toutes ses grandes phases pleines de superlatifs, je n'ai pas eu l'impression que l'auteur nous disait autre chose que "Guardiola aligne plein de milieux qui savent faire des passes, quel génie".

    A part ça, je ne suis pas si saoulé du Barça, comme je disais je continue à regarder leurs matchs avec plaisir, et j'espère que Guardiola continuera à creuser son sillon. Et justement, en tant que sympathisant de son équipe, j'ai abordé l'article avec intérêt, mais avec déjà quelques idées sur le sujet pour l'avoir vu évoluer et en avoir lu un certain nombre d'analyses qui me paraissaient aller plus loin (notamment sur Zonal Marking, abondamment reproduit). Vous ne me ferez tout de même pas croire que les gens qui s'intéressent au foot au-delà des aspects abordés par le10sport ne sont pas au courant de la manière de jouer du Barça. Disons que cet article me donne un peu l'impression de voler au secours de la victoire avec l'emphase et la pertinence de BHL en Libye ; et c'est vrai que j'aimerais plutôt lire des trucs sur Spalletti ou Bielsa. Mais comme dit sansai, on retient les vainqueurs, à nous de défendre les outsiders.

  • Espinas le 25/01/2012 à 15h12
    Bel article en effet.
    Ca me donne envie de voir ce fameux match contre Santos. Le seul truc qui me gène, c'est le zoom à mon avis un peu excessif sur le 3-7-0. Il faudrait voir comment les joueurs ont bougé sur le terrain, quel a été leur placement en phase offensive, avec le ballon et snas le ballon.

    Spontanément, je m'imagine une sorte de grosse masse de joueurs au milieu de terrain et je n'ose imaginer un 0-10-0, et je suppose assez fortement (encore une fois, j'ai pas vu ce match, malheureusement à en lire l'article) que c'était du jeu à la Barça avec Messi souvent à la conclusion, Alves souvent en ailier droit et finalement un placement plus fin que ce que le 3-7-0 veut bien en dire.
    Comme dit souvent par pas mal d'entraîneurs, l'important n'est pas le schéma, c'est "l'animation".

  • Sens de la dérision le 25/01/2012 à 15h40
    J'ai lu cet article ce matin et, s'il était très intéressant, quelque chose me déplaisait. Certes il y a le côté "Guardiofan" pointé plus haut, mais il y a aussi le fait que cette technique révolutionnaire n'a été testé qu'une fois, si j'ai bien compris, par Guardiola. Et que la victoire est due à, si j'ai encore bien compris, des erreurs adverses. Guardiola tenterait-il son mega-super-système contre le Real, MU ou le Bayern ? L'article aurait-il été écrit si le résultat avait été différent (et le résultat aurait-il pu être différent, je n'en sais rien) ?

    J'ai, par contre, une question : en quoi détermine-t-on qui est attaquant, qui est milieu ? Par la formation des types ? Ou par le rôle qu'ils ont sur le terrain ? Pourquoi Messi est-il un faux-9 et pas simplement un 9 (au plat) ? En corrolaire, pourquoi, dans les équipes de France, Govou était toujours dans la catégorie des attaquants et Malouda dans celle des milieux de terrain alors qu'ils avaient des rôles similaires sur le terrain ?

  • magnus le 25/01/2012 à 15h43
    et alors
    aujourd'hui à 14h40
    "et c'est vrai que j'aimerais plutôt lire des trucs sur Spalletti ou Bielsa. Mais comme dit sansai, on retient les vainqueurs, à nous de défendre les outsiders."

    Pour Bielsa je pense qu'on pourra faire le bilan à la fin de la saison, mais après un début calamiteux sur le plan des résultats, la remontée est assez spectaculaire et avec un jeu très sympa, il suffit de voir ce qu'ils ont produit dans les 2 confrontations face au PSG, surtout la deuxième où malgré la défait où ils ont proposé un jeu alléchant avec une équipe chamboulée et déjà assurés de la qualif. Malheureusement je n'ai pas vu assez de matchs.

  • magnus le 25/01/2012 à 15h46
    et alors
    aujourd'hui à 14h40
    "et c'est vrai que j'aimerais plutôt lire des trucs sur Spalletti ou Bielsa. Mais comme dit sansai, on retient les vainqueurs, à nous de défendre les outsiders."

    Pour Bielsa je pense qu'on pourra faire le bilan à la fin de la saison, mais après un début calamiteux sur le plan des résultats, la remontée est assez spectaculaire et avec un jeu très sympa, il suffit de voir ce qu'ils ont produit dans les 2 confrontations face au PSG, surtout la deuxième où malgré la défait où ils ont proposé un jeu alléchant avec une équipe chamboulée et déjà assurés de la qualif. Malheureusement je n'ai pas vu assez de matchs.

  • magnus le 25/01/2012 à 15h59
    Désolé pour le doublon.

    Sens de la dérision
    aujourd'hui à 15h40
    "en quoi détermine-t-on qui est attaquant, qui est milieu ? Par la formation des types ? Ou par le rôle qu'ils ont sur le terrain ? Pourquoi Messi est-il un faux-9 et pas simplement un 9 (au plat)"

    Parce que durant un match Messi va où il veut, et peut redescendre dans le rond central pour réceptionner un ballon.
    Je pense que dire de quelqu'un qu'il est un 9/un 10 ou autre signifie qu'il a des caractéristiques et un poste sur le terrain très spécifiques. Giroud par exemple est un 9: il est souvent dans l'axe haut sur le terrain et a des caractéristiques qui lui permettent d'évoluer dans cette zone spécifique avec succès, comme le jeu dos au but, le jeu de tête, le placement...

  • Jizzkov le 25/01/2012 à 16h05
    [Message à caractère pseudo-informatif de l'auteur]

    Merci à tous pour vos commentaires positifs et négatifs, je m'en nourris - et félicitations pour en être arrivé au bout...

    Je suis globalement d'accord avec la majorité de ce qui a été dit sur le fond... Notamment sur le fait que le "370" importe finalement assez peu, et que l'animation sur ce match n'avait rien de particulièrement révolutionnaire pour qui suit régulièrement le jeu catalan (ce que j'écris dans l'article)

    Je répondrai juste sur la forme à @et alors, dont je partage d'ailleurs une partie des critiques. Comme lui, je regrette un peu que l'article "tourne en rond" - ou soit perçu comme tel -, mais je mets ça sur le compte de sa trop longue maturation. Entre le match et l'écriture, il s'est écoulé un mois durant lequel je n'ai pratiquement lu que des documents sur le faux 9, Spalletti, le Zenith, Barcelone, Guardiola, et j'en passe (notamment sur ZM, abondamment cité).

    Au départ censé se focaliser(en 8000 caractères maximum...) sur l'animation possible d'un tel dispositif, cette maturation s'est mue en fascination pour le Pep à force de me replonger dans ses interviews... Autre raison : je ne suis tout simplement pas assez affûté pour pouvoir en parler correctement ! Comme je l'explique dans les "Vestiaires" de Football totalitaire, je suis encore jeune dans l'analyse stratégique, et je n'ai tout simplement pas la prétention (ni la capacité) de faire ce travail que d'autres font bien mieux que moi. Mais je m'étais essayé au 370 dans Football Manager, et je décortiquerai lundi prochain l'animation utilisée. Ça viendra peut-être servir au débat tactique à proprement parler...

    Je tenais juste à préciser que je suis loin d'être un fanboy de Barcelone. [INSTANT COMING-OUT] J'ai longtemps profondément détesté le jeu catalan, mais vraiment, au point de perdre des potes lassés de mes invectives et excès verbaux à l'encontre de l'écran. Parce que je ne supportais pas l'état d'esprit dominateur et la possession de balle outrageante qui en découle, que je qualifiais de "totalitaire", justement [ je l'avais dit ici, en trollant de manière un peu puérile, avec le recul : lien ]. C'est bien pour ça que j'ai glissé un "pour le meilleur et pour le pire" en conclusion...

    Pour la petite histoire, c'est justement après la finale de Wembley que je me suis décidé à m'intéresser véritablement aux tactiques, histoire de pouvoir argumenter ma haine autrement qu'avec des "Barcelone tue le football"... Sauf que ça c'est retourné contre moi, et que j'ai découvert à quel point cette équipe était véritablement fascinante, pas pour ses victoires mais pour ce qu'elle nous apprend du football - mais qu'on se rassure, je la trouve toujours aussi irritante à regarder.

    Quant au côté pompeux de l'ensemble : pour la présentation, c'était volontaire et à prendre au second degré (cf. ma biographie sur Football totalitaire). Et pour le style, on ne se refait pas ;)

    Par contre, j'aimerai bien savoir pourquoi tu as la dent si dure contre les consultants en prospective urbaine, haha ! Ça n'a pas sa place ici, je serai donc ravi d'en discuter ailleurs...

  • djay-Guevara le 25/01/2012 à 16h13
    Je ne l'ai lu nulle part, mais je me demande si ce n'est pas l'equipe d'Espagne qui nuit le plus a la notoriete de Guardiola. Enfin cela ne vaut que si l'on accepte que le travail de Pep est "sous-evalue", ce qui ne me semble pas vraiment le cas.

    Je regrette qu'on fasse si peu de cas de Del Bosque, mais n'a-t-il pas des resultats aussi exceptionnels avec peu ou prou les memes joueurs. Alors quitte a tomber dans le poncifs, ne peut-on pas suspecter dans ces conditions que c'est peut etre effectivement la qualite des joueurs qui fait celle de l'equipe? Parce qu'au final ces memes joueurs gagnent avec le Barca comme avec la Roja, non? Je ne suis ni fan, ni anti-Guardiola, et en fait en dehors de la Barsturbation exasperante citee precedemment, je suis plutot neutre sur le Barca. Ce qui m'intrigue un peu c'est de savoir dans quelle mesure Guardiola et le Barca definissent le jeu de la Roja, ou Del Bosque ne ferait que suivre l'exemple, ou bien dans quelle mesure les joueurs de Barcelone definissent le jeu des 2 equipes dont ils font partie.

    Au final, je me repete, mais c'est surtout le peu de cas que l'on fait du travail de Del Bosque (qui est quand meme loin d'etre un peintre) et au contraire tout celui qu'on fait autour de Pep Guardiola qui me genent un peu.

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