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France-Belgique 1984, le récital bleu

Il n'y aura pas de matches de l'Euro 2016 à Nantes. Alors on se contentera de rassembler les souvenirs et d'évoquer le plus beau d'entre eux: le 5-0 de l'équipe de France contre la Belgique, le 16 juin 1984.

Auteur : Richard Coudrais le 16 Juin 2016

 

 

Les formes arrondies du stade de la Beaujoire lui donnaient un aspect futuriste et tranchaient singulièrement avec celles, très anguleuses, du vieux Marcel-Saupin. Ceux qui avaient assisté à l'inauguration, un sinistre Nantes-Roumanie un mois plus tôt, avaient fait remarquer les courants d'airs qui s'engouffraient dans les tribunes. Mais cet après-midi du samedi 16 juin 1984, cela n'avait pas vraiment d'importance. Un soleil estival inondait la ville de Nantes et les légers coup de vents étaient plutôt bienvenus pour calmer la chaleur ambiante.

 

 

Quelque chose de féerique

Le match devait débuter à 17h15. En attendant, des jeunes disputaient une demi-finale du championnat de France cadets dans la grande tradition des levers de rideau. Derrière les buts, dans la tribune Loire entièrement debout, un gros contingent de supporters belges assuraient l'ambiance. De l'autre coté, des milliers de petits drapeaux bleu-blanc-rouge s'agitaient au dessus d'une foule compacte et colorée.

 

Au moment du coup d'envoi, l'ombre du toit de la tribune Jules Verne avait déjà gagné une partie du terrain et n'allait cesser de s'étendre tout au long du match. Il y avait quelque chose de féerique à assister à ce France-Belgique de l'Euro 1984, deuxième match du premier tour. Le stade flambant neuf, le soleil éclatant et des joueurs qui avaient revêtu un magnifique habit de lumière: ceux de l'équipe de France et leur maillot blanc inédit face à des Belges qui endossaient leur rouge éclatant. Il y avait aussi Jean-Marie Pfaff, tout de jaune vêtu, qui captait le soleil. Joël Bats avait également un maillot jaune, à parements noirs.

 

Inutile de nous contredire, les 51.000 spectateurs présents à la Beaujoire cet après-midi-là s'accordent à dire qu'ils ont assisté au plus beau match de l'histoire de l'équipe de France. Tout est allé très vite. Sur le premier coup franc, Battiston envoie d'une frappe surpuissante le ballon sur la barre transversale. L'impact sonore est tel que les tribunes poussent un "Oh!" d'exclamation. Le ballon revient en jeu, rebondit entre deux-trois défenseurs belges un peu abasourdis et est récupéré par Michel Platini. Le capitaine français s'avance jusqu'à l'entrée de la surface, frappe du pied gauche et trompe Jean-Marie Pfaff. Le meneur de jeu de la Juve s'apprête à fêter son but à l'italienne mais s'arrête pile sur la ligne. Quatre jours plus tôt, après son but contre le Danemark, le capitaine français avait écopé d'un avertissement pour avoir exprimé sa joie en dehors des limites du terrain.

 

 

Brésiliens d'Europe

À peine trois minutes et la France mène déjà 1-0. Le combat de rue contre les Danois, quatre jours plus tôt, semble déjà loin. Les demi-finalistes du Mundial 1982 redeviennent les Brésiliens d'Europe. On avait pourtant tout à redouter de ce France-Belgique à Nantes, annoncé comme le choc du groupe 1. Avec Manuel Amoros suspendu et Yvon Le Roux à l'infirmerie, Michel Hidalgo avait une défense à reconstruire. Contre toute attente, le sélectionneur de l'équipe de France annonça une composition inédite avec l'intégration de Jean-François Domergue coté gauche et surtout Luis Fernandez positionné arrière droit!

 

Le Parisien était principalement chargé d'enrayer les initiatives du gaucher Frankie Vercauteren, principale rampe de lancement de l'attaque belge. L'option, défensive à première vue, va se révéler une idée de génie. L'homme qui avait inventé le milieu de terrain à trois numéros dix pendant le Mundial 1982 crée cette fois un carré magique à cinq hommes: Fernandez, Tigana, Genghini, Giresse et Platini.

 

 

Le ballet bleu et blanc

Il fait chaud sur Nantes et le rythme du match est tranquille. Pas de pressing ni de marquage individuel. Les Français virevoltent dans les lignes rouges, inventent toutes sortes de combinaisons et s'offrent de tranchantes occasions qui font aussi briller Jean-Marie Pfaff. Il est probable qu'à cet instant précis, l'équipe de France soit la meilleure équipe du monde. Les chroniqueurs avancent que même le magnifique Brésil de 1982 aurait été battu cet après-midi-là à Nantes face au ballet des Platini, Giresse et autres Tigana.

 

On l'oublie toujours un peu, mais la Belgique a eu quelques occasions d'égaliser. Certes, la première intervention de Joël Bats est pointée à la 18e minute, mais le gardien auxerrois, invaincu depuis plusieurs mois, va connaître quelques petites frayeurs. Notamment une frappe de De Wolf sur la barre (27e) puis, quelques minutes plus tard, une tête de Vandenbergh qui passe de peu à coté. La relative bonne période des Belges prendra fin lorsque les Français marqueront leur deuxième but. À la 31e minute, les Bordelais se mettent à jouer à la nantaise: Tigana passe à Giresse qui remet à Tigana qui décale Giresse, qui s'en va lober Jean-Marie Pfaff d'un amour de balle piquée.

 

2-0, l'affaire est désormais entendue, mais la France attaque encore. Juste avant la mi-temps, Luis Fernandez récupère un ballon perdu et lance un rush coté droit. Il joue à saute-mouton avec un adversaire après avoir donné le ballon à Didier Six. L'ailier gauche, qui virevolte d'une aile à l'autre ce jour-là, dribble Pfaff et centre devant le but, un peu trop fort. Le ballon est récupéré côté gauche par Alain Giresse qui centre à son tour. Devant la cage belge, Luis Fernandez est complètement seul et reprend de la tête pour inscrire le troisième but.

 

 

Une défense décimée

La deuxième période n'a bien entendu pas la même intensité. La France menant au score laisse venir et procède en contre. Mais l'équipe de Belgique, un peu sonnée, ose à peine attaquer de peur d'être à nouveau ridiculisée.

 

Les hommes de Guy Thys avait pourtant bien débuté le tournoi. Une victoire 2-0 contre la Yougoslavie à Lens avait rassuré, notamment sur l'aspect défensif. Car la principale inquiétude résidait là: en une saison, la sélection belge avait perdu les quatre piliers de sa défense. Luc Millecamps avait annoncé sa retraite internationale, Éric Gerets et Walter Meeuws, mouillés jusqu'au cou dans l'affaire du match arrangé Standard-Waterschei, étaient sanctionnés et suspendus. Enfin, Michel Renquin n'avait pu se rendre à l'Euro, retenu par son club, le Servette Genève, car le championnat suisse n'était pas encore terminé. C'est donc avec une défense recomposée à la hâte que les vice-champions d'Europe se sont présentés à l'Euro. Ils ont également emmené avec eux un jeune Italien de dix-huit ans, fraîchement naturalisé, qui éclaboussa le premier match de son élégance. Enzo Scifo.

 

Mais à Nantes, les certitudes belges ont volé en éclat. À la mi-temps, Guy Thys a bien tenté une option offensive, en faisant entrer le magnifique Ludo Coeck. En vain. Le sélectionneur belge se résout finalement à sortir Enzo Scifo à l'heure de jeu et à revenir à la disposition initiale pour éviter le pire.

 

 

"Toda menina baiana"

La Belgique tient une bonne demi-heure sans encaisser le moindre but, mais Jean-Marie Pfaff commet une faute sur Didier Six. Quand M. Valentine accorde le penalty, le public de la Beaujoire scande le nom de Maxime Bossis, le seul Nantais sur la pelouse. Mais c'est à Michel Platini que revient cette tâche, qu'il rate à moitié mais qu'il transforme quand même, Pfaff ayant anticipé sur sa gauche.

 

Un quart d'heure plus tard, le match arrive à son terme. La France obtient un dernier coup franc sur le coté droit. Giresse le tire et Platini reprend de la tête: 5-0! Le capitaine des Bleus a réussi le triplé parfait, pied gauche, pied droit et tête. En outre, il a battu le vieux record de buts inscrits en équipe de France détenu par Just Fontaine [1].

 

L'arbitre siffle la fin d'une rencontre qui est passée trop vite. Le public applaudit debout, n'en revenant pas d'avoir assisté à ce match hors du temps. Dans la tribune Loire, il y a longtemps que les Belges ont rangé les drapeaux et suivi la rencontre en silence. Dehors, on descend les escaliers baignant dans un soleil qui n'est pas près d'aller se coucher.

 

Le mot de la fin reviendra à un autre héros des ces années bleues, le journaliste Didier Roustan qui, pour tout résumé, diffusera les images en plaquant comme bande-son le tube ensoleillé de Gilberto Gil, "Toda menina baiana".

 

 

[1] Curieusement, c'est également à Nantes, en 2007, que Thierry Henry effacera à son tour le record de Platini, au cours d'un France-Lituanie où il marqua deux buts.

 

Réactions

  • Ba Zenga le 16/06/2016 à 13h59
    Trop jeune à l'époque pour le voir en direct (trois ans), je me suis toujours dit, avec les images d'archives et les articles, que ce match était une des références de cette époque bleue. Merci Richard d'en reparler.

  • Tonton Danijel le 16/06/2016 à 14h56
    Le plus fou rétrospectivement, c'est d'en avoir collé 5 à une équipe qui était finaliste du championnat d'Europe précédent, qui avait battu l'Argentine en ouverture de la coupe du monde 1982, et qui avait remporté son premier match aisément contre la Yougoslavie. Je suppose que l'avant-match (les Bleus avaient galéré pour battre les Danois) devait être aussi tendu que l'après-match devait être euphorique.

  • José-Mickaël le 16/06/2016 à 15h06
    En effet il ne faut pas oublier que la Belgique était une nation majeure à l'époque (je pense qu'il s'agissait même de la meilleure équipe de Belgique de son histoire). Non seulement l'équipe nationale brillait (outre 80 et 82, il y aura ensuite la demi-finale de coupe du Monde en 86), mais ses clubs aussi : Liège en finale de coupe des Coupes 82, Anderlecht gagne la coupe UEFA 83 puis atteint la finale 84 (échec aux tirs aux buts). Quand PSG rencontrait le ventre mou belge (Waterschei), c'était l'élimination...

    Et là : boum ! 5-0 !


  • hermines de rien le 17/06/2016 à 19h50
    J'y étais, et c'est d'ailleurs le seul match de l'équipe de france que j'aie jamais vu. Avec mon père, on avait eu des places en latérale par son boulot (à l'époque on allait plus en virages ou en populaires), mais on s'est pas assis du match. Au coup de sifflet final, il était aphone tellement il avait hurlé...
    Platini ce jour là, c'était un dieu vivant ....

  • hermines de rien le 17/06/2016 à 19h56
    J'y étais, et c'est d'ailleurs le seul match de l'équipe de france que j'aie jamais vu. Avec mon père, on avait eu des places en latérale par son boulot (à l'époque on allait plus en virages ou en populaires), mais on s'est pas assis du match. Au coup de sifflet final, il était aphone tellement il avait hurlé...
    Platini ce jour là, c'était un dieu vivant ....

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