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Fractures impayées

Suite à la blessure d'Éric Abidal, l'OL menace de poursuivre la FFF, avec le soutien du G14. Sous couvert de demander des dédommagements pour la libération de leurs internationaux, les clubs riches veulent surtout en finir avec les sélections...
Auteur : Jamel Attal le 18 Nov 2005

 

Après avoir fulminé contre l'organisation de France-Costa Rica, puis annoncé à mots couverts des forfaits diplomatiques à la veille de l'envol pour la Martinique, Gérard Houllier avait retardé l'annonce que finalement, il libérait "ses" internationaux (1). Le malheur a voulu qu'Éric Abidal se blesse à Fort-de-France, s'infligeant un arrêt de plusieurs mois dû à la fracture d'un métatarse du pied gauche. Très vite, Jean-Michel Aulas a pris le relais de son entraîneur pour lancer une nouvelle menace, cette fois celle d'un recours en justice contre la FFF. La guerre entre les clubs les plus riches et les sélections nationales se poursuit donc. Et elle se poursuit avec les armes des premiers : l'argent et les tribunaux civils plutôt que les règlements du football.


Charleroi-Barcelone via Lyon
Car si cet accident du travail est évidemment préjudiciable pour l'OL sur le plan sportif, il sert idéalement une cause déjà enfourchée par le G14, auprès duquel JMA peut jouer les élèves zélés. Et même si sa volonté de lancer réellement des poursuites judiciaires est douteuse, le battage sera le bienvenu. Le G14 (2) s'est récemment lancé dans une nouvelle campagne en se trouvant un allié inattendu : le Royal Sporting Club de Charleroi a en effet déposé une plainte contre la FIFA devant le tribunal de commerce de la ville, pour abus de position dominante, suite à la grave blessure en sélection du Marocain Abdelmajid Oulmers, en novembre 2004. Le club belge réclame 1,25 millions d'euros (voir "Charleroi, auxiliaire du G14 contre la FIFA", dans le numéro 19 des Cahiers). La confédération, après avoir incité celui-ci à trouver un règlement à l'amiable, vient pour sa part de demander le renvoi de l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), arguant que ses statuts imposent aux clubs de s'adresser d'abord aux juridictions sportives.

Cette procédure fait directement écho à celle engagée par le G14 lui-même en mars dernier, toujours contre la FIFA mais cette fois devant la Commission suisse de la concurrence. Le lobby avait, à cette occasion, lui-même fixé le montant souhaité de l'indemnité, soit 5.000 euros par jour de service sous le drapeau national. Se saisissant du cas Abidal, mais aussi de celui du Barcelonais Marc Van Bommel qui s'est blessé à l'entraînement lors du dernier stage des Pays-Bas, le G14 a affiché sa détermination à mettre fin à la "mise à disposition gratuite des internationaux", appelant de ses vœux un "deuxième arrêt Bosman".


Deux poids, deux blessures
Le caractère fallacieux de ces démarches apparaît clairement dans l'absence de réciprocité : si un joueur se blesse avec son club, ou s'il est simplement pressé comme un citron au pont d'être hors de forme pour les grandes compétitions de fin de saison, il n'est évidemment pas question d'envisager une compensation en faveur de sa sélection. Ironiquement, l'OL a pris soin de préciser que la blessure de son défenseur "n'est pas directement liée à celle dont [il] avait été en victime en juillet", c'est-à-dire lors du fumeux tournoi de la Paix organisé en Corée du Sud, auquel a participé l'Olympique lyonnais – exactement le genre de rendez-vous non-officiels que chérissent les clubs pour des raisons purement économiques, au détriment de la préparation et de la santé des joueurs. Car à la suite de ce voyage infiniment plus exotique d'un déplacement aux Antilles, l'équipe de France a été durablement privée d'Abidal alors qu'elle avait des échéances cruciales, pour un poste où les candidats crédibles ne sont pas légion... Les blessures qu'Abidal a contractées à ces deux occasions sont exactement les mêmes, la première au pied gauche, la seconde au pied droit. Dans un cas, personne n'est responsable, dans l'autre c'est la faute à la Fédération...

L'argument implicite des dirigeants, c'est qu'en tant que salariés des clubs, les joueurs leur appartiennent purement et simplement, tout travail pour un autre "employeur" constituant alors une spoliation. Ce premier point est déjà discutable. Les internationaux perçoivent en effet des primes très consistantes pour leurs prestations sous le maillot de leur pays, et ils en tirent des bénéfices indirects grâce à leur statut d'international (qui facilite les contrats de sponsoring, les renégociations de salaire, etc.). Notons au passage que les clubs eux-mêmes en profitent, leur cheptel étant valorisé par le label "international".


Dévaloriser les sélections
Au-delà, ce "droit de jouissance" revendiqué sur les joueurs (réduits à l'état de propriétés mobilières) s'étend à la discipline tout entière. Il s'agit en quelque sorte de privatiser le football professionnel et de dénoncer les sélections comme des parasites qui usent indûment le "capital footballeurs" des clubs. La demande d'indemnisation n'est au fond qu'un prétexte. Si les clubs recevaient des dédommagements en contrepartie du "prêt" des internationaux, ils n'auraient pas atteint leur but pour autant. Il s'agit avant tout de dévaloriser le football de sélection au point d'en faire le parent pauvre de la discipline, progressivement délaissé par les joueurs – dissuadés de lui consacrer trop de temps et d'énergie – et les spectateurs. Si ces derniers doivent encore assister à des phases finales de grandes compétitions comme les éditions 2002 et 2004 du Mondial et de l'Euro – avec des stars épuisées et des équipes vedettes amoindries –, nul doute que cette marginalisation va progresser très rapidement.
En dernière analyse, l'objectif est de disposer non seulement du monopole des meilleurs joueurs, mais aussi d'une totale exclusivité sur eux. Car ce problème de riches tient dans le fait que la fatigue supplémentaire des internationaux (due très majoritairement au calendrier des clubs, et non à celui des équipes nationales) amoindrit quelque peu une supériorité que leurs employeurs veulent absolue. Ceux-ci cherchent ainsi à avoir tous les avantages sans le moindre inconvénient…

Si le G14 stigmatise la FIFA et si la FIFA fait mine d'ignorer le G14, le rapport de forces est bien réel, et il est nettement en faveur du lobby bruxellois. Le maintien d'une seule date internationale entre décembre 2005 et mai 2006 indique clairement que la confédération a cédé et laisse désormais les sélectionneurs improviser leur préparation pour la Coupe du monde. Mais tel un MEDEF criant systématiquement au scandale afin de ne pas attirer l'attention sur ses victoires politiques, le cartel des gros clubs conserve sa posture outragée, sous le regard bovin de médias sportifs qui ne semblent pas comprendre quels sont les vrais enjeux de ce combat.  


(1) En réalité, si le 9 novembre n'était pas une date prévue par le calendrier de la FIFA (et n'obligeait donc pas les clubs à libérer leurs joueurs), cette solution permettait de dégager une semaine entière de repos après France-Allemagne – au contraire du mercredi16 (prévu comme deuxième date par la FIFA). Les dirigeants lyonnais avaient justifié leur colère par le manque de diplomatie de la Fédération et du sélectionneur. La encore, tout prétexte était bon pour allumer la mèche. Voir aussi "Houllier-Wenger, duo de tartufes" dans le numéro 20 des Cahiers.

(2) Pour mémoire, le G14 est un groupe de pression composé de dix-huit clubs européens qui se sont autoproclamés les plus grands d'Europe (en tout cas, ce sont certainement les plus endettés). Le site du G14 (en anglais).


Réactions

  • antigone le 18/11/2005 à 11h23
    De toute façon, un dédommagement étant la compensation d'un dommage, ça exonère Coupet et Wiltord.

    En revanche, Govou et Malouda...

  • garavou le 18/11/2005 à 11h24
    Vous croyez que ce sont Aulas et Houiller qui ont "conseillé" à BenArfa de pas aller au mondial? et donc de ne pas hoisir la sélection tunisienne? et donc de ne pas partir les prochaines années pendant 1 mois pour la CAN?

  • ravio le 18/11/2005 à 11h38
    Pitain les gars, on l'a là, la solution, sous nos yeux, et personne ne la voit. Grâce à notre brillant gouvernement qu'on a, nous, les français. Ce brillant gouvernement qui a mis moins de trois semaines à trouver la solution pour calmer le feu qui grondait dans nos banlieues en remettant au goût du jour le service civil pour les jeunes en mal d'activités saines et valorisantes va tirer le peuple du football de la panade dans laquelle il s'est mis tout seul en laissant la bride sur le cou de Jean-Michel et ses acolytes.
    Comment ça ? Tout simplement en rétablissant la conscription pour tous les jeunes footballeurs en passe de devenir professionnels. Attention, pas question ni besoin d’essayer d'apprendre à un Anelka à marcher au pas ou à un Cissé de tirer au FAMAS (Dieu merci !), il suffit juste d'en faire des réservistes. Parce qu’elle est là la grande idée. La sélection A, la suprême (ou 4 fromages pour ceux qui préfèrent), celle qui fait de l’audience et remplit les albums Panini deviendra la sélection militaire. Au lieu de faxer la sélection aux clubs et d’attendre leur bon vouloir pour libérer les joueurs, on envoie deux képis-moustaches avec un petit carton à Tola Vologe pour faire rabouler les réservistes et on verra si Aulas fait le malin à ce moment là… Il sera bien obligé de laisser partir les joueurs, le béret incliné sur le côté comme le faisait le père, une petite valise à la main et la cagole qui pleure de voir son homme partir pour le front dans le soleil couchant. En plus, ça fera des images pour TF1 à faire chialer la ménagère de moins de 50 ans.
    Et comme on n’a jamais vu aucune entreprise réclamer quoi que ce soit pour les poilus tombés dans les tranchées, nos présidents du G14 seront bien emmerdé pour venir pleurer qui un métatarse, qui un ligament croisé. La grande muette saura bien les faire taire. Faudra juste pas laisser Michèle Alliot-Marie faire la sélection.

  • antigone le 18/11/2005 à 11h51
    Affirmatif, adjudant ravio.

    Sans compter que ça redorera le blouson du coq en plâtre :

    "La fin de la conscription a sonné le glas du haut niveau pour l’équipe de France militaire de football, championne du monde 1995, qui doit désormais faire avec ses seuls engagés et ne peut plus concurrencer les pays où le service militaire reste obligatoire. " Pendant de nombreuses années, les joueurs de haut niveau ont pu bénéficier du Bataillon de Joinville pour effectuer leur service militaire ", explique le colonel Jean-Claude Diaz. L’ère des Laurent Robert, Pierre Ducrocq, William Gallas, Éric Carrière étant définitivement révolue, leurs successeurs se contentent d’entraînements ponctuels et jouent " à leur niveau ", admet modestement leur entraîneur, le maître principal Lemain, qui fut l’adjoint de Roger Lemerre pendant sept ans."

    lien

  • antigone le 18/11/2005 à 11h54
    (mais Coupet devra se refaire sa coupe d'avant qu'il essaye de faire le sympa)

  • rom's le 18/11/2005 à 11h57
    Lever à 8H, protèges-tibias obligatoires à l'entraînement et mains sur le coeur pendant la Marseillaise, c'est pas l'armée déjà?

  • Tonio Vérole le 18/11/2005 à 12h01
    Dans la vraie vie, quand vous faites faire des travaux par un maçon qui se blesse sur un chantier, c'est un accident du travail (en supposant qu'il n'ait pas commis de faute) et c'est l'employeur qui paie son ouvrier blessé. Par contre, si c'est du travail au noir, c'est le type qui a demandé au maçon de faire le boulot de payé.

    Si on remplace Abidal par maçon (aucun rapport), employeur par OL et travail au noir par FFF (ben oui, une sélection ça rapporte du prestige et le travail au noir ça rapporte de l'argent), la démarche de Aulas n'est pas illogique, non ? Et si on vient me dire : "Le match en Corée, c'est du travail au noir aussi", je dirai, non, c'est comme si le maçon se blessait lors d'une formation donnée par l'employeur.

    Sinon, Bernard Tapie disait un truc intéressant dans "On refait le match" : les équipes nationales sont en train de vivre la même chose que les équipes nationales du Tour de France (entre 1930 et 1968). Actuellement le Tour de France se court en équipe de marque sans que celà ne gêne beaucoup. Certes une fois par an les équipes nationales existent sur les championnats du Monde, mais on pourrait imaginer une chose similaire en foot : il n'y aurait plus de matchs internationaux dans l'année et les sélections pour la Coupe du Monde serait obtenues sur la base d'un classement style FIFA ou UEFA à partir des performances des clubs et/ou des joueurs. Ce serait viable, je pense.

  • Alexis le 18/11/2005 à 12h05
    Oui sauf que si on compte les preformances des clubs, si Chelsea doit rapporter des points à l'Angleterre (c'est un exemple), beaucoup d'étranger auraont contribuer à sa qualification. Ce qui est légèrement gênant.

  • antigone le 18/11/2005 à 12h07
    Bon ben voilà. Tonio Vérole a mis tout le monde d'accord. Fin de la discussion.

  • ravio le 18/11/2005 à 12h38
    Brillant Tonio !

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