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George Reynolds, adieu les cons

Vous ne connaissez pas cet ex-perceur de coffres, millionnaire, génie autoproclamé et patron de club complètement branque ? Il se raconte dans une lettre d'outre-tombe. 

Auteur : Kevin Quigagne le 26 Avr 2022

 

Je m'appelle George Reynolds, vous n'avez sans doute jamais entendu parler de moi, mais je suis un richissime génie du foot anglais. Un génie tout court, en fait. 

C'est inscrit en plaqué or sur mes cartes de visite : "Ex-perceur de coffres-forts, ex-matelot dans la marine marchande, entrepreneur millionnaire, faiseur d'argent et génie absolu."Fortune faite, j'ai racheté le club de D4 de Darlington FC, en 1999. J'ai fait rêver le peuple de "Darlo" et lui ai offert le plus beau stade au monde. 

Sans tous ces pisse-froid, ces fonctionnaires incapables et journaleux mis sur terre pour me plomber, on aurait atteint l'objectif fixé : la Premier League. Mais à cause de ces branquignols, on nous a placés en redressement judiciaire fin 2003. Et je suis retourné au zonzon. 

Toute ma vie, les cloportes ont garé le bus pour m'empêcher d'avancer. De quoi se poignarder le cul avec des saucisses, je vous le dis. 

 

 

Je suis né en 1936, à Sunderland, quelques mois avant la fameuse "Jarrow Crusade", partie d'ici. Deux cents chômeurs affamés qui ont marché jusqu'au parlement à Londres pour faire entendre leur désespoir. C'est pas les assistés d'aujourd'hui qui feraient ça, tiens. Ce qu'il nous faut, c'est une bonne guerre, ça redresserait toutes ces putains de feignasses dans ce pays.

J'ai grandi autour de Roker Park, l'ancien antre des Black Cats, dans la misère. On surnomme ce coin malfamé "Barbary Coast", la Côte Barbare. Des navires et matelots étrangers traînent dans les parages, ça pirate et traficote. 

« Scolairement attardé et mentalement déficient »

Arrive la guerre, la faim, le rationnement, le marché noir. Je sèche un peu l'école et, pour nourrir ma famille, je vole des clopes que j'échange contre de la bouffe. Les profs me cataloguent "débile" à cause de mes mauvais résultats scolaires. Je suis dyslexique, mais handicap inconnu au bataillon, ou bien ils s'en foutent. On me répète que je suis un bon à rien. 

À huit ans, je me fais choper à piquer du pain dans un bread van. Le rectorat de Sunderland m'envoie à Besford Court, une maison de redressement à Pershore, dans l'ouest du pays [1]. Ça arrange mes parents qui n'ont pas les moyens de m'élever. J'en ressortirai aussi illettré qu'en arrivant, mais avec des acquis manuels. Et la rage de réussir. 

Sur mon dossier, il est écrit : "Educationally sub-normal and mentally deficient". Le rectorat m'a en fait vendu à Besford Court, pour cent livres sterling. Le prof principal nous accueille avec ces mots doux : "You are the utter dregs of humanity" (Vous êtes les déchets de l'humanité). Ajoutant qu'en bon catholique, il se doit de nous aimer. Ça figure pages 43-44 de Cracked it !, mon autobiographie. Lisez-la, j'en suis fier.

Besford Court est une sorte de bagne, tenu par des sœurs et quelques prêtres. Des psychopathes, qui nous frappent bestialement les fesses et le reste avec des triques, parfois devant tout le monde, lors "d'assemblées spéciales". Le week-end, on essaie vaguement d'apprendre à lire et à compter. La semaine, c'est les travaux forcés, dans des fermes, ateliers ou ailleurs. 

Je trime quarante heures par semaine, puis soixante à partir de douze ans. Dans les dortoirs : ni eau courante, ni électricité, ni chauffage, et la toiture a des trous béants. Il caille tellement qu'un jour, mon voisin de lit meurt d'hypothermie pendant son sommeil. Enterré dans un champ. 

Besford, c'est l'esclavage, les coups, la faim, le froid, la peur. De cette cruauté sadique, je tiens ma détermination, mon goût pour la baston, mon tempérament volcanique et mon instinct de survie. À seize ans, j'en sors. 

La mer, la mine, les coffres-forts, la prison

Mon père, anciennement matelot, m'encourage à entrer dans la marine marchande. Je parcours les mers du globe. Le sport ne me dit rien, sauf la boxe à mains nues. Pendant les escales, pour gagner du blé, je fais des combats sauvages. Et je déconne. Vols de voiture, cambriolages, trafics. De tout : cigarettes, montres, animaux exotiques. Le taf me plaît, mais faut que je me pose.

De retour sur la terre ferme, je m'efforce de filer à peu près droit. J'ai la tchatche, alors je fais du porte-à-porte, le camelot sur les marchés. Des produits tombés du camion, ou du bateau. Contre un billet, des marins de passage me refourguent de tout. J'ai des ennuis avec les condés et la douane. 

 

 

Je me fais embaucher comme boutefeu à la mine de Monkwearmouth à Sunderland, sur laquelle est construit le Stadium of Light. J'y manie les explosifs pour extraire le charbon. Avant d'arrêter ce boulot de forçat, je pique un max de gélignite. Mes potes et moi, on sait que les bureaux brassent un max de cash, surtout vers le vendredi, jour de paye. Du coup, on se sert. 

Je me reconvertis dans l'ouverture de coffres-forts, à la dynamite si ça résiste. Mais rien ne me résiste, je deviens un orfèvre dans l'art du découpage, dans le top trois mondial. On touche jamais aux petits commerçants, hein, on ne fracture que les gros groupes, les vrais escrocs quoi. Une nuit, on calcule mal notre coup et on atterrit dans un enclos pour lions. J'ai jamais tracé aussi vite de ma vie. 

Je flambe, je verse des dons et fais des cadeaux de Noël aux pauvres. On m'appelle Robin des Bois. Suivent des séjours en taule. Sept ans en tout. Le trou, c'est le pied franchement, le grand luxe comparé à ma jeunesse. Dernière pige en 1976, à la prison de Durham. Là, un aumônier me convainc de faire du business, proprement. Je serai un homme d'affaires respectable.

Chèque en formica de 110 kilos

J'ouvre un café et un night-club. Ça marche, on s'éclate. Avec des potes bricoleurs, je me lance aussi dans l'achat-revente de maisons à rénover. On fait de grosses culbutes, les affaires sont juteuses. Mais je ne suis ni partageur ni petit joueur, je veux taper bien plus haut, en solo. 

Un jour de 1979, en causant libre entreprise et élection de Thatcher avec un magouilleur, une fulgurance me traverse le bulbe : et si je fabriquais des plans de travail de cuisine à partir de chutes d'agglomérés ? Je récupère des cargaisons d'invendables et me lance dans la production industrielle d'aggloméré-stratifié pour cuisines. Je crée Direct Worktops, à Shildon, près de Darlington. 

Mon approche est révolutionnaire. Pas de syndicat et représentants chez moi, on démarche au téléphone. Je propose des produits low cost et innovants, sur des tailles et styles inédits. J'ai pris le contrepied des poussiéreuses méthodes conventionnelles et un tas de minables jaloux me prédisent l'échec. Évidemment, je cartonne. 

Je prends quelques raccourcis et des libertés avec la compta, mais comment faire autrement ? Ils sont tous contre moi, les rapaces des services fiscaux et tous ces parasites de l'administration. Une fois, les tocards d'un service quelconque me collent une amende salée pour non-conformité. En guise de règlement, je leur expédie un chèque en formica de 110 kilos. 

J'ai du flair et le sens du business. J'utilise du matos allemand hyper performant. Ça me coûte bonbon en emprunts, mais ça rapporte. Direct Worktops sort 200.000 plaques par an et s'impose comme le plus gros producteur mondial du secteur. On contrôle la chaîne de fabrication de A à Z.

En serrant davantage les prix, j'atomise la concurrence. Ventilés, éparpillés, pulvérisés, mes rivaux. Même la zone industrielle porte mon nom. Les plus gros cuisinistes et chaînes de bricolage me picorent dans la main. On truste le marché britannique et on exporte partout. Les tabloïds me baptisent "The Chipboard King", le Roi de l'Aggloméré.  

Trump, Branson et Winfrey

Je suis blindé. Le Sunday Times me classe 112e dans leur Rich list, avec 230 millions de livres. Je leur téléphone parce qu'ils me carottent (j'en pèse au moins 275) et ils rectifient. Je donne aux écoles, aux hôpitaux du coin et je soigne mes employés. Primes, cadeaux, décapotables. Je rembourse même les crédits immobiliers des plus performants. 

Je me déplace en hélicoptère et jet privé. Mes amis sont des célébrités - Donald Trump, Richard Branson, Paul Weller de The Jam. On m'élit "Britain's Best Boss" et Oprah Winfrey, séduite par ma générosité, me déroule le tapis rouge. Une année, je passe 410 fois à la téloche.

 

 

Ma troisième femme et moi créchons à Witton Hall, une propriété de sept millions que j'ai fait construire en style néo-géorgien. Marbre et plaqué or partout. J'ai un yacht de cinquante mètres et une flotte de voitures de luxe, un manoir dans le Lake District, un appart à Marbella et un penthouse à Londres. Mes voisines sont deux Spice Girls. Mon épouse adore Harrods et y claque parfois un million en une seule journée. 

Je ne déclare que 2.500 livres de salaire mensuel, comme directeur général. Vu la taille de mon empire, les impôts m'ont dans le viseur. À force de faire des descentes chez moi et écouter les rumeurs provenant d'envieux et de ratés, ils finissent par trouver mon coffre-fort secret, caché dans une pièce dérobée. 

Cette histoire fait du bruit et à cause de ces médiocres, des gangsters tentent de nous séquestrer. Pour décompresser, j'emmène ma femme et sa mère à Londres. Là, trois cailleras m'agressent pour me tirer ma Rolex à quarante boules. Mais ces têtards ont affaire à du gros gibier, bibi, et repartent bredouilles. 

J'ai des projets dans le football local, ça serait bien pour la communauté et ma pomme. Je décide de vendre une partie de mon business à une boîte américaine, pour 41 millions. Le foot, j'y connais rien, mais si j'applique mes méthodes infaillibles, ça le fera. Obligé.

« D'ici cinq ans en Premier League ! »

J'adore qu'on parle de moi, en bien, alors j'achète localement : les Quakers du Darlington FC. Le Guardian titre : "Darlington fait désormais partie de la jet-set". Enfin, je rachète leurs dettes (5,2 millions). Des gueux de D4 qui évoluent devant 2.000 spectateurs dans un stade d'une vétusté repoussante, Feethams. Mais bon sang, Al Fayed a bien réussi à Fulham avec une épicerie de quartier. Ça peut pas être sorcier, bordel [2].

Le 14 août 1999, avant le premier match de la saison, je m'adresse au public : "Je vous promets une chose : d'ici cinq ans, on sera en Premier League ! Et demain, c'est pas Barnet ou Torquay qu'on accueillera, dans notre stade flambant neuf, mais Manchester United et Arsenal !" Les supporters scandent mon nom. J'ai des frissons comme jamais.

En lever de rideau, pour troller ceux qui me renvoient sans cesse à mon passé crapuleux, je me pointe sur le terrain déguisé en taulard, et je jongle avec un faux boulet. 

 

 

Ce qui me flingue, dans ce milieu, c'est les salaires. Les joueurs ne sont que de simples employés, mes employés, mais ils se prennent pour des divas, même en D4. Je bombarde de lettres les 71 autres propriétaires de clubs de Football League [D2 à D4] pour leur dire de ne pas se laisser faire. 

Les joueurs sont trop gourmands, même les chèvres. Les miens me coûtent 1,4 million de livres par an, pour végéter en D4 ! C'est du racket. Ils exigent aussi un tas de primes à la con. Une "prime d'apparition", juste pour enfiler le maillot, en plus d'être grassement payés ! Pis quoi encore, un bonus pour lacer leurs grolles correctement ? Une indemnité traumatisme pour buts encaissés ?

Est-ce que je verse une prime d'apparition à mes ouvriers à chaque fois qu'ils pointent au boulot dans mes usines ? Pour leur mettre la pression, je fais publier leurs salaires dans la presse locale. Ça agite le vestiaire, mais libres à eux de prendre la porte. 

Descentes nocturnes chez les journalistes

Autre truc écœurant : les médias orchestrent ma mise à mort. On m'accuse de tous les maux, d'avoir un ego démesuré, d'être parano, de jouer les persécutés. Bullshit en barres. La vérité c'est que tous les aigris de la région veulent ma perte ! Je suis un sanguin, alors ces branlousers, je m'en occupe personnellement, ils sont pas près de me faire un deuxième trou au fion ceux-là. 

Les reporters du torchon local par exemple, le Northern Echo, ils sortent un tas de saloperies sur moi et le club. Craig Stoddart, Chris Lloyd et Peter Barron, le rédac chef. Je leur rends visite en pleine nuit s'il le faut. Les types comme eux, ils allument planqués dans un bureau, mais si tu cognes à leur porte à deux heures du mat', ils font moins les caïds.

Ils cherchent à me descendre avec leurs unes incendiaires. OK, jouons à ce jeu des gros titres. Toutes les semaines, je fais ériger un panneau publicitaire géant devant le stade avec des "unes" sur ces imposteurs, en lettres énormes, comme ils font eux . Ma préférée : "SACK BARRON, BARRON IS A LIAR [avec dessin de Pinocchio], BARRON IS GAY." (Virez Barron, Barron est un menteur, Barron est gay).

Et l'autre reporter radio de mes deux, Paul "Goffy" Gough, une sacrée petite tarlouze. Lui, il a eu droit à "Goffy is gay". Un commentateur m'a décrit comme "l'homme le plus craint dans le football depuis que le Colonel Kadhafi a acquis des parts dans la Juventus". Et ils ont encore rien vu. J'adore quand ça castagne. 

Les supporters me gonflent aussi. Au début, ils étaient contents de me voir débarquer, mais ils veulent tout immédiatement et me pourrissent. On a repéré une bande d'ahuris là, on va pas les lâcher. J'ai identifié les meneurs, ceux qui beuglent non-stop et souillent mon nom. Ils veulent mon scalp, comme ils ont eu la peau de mon ami Michael Knighton à Carlisle United [3]. Et me branchez pas sur les entraîneurs ou les recruteurs...

Mais qu'est-ce que tous ces guignols y connaissent à la gestion d'un club de foot professionnel, hein ? Que dalle, c'est pour ça que le chapitre "What Managers, Footballers, the Media and Fans know about Running a Football Club as a Business", dans mon autobio, consiste en une bonne grosse page blanche [4].

Tata flingueuse

L'équipe piétine et les relations s'enveniment. En mars 2002, après une énième défaite, lors d'un "Fans' Forum" organisé avec joueurs et public, ma femme, attachée de presse au club, défouraille. Susan défonce d'abord ces pseudos-supporters schizos (un jour t'es culte, le lendemain t'es nul), puis humilie un traître de dirigeant. 

Elle habille aussi pour l'hiver ces charognes de journalistes et, bouquet final, elle accuse les joueurs de laisser filer les matches et de penser qu'au fric. Toute l'équipe et les dirigeants quittent la salle. Le PFA [syndicat des joueurs] porte plainte. 

Je soutiens ma femme à 500%. Sur le terrain, ce que je vois surtout c'est des jean-foutre qui touchent plus que les meilleurs chirurgiens. Si ces joueurs n'aiment pas ce que moi ou Susan disons sur eux, qu'ils aillent se faire foutre ("I have got top players here earning £120,000 a year, and top surgeons don't get that. But the fans are watching players who just aren't trying. If these players don't like what I or my wife has said, they can f*** off.").

Pas question de moisir en D4, alors je fais accélérer la construction du nouveau stade. Il fera 25.000 places. J'en ai discuté avec mon ami Uri Geller, co-président d'Exeter City, et il trouve l'idée géniale. C'est ambitieux vu qu'on fait 3.500 en moyenne, mais je suis persuadé qu'avec un super stade, le public viendra. On piquera sûrement aussi des milliers de supps à Middlesbrough. 

Gazza et Asprilla en sauveurs

Intersaison 2002. On vient de finir 15e de D4, les supps braillent, comme d'hab'. Mais j'ai ferré du gros : Paul Gascoigne et Tino Asprilla ! Enfin, presque. J'ai proposé 1.000 livres par semaine à Gazza mais il m'a répondu : "A thousand quid wouldn't keep me in pork pies and Mars bars" (mille livres par semaine couvriraient même pas mes frais de pâtés en croûte et de Mars).

Il sort d'une saison poussive à Everton, les blessures et son lifestyle l'ont cramé. Mais il ferait venir le public, donc je vais augmenter l'offre ou négocier un paiement au match joué, sobre si possible. 

La piste Asprilla se précise. On se lie d'amitié pendant l'été, je lui arrange le coup avec le Home Office [immigration]. On s'entend vachement bien. Il me promet de venir annoncer sa signature au public le 27 août, avant notre match contre Carlisle. Tino As-pri-lla, putain ! C'était une star à Newcastle, et Parme a casqué sept millions pour lui y a juste quatre ans. On se met d'accord sur 7.000 livres par semaine, avec intéressement à la billetterie. 

Et Tino tient parole, le 27, il est parmi nous, à Darlington ! Devant les 5.163 spectateurs présents, il déclare : "Je suis ravi de signer ici et j'ai hâte de porter le maillot de Darlington". Le courant passe super et il se sent déjà comme chez lui ici.

 

 

Je trouve étrange qu'il passe quasiment tout le match sur son portable, au lieu d'observer ses futurs coéquipiers, mais je jubile. Je repense à tous ces sceptico-mécréants qui ont douté de moi, j'entends encore les pisse-vinaigre nous enterrer vivants. Bande de baltringues. Tino passera demain une visite médicale de routine et le deal sera conclu. 

Le champ' est déjà au frais, le buzz est phénoménal. Je pense à mes parents disparus, à la montée en D3, à la Premier League. Le lendemain, pas de Tino. Juste un bref coup de fil de son agent. Ces enfoirés veulent le double du salaire convenu. Ça ferait 60.000 livres mensuels, impossible, j'ai trop emprunté pour le nouveau stade. 

Quelques heures plus tard, j'apprends qu'il s'est envolé pour le Golfe persique. Un âne de dirigeant me glisse : "Boss, je crois qu'ils nous l'ont fait à l'envers pour faire grimper les enchères." Je ressens comme une furieuse envie de l'emplâtrer. Je marmonne une insanité en le fusillant du regard, avant de m'éclipser. 

Robinets en or et comptes dans le rouge

16 août 2003. Le plus beau jour de ma vie. Darlington reçoit Kidderminster, devant 11.600 spectateurs, dans le tout nouveau Reynolds Arena. Un bijou qui m'a coûté 30 millions. Comme chez moi, à Witton Hall, c'est urinoirs hi-tech, robinets plaqués or dans les toilettes, sols en marbre et boiseries fines à l'étage. Avec escalators et ascenseurs pour les supporters ! 

Les affluences ne dépassent pas les 4.000, alors, pour réduire les coûts, on regroupe le public sur une tribune. Ça sonne creux et on se fout de notre gueule, mais putain qu'il est beau, mon stade. La municipalité de Darlington m'embrouille. Ils pinaillent sur des certificats de conformité, les accès au stade, ce genre de conneries. 

 

photo cc Peter Robinson

 

Je veux juste rentabiliser mon investissement, moi, avec des concerts, des vide-greniers géants, etc. Eux, leur mantra, c'est formulaires, normes, hygiène et sécurité. Putain de planqués. S'ils étaient dans la vraie vie, ils verraient. Marre de ces nuisibles tout droit sortis d'une secte Cerfa.

Je vais créer un syndicat des propriétaires, le CDA (Chairmen and Directors Association), on aura des bureaux à Manchester. Nous, proprios, on doit pas se laisser faire. Il faut traquer les diffamateurs, les conspirateurs, les crevards, jusqu'au dernier. 

On finit 14e en 2003. Les dettes s'accumulent, surtout celles du remboursement du stade. On est à cinq millions dans le rouge. La veille de Noël, le club est placé en redressement judiciaire et vendu à un consortium. Janvier 2004, je démissionne.

« Folie égocentrique »

À peine le grisbi viré par les repreneurs, je retire 500.000 livres en liquide à la banque du club. Mais la banquière alerte les flics et ils trouvent l'oseille dans le coffre de ma Mercedes. Octobre 2005, je passe devant le Crown Court de Newcastle, pour blanchiment d'argent et 650.000 livres de fraude fiscale. 

Depuis cinq ans, j'ai payé zéro impôt because, officiellement, je n'ai que ma maigre pension d'état pour survivre. Le juge flaire le gri-gri. Je sens venir le tacle à la carotide. Mon baveux plaide la "folie égocentrique". Il explique à la cour que le football, la cause de mon surendettement, c'était un élan passionnel désintéressé. Mais qu'est-ce qu'ils pigent aux choses du foot ces justiciers ?

Je tente de jouer sur la corde sensible : "Le lésé-baisé dans l'histoire c'est moi ! Je suis victime d'une chasse aux sorcières. Mon seul délit est d'avoir du succès, de bosser dur, d'être ambitieux, et ça c'est criminel dans ce pays. J'ai sorti 37 millions de ma poche pour Darlington FC, et j'ai tout perdu ! Je suis pas un voleur. Les gens de la City qui s'en mettent plein les fouilles 'légalement', c'est eux les voleurs."

Mais ils sont tous bouchés à l'émeri dans ce tribunal et je replonge pour trois pigettes. Je suis libéré en décembre 2006. On me met un bracelet électronique et m'astreint à un couvre-feu. Dont je me cogne. Peu après, re-gnouf, pour un mois. 

 

 

À ma sortie, Susan m'a quitté. Je suis fauché et interdit d'activité commerciale pour encore six ans. En 2012, je rebondis. Après vendeur ambulant, je fais dans la restauration à emporter. Je vise une vingtaine d'ouvertures et un chiffre d'affaires de 6 millions. 

Puis je reprends des magasins de vape et deviens fabricant-distributeur de cigarettes électroniques pour deux cents points de vente. J'ai même droit à la couverture de Vapour Magazine, en exclusivité. Mais la municipalité de Chester-le-Street est déterminée à me torpiller et je bifurque. 

Je me lance dans la location de chalets de vacances. Une nouvelle fois, des gratte-papier bornés et revanchards s'acharnent contre moi. J'affiche leurs tronches et coordonnées un peu partout, je vais les trouver et les menace. Retour à la case tribunal, à 84 ans, accusé de harcèlement. Le juge qualifie mon comportement "d'ignoble". Un mois plus tard, je tire ma révérence définitive. Dans mon appart, avec vue sur la prison de Durham.

 

[1] Sur Besford Court, voir ici. Un documentaire de 2004 d'ITV, intitulé Besford Boys, révéla l'extrême brutalité qui y régnait et les abus commis dans les années 1940-1950. G. Reynolds réussit à obtenir (malhonnêtement...) des archives sur Besford Court, et a inclus dans son autobiographie (page 165) la lettre officielle de sa propre vente, pour 100 livres, émanant du rectorat de Sunderland. Voici la photo du document (en bas à droite, le 'punishment wall').

[2] "If Al Fayed can do it, I can do it. All he's got is a corner shop." Le "corner shop" en question est Harrods, que Mohamed Al Fayed revendit pour 1,5 milliard en 2010. 

[3] Michael Knighton, un homme d'affaires visionnaire (il avait pressenti le boom du football business), tenta de racheter 50,6% des parts de Manchester United en 1989, pour 10 millions de livres (le chiffre d'affaires annuel du club, déficitaire, était alors de 7 millions). En août 1989, avant un match, il se présenta au public mancunien en jonglant du rond central au but. Problème : ce Kachkarien avant l'heure n'avait pas les fonds et ses associés le lâchèrent. Il resta trois ans au directoire de United avant de reprendre Carlisle United, alors dernier de D4, en promettant la Premier League. En 1997, entre deux interviews où il racontait avoir vu un OVNI, il vira l'entraîneur en début de saison - de D3 - pour prendre sa place. La suite fut désastreuse (descente en D4) et l'équipe, reprise par Nigel Pearson en catastrophe en décembre 1998, ne se sauva qu'à l'ultime seconde du dernier match de la saison 1998/99 grâce à une demi-volée du gardien, Jimmy Glass, un but entré dans la légende. 

[4] Idée calquée sur Len Shackleton, joueur mythique de Sunderland qui, dans son autobiographie de 1956, The Clown Prince of Soccer (son surnom), intitula un chapitre "The Average Director's Knowledge of Football" (le savoir footballistique du membre du directoire moyen) qu'il laissa blanc.

 

Réactions

  • Kéruzorro le 28/04/2022 à 11h46
    Cousue de fil blanc cette fiction. Non ?

  • Jankulowski Desailly Galasek le 28/04/2022 à 14h58
    Génial !

  • Mangeur Vasqué le 28/04/2022 à 18h04
    Nan nan, ce n'est pas une fiction, tout est vrai :-)

    Aussi improbable que tout ça puisse paraître, cette histoire est bien réelle. Tout est rigoureusement exact dans l’article, comme je l’indique dans mes explications “BTL” comme on dit ici (Below The Line, sous article).

    Si tu lis l’anglais, clique sur la quinzaine de liens contenus dans l’article & annotations, ainsi que ceux mis dans mes postes BTL. Ou/Et lis carrément son autobio, “Cracked it!”, parue en 2003, tout n’est pas dans l’autobio mais y’a quand même évidemment de quoi faire. Ça se lit bien et vite.

    Le premier lien par exemple est sa fiche Wikipedia, qui présente les grandes lignes du personnage. Le 3è lien est du Times (2016, article-interview "choc"), le 4è du Guardian, le 5è du Northern Echo (quotidien régional lien) et ainsi de suite.

    Comme je l’indique dans mon premier poste BTL mardi soir, Vincent Duluc a fait un papier sur George Reynolds pour l’Équipe Explore lien. Cô je le précise, n’étant pas abonné L’Équipe je ne l’ai pas lu. Si y’a des abonnés L’Équipe parmi vous, des retours sur l’article de Duluc seraient les bienvenus. C’est à ma connaissance le seul autre article de la presse francophone sur cet extraordinaire personnage.

    Par contre, je crois que j’ai été preums à écrire substantiellement sur George Reynolds en français, en 2010. J’avais notamment commis ce pavé sur Reynolds en mars 2010 lien (en particulier, voir la deuxième partie de ce long poste). Après, normal, il est de ma région adoptive (North East) et depuis ses exploits à Darlington FC ("Darlo"), c'est un peu une source de fascination dans le milieu footeux local. J’ai aussi évoqué l’énergumène dans Teenage Kicks et/ou les commentaires BTL, je ne sais plus exactement. (Pour les plus jeunes, TK était un blog de foot anglais hébergé par les Cahiers, qu'on tenait à l'époque avec des passionnés. Le dernier article lien)

  • Mangeur Vasqué le 28/04/2022 à 19h10
    Au passage, Vincent Duluc évoque dans l’intro “une enfance à la Dickens”. Oliver Twist a effectivement pour cadre l’univers victorien des terribles “workhouses” (souvent pudiquement traduit en français par “hospice paroissial”)

    lien.)

    Le wiki en français : lien), des endroits terrifiants et dangereux – qui existèrent jusqu’à la fin des années 1940, sous une forme plus humaine cependant – où l’on mettait tous les “chômeurs”, les “fous”, les infirmes, etc. et ceux-celles dont la société voulaient se débarrasser, dont les mères célibataires.

    C’est ce que j’ai expliqué à Dame Rédaction quand je leur ai vendu le pitch de l’histoire y’a quelques semaines. Et ouais, il nous arrive souvent de parler de trucs bien glauques comme ça, entre nous. C’est la face sombre des Cahiers, notre Darknet à nous.

    Je mets d’ailleurs ici ces explications du pitch ci-dessous, car le background de Reynolds et son enfance à peine croyable (vendu à cette maison de redressement hyper violente où il resta 8 ans) font mieux comprendre les choses.

    Le genre “d’école” où fut vendu Reynolds (il atterrit à Besford Court, voir annotation [1] sous l’article, avec photo de “l’acte de vente”, il fut vendu pour 100 £) était aux mineurs “special needs” ce que la workhouse sous l’ère victorienne (19è) était aux majeurs, voir aussi lien. Ces workhouses était des endroits sinistres, très durs, très Dickensiens – cf Oliver Twist – où les indigents pouvaient vivre gratos en échange de travail non rémunéré, et c’était pas du 35 h par semaine.

    Ces workhouses servaient surtout d’endroit où cacher tous les “indésirables”, les “fous”, les mères célibataires, etc. On y trouvait des enfants aussi, mais en principe seulement avec leur(s) parent(s). Elles ne disparurent qu’en 1948 lien.)

    Besford Court était alors officiellement décrite ainsi lien : “Welfare home for mentally-defective Catholic children, restricted to feeble-minded boys from the ages of about seven to lien

    Les pratiques d’alors étaient épouvantables, ce qui permit a tout un tas de prédateurs sexuels de sévir en toute impunité, dont le présentateur-animateur TV le plus connu du Royaume-Uni dans les années 1970-1990 : Jimmy Savile lien. qui affectionnait ce genre d’endroit, orphelinats et compagnie (il faisait des dons pour y avoir un accès “privilégié”).

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    Affaire d’une glauquerie sans nom, révélée seulement en 2012 via "l'Operation Yewtree" lien, un an après sa mort. Savile était très protégé, par le système et les “defamation laws”, les lois britanniques sur la diffamation écrite (“libel”) et orale (“slander”), notoirement strictes. En gros, beaucoup de monde savait mais se taisait car il était tout-puissant et menaçait sans cesse de poursuites.

    Son chien de garde, le publiciste/agent Max Clifford lien, était le mieux réseauté dans le show-biz et le couvrait, à une époque où, comme en France, il régnait une grande “liberté sexuelle” qui se nourrit et profita d'une lamentable absence réelle de protection des mineurs. Idem dans le foot anglais, tout ça est ressorti ces dernières années et continue à sortir.

    Le toujours très "tactful" Boris Johnson s’est récemment servi de ce scandale pédocriminel, vieux d’une décennie mais toujours live et hyper sensible, pour accuser et tenter de discréditer Keir Starmer, le leader de l’opposition, en pleine session parlementaire, voir le clip
    lien. Selon Johnson, Starmer par inertie ou pire, prit en 2009 la décision de ne pas poursuivre Savile.

    C’est faux, voir le lien du site “Full Fact” ci-dessous. C’est en fait une calomnie bien connue véhiculée par la fachosphère depuis des années, une saloperie que Johnson a donc tout tranquillement répété et instrumentalisé devant le parlement y’a 3 mois lors de la session PMQs – questions au Premier Ministre – du mercredi midi. Enfin, Johnson n’est plus à ça près, depuis longtemps, bien avant d’être député, maire de Londres ou PM). Quand l’affaire Jimmy Savile éclata en 2012 (peu après sa mort), Starmer était alors chef du CPS (parquet britannique) et “Director of Public Prosecutions”.

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    Voir Full Facts sur cette histoire de non poursuites judiciaires lien : “Mr Starmer was head of the CPS when the decision was made not to prosecute Savile but he was not the reviewing lawyer for the case. An official investigation commissioned later by Starmer criticised both prosecutors and police for their handling of the lien

  • Mangeur Vasqué le 29/04/2022 à 00h05
    Revenons à nos moutons de Darlington (“Darlo”).

    Après la tornade George Reynolds, Darlo continua son bonhomme de chemin en D4, milieu de tableau jusqu’à la fin des années 2000.

    Les Quakers (leur surnom, voir l’écusson, sous l’intertitre “Les remplaçants…” lien) jouaient toujours dans ce stade de 27 000 places, 1 500-2 000 pékins rassemblés au milieu de la tribune centrale. 3 000+ les bons jours, avec les supps exters des quelques gros clubs de D4 de l’époque, comme Bradford City.

    Début 2009 : re-placement en redressement judiciaire, avec déduction de 10 points, le tarif minimum dans ce genre de cas. Perso, je trouve ça contre-productif mais bon, c’est la loi, “Dura lex sed lex” cô on dit en Branquignolie. Luton Town s’était pris – 30 points en 2008-09. D’ailleurs en passant, formidables Hatters qui étaient en D5 y’a seulement 8 saisons et sont pratiquement qualifiés pour les barrages montée PL cette saison lien. Rotherham et Bournemouth : – 17 cette même saison 2008-09. Leeds s’était mangé un – 15 en 2008, etc. Plus récemment, septembre dernier, le Derby County du père Rooney : – 21 points.

    2011 : descente en D5. En "Non League" donc, statut professionnel souvent plus précaire, surtout y’a 10 ans, moins de revenus médias, beaucoup moins d’exposition médiatique, etc.

    En janvier 2012, re-re-placement en redressement judiciaire, donc pour la troisième fois depuis décembre 2003. Avec à la clé une relégation administrative en D9… Back to square one. Ce n’est que grâce à la générosité des supporters, un noyau dur d’un millier de personnes et quelques donateurs (dans un coin d’Angleterre en souffrance), que le club fut sauvé de la liquidation totale lien

    Des reporters allèrent trouver Reynolds pour lui demander son avis sur tout ce bordel. “Plus rien à foutre, ils m’emmerdent tous, avec moi à la barre, on n'en serait pas là. Maintenant, foutez-moi la paix, fuck off”, fit-il, en substance. Il était alors interdit d’exercice (commerce), mais ça ne l’empêchait pas de faire les marchés. Selon la rumeur qui circulait sur Sunderland-Newcastle, Reynolds vendait du parfum femme et des sacs à main de marque sur les marchés et dans les “car boot sales”, les vide-greniers hebdomadaires qu'on a ici. De la contrefaçon bien évidemment, je pense pas qu'il allait se fournir à la source, chez Guerlain ou Chanel... J’ai ni besoin de fragrance femme ni de sac à main donc jamais visité son stand. Quoique je dois dire qu'à l'époque ça m’a tenté plus d’un fois de lui acheter à prix doux du N°5 de Chanel pour ma femme au lieu de raquer cinq fois plus dans une parfumerie pignon sur rue. Mais bon, ne soyons pas trop goujat, acceptons de payer le juste prix...

    Paraît-il aussi qu’il sévissait un peu en loucedé dans le circuit “after-dinner”. On lui filait un cachet de, mettons, 500 £-1 000 £ pour qu’ils régale l’audience avec ses galéjades et autres tarasconnades (c’est bcp + normalement mais là c’était illégal donc…). Rumeurs non confirmées mais qui tiennent la route.

    Redressement judiciaire moins grave qu’en 2003 cependant vu que c’était 20 millions £ de dettes en 2003. Remarquez, les clubs ne remboursent souvent que 10-20 % de leurs dettes, l’obligation de remboursement ne touchant que les “dettes sécurisées”, les dettes liées directement au football – appelées les “Football Super Creditors” donc les joueurs, entraîneurs, agents, autres clubs, instances et la PFA (le syndicat des joueurs). Eux, pas de soucis, même si le club est à + de 100 millions dans le rouge comme Portsmouth y’a une douzaine d’années, on s’arrange toujours pour les rembourser fissa, et intégralement.

    Tant pis pour les “dettes non sécurisées”, les créanciers lambdas – dont les employés du club – et le fisc britannique, considéré à son grand dam comme faisait partie des gueux à rembourser … Quoique je crois que ça a un peu évolué et qu’il y a désormais une catégorie intermédiare, les “Preferential Creditors” qui inclue certains créanciers non liés au football.

    Là, en 2012, le club est repris par le Darlington Football Club Rescue Group, composés majoritairement de supps. Une mue s’opère ensuite vers un CIC (sorte d’entreprise à vocation sociale, explication ici en français lien) avec appui du Supporters Club et du Supporters Trust, qui devient le Darlington Football Club Supporters Group en 2015, lien, puis un "CBS", une sorte de coopérative ("a community benefit society – CBS – is a form of co-operative whose purpose is designed to benefit the wider community"). lien

    Aujourd'hui, Darlo est ventre-mouiste de D6 (semi-pro, mais avec quelques clubs 100 % pro) lien. Ils comptent dans leur effectif quelques bons jeunes formés dans de gros clubs, et même quelques anciens pros chevronnés, dont David Wheater, très connu (7 saisons de PL à son actif lien).

    Ils ne jouent plus à la Reynolds Arena depuis april 2012 (qui changea ensuite de nom et s’appelle aujourd’hui la Darlington Arena lien. Y'a des concerts, rarement). Ils durent s’exiler à droite à gauche plusieurs saisons durant.

    Ils font 1 500 de moyenne, approx. une moitié d’entre eux sont des abonnés.

    Depuis Noël 2016, ls jouent aujourd’hui dans ce stade lien. de 3 300 places, grâce à l’argent (1 million £) collecté par les supps qui leur permit de moderniser le stade et le mettre aux normes. Un stade qui correspond naturellement bien plus à leur stature. Et au moins il est à Darlington (ville de 100 000 habitants, berceau mondial du chemin de fer lien, d’où leur écusson lien.).

    Ironiquement, même s’ils montaient, leur stade n’est pas homologué pour la D5… Ça aurait fait disjoncter George Reynolds ça, interdit de montée car stade pas aux normes.
    Début décembre 2012, le Darlington Mowden Park Rugby Football Club lien., le club de rugby à XV local, racheta le stade pour 2 million. Le proprio avait l’ambition d’en faire un gros club professionnel et comptait rentabiliser le stade avec des séminaires, concerts, matchs internationaux et compagnie… (Wiki du stade : “ Darlington Mowden Park RFC purchased the arena for £2 million; the owner of the club later stated that he believed that the arena could lead to much more success for the lien) lien

    Nouvelle chimère... Le stade continue à être un énorme “white elephant”. Le club de rugby local (professionnel, apparemment) qui devait tout casser et ambitionner de monter en D1 et se tirer la bourre avec les Newcastle Falcons tout proches (là où Jonny Wilkinson se révéla, de 1997 à 2009, avant Toulon donc), végète en D3 et joue devant 800 spectateurs. Même la BBC se fout de leur gueule… (“The local rugby club playing in a 25,000-seat stadium […]So who are the new tenants of the white elephant stadium? A local rugby union team, Mowden Park, which has an average crowd of 800.” lien. Le court clip-reportage de la BBC dans le lien est à voir.

    En tout cas, c'est George Reynolds qui doit bien se marrer dans sa boîte en sapin. S'il est vraiment mort, car certains en doutent.

  • balashov22 le 29/04/2022 à 08h41
    Le coup des CERFA, je me doutais que c'était de toi et non de lui, MV, mais c'est poétique.

La revue des Cahiers du football