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Grödig, un tout petit parmi les grands

En Autriche, le nom du promu dans l'élite pour la saison prochaine est déjà connu. Et il ne va pas plaire à tout le monde.

Auteur : Toni Turek le 13 Mai 2013

 


Le 3 mai 2013 est devenu une date historique à Grödig. Ce jour-là, le club de foot de ce bourg de 7.000 âmes sis dans la banlieue sud de Salzbourg a en effet obtenu son ticket pour accéder à la Bundesliga autrichienne. Après sa vingt-et-unième victoire de la saison, le SV Scholz Grödig compte 14 points d’avance sur Altach et 15 sur son adversaire du jour, l'Austria Lustenau. Un résultat assez surprenant pour les Bleu foncé et Blanc.
 

 



 


Ascension rapide

Car voici dix ans, ce Dorfverein [1] fondé en 1948 végétait encore en 1. Klasse Nord, au sixième échelon. Son parcours récent n'est pas sans rappeler celui de Hoffenheim en Allemagne: un investisseur local, né dans le coin, qui a réussi dans un domaine (ici le recyclage), et qui prend en charge la destinée du club de sa jeunesse. Mais la référence du SV Grödig, ce serait plutôt le SV Ried im Innkreis, qu'on pourrait comparer à l'AJ Auxerre: le club d’une petite bourgade sans grands moyens, mais qui grâce à sa gestion rigoureuse et en dépit de ses limites réussit à s'établir dans l'élite, et à l'occasion à se qualifier pour l'Europe en faisant la nique aux grosses écuries.
 

Ce qui lance Grödig, c’est l’arrivée en 2002 de l’entrepreneur Anton Haas à sa tête, et les trois montées au cours des quatre années qui suivent, menant le club en 2006 dans l'antichambre du professionnalisme, en Regionalliga (D3). Après une saison de transition sous les ordres de l'ex-international Eduard Glieder, le SV Grödig accède à l'Erste Liga (D2) en 2008 avec un nouvel entraîneur, Heimo Pfeifenberger. Limogé fin 2008 pour sa mésentente avec le président Haas, alors que l’équipe est au bord de la zone rouge, Pfeifenberger ne vit pas la relégation du club. Mais il revient à Grödig en mars 2010 pour suppléer Michael Brandner, l’ex-entraîneur de la réserve, parti pour un motif personnel. Pfeifenberger maintient le SV Grödig au premier rang de Regionalliga grâce à une série de onze succès de suite, et le retour en Erste Liga est entériné après l’annulation des barrages initialement prévus.
 


Un turn-over élevé

En 2010, le directeur sportif (et fils du président) du club Christian Haas convainc plusieurs ex-joueurs de l’élite de rallier Grödig. Parmi eux, le milieu Herwig Drechsel, qui veut encore jouer à trente-sept ans après quinze saisons au SV Ried, et le milieu défensif Matthias Hattenberger, qui n’a pas retrouvé de club pour l’accueillir, auxquels se joignent plus tard le gardien et ex-international au chômage Andreas Schranz, et le duo Krammer/Sobkova parti d’un LASK dernier de l’élite. Mais ces venues, même clinquantes, ne permettent pas au SV Grödig de faire mieux qu’une place dans le ventre mou au printemps 2011. La saison qui suit se joue sans Drechsel ni Hattenberger, partis, et voit le SV Grödig finir septième.
 

À l'été 2012, Haas & Haas remanient l’effectif dans une proportion des trois quarts, et un seul joueur affiche plus d’une saison à Grödig sur son CV: le latéral droit Lukas Schubert (vingt-quatre ans), arrivé en 2008. Plus de "stars" dans le nouveau groupe: le seul nom qui ressort est celui de Stefan Lexa, trente-six ans, ex-international ayant beaucoup joué en Allemagne avant de revenir en son pays en 2008 à Ried. Le groupe de Grödig est un savant mélange entre des anciens aux parcours atypiques (Dominique Taboga, Ernst Öbster) et des jeunes prometteurs (Stefan Nutz, Thomas Salamon).
 


Un entraîneur rodé

Pour diriger l'ensemble, un nouvel entraîneur: l'ancien international Adolf "Adi" Hütter. Qui a pour mission de finir dans le premier tiers du tableau en 2013, avant de viser la montée en 2014. Pour assister Hütter, Glieder fait son retour à Grödig comme adjoint, quatre ans après son départ comme entraîneur en chef. Adi Hütter, quarante-deux ans, est certes un entraîneur de la nouvelle génération, mais il n’est pas un débutant. Il a occupé le banc des Red Bull Juniors du temps où la réserve de Salzbourg jouait encore en deuxième division, puis a passé trois ans au SCR Altach. Le club du Vorarlberg – connu pour avoir vu jouer les Brésiliens Ailton et Zé Elias l’année de sa relégation – visait le retour au plus haut niveau. Mais Altach a terminé trois points derrière Innsbruck en 2010, puis à un point de l’Admira en 2011. Hütter a finalement été viré d’Altach en avril 2012, quand le SCRA a perdu la première place au classement de la D2. Il a alors été aussitôt contacté par le SV Grödig.
 

De cette expérience, Hütter a su tirer profit. D’une part en faisant venir deux joueurs connus du temps où il entraînait Altach: le gardien Kevin Fend et le capitaine et défenseur espagnol Ione Cabrera. D’autre part en tirant la quintessence du nouveau groupe ainsi formé – ce qui n’était pas gagné. Sans forte pression, la montée n’étant pas exigée, l’équipe a pu se développer tranquillement, et un joueur comme David Witteveen (un des top-buteurs de la division avec ses 14 réalisations) a pu prouver qu’il avait sa place à ce niveau. Avec une bonne ambiance, les bons résultats obtenus, couplés aux ratages simultanés des soi-disant favoris [2] au sein d’une division assez faible, ont permis à Grödig de prendre un an d’avance sur le plan initial.
 


Pas le bienvenu ?

Ce résultat ne plaît pas à tous: le président du Rapid de Vienne a ainsi avoué qu'il préférait jouer quatre derbies contre l'Austria plutôt qu'une fois contre Grödig. Sous-entendu: Grödig n'a pas de légitimité pour être dans la cour des grands, et va prendre la place d'un club plus représentatif et au passé plus glorieux (LASK, GAK, Vienna...). Un argument déjà ressassé par exemple en 2008 outre-Rhin au moment de la promotion de Hoffenheim, la même année en Suisse à l’arrivée de Vaduz, ou en 2011 en France avec les montées de Dijon et Thonon-Gaillard, tandis que des clubs aux palmarès fournis végétaient à l'échelon inférieur (Kaiserslautern, Munich 1860 en Allemagne; Saint-Gall en Suisse; Lens, Monaco, Nantes en France). Un argument doublement caduc car Grödig n'a pas volé sa montée et ne saurait être tenu responsable des échecs de ses concurrents. Surtout, le club de la banlieue de Salzbourg n’est pas le premier petit poucet à évoluer à ce niveau: la ville d’Altach, dont le club a joué dans l’élite de 2006 à 2009, n’est pas plus peuplée que Grödig.
 

Le SV Grödig est ambitieux, mais conscient de ses limites. Il ne compte pas sur l'argent du contribuable (la mairie ne verse rien au club), mais veut convaincre des sponsors pour faire face aux coûts supplémentaires attendus. Parmi eux, ceux des arrivées attendues cet été pour renforcer un groupe pro de seulement vingt et un joueurs. Il y aura aussi les coûts liés à l'élargissement de la tribune principale de l’Untersberg-Arena. Le club croit en une moyenne de 3.000 fans par match la saison prochaine, ce qui est de l’ordre des affluences moyennes des clubs les moins attractifs de l’élite... et l’actuelle capacité maximum de son stade.


On pourra regretter que le SV Grödig ait très peu de joueurs du sérail, et soit très actif côté transferts – copiant en cela son voisin salzbourgeois des Red Bull. Mais il sera intéressant de voir ce que fera cette équipe aux finances si limitées [3]. Après tout, Grödig peut rêver: tous les promus en Bundesliga de ces dernières années ont réussi à se maintenir. Voire faire mieux, comme l'Admira, qui s’est qualifiée pour l'Europe à son retour au plus haut niveau. Grödig européen? Voilà qui ne calmerait pas l’ire du président du Rapid, dont le club devra déjà jouer quatre fois contre Grödig. Il n’y aura pas que les Red Bulls à surveiller du côté de Salzbourg…
 


[1] Le mot "Dorfverein" (das Dorf: le village – der Verein: le club) désigne péjorativement un petit club.
[2] Kapfenberg a raté sa première moitié de saison, Altach est trop inégal en déplacement, et l’Austria Lustenau s’est écroulée après la trêve, ne prenant que 10 points là où Grödig en en engrangeait 34.
[3] Le budget actuel, de deux millions d'euros, devrait être doublé.

 

Réactions

  • Richard N le 13/05/2013 à 08h31
    Voila un événement qui tord le cou à une idée reçue selon laquelle les "clubs de village" dans l'élite du foot seraient une spécificité française.

  • Maniche Nails le 13/05/2013 à 11h35
    Le bon goût des parents de M. Hütter...

    Pas souvenir que Dijon avait fait grincer des dents plus que ça mais ça peut aussi rappeler Arles Avignon et son grand ménage d'inter-saison, moins bien leur en avait pris. Je crois que tu as suscité ma curiosité pour suivre de temps à autre le classement de cette "tipp3-Bundesliga powered by T-Mobile" l'an prochain.

  • Marf le 13/05/2013 à 17h23
    Merci pour cet article. Je vais de ce pas commencer à me constituer une pré-sélection molle pour la prochaine VML.

  • Vieux légume le 13/05/2013 à 18h00
    Surprenant ce coup de mou de l'Austria Lustenau tout de même.
    Ils ont perdu leur coach ? Des joueurs ?
    Parce que bon, à la trêve, ils avaient un bon matelas d'avance, et là, c'est plus qu'un effondrement...

    Peut-être l'air de la ville, puisque si je ne m'abuse, le FC est plutôt mal en point.


  • White Tripes le 14/05/2013 à 10h22
    Lustenau etait pas en cessation de paiement?


  • sansai le 14/05/2013 à 15h48
    Un directeur sportif fils du présiroi, un entraîneur limogé qui revient tapiner à la première occasion : c'est le FC Nantes, leur vrai modèle.

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